« Le dégoût est une chose curieuse. Il fait prendre en grippe jusqu’à la raison et au bon sens, par antipathie pour la vulgarité. » Henri-Frédéric Amiel.
« La pire des décadences n’est point celle qui naît d’un excès de raffinement dans une élite, mais de la vulgarité et de la méchanceté générales. » Maurice Martin du Gard.
Comme la plupart des gens encore à peu près normaux, j’ai été indigné par la cabale menée par des poètes autoproclamés – nuls et totalement méconnus, ou totalement méconnus parce que nuls ? – contre la nomination de Sylvain Tesson comme président du « Printemps des Poètes ».
Je ne suis pas particulièrement fan du style de Sylvain Tesson qui est exagérément encensé par certains critiques littéraires dès qu’il commet un nouveau livre, ou descendu en flamme par des imbéciles incultes qui voient en lui un « facho ». N’étant pas moi-même un aventurier, je me plais à rêver à la lecture des récits de voyages de ceux qui ont choisi l’aventure comme mode de vie. Mais je trouve qu’Henri de Monfreid, Jack London, Joseph Conrad, Joseph Kessel, Jack Kérouac, Blaise Cendrars, ou Jean Raspail sont des auteurs plus agréables à lire que Sylvain Tesson. Ce jugement ne m’empêche pas d’être scandalisé par le mauvais procès qu’on lui fait.
Dans un de ses livres, Tesson écrit qu’avant un grave accident il pensait que la nostalgie était une maladie presque honteuse, « un peu comme la cirrhose du foie » disait-il. Je pense le contraire ; la nostalgie m’aide à vivre, ou à survivre, dans ce monde de dégénérés et de cinglés.
Dans le dictionnaire, la nostalgie, c’est « un regret mélancolique d’une chose révolue ».
Je n’ai aucun regret ; les regrets ne servent à rien, le mal est fait et il est irrémédiable. Il n’y aura pas de retour en arrière mais ma mémoire est sélective, en dehors de quelques soirs de spleen, elle ne retient que les bons souvenirs. On considère comme le summum de la ringardise le seul fait de dire « c’était mieux avant », alors, disons que je suis aussi un ringard.
Non, tout n’était pas mieux avant. Je ne suis pas convaincu que le sort et le niveau de vie des ouvriers durant les « trente glorieuses » (et bien au delà) aient été enviables. Mais on peut, c’est même assez légitime, déplorer notre décadence et notre dégénérescence, surtout quand la télé nous donne l’occasion – trop rare ! – de voir des images d’un passé hélas révolu.
Hier soir, j’ai regardé sur Arte, le film « Flic story » tiré d’un livre un brin narcissique de Roger Borniche, sorti en 1975, il y a presque un demi-siècle. D’un mauvais livre, Jacques Deray a fait un film excellent. Les décors sont bons, les dialogues aussi et le film est servi par une kyrielle d’acteurs exceptionnels : Alain Delon, dans le rôle de Roger Borniche ; Jean-Louis Trintignant dans celui d’Émile Buisson ; la belle Claudine Auger ; et quelques belles gueules du cinéma d’Audiard : Maurice Biraud, André Pousse, Mario David, Paul Crauchet, etc. J’ai passé une bien agréable soirée !
Non, tout n’était pas mieux avant mais, de cette époque lointaine dont j’ai la nostalgie, il est indéniable que nous avons perdu deux choses essentielles : la liberté et…la beauté.
Je ne m’attarderai pas sur la notion de liberté car ça nécessiterait un long développement. Notre société, sur pression de Bruxelles et/ou diktat des minorités – raciales, religieuses ou sexuelles – est devenue totalement liberticide. Si nos grands-parents revenaient sur terre, ils deviendraient fous devant le nombre de règlements, directives, lois et oukases qui restreignent nos libertés.
Mais notre époque a également perdu le sens de la beauté, ce qui est assez révélateur de la dégénérescence de notre civilisation. Et la laideur sévit, hélas, dans tous les domaines. Ce qui frappe dans le film de Jacques Deray c’est sa beauté ; j’allais écrire, sa propreté. Les décors sont pourtant ceux d’une France pauvre qui se relevait péniblement de la guerre. Ce film, s’il était tourné de nos jours, se complairait dans le salace, le crado et l’hémoglobine. Car, à l’instar de l’Amérique, la laideur est devenue omniprésente chez nous. On se complet, on se vautre comme un porc dans la fange, dans le laid, le moche, le crapoteux, le répugnant, le dégueulasse et le vulgaire.
Pour illustrer mon propos, je me contenterai, ici, de quelques exemples mais la liste n’est pas exhaustive. Commençons par ce qu’on appelle pompeusement « l’urbanisme ».
Au pays des bâtisseurs de Cathédrales, les abords des villes se ressemblent tous. Dans d’interminables zones artisanales ou commerciales, des panneaux publicitaires géants et des bâtiments industriels sont là pour promouvoir « Mac Do » (officine à fabriquer des obèses), « Intersport »,« Décathlon » (« à fond l’informe ! »), « Aldi » (« place au nouveau CON…sommateur ») et d’autres grandes enseignes. On se fout éperdument du citoyen attaché à sa nation ; seul compte le consommateur mondialisé. Je ne sais plus qui a dit « le marketing consiste à vendre à des gens qui n’ont pas les moyens, des produits dont ils n’ont pas besoin » ? Mais c’est un bon résumé !
Et que dire de l’architecture contemporaine ? Pour les nouveaux architectes, la beauté est considérée comme suspecte. Elle est perçue comme un attribut bourgeois. C’est un désastre cognitif de mai 68, de la névrose marxiste. Les vieux soixante-huitards vont même jusqu’à dire que la beauté est fasciste. La laideur est devenue la norme, elle est «politiquement correcte». Le mal a commencé dans les écoles d’architecture où quelques enseignants, plus pédocrates que pédagogues, brillent sur le dos des élèves grâce à une sous-culture d’emprunt ; l’inverse d’une culture d’expérience. C’est la culture « Wikipédia », l’encyclopédie pour les nuls. Une des références dans les écoles d’architecture a été le Hollandais Rem Koolhaas, qui disait «Fuck the context», vaste programme ! Et l’architecte Adolf Loos déclarait «l’ornement est un crime». On a perdu la mémoire, le savoir, le labeur, la foi, celle précisément des bâtisseurs de Cathédrales. Ajoutons à cela que l’habitait individuel, soumis aux normes écologiques, est souvent contraint à la laideur. Les maisons « durables » et « responsables » (1), normées par l’UE, surmontées d’antennes paraboliques et de panneaux solaires, sans la moindre recherche esthétique, sont souvent bâties « à l’américaine », avec du bois mal étuvé, qui après deux ou trois hivers, les fera ressembler à des cages-à-lapins ou à des bidonvilles.
Personnellement, j’aime la simplicité des longères bretonnes, la rudesse des mas cévenols, la magnificence des châteaux Renaissance ou le luxe bourgeois des immeubles haussmanniens.
La laideur a atteint les canons de beauté féminins. Qui n’était pas sensible au charme de nos belles actrices d’antan ? Martine Carol, Michèle Mercier, notre « BB », Marie Laforêt, qui jouait si bien les garces distinguées, ou Caroline Cellier les garces tout court, sans oublier Laura Antonelli, Monica Bellucci et quelques autres canons de la beauté transalpine. Mais la jolie femme est en voie de disparition. Elle est remplacée par la pétasse américano-mondialiste : vulgaire, obèse, mal habillée, tatouée. Jadis le mâle normal fantasmait sur la vision d’un porte-jarretelles ; maintenant on lui offre des cuissots peu appétissants sur lesquels le tatouage voisine avec les vergetures et les varices.
La race mute, et pas forcément en bien ! Elle se laisse aller physiquement, mentalement et moralement, s’abandonne à la laideur et revient au tribalisme à coups de piercings et de tatouages.
L’homo mondialus s’apparente au porc. Il en a la goinfrerie et le mental. Sa femelle vire à la truie, c’est assez logique dans un monde qui rêve à l’égalité homme/femme. Autrefois on aimait les hommes forts et les femmes belles, maintenant on prône la lope « non genrée ».
Macron colle bien à son époque quand, par provocation, il choisit comme « marraine de la Francophonie » la chanteuse Yseult. Rappelons au passage que cette grosse Noire, née en France où elle a gagné beaucoup d’argent, est allée vivre en Belgique en prétextant que la France serait un pays odieusement raciste(2). Qu’on ne vienne pas me traiter de raciste ou de « grossophobe », j’ai le droit de penser que Caudine Auger, dans « Flic Story », avait une autre classe qu’Yseult !
« L’art contemporain » fait, lui aussi, l’apologie de la laideur et de la vulgarité: Le « Plug anal » de Paul McCarthy, les chiens gonflables de Jeff koons ou …l’urinoir de Marcel Duchamp sont, parmi tant d’autres, les marqueurs d’une décadence voulue et encouragée.
Dans le film que j’ai visionné hier soir, on ne passe pas son temps à se traiter d’ « enculé » ou à hurler « Bordel, vous faîtes chier ! ». La diction est bonne, les dialogues bien construits (et bien articulés; bénédiction pour les gens comme moi, durs de la feuille) pourtant le langage du Milieu est fleuri et souvent imagé. Mais petit à petit, la langue de Villon, de Ronsard, de Molière, d’Hugo, de Zola, de Dutourd ou de Raspail se dénature, au profit du pathos des banlieues. C’est une langue bizarre, illustrée par une gestuelle qui aide à la mieux comprendre : « C’te meuf, j’la kiffe grave », « J’nique les keufs ! ». Et, tant qu’on y est « j’nique ta mère, eh bouffon ! » accompagné d’un doigt d’honneur qui vous informe que le primate qui gesticule devant vous a sans doute des pulsions sexuelles inassouvies. Yves Duteil chantait « c’est une langue belle » mais qui écoute encore Duteil ?
-3-
Ne vous leurrez pas, tout ceci est voulu. Pour ma part, je suis convaincu que tout ce qui est laborieux est beau. Une belle œuvre – architecturale, littéraire, musicale ou artistique – nécessite un vrai travail, un véritable effort. On doit accorder un crédit au principe de labeur. La pratique et les croyances sont indispensables! Mes croyances sont liées au territoire, aux valeurs identitaires et au travail. Or Imposer la laideur, dans l’architecture, le pub, l’art ou le cinéma, révèle un profond mépris du peuple. Comme si les gens étaient trop niais, trop frustres, trop incultes pour être touchés par la beauté. Mais on est en droit de se demander pourquoi le peuple ne se révolte-t-il pas ?
Tout simplement parce que la population n’a plus la mémoire de la beauté. La vulgarité et la laideur sont devenues la norme. Il y a même des canons de la laideur, elle est normalisée, labellisée, et elle nous arrive massivement des États-Unis, ce grand pays sans passé, sans racine, sans histoire, qui a la chance d’avoir les plus beaux paysages au monde mais qui se plaît à tout détruire, à tout dégueulasser, à tout avilir, à tout enlaidir, et qui n’adule que le dieu-dollar.
Régulièrement, les USA détruisent des peuples. Quand ils ne le font pas à coup de bombes incendiaires (comme à Tokyo ou Dresde), de bombes atomiques (comme à Hiroshima et Nagasaki), de napalm (comme au Vietnam), ils utilisent la conjonction de leur malbouffe, de leurs mœurs dégénérées, de leur Wokisme, de la vulgarité et de la laideur.
C’est à première vue plus indolore mais tout aussi efficace !
Eric de Verdelhan.
1)- De nos jours tout est « durable et responsable », le café, le shampoing, les fruits et légumes, les maisons, les voitures…etc… Les seuls « irresponsables » sont …au pouvoir.
2)- Elle aurait pu s’exiler au Cameroun d’où sa famille est originaire mais elle a préféré la Belgique.
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Ce texte me rassure!il est tellement beau et vrai!
je me pensais prétentieuse .
J’aime ce qui est beau,élégant,raffiné.
En fait la beauté rend invincible .
Le pouvoir préfère la laideur.
Il est plus aisé pour les individus de pouvoir, de dominer, de diriger des laids (de corps et d’âme) c’est plus simple pour eux ….
Ne perdons pas espoir, la laideur destructice américaine ne peut pas faire face aux mélodies hypersoniques de cette partie restée saine de l’Europe, la Russie.
Lisez donc l’interview de Poutine apar Tucker Carlson. Les Russes savent, ne sont pas d’accord et ne se laissent pas faire.
https://www.apar.tv/societe/interview-predictive-de-vladimir-poutine-par-tucker-carlson/
Les Etats-Unis, l’Irlandais raffiné Oscar Wilde disait d’eux :
« C’est le seul pays passé de la barbarie à la décadence sans avoir connu la civilisation ».
D’accord sur toute la ligne. Et en plus des tatouées (qui ne savent pas pourquoi elles se sont faite tatouer : j’ai posé la question), on a les gras du bide, eux aussi tatoués du poignet aux épaules, avec barbe de prophète et cheveux relevés sur le sommet du crâne pour faire un chignon, vêtus de tee shirt et de survets’. Les « biens habillés » portent des jeans moule bite avec une veste de costume ras les fesses sur un blouson nylon matelassé verdâtre ou rouge. Comme disait Jean Gabin à Bernard Blier : « Et oui, qu’est ce que tu veux : c’est l’monde de d’main : le kolkhoze fleuri! »
La société de consommation prospère en flattant deux ressorts de la nature humaine: la recherche du plaisir, et la paresse qui amène à rechercher un plaisir immédiat, qu’on peut acheter instantanément. Elle s’oppose par là aux deux conditions qui permettent la création de la beauté: l’effort, et un effort long, qui s’inscrit dans la durée – la durée d’une vie d’artiste ou la durée des générations de paysans qui ont façonné un paysage. L’hédonisme de masse, qui ne veut ni se prendre la tête ni se casser le cul, pour reprendre ses élégantes formulations, ne peut créer que de la laideur.
tout depend quel genre de plaisir et de quel niveau. la paix le bien le plaisir c’est un chemin facile pour les eclaires et les etres en direction du bien.
Je voie que les francais sont toujours aussi detestables et meprisantsjamais content c’est la faute des autres etec….toujours pareilles depuis les annees 80..Les francais ont eu ce qu’ils admires la vie « marche » comme ca. Ils « marchent » avec aucunes spiritualite ou recherche du bien pure.Ils fonctionnaire avec les tendances sataniques et satan puni toujours apres avoir seduit.!
La seule chose durable en ce bas-monde, c’est la connerie, qui perdure depuis des millénaires. Être con, ce n’est pas donné à tout le monde, encore faut-il ne pas en abuser.