La suite de l’entretien, avec Boualem Sansal, paru dans « Le Figaro », vendredi.
La première partie est parue hier:
https://resistancerepublicaine.com/2022/08/20/boualem-sansal-l…te-lhumanite-1-2/
Cet attentat peut-il être synonyme de réveil aussi bien pour les sociétés occidentales que pour leurs dirigeants?
La fatwa court depuis trente ans. Avez-vous vu du nouveau durant ce temps?
Quand le pouvoir iranien a porté la prime du bourreau de 2,6 à 3,3 millions de dollars, l’Occident a-t-il réagi?
Il faut regarder la réalité, c’est le retour du chacun pour soi, l’affaire Salman Rushdie est l’affaire de Salman Rushdie et du gouvernement américain.
En Europe, on compatit, mais on ne va pas refaire le cinéma «Je suis Charlie», nous mettre à mal avec l’Iran et le monde musulman travaillé par un salafisme aigu et des dictatures vieillissantes qui jouent la haine de l’Occident coupable de tout.
L’Occident fait le dos rond en attendant des jours meilleurs.
La guerre d’Ukraine a apporté un semblant de répit.
Le monde musulman qui importe tout a peur de mourir de faim.
En ce moment, tout le monde caresse tout le monde dans le sens du poil. C’est gaz contre blé, visas contre OQTF (obligation de quitter le territoire français, NDLR), etc.
Sur le long terme, l’Occident n’a que la diplomatie ou la guerre pour s’en sortir.
La guerre, il ne sait plus, il ne peut pas, ne veut pas, et la diplomatie, c’est un sport de riches, les pauvres n’en ont pas les moyens et les salafistes égorgent les diplomates.
Comment forcer le destin, telle est la question à ce stade.
Si tu ne fais pas la guerre, la guerre viendra à toi!
Et concernant le monde musulman? Cet attentat semble trouver des partisans parmi des chiites et des sunnites. Seraient-ils réconciliés?
Il ne faut pas y croire une seconde, il n’y aura jamais entre eux que des arrangements tactiques sur des cibles politiques ponctuelles. Sur le plan doctrinal, tout les oppose. La haine entre eux est totale et éternelle.
Les sunnites sont 1,81 milliard dans le monde et les chiites 150 à 200 millions. La loi du nombre a tranché, mais la guerre n’est pas finie, l’Iran travaille à la bombe atomique contre Israël et «ses complices» les sunnites.
Votre liberté d’expression au sujet de l’islamisme, et même de l’islam, semble totale. Vous arrive-t-il d’avoir peur, d’avoir la tentation de vous censurer? L’écriture est-elle votre résistance?
Évidemment que j’ai peur, et tout naturellement je me censure.
Je ruse avec les mots. Je tiens compte de l’état des lieux: à part les islamistes, qui ont tous les droits, personne au monde ne peut s’exprimer librement.
Ma peur ne vient pas que des islamistes, il y a le gouvernement algérien qui est tout-puissant. Le pire pour moi, ce sont les commissaires politiques.
C’est incroyable comme la culture FLN a pu produire tant de chiens de garde dans ce pays, tous bien dressés, forts, très acharnés contre ceux qui contestent le régime comme moi.
Ici, il y a des lois pour condamner les «antinationaux», mais pas pour condamner ceux qui appellent à leur lynchage public.
À qui vais-je me plaindre, ici?
Ma philosophie est d’écrire comme on fonce sur l’autoroute, mais dans les faits, je fais tout à pied.
Rushdie devrait survivre à cet attentat. Et, depuis trente ans, il a continué à écrire. Cela signifie-t-il que tout n’est pas perdu?
Il y aura toujours des écrivains pour écrire et dénoncer, et il y aura toujours des gens pour les en empêcher et les assassiner.
Le régime iranien a préféré se servir de Salman Rushdie en le tenant vivant au bout de la ligne, trente années durant, pour terrifier ceux qui seraient tentés de blasphémer.
Il ne faut pas transformer des défaites en victoires.
C’est une immense défaite. Que Salman Rushdie soit encore vivant et qu’il ait continué à écrire n’est pas une victoire.
Ces gens ont attenté à toute l’humanité avec leur fatwa, pas seulement à Rushdie.
Elle court d’ailleurs, pour Salman Rushdie et symboliquement pour tous les hommes qui refusent l’obscurité islamiste.
Les seuls qui peuvent en finir avec ce cauchemar sont les musulmans eux-mêmes, ils doivent se lever tous et partout dans le monde et dire stop.
Vos grands musulmans, président de ceci à Paris, grand imam à Limoges ou à côté, pourraient arrêter de se moquer de vous et lancer cet appel.
Qu’ils aillent à Djedda, Téhéran, Alger, Damas, Bagdad, porter le message de la liberté.
Il ne faut pas désespérer le pèlerin mais il faut le lui dire: l’Occident est à l’agonie.
Comment peut-il espérer vaincre l’islamisme avec si peu de moyens et tant de gens troubles dans ses rangs, prêts à toutes les coopérations?
Il faut que les Occidentaux cessent d’être des Occidentaux idiots.
Dans un texte publié dans Tribune juive, vous avez souligné que l’imam Iquioussen a autorité pour émettre des fatwas contre X ou Y. Pourquoi faire le lien entre ces deux affaires? Qu’avez-vous pensé des polémiques sur cette expulsion?
L’autorité de l’État, dans un pays démocratique, ne doit en aucun cas être mise en doute.
C’est le ministre de l’Intérieur qui l’incarne en premier.
Annuler sa décision d’expulser ledit imam de cette manière légère est une atteinte grave à l’autorité de l’État.
Je ne sais pas si vous l’avez remarqué: la plupart des prêches de l’imam Iquioussen sonnent comme des fatwas heureuses, mais qui dans la tête de ses élèves provoquent des failles abyssales.
Quand il dit à ses élèves:«Vous êtes français, de vrais musulmans, respectez la laïcité, s’il vous plaît», il leur dit en vérité ceci:«Si vous ne respectez pas la laïcité qui est contre l’islam, le gouvernement dira que vous êtes de faux Français et vous accusera d’être de méchants musulmans et il interdira notre sainte religion, et ce n’est pas ce que vous voulez, n’est-ce pas?».
J’avais appris ça à l’école de la taqiya quand j’avais 6 ans. Annuler son expulsion est une belle victoire offerte aux forces du mal, tapies dans les replis de la société française.
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Il n’y a qu’un moyen de dissoudre ce dogme infernal, faire éclater la pierre noire en millions de morceaux, la pulvériser définitivement.
Tous les polichinelles vantent notre Etat de droit, j’aimerais qu’ils m’expliquent ce que ça signifie.
tout comme nous cet écrivain est sidéré que l’Etat ne fasse pas la loi quand il en va de sa sureté et soit ridiculisé par une justice dévoyée qui en l’occurrence n’a pas sa place dans ce type de décision – le ministre de l’intérieur doit d’urgence faire changer ces lois imbéciles nuisibles au pays
La 1ere question de cette partie est terriblement naïve. Les dirigeants occidentaux sont parfaitement au courant de la nature mortifère de l’islam et, loin de l’en empêcher, ils la favorisent.
On s’en doute bien un petit peu (euphémisme), mais c’est mieux en le disant, bravo !