Théâtre : « Les races » de Ferdinand Bruckner ( 12 )

 

Rossloh ( s’asseyant,  les autres après lui. ) : Tu seras reçu au parti dès demain,  9 heures. Salle 24. Répétition de la bataille définitive contre Marcus. ( Karlanner est tout pâle,  Rossloh tout en répondant à de nombreux saluts qui lui viennent de tous les côtés. )  A la suite de ses multiples essais pacifistes dévirilisants  pendant ses soi disant cours de médecine,  Goldberg a poussé à son point culminant l’opposition des étudiants contre lui.  Elle éclatera demain spontanément,  avec violence,  après le troisième mot de sa deuxième phrase. ( A Tessow : ) Il sera conspué.  Charge toi de l’instruction de ton ami.

( il boit en regardant beaucoup  le procureur. )

Karlanner  ( se décidant à répondre. ) : Mais tout notre avenir en serait compromis.

Rossloh : Comment çà ?

Karlanner : Si le professeur Marcus était…

Rossloh : L’avenir de qui? Celui de Goldberg   peut-être ?

( on rit.)

Karlanner ( secouant la tête. ) : Le nôtre.

Rossloh : Mais pas l’avenir de l’Allemagne, toujours.  (Karlanner ne peut pas parler,  les mots s’étranglent dans sa gorge. ) Tu ne peux donc pas te représenter l’avenir de l’Allemagne sans Marcus ?

( on commence à écouter de partout.)

Karlanner : Rt ton avenir à toi,  Rossloh ? Tu ne veux donc pas faire la médecine ?

Rossloh : Le juif m’a fait trois fois recaler. Et pourquoi ? Parce que j’avais d’autres préoccupations que mes études,  des préoccupations de base, une base que je veux d’airain et non d’argile. Et c’est à cause de çà que j’ai négligé de piocher comme un imbécile ; j’ai négligé de savoir si la queue d’un bacille est ronde ou pointue.

Tessow : C’est aujourd’hui pour Karlanner,  l’épreuve du feu c’est pour ça  qu’il parle.

Karlanner  ( à  Tessow. ) : Toi, je ne te comprends pas.

Tessow  ( pour en finir.) :  Je suis aux ordres de Rossloh.

Rossloh  ( élevant la voix. ) : Un cerveau peut-il être considéré comme épuré de toute juiverie lorsqu’il s’obstine encore à chercher l’avenir de l’Allemagne sur les bancs des écoles.?

( L’assistance se prépare à des applaudissements frénétiques qui éclaireront immédiatement. )

Karlanner  ( renonçant. ) : Je croyais que nous avions des choses à apprendre !

Rossloh : Apprendre oui, mais quoi ? ( Applaudissements frénétiques.  Rossloh se lève.)  Lorsque Schlageter revint de la guerre, étudiant comme nous,  il pensa d’abord retourner à l’université. Mais voyant l’état dans lequel se trouvait son pays, il s’ecria :  » j’em…toutes les études tant que l’Allemagne crève de misère.  » Et il partit pour les pays baltes.

Tous ( en choeur. ) : Schlageter,  heil !

( Karlanner est muet. )

Rossloh  ( dans un délire commençant. ) : Et quand Schlageter revint en héros des pays baltes,  il s’ecria :  » Je vois l’Allemagne toujours couverte de honte,  et je traînerais sur les bancs de l’école ? Et il se rendit en Haute-Silesie.

Tous ( en chœur.) : Schlageter,  heil !

Tessow ( à Karlanner,) : Crie donc, toi aussi !

Karlanner : Schlageter, heil ! Nous sommes fous,  Tessow.

Tessow : Ferme ça.

Karlanner : Je ne comprends rien, mais qu’importe !

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2 Commentaires

  1. Merci mon ami. La médiocrité de l’élite nazi transparaît à chaque ligne, et la genèse imbécile et revancharde d’un antisémitisme basé sur l’échec personnel de cette soi-disant élite aussi.

    • Bonjour mon ami Argo, on voit bien le parallèle avec aujourd’hui ! Quand on arrive plus à s’élever, on nivelle par le bas! Comme le macronisme! Et on observe les nations qui s’en sorte mieux que nous et on cherche à leur faire la guerre, hier les nazis avec en premier, la Pologne, aujourd’hui les macronards avec la Russie, demain se sera à qui le tour ? Deux sectes politiques criminelles.