Des variations…énigma-tiques !

Bonjour à tous !

Après un voyage au milieu des variations, en voici un autre qui nous permettra d’aller rendre visite à nos plus chers ennemis, je parle de la perfide Albion. Un seul compositeur dans cet article (en réalité deux, si on tient compte d’un petit bonus).

La personne qui va nous intéresser particulièrement est Sir Edward Elgar (1857-1934), peut-être que le nom ne vous dira pas grand chose, le mieux est que je vous le présente « en chair et en os », dans cette petite vidéo de 1931 où il dirige une de ses œuvres :

 

Je suis absolument certain que vous connaissez cette musique, il s’agit d’un extrait de la marche numéro un du recueil « Pomp and Circumstance », composé entre 1901 et 1930, lequel comporte cinq marches au total. C’est dans le film Orange mécanique que j’ai découvert cette musique.

La première marche est la plus célèbre au point que le roi Edouard VII a demandé à Elgar d’ajouter des paroles, transformant le trio (la partie centrale de la marche) en chant patriotique « Land of Hope and Glory, Terre d’espoir et de gloire ». Ce chant est parfois considéré comme l »hymne national de l’Angleterre. Et voilà ce qui se passe quand l’orchestre de la BBC interprète la marche dans le Royal Albert Hall et des écrans géants disposés à l’extérieur !

 

Cette vidéo est à la fois vivifiante…et déprimante. Elle est vivifiante car l’enthousiasme de ces personnes est vraiment communicatif, le côté déprimant c’est que cela évoque LE MONDE D’AVANT, et il faut espérer qu’un jour nous le retrouverons ! Rien que la salle du Royal Albert Hall peut contenir 5 544 personnes ! Mais ne nous laissons pas abattre, et voici une autre des cinq marches d’Elgar, la quatrième. Le trio est calqué sur celui de la première marche et est également utilisé dans Orange Mécanique :

 

Comme la précédente, elle est jouée au Royal Albert Hall, of course ! Personnellement je trouve qu’il y a dans les trios de ces marches une solennité typiquement « british », ce que va confirmer le bonus.

Mais revenons à nos moutons (non, pas ceux qui suivent Choupinet !), je parle du titre, en fait j’aurais dû écrire « Les Variations Enigma », rien à voir avec ça :

qui est la machine à crypter qui a servi en particulier aux commandants des U-Boote pendant le dernier conflit mondial. Les Variations Enigma d’Elgar ont été écrites entre 1898 et 1899. Cela consiste en un thème original suivi de 14 variations. En « amuse-bouche », voici la numéro IX, la plus belle, « Nimrod » :

 

 

 

 

 

 

C’est l’orchestre philharmonique de Radio-France, sous la direction de Mikko Franck, excellent chef titulaire de cet orchestre qui vient d’interpréter cette musique magnifique.

Voici maintenant l’œuvre dans son intégralité, j’ai choisi une version polonaise, celle donnée par l’orchestre philharmonique de Varsovie, dirigée par un chef dont je n’arrive même pas à écrire le nom ! Je l’ai choisie d’abord pour la qualité de l’interprétation, celle de l’image et aussi celle de la réalisation, chaque instrument étant pris au moment précis où il a un solo (il faut bien connaître la partition et ce n’est pas le cas de certains réalisateurs qui vous font un gros plan sur une clarinette pendant un solo de flûte !). Mais surtout, cette vidéo est chapitrée, donc vous pouvez accéder à n’importe quelle variation pour vous faire une idée, l’œuvre dans son intégralité dure environ 38 minutes quand même !

 

Ouh mais j’entends des voix discordantes du genre « Mais c’est quoi ce charabia ? E.D.U, W.M.B ?) Comme on dit à la Réunion , mi gagne pas comprendre. SNCF, on sait que ce c’est (Société Nationale des Coups Foireux), RATP (Religion d’Amour, de Tolérance et de Paix) également, CGT (Confédération Générale des Trouducs), pareil. Mais comme on dit en Guadeloupe, Pani pwoblem, (ça sert les voyages !)

Enigma (Andante) : le thème qui sera soumis à variations que d’ailleurs on peut reconnaître dans chacune d’elles ;

Variation I C.A.E. (L’istesso tempo) : C. Alice Elgar, l’épouse du compositeur ;

Variation II H.D.S-P. (Allegro) : il s’agit de H.D. Stuart-Powell, qui tenait le piano quand il faisait de la musique de chambre avec Elgar ;

Variation III R.B.T. (Allegretto) : R.B. Townshend, dont le portrait en vieil homme dans un spectacle d’amateurs est caricaturé ;

Variation IV W.M.B. (Allegro di molto) : W.M. Baker, un propriétaire terrien extraverti ;

Variation V R.P.A. (Moderato) : R.P. Arnold, fils du poète Matthew Arnold, dont la grave conversation était éclairée de traits d’esprits (flûte) ;

Variation VI Ysobel (Andantino) : Isabel Fitton, une altiste amateur ;

Variation VII Troyte (Presto) : A. Troyte Griffith, un architecte avec ses « tentatives maladroites de jouer du piano » ;

Variation VIII W.N. (Allegretto) : Winifred Norbury, dont l’élégante demeure est le véritable sujet de la variation qui lui est consacrée ;

Variation IX Nimrod (Adagio) : « Nimrod » (A.J. Jaeger) était le champion d’Elgar auprès de l’éditeur Novello et ce célèbre adagio renferme une conversation au sujet des muvements lents de Beethoven, d’où la référence à la sonate « Pathétique », référence proposée ci-dessous :

Variation X Dorabella (Intermezzo, Allegretto) : Dorabella (Dora Penny), qui avait un léger bégaiement plein d’attrait ;

Variation XI G.R.S. (Allegro di molto) : G.R. Sinclair, organiste de la cathédrale de Hereford, avait un bouledogue qui tomba dans la rivière et qui, se débattant, sortit de l’eau en aboyant ;

Variation XII B.G.N. (Andante) : B.G. Nevinson, un violoncelliste ;

Variation XIII *** (Romanza, Moderato) : aucune personne en particulier ;

Variation XIV E.D.U. (Finale, Allegro-Presto) : un autoportrait d' »Edoo », petit nom d’amitié donné à Elgar par sa femme, ce finale étant une riposte aux amis qui doutaient de son avenir. Il y a en outre un rappel des variations représentant les deux exceptions,sa femme et Jaeger.

Voilà, j’ai tout dit sur les variations Enigma, en espérant ne pas avoir été trop long dans la l’énumération des variations, mais cela me paraissait important pour une meilleure compréhension de cette musique. Le prochain article sera consacré aux compositeurs ayant écrit des variations avec un thème pris chez un autre.

Ah, j’oubliais, le bonus !

Gustav Holst, qui comme son compatriote Elgar, est mort en 1934, décidément pas une bonne année pour la musique Outre-Manche, est surtout connu chez nous pour une seule œuvre : Les Planètes. C’est Jupiter que je vous propose ici (tiens, Jupiter, ça me rappelle quelqu’un !). La musique a été utilisée dans le très beau film L’étoffe des héros, qui évoque la conquête du ciel et de l’espace du premier vol supersonique de Chuck Yaeger le 14 octobre 1947 au premier vol orbital de John Glenn le 20 février 1962. Jupiter est surnommé par Holst « The Bringer of Jollity » en d’autres termes « Le porteur de joie ». Les Planètes exigent un orchestre gigantesque, six cors et le reste à l’avenant et un orgue ! J’aurai certainement l’occasion de revenir sur cette œuvre.

Et voici Jupiter, le vrai ! Joué au Royal Albert Hall, comme il se doit ! Remarquez bien ce passage à 3’11 », on retrouve ce côté pompeux (je n’ai pas dit pompier !) propre aux Anglais et que l’on a déjà remarqué dans les marches 1 et 4 d’Elgar.

 

Et c’est fini, je vous souhaite de passer un très bon moment avec ces musiques britanniques !

Filoxe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 Comments

  1. C’est magnifique, je ne connaissais pas tout ces auteurs compositeurs mais je connaissais quelques uns des morceaux de musique présentés dans cet article c’est super !

  2. Votre article très intéressant et extrêmement bien fait est cependant un peu étrange.

    Pour la machine Enigma son code en fait a été cassé par un Anglais et brillant Mathématicien Alan Turing, à la base de la théorie qui permit les 1ers ordinateurs

    Je connais mal Sir Elgar. Les « Marches » que vous indiquez figurant si vous le dites dans Orange Mécanique.

    Je n’ai pas vu le film, mais la bande annonce contient une adaptation d’une oeuvre musicale absolument immense pour moi.
    Elle est de Purcell très grand musicien Anglais du XVIIeme donc beaucoup plus ancien 

    « Music fot the funeral of Queen Mary » 1695

    En fait Purcell mort quelques mois après, aurait paraît-il ressenti sa propre mort en composant ce texte. Immense, bouleversant

    Une interprétation

    https://www.youtube.com/watch?v=izalo2wxYUg

    • Vous avez totalement raison en fait j’ai hésité à parler de la machine Enigma car je savais que risquais de taper à côté.
      J’ai vu le film la machine de Turing, c’est une œuvre magnifique !
      Je vous remercie pour votre commentaire très pertinent.

  3. Merci infiniment pour ce beau moment musical. La musique est indispensable et adoucit les moeurs dit-on. Nous en avons bien besoin en ce moment. Alors un grand MERCI à l’auteur de cet article et qui nous a fait découvrir ou redécouvrir un compositeur au talent incontestable et à la musique optimiste et entraînante. Je souhaite une très bonne journée à tous ainsi qu’à toute l’équipe de Résistance Républicaine.

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