Sganarelle menaçant de battre sa femme Martine ? Cachez ce spectacle que vos yeux ne sauraient voir et supprimer ce qui pourrait choquer vos oreilles politiquement correctes…
Bonjour les amis,
Qui n’a pas des souvenirs joyeux du bon vieux temps, où l’on usait nos fripes sur les chaises du collège en savourant le cours de Français avec la lecture du Médecin malgré lui, du maître incontesté de la comédie :Jean-Baptiste Poquelin dit Molière ?

Figurez vous que les éditions Magnard, plus scrupuleuses du sentiment des psychopathes névrosés wokistes que de l’intégrité de l’œuvre d’un auteur dont le rayonnement s’est répandu dans le monde entier, se sont permis de supprimer la partie de la première scène du premier acte où Sganarelle doit battre sa femme. La partie qui indique l’action : « Sganarelle prend un bâton et lui en donne » a été supprimée ainsi que la réponse qu’il fait à Martine, sa femme : « voilà le vrai moyen de vous apaiser » .
(1) voir la première scène de l’acte I en question
Comment expliquer la suite, lorsqu’un voisin, M. Robert, vient à son secours, qu’elle puisse lui répondre : « et s’il me plaît, à moi d’être battue! » .
Cela peut paraître à certains un détail, mais c’est un peu comme si on avait coupé la tour Eiffel en deux! Elle existerait encore mais aurait perdu son aspect symbolique et plus aucun touriste ne viendrait la voir.
C’est un peu ce qui se passe ici, quel intérêt aurait encore notre littérature, si on en expurge tout ce qui en fait le sel? Comment jouer la scène sur un théâtre si les actions comiques en sont exclues ? Plus personne ne viendra voir les pièces.!
Voilà les amis, heureusement il nous reste d’autres éditions plus respectueuses de notre génie national, évitons les éditions Magnard, voire aussi Belin, je dirai même plus, boycottons-les ! et allez voir ailleurs si vos enfants ont besoin du texte de cette pièce, où mieux ressortez vos vieux exemplaires ou écumez les braderies vous économiserez de l’argent et cela fera rougir de colère les écolos dingos qui donnent des conseils aux autres, mais ne les suivent jamais eux- mêmes.
Bonne journée à vous tous.
Le Chti français.
(1) Acte 1 scène 1
SCÈNE I.
Sganarelle, Martine, paraissant sur le théâtre en se querellant.
SGANARELLE.
Non, je te dis que je n’en veux rien faire : et que c’est à moi de parler et d’être le maître.
MARTINE.
Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie : et que je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines.
SGANARELLE.
Ô la grande fatigue que d’avoir une femme : et qu’Aristote a bien raison, quand il dit qu’une femme est
pire qu’un Démon !
MARTINE.
Voyez un peu l’habile homme, avec son benêt d’Aristote !
SGANARELLE.
Oui, habile homme : trouve-moi un faiseur de fagots qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans, un fameux médecin, et qui ait su, dans son jeune âge, son rudiment par coeur.
MARTINE.
Peste du fou fieffé !
SGANARELLE.
Peste de la carogne !
MARTINE.
Que maudit soit l’heure et le jour, où je m’avisai d’aller dire oui. Bec-cornu : Sors, imbécile.
SGANARELLE.
Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine.
MARTINE.
C’est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire :
devrais-tu être un seul moment sans rendre grâce au Ciel
de m’avoir pour ta femme, et méritais-tu d’épouser une
personne comme moi ?
SGANARELLE.
Il est vrai que tu me fis trop d’honneur : et que j’eus lieu de me louer la première nuit de nos noces ! Hé !
Morbleu, ne me fais point parler là-dessus : je dirais de
certaines choses…
MARTINE.
Quoi ? Que dirais-tu ?
SGANARELLE.
Baste, laissons là ce chapitre, il suffit que nous savons ce que nous savons : et que tu fus bien heureuse de me
trouver.
MARTINE.
Qu’appelles-tu bien heureuse, de te trouver un homme qui me réduit à l’hôpital, un débauché, un traître, qui me mange tout ce que j’ai ?
SGANARELLE.
Tu as menti, j’en bois une partie.
MARTINE.
Qui me vend, pièce à pièce, tout ce qui est dans le logis.
SGANARELLE.
C’est vivre de ménage.
MARTINE.
Qui m’a ôté jusqu’au lit que j’avais.
SGANARELLE.
Tu t’en lèveras plus matin.
MARTINE.
Enfin qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison.
SGANARELLE.
On en déménage plus aisément.
MARTINE.
Et qui du matin jusqu’au soir, ne fait que jouer, et que
boire.
SGANARELLE.
C’est pour ne me point ennuyer.
MARTINE.
Et que veux-tu pendant ce temps, que je fasse avec ma
famille [?]
SGANARELLE.
Tout ce qu’il te plaira.
MARTINE.
J’ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.
SGANARELLE.
Mets-les à terre.
MARTINE.
Qui me demandent à toute heure, du pain.
SGANARELLE.
Donne-leur le fouet[.] Quand j’ai bien bu, et bien mangé,
je veux que tout le monde soit saoul dans ma maison.
MARTINE.
Et tu prétends ivrogne, que les choses aillent toujours de
même ?
SGANARELLE.
Ma femme, allons tout doucement, s’il vous plaît.
MARTINE.
Que j’endure éternellement tes insolences, et tes
débauches ?
SGANARELLE.
Ne nous emportons point ma femme.
MARTINE.
Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton
devoir ?
SGANARELLE.
Ma femme, vous savez que je n’ai pas l’âme endurante :
et que j’ai le bras assez bon.
MARTINE.
Je me moque de tes menaces.
SGANARELLE.
Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire.
MARTINE.
Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.
SGANARELLE.
Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque
chose.
MARTINE.
Crois-tu que je m’épouvante de tes paroles ?
SGANARELLE.
Doux objet de mes voeux, je vous frotterai les oreilles.
MARTINE.
Ivrogne que tu es.
SGANARELLE.
Je vous battrai.
–MARTINE.
Sac à vin : insulte pour dire d’un
homme qu’il boit trop.
Sac à vin.
SGANARELLE.
Je vous rosserai.
MARTINE.
Infâme.
SGANARELLE.
Je vous étrillerai.
MARTINE.
Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard,
gueux, belître, fripon, maraud, voleur…
SGANARELLE.
Il prend un bâton et lui en donne.
Ah ! Vous en voulez, donc.
MARTINE.
Ah, ah, ah, ah !
SGANARELLE.
Voilà le vrai moyen de vous apaiser.
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Merci Christine pour l’illustration et l’extrait de la scène. bonne journée.
Avec plaisir le Chti ça m’a semblé pas trop superflu alors je me suis permis d’ajouter