INTRODUCTION
Pendant des siècles, les bateaux allaient assurer les liaisons intercontinentales et il semblait que ce moyen de transport de personnes et de marchandises ne pourrait jamais être concurrencé, voire remplacé. Avec l’apparition des premiers jets civils, l’aviation allait faire un bon en avant et, à partir des années cinquante, révolutionner les voyages et échanges commerciaux dans le monde entier et pensionner définitivement les grands paquebots. Pourtant, comme nous allons le voir, ce ne fut pas une aventure de tout repos.
L’aviateur américain Charles Lindbergh avait ouvert la voie du survol des océans avec son raid en solitaire New-York/ Paris les 20 et 21 mai 1927 à bord du « Spirit of Saint Louis » au-dessus de l’Atlantique Nord.
L’AVIATION : DES PROGRES FULGURANTS
Les progrès de l’aviation furent fulgurants. Il suffit de penser que seulement 66 ans séparèrent le premier vol des frères Whright en 1903 sur quelques dizaines de mètres, du premier vol de Concorde capable de voler à Mach2 à partir de 1969 et des premiers pas de l’homme sur la lune la même année, sans oublier le premier vol du géant des airs, le Boeing 747 Jumbo Jet le 9 février 1969 destiné au transport de passagers et de fret.
LE DE HAVILLAND COMET 106
Revenons-en au De Havilland Comet 106 au destin funeste … Tout avait pourtant bien commencé pour lui et, au sortir de la seconde guerre mondiale, les anglais avaient pris de l’avance dans la construction aéronautique. Non seulement ils étaient sortis vainqueurs du conflit mais les autres pays européens, ravagés par les destructions de la guerre, peinaient à relancer leur industrie. Les anglais en profitèrent donc pour se positionner en pionniers de l’aviation civile à réaction en réalisant le premier Jet civil dont le destin vous est conté en détails ici et que l’Oncle John vous recommande de lire pour bien comprendre la suite.
LE COMET EN MODELISME
De Havilland avait déjà rencontré le succès dans les années trente avec l’un de ses avions baptisé lui aussi Comet, qui avait remporté la course Londres-Melbourne en 1934 (cliquer ici). Cet appareil en bois aux lignes agréables allait donner naissance un peu plus tard au célèbre chasseur bombardier Mosquito de la seconde guerre mondiale, lui aussi fabriqué en bois.
Les anglais, fiers de leur réalisation, furent aussi les premiers à se lancer dans la reproduction de leur Jet et Dinky Toys sorti au début des années cinquante une première reproduction de leur fameux Comet immatriculé G-ALYV :
Ils furent suivis peu après par le fabricant italien Mercury qui reproduisit lui aussi ce jet :
En réalité, comme nous l’avons vu précédemment (dans le lien que l’Oncle John vous a recommandé de lire > rappel du lien), le G-ALYV, allait s’écraser tragiquement le 2 mai 1953 peu après son décollage de Calcutta en Inde. Suite à la catastrophe, Dinky Toys s’est empressé de changer l’immatriculation de son jouet initial qui portera dès lors le marquage G-ALYX, c’est ici.
Et par la suite, à ma connaissance, plus aucun fabricant de jouet ne reproduira la première version du Comet. Seules les versions suivantes, sensiblement différentes du projet initial seront reproduites par les fabricants de maquettes plastiques. La série de catastrophes qui ont frappé les premiers Comet ruineront définitivement sa carrière commerciale même si la version corrigée et améliorée de cet appareil sera utilisée pendant soixante ans jusqu’en 1997.
En outre, cette série de catastrophes inexpliquées donneront lieu à la plus grande enquête de l’histoire de l’aviation pour parvenir à en déterminer la cause précise. Et ce sera surtout la concurrence qui profitera du résultat de l’enquête, en particulier Boeing qui produira son fameux 707 qui écrasera littéralement la concurrence. Boeing deviendra le premier constructeur mondial et reléguera le pionnier De Havilland à l’oubli.
Aujourd’hui, il semblerait que les accidents des derniers Boeing 737 Max conduisent la firme Boeing à subir un sort semblable à De Havilland mais en sens inverse. En effet, le 737 est, à ce jour, le Jet commercial qui a été produit en plus grand nombre dans l’histoire de l’aviation mais les déboires du 737 Max risquent de signer la fin de ce succès …
Et l’histoire de nos modèles Dinky ne s’arrête pas là. En effet, Air France avait acheté aux anglais des Comet dont l’un d’entre eux immatriculé en France F-BGNX.
Suite aux catastrophes de Comet anglais, les appareils français ont été immédiatement retirés du service. Voici une image du Comet Air France F-BGNX qui a donc réellement existé :
Or, au même moment, Dinky Toys France a produit également un appareil Air France immatriculé F-BGNX, mais il ne s’agit pas d’un Comet mais d’un Vickers Viscount ! Qu’est-ce que cela signifie ?
En fait, Dinky Toys se proposait bien de reproduire un Comet aux couleurs d’Air France et avait déjà produit les décalcomanies qui devaient normalement décorer celui-ci au moment même ou se sont produites les catastrophes. Dès lors, que faire du stock de décalcomanies prévues pour décorer le Comet Dinky France ? Et bien, ils les ont tous simplement transférées sur leur nouveau Vickers Viscount ! Sur la photo suivante, vous pouvez observer les deux premières versions du Vickers Viscount produit par Dinky Toys France. La première version comporte bien l’immatriculation et les hublots carrés qui caractérisaient le Comet, tandis que sur la deuxième version, ils ont reproduits correctement les hublots du Viscount qui étaient effectivement de forme ovale et non carrée. Enfin, sur la version anglaise du Viscount Air France produit en UK l’immatriculation du jouet deviendra F-BGNL et les hublots seront aussi reproduits fidèlement. Ci-dessous, deux photos tirées de la revue « Collectionneur & Chineur » publiée le 5 octobre 2007.
Par la suite, pour tenter de rentabiliser son échec, De Havilland a vendu les plans du cockpit de son Comet à Sud-Aviation qui a utilisé ceux-ci pour réaliser sa fameuse Caravelle. Et donc la forme des cockpits du Comet et de la Caravelle sont rigoureusement identiques comme vous pouvez le remarquer sur la vue suivante des deux avions nez à nez, le Comet à gauche, la Caravelle à droite :
Oncle John
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J’ai eu « le bonheur et la chance »…. de voler deux fois sur un Comet de la BEA entre Genève et Londres en 1963 !
Le vol aller par beau temps s’est bien passé ! mais le vol retour par un temps dégueulasse m’a laissé un souvenir de trous d’air et de turbulences style montagne russes !
Malgré tout l’avion s’est possé à Genève sans encombres et je n’avais pas vomi mon quatre heure !! lol !
Merci à vous pour cet article très intéressant !
Heureusement que je n’ai pas vécu et voyagé à l’époque des débuts du « De Havilland Comet 106 », vu le nombre de crash. Ce n’est pas pour autant que je lui crache dessus, loin de là !
Un excellent article qui m’apprend plein de choses sur cette énigme des immatriculations des modèles Dinky Toys France. Merci !
A noter, dans des échelles d’environ 1/20 à 1/50 , les assez nombreuses réalisations de Comet en tôle lithographiée par des fabricants de jouets japonais; je ne saurais dire s’il s’agit de la première version de cet avion ou de versions évoluées. Le fabricant JEP en a aussi produit un trés beau modèle.
Merci Philippe. Le modèle Yonesawa reproduit plus ou moins fidèlement le Comet 1 sauf sa décoration fantaisiste. Je n’ai pas trouvé d’image du Comet JEP? Le Comet Airfix reproduit la version ultérieure sensiblement différente de cet avion. Enfin, il est assez facile de s’offrir un Comet Dinky et de réaliser sa version Air France car on trouve facilement des Comet Dinky usagés sur la toile ainsi que les décalcomanies Air France qui lui correspondent mais qui ont été erronément attribuées au Vickers Viscount. En tout cas, dans ce cas-ci, le modélisme a rejoint l’histoire.
très beau travail ,très belles réalisation et passion !