La Russie, paradis pour les cueilleurs de champignons

 

Les Russes adorent les champignons !

De juillet à octobre, ils sont complètement absorbés par ce qu’on appelle la « chasse silencieuse » (la « gribalka »).

En Russie, s’étendent à perte de vue des forêts immenses. Ici la Terre est particulièrement généreuse et prodigue des récoltes quasi miraculeuses : cèpes, girolles, bolets, lactaires tapissent le sol, et l’on trouve parfois des cèpes si énormes qu’on les croirait sortis de contes de fées.

Le cèpe de Bordeaux est appelé en Russie « le roi de tous les champignons ». Il pousse également dans les forêts de feuillus et de conifères, préférant les zones humides.

Les champignons sauvages fascinent  les Russes depuis toujours. La cueillette est ici érigée en art, si bien qu’on parle même à son sujet de « chasse aux champignons » et que dans la culture russe, l’excitation de la « quête » dépasse de loin le plaisir de la récolte. 

Source texte

Alexander Guenis trie les chanterelles (=giroles)

« Le champignon est comme un aimant, une connexion invisible et mystérieuse apparaît entre lui et la personne qui le « chasse ». Ce n’est même pas une chasse, c’est une partie de cache-cache sans gagnant ni perdant, sans victime »,souligne l’écrivain russe contemporain Alexander Guenis, ajoutant que pour certains Russes ce loisir est la plus efficace des méditations.

Un Russe montre sa récolte de morilles : 

Source vidéo : Pêche et gribalka au printemps ( TikTok)

 

Dans « Anna Karénine », Léon Tolstoï  évoque à plusieurs reprises les champignons.

Dans les premiers jours de juin, la vieille bonne qui remplissait les fonctions de ménagère, Agathe Mikhaïlovna, descendant à la cave avec un pot de petits champignons qu’elle venait de saler, glissa dans l’escalier et se foula le poignet. P601

Champignons salés Recette ici

Levine marchait toujours entre ses deux compagnons. Le vieux avait mis sa veste de peau de mouton, et conservait son entrain et la liberté de ses mouvements. Dans le bois, on trouvait des champignons cachés sous l’herbe ; au lieu de les trancher avec la faux comme les autres, il se baissait dès qu’il en apercevait un, le ramassait et le cachait dans sa veste en disant : « Encore un petit cadeau pour la vieille. » P632

Arkadi Plastov.  En été. Champignons, 1953-1954

Léon Tolstoï décrit une scène d’apaisement entre la princesse Daria Alexandrovna Oblonskaya et ses enfants, autour d’une balade sylvestre à la recherche des champignons :

Les belles toilettes ôtées, on mit des robes ordinaires aux filles et de vieilles vestes aux garçons, on fit atteler le char à bancs, et l’on alla chercher des champignons au bois. Au milieu des cris de joie, les enfants remplirent une grande corbeille de champignons. Lili elle-même en trouva un. Autrefois, il fallait que miss Hull les lui cherchât ; ce jour-là, elle le découvrit toute seule, et ce fut un enthousiasme général. « Lili a trouvé un champignon ! » La journée se termina par un bain à la rivière ; les chevaux furent attachés aux arbres, et le cocher Terenti, les laissant chasser les mouches de leurs queues, s’étendit sous les bouleaux, alluma sa pipe, et s’amusa des rires et des cris joyeux qui partaient de la cabine. P652

Anna Karénine  livre complet en Pdf gratuit : https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Tolstoi-Karenine-1.pdf

Recette d’une tarte automnale aux chanterelles et arômes des forêts russes ici

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18 Commentaires

  1. Waouh ! Le cèpe de Walt Disney !
    J’adore aller aux champignons, mais surtout ne pas compter sur le pharmacien pour vous donner le feu vert, contrairement à ce qu’on vous raconte chaque année à la télé.
    Les pharmaciens n’y connaissent rien, et nous ont fait jeter d’excellents champignons.
    Dans le Var, on trouve principalement des sanguins, et aussi parfois des coulemelles ou des pieds de moutons.
    Je n’ai jamais eu la chance de tomber sur une morille, ni de cèpe d’ailleurs, peu fréquents dans la région.

    • Bonjour,

      Moi c’était ma grand-mère, en Corrèze : nous étions très fiers de ce que nous ramenions et elle nous faisait tout jeter :=)

          • Alors, il doit y avoir des terroirs pour les champignons.
            J’ai acheté le guide vert des champignons, très bien fait et précis avec photos et croquis.
            Impossible de se tromper. Et le petit plus, c’est les recettes qui accompagnent certaines descriptions.

    • Je confirme que les pharmaciens n’y connaissent rien. J’avais deux amis pharmaciens (retraités) qui me confiaient qu’ils ne connaissaient pratiquement rien aux champignons sinon quelques vagues souvenirs de quelques cours de faculté. Quand des clients venaient les voir, pour ne pas paraître ignares, ils leurs faisaient jeter presque toute la récolte.
      Pareil pour les médicaments actuellement, quand on demande un conseil, soit ils lisent sur la boîte ce qui est écrit (!!) où il regardent dans leurs ordinateurs.
      Je n’ai aucune confiance aux pharmaciens, pour quoi que ce soit concernant les conseils. Ils me donnent leurs boîtes, comme l’épicier me donnerait sa boîte d’épinards, et ça s’arrête là.

      • Bonjour, les cours en faculté de pharmacie se résument à quelques heures (un peu plus pour faire un herbier) donc autant ne pas faire prendre de risques. Il y tout de même quelques mycologues passionnés qui continuent de se former, vont à des sorties, des expositions. Aujourd’hui tout a changé avec l’identification par images de Google, il suffit de photographier le spécimen et on a instantanément toutes les informations; ce système génial marche pour tout du reste : monuments, objets…

        • Tu as raison, il faut 1 000 fois faire plus confiance à un mycologues passionné, qu’à un pharmacien.
          Merci de ton rappel de ces facilités offertes par Google que l’on connaissait, mais que l’on oublie pour cause d’usage peu fréquent.

  2. Dans les bois français, on trouve plus de chercheurs de champignons que de champignons.

  3. Quel éclectisme mon ami Jules ! Les sujets pour louer la Russie sont intarissables et infinis avec toi. Et j’aime beaucoup cela.
    Encore un aspect des Russes que je ne connaissais pas, ce sont donc des champignonnistes.
    Pour ma part, je raffole comme c’est pas possible d’en manger, mais j’ai horreur comme c’est pas possible de les cueillir (la Terre est trop basse, c’est là le problème) !
    Bon appétit à la Russie et au patriote champignonnistes….
    Et surtout, un grand, un immense merci pour tous ces articles qui nous sortent de l’ordinaire, très originaux, instructifs, et qui nous font mieux connaître à chaque fois ce pays qu’est la Russie, pays qui me fait rêver.

    • …J’adore les ramasser depuis toujours. Cèpes, trompettes, giroles, pieds de mouton, pieds bleus, morilles, et les mousserons je les fais sécher en les enfilant sur des fils (excellents dans les sauces avec du lapin, des paupiettes)

  4. Surtout à Tchernobyl, et bientôt chez nous aussi après les petites facéties de nos politicars pourris… Mais bon il n’y aura plus personne pour les ramasser…

  5. J’adore vos articles sur la Russie, Jules mais là, je dois dire que vous me faites deux fois plaisir! Car je suis aussi « chasseur de champignons » mais helas, dans ma région on est loin de voir de telles recoltes! Les belles trouvailles sont rares! Cela donne envie d’émigrer en Russie de juillet à octobre! Et pourquoi toute l’année vu la décadence de notre pays et d’une bonne partie de ses citoyens. Bonne journée.

    • Vu la taille spectaculaire de ce bolet…on peut s’attendre à en trouver des spécimens d’un mètre de diamètre et de hauteur, tout autour de Tchernobyl!…(LOL!)

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