Traduction d’un article du NZZ suisse
Le milieu woke allemand et son amour de l’islam
Après des incidents comme la proclamation du califat à Hambourg ou l’attaque islamiste au couteau à Mannheim, on note régulièrement à quel point le gouvernement allemand minimise l’islamisme.
L’affinité islamique dans l’opinion gauche-vert-woke-queer représente au premier abord un phénomène étonnant. Le fait que des personnes queer sont en danger physique et moral dans les pays à domination islamique devrait en effet mener à la prise de conscience qu’une alliance n’est pas possible entre ces univers. Et pourtant, elle existe.
L’explication courante à cet égard est qu’on considère les musulmans vivant en Occident comme le nouveau prolétariat, comme les sous-privilégiés. C’est pourquoi les woke voulaient protéger cette couche sociale de la puissance du marché engloutissant tout ainsi que du colonialisme raciste blanc. La mère de l’idéologie des genres, Judith Butler, a par exemple prétendu que la burka était la protestation des femmes musulmanes contre le fait « d’être exploitées par la culture de masse ».
Cela est emprunté à la critique marxiste de la société. Et il existe encore d’autres particularités nécessitant une explication. C’est ainsi que « wokisme » et islam sont unanimes à refuser l’égalité comme elle est comprise en Occident. Dans la pensée islamique, l’appartenance religieuse définit également le statut politique et civil de l’homme : on est soit musulman, soit gardien de l’Écriture (juif ou chrétien) ou mécréant. Et comme membre d’un de ces groupes, on participe graduellement à la cogestion politique et aux droits civils.
Pré-Siècle des lumières
Le « wokisme » est empreint d’une opinion apparentée. Car il se focalise non pas sur l’individu, auquel reviennent déjà « naturellement » en tant que tels des droits inaliénables. Il s’adresse bien au contraire, de manière très instructive, aux individus comme membres de groupes.
Ce ne sont plus le clergé, la noblesse et le peuple de l’Ancien Régime qui constituent l’Etat corporatiste woke. Ce sont à présent les Noirs, les Blancs, les Juifs, les musulmans, les queers, les lesbiennes, les Palestiniens et presqu’à foison beaucoup d’autres groupes.
Ironie de l’histoire ou tragédie : les woke et leurs sympathisants gauches-verts se retrouvent ainsi en bonne compagnie avec les réactionnaires anti-Siècle des Lumières de l’ancien temps. Le porte-parole de ces derniers, Joseph de Maistre, notait dans ses « Considérations sur la France » en 1796 : « Il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes … mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, c’est bien à mon insu. »
Louis de Bonald, proche de la manière de penser de Maistre, opposait la traditionnelle « Philosophie du Nous » aux écoles philosophiques plaçant l’individu, le « Je », au centre de leur pensée. Les pronoms Je et Nous décriraient avec précision les divergences entre les philosophies pré-et post-Siècle des Lumières.
Banalisation et absence de démarcation
La société libre, ouverte, telle qu’elle est issue du Siècle des Lumières, n’est pas la seule à être mise à l’index aussi bien par l’islam radical que par le post-christianisme gauche-vert-woke, mais aussi le judaïsme et le christianisme. L’islamisme est au contraire banalisé par le complexe gauche-vert-woke-sexospécifique. La négation de fait ou du moins la contextualisation banalisante des « événements » du 7 octobre 2023 en Israël le montrent au monde. Et la réaction de Nancy Faeser, ministre allemand de l’Intérieur après les revendications de Hambourg exigeant un califat mettant fin à l’État constitutionnel démocratique souligne à quel point la pensée extrémiste-religieuse s’est déjà établie dans le camp gauche-vert-woke. Le tout serait, selon le responsable de la sécurité du territoire allemand « difficilement supportable » – et de ce fait quand même supportable d’une manière ou d’une autre.
Banalisation et absence de démarcation ne sont pas les seuls aspects soulignant la connectivité entre islam radical et « wokisme » gauche-vert. La recherche de traces mène à la théologie. Tocqueville a soutenu la théorie selon laquelle chaque religion s’accompagnerait d’une opinion politique apparentée. Il a ainsi anticipé le dicton de Carl Schmitt selon lequel tous les termes marquants de la science politique moderne seraient des termes théologiques sécularisés. De manière explicite, Tocqueville appliquait sa vision des choses au rapport entre le christianisme et les sociétés issues de la Société des Lumières ainsi que de la Révolution Française : « Parmi les choses vraiment nouvelles, la majorité me semble se déduire directement du christianisme. C’est le christianisme, appliqué par le Siècle des Lumières au sens large : autres formes politiques, structures sociales diverses. Ce sont en un mot de nouvelles conclusions tirées d’un principe ancien. »
Soumission au Dieu de volonté
Vu sous cet angle, deux images de Dieu incompatibles et en partie sécularisées figurent derrière ces oppositions évoquées ci-dessus, qui ont alors pour conséquence deux images différentes de l’homme.
La conception judéo-chrétienne de Dieu dit qu’il est la raison suprême et qu’il a créé un monde raisonnable. C’est pourquoi Dieu est reconnaissable dans les œuvres de sa création, comme le dit Saint Paul dans sa Lettre aux Romains. De plus, l’homme en tant qu’image de Dieu fait partie de sa raison. C’est pourquoi il peut comprendre et poursuivre la conception de la nature. L’image judéo-chrétienne de Dieu et de l’homme légitimise une telle action. C’est, selon le Siècle des Lumières, le fondement de la confiance en la force de la raison et en sa capacité à comprendre et à forger le monde de manière scientifique et rationnelle.
Par opposition, le Dieu des musulmans porte des traits fortement volontaires et volontaristes. Les contradictions dans son attitude, telles qu’elles figurent dans les Écritures Saintes, ont mené à ce qu’une théologie rationnelle n’a pas pu gagner beaucoup de terrain. C’est pourquoi prévalent des hommes de loi qui organisent l’État et la société en vertu de lois religieuses, au nom de la soumission fataliste des croyants à un Dieu de volonté considéré comme absolument transcendent.
Un Dieu compris de cette manière ne peut pas non plus être auteur d’une nature qui agit selon des lois rationnelles. Ce qui mène à ceci : une exploration scientifique du monde n’est pas légitime du point de vue religieux et le Créateur n’est pas recherché dans les traces de la nature.
Irrationalisme et civilisation
On peut faire ici le lien avec l’idéologie sexospécifique. Car elle est empreinte d’un volontarisme irrationnel sécularisé qui veut amener l’homme au-delà de sa nature biologique à l’image de Dieu. Des États dominés par la pensée gauche-verte-postchrétienne suivent cet irrationalisme en permettant de « changer » de sexe en l’absence de toute base scientifique. Cette philosophie à la « Fifi Brindacier » – nous nous fabriquons le monde tel qu’il nous plaît – n’est pas seulement un renoncement à l’idée d’incarnation chrétienne et participative de l’homme, mais aussi à un humanisme expliqué scientifiquement.
Les Juifs et les chrétiens ont certes toujours été conscients que les voies de Dieu sont impénétrables. Mais ils se savaient en même temps intellectuellement en de bonnes mains dans la rationalité de Dieu, de la création et de l’homme. Les Lumières se sont fondées là-dessus. Par la suite, elles se sont émancipées en partie de leur émanation de l’image judéo-chrétienne de Dieu et de l’homme.
Les affinités électives modernes et volontaristes leur rappellent à nouveau à présent la glèbe sur laquelle ils ont grandi. Car la séparation du Dieu de la raison mène à un irrationalisme dangereux., oui, à l’autodestruction de l’homme comme elle s’exprime de façon exemplaire dans la mutilation génitale à légitimation sexiste. La banalisation woke de la violence pure et la rechute dans un État corporatiste 2.0 mettent en évidence qu’on arpente une voie mettant en danger la civilisation.
Cela devrait être, dans l’esprit de Habermas, l’occasion en Occident d’un « dépassement introspectif d’une image de soi laïque, durcie et exclusive de la modernité » Car c’est seulement ainsi que l’Occident peut opposer une résistance justifiée sur le fond aux actuels irrationalismes.
Martin Grichting, Théologien, était vicaire principal de l’évêché de Chur.
Traduction de Jean Schoving pour Résistance républicaine
https://www.nzz.ch/meinung/die-woke-liebe-zum-islam-ist-gefaehrlich-ld.1834437
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Judith Butler: https://garyfouse.blogspot.com/2015/03/judith-butler-speaks-at-uc-irvine-with.html
Le mariage perfect entre Islam et la extreme gauche. Je me souviens quand j’etais enseignant a l’University de California -Irvine et Judith Butler est venu a faire une discours contre Israel. Je la dit sur la fois que Imam Mohamed al-Asi a fait discours a UCI. Il a dit: « On peut faire sortir le Juif du ghetto, mais on ne peut faire sortir le ghetto du Juif. » Butler est Juive, mais elle s’en fichait du tout.
« Joseph de Maistre », c’est peut-être pas si con, ce qu’il disant.
S’est-on fourvoyé avec l’universalisme ?
Si l’universalisme peut s’appliquer aux individus, peut-on en dire autant lorsqu’il s’agit de masses ?
Le semblable attire toujours le semblable, les dégénérés, les dégénérés.