
En 1963, Annie Chancel devient Sheila ; à 17 ans, on lui fait porter des couettes et une jupe à carreaux pour ressembler à son public de petites filles. Bingo ! Les parents aussi l’aiment bien, cette « petite fille de Français moyen »… Elle cartonne avec « L’école est finie », ça se twiste dans les « surprises-parties » improvisées au fond d’un garage, quand la Peugeot 404 ou l’Ami 6 de Papa n’y est pas.
Quand France Gall chante « Sacré Charlemagne », en 1964, tous les petits Français, même les cancres, savent qui est Charlemagne et même son grand-père, Charles Martel. Ils apprennent vite cette mélodie simple et se l’approprient avec enthousiasme : ils font semblant d’en vouloir à l’empereur « à la barbe fleurie » mais ils le taquineraient plutôt car il fait partie de la famille. France Gall a confié avoir enregistré cette chanson à contrecoeur car « c’était une chanson d’enfant ». Robert Gall, l’avait ajouté d’autorité au répertoire de sa fille. Or ce fut son premier gros tube international. Elle dut reprendre ce titre, qu’elle n’aimait pas beaucoup, pendant longtemps ! (ici en 1972) :
« Adieu, monsieur le professeur », chantait, à contre-courant, Hugues Aufray en 1968 ! La chanson fera toujours pleurer quelques enseignants retraités, même ceux qui sont rétifs aux mièvreries (j’en connais), et mouillera aussi les paupières des anciens élèves au cœur tendre que nous sommes tous.
Jean-Pierre Ferland , comme tout le monde ou presque, en 1969, se moque de l’apprentissage imposé et revendique la liberté et les bienfaits de l’école buissonnière. « Mes années d’école » remporte, dans nos mémoires, le prix de Poésie et aussi d’Ecologie (la vraie, celle d’avant la lettre et sa récupération « ad nauseam »).
Michel Sardou, auteur-interprète, surprend dans cette chanson de 1990, « Le bac G», adressée à un jeune homme qui lui avait écrit, un titulaire du Bac dévalué qui regroupait « les options économiques et sociales (G1, G2, G3) ». L’angoisse du déclin, celui promis à une génération de jeunes Français, celui de la France et celui du chanteur lui-même, se profile derrière un texte original, tendre et amer.
« L’Etat ne met pas assez d’argent », « L’enseignement en France va mal Car il rend pas les gens égaux » (sic) en expliquant la crise de l’enseignement avec la « grille de lecture » (comme ils disent) des pédagogistes embusqués au Ministère et des principaux syndicats d’enseignants, Grand Corps Malade est certain, avec son titre « Education nationale », que le public de gauche se lèvera pour l’applaudir. Consécration : le texte est publié en quatrième de couverture par Libération (2009) ! La victimisation des-enfants-perdus-des-quartiers-perdus-de-la-République a fait recette. Un talent indéniable aussi… car la voix est belle et l’auteur joue assez habilement de l’octosyllabe rimé, qui, avant d’être du « slam », fut aimé de nos poètes-chanteurs, dès le Xe siècle.
20 ans plus tôt, en 1981, Enrico Macias, ancien instituteur, évoquait l’Ecole, comprise au sens noble, avec ses exigences, comme la métaphore de la vie tout entière. Ce fut « Ouvre-moi la porte » chantée ici avec son fils Jean-Claude. Est-ce complètement démodé d’y croire encore ?
A glisser dans le sac à dos des élèves les plus jeunes et les plus angoissés : EspaceFrancais.com est un site web francophone d’origine libanaise, fondé en 2004, dédié à la vulgarisation de la langue et de la littérature françaises. Dans cette chanson simplette mais pleine de bonne volonté pédagogique, on s’applique à dédramatiser la rentrée. Souhaitons que ça marche…
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Sans fautes, à part Grand Con malade. Désolé, mais le slam, ça n’est pas ma tasse de thé. Ni ma tasse de café.
SLAM. Sur une musique électro-jazzy. Et dans l’air du temps.
Si j’étais allé à l’école
Aujourd’hui je s’rais pas en tôle
Mais j’ai zigouillé la maîtresse
J’l’ai étranglé avec ses tresses
Avec ses multiplications
Elle me tapait sur le trognon
Sa gueule ne me r’evenait pas
Et ses leçons j’en voulais pas
J’ai butté aussi l’directeur
Il a passé un sal’quart-d’heure
La cantinière y est passée
Sa bouffe y en avait assez
J’ai trucidé aussi l’concierge
Un type long comme une asperge
Après tout ça bien entendu
Le juge pour enfants j’ai vu
Je suis en tôle pour perpète
Mais là ce qui m’a pris la tête
Dans cett’ prison on va en classe
Y sont vraiment à la ramasse
Les profs ont tous des pistolets
Y tireraient sans hésiter.
J’suis maudit!
On peut le regretter, mais Grand Corps Malade n’est ni con, ni dénué de talent. C’est notre honneur, à nous, de n’être pas aussi sectaires que nos adversaires, surtout quand il s’agit de chansons. Ne montez pas sur vos Argo, ami patriote, je suis sûre que vous comprenez ma démarche ici, à 100 pour 100. A bientôt.
Très bien répondu Chère Agathe !
Rosa
Quel talent mon cher Argo ! Tu vas devenir l’idôle des « qartchiers » dans tes vieux jours!😅
Excellent ! Bravo Argo tu aurais dû/pu me l’envoyer pour publication comme article
Merci Agathe, un sujet bien d’actualité!, je me souviens aussi d’une chanson de bernard sauvat: le professeur est un rêveur.
https://youtu.be/RBieGYtwy38?feature=shared
Il y a aussi : « le, la ? Professeur-e est pédophile » mais je n’ai pas retrouvé ni le compositeur, ni l’interprète !😅😅😅. Bonne journée !
Merci, Le Chti, compléments toujours bienvenus !