Ma France, ton bonheur et ton calvaire à la croisée des chemins…

Ma France, aujourd’hui, est encore celle où je suis né. « Je suis de mon enfance, je suis de mon enfance comme d’un pays. » écrivait Saint Exupéry. Pour Zola, être “pays” voulait dire que l’on venait du même village et que l’on partageait souvent les mêmes valeurs, celles de la Terre nourricière, de ses symboles et de son âme. Ce village, c’est l’histoire millénaire de notre pays qui nous habite depuis toujours, bien avant notre naissance. « Si tu veux parler de l’universel, parle de ton village » écrivait encore Léon Tolstoï, ce grand écrivain que la Russie, notre amie de toujours, a légué à nos lettres des lumières.

Aujourd’hui, à la veille de notre Fête de Noël et pour vous parler – un peu – de notre France et de nos villages, j’ai choisi de vous écrire à la première personne. Vous voudrez bien me le pardonner.

 Une enfance française, heureuse, vivante et riche

Cette enfance, je la sais en moi. Une grande certitude tellement je la revis chaque jour ; c’est elle qui m’a porté jusqu’ici et qui me portera jusqu’à la fin. Cette France, je la sais de cette enfance, de son histoire et de ses villages comme mes parents me l’ont offerte au sortir de la guerre au cours de laquelle ils vécurent, comme beaucoup d’autres, les heures terribles que vous savez…

Heureuse des heures passées à lire, à écouter leurs récits et ceux de mes grands-parents, à regarder sur la mappemonde la grandeur des océans et les pays lointains. Vivante des heures folles durant lesquelles nous faisions, avec les copains, des escapades en forêt ou des grimpettes dans les cerisiers au mois de juin pour y grappiller les fruits rouges et brillants. Riche des nombreux voyages, de l’Alsace à l’Aquitaine, des falaises d’Étretat aux plages de la Côte d’Azur, passant par les campagnes profondes de la Normandie, de la Corrèze, des forêts de Sologne où d’ailleurs. C’est au cœur de cette France que j’ai longuement façonné mes plus beaux souvenirs d’enfants, d’adolescent et de jeune homme. Une richesse si grande qu’elle me garde, vivant éternellement en mon cœur vespéral, les belles images de ces villages – que nous voulons aujourd’hui protéger des « barbares exotiques » – portant le nom de Saint-Vallier-de-Thiey, de Saint-Aubin-le-Guichard, de Saint-Astier et de tant d’autres sur nos terres. Tous ces “pays” où j’ai partagé de merveilleuses odyssées enfantines, ont un nom de saint, comme tant d’autres… Certainement pour nous rappeler que notre histoire, celle de notre pays, de notre peuple, a puisé sa richesse, sa culture et ses valeurs dans ses racines judéo-chrétiennes.

Même si l’on reste éloigné des croyances divines, cette richesse est l’héritage de nos ancêtres et l’on se doit d’en respecter le symbole, n’en déplaise aux caciques d’une révolution rouge qui a montré ses limites dans la course au bonheur universel. Don Camillo et Pépone se sont réconciliés depuis longtemps et, même s’il reste ici et là des nostalgiques de la faucille et du marteau qui tentent aujourd’hui d’exister par la haine, le mal et la compromission, il y a – et il y aura toujours – des clochers dans le paysage français.

Cette France, je voudrais la garder pure

Cette France, je voudrais, pour mes enfants, mes petits-enfants et ceux de toutes ces mamans qui les ont allaités à l’amour, la garder pure comme la neige fraîchement tombée, associée dans l’esprit et les souvenirs des enfants à cette belle fête de la Nativité. Pure également comme les plus petits qui s’émerveilleront devant la crèche avant de découvrir, au matin, les cadeaux déposés en catimini tout autour de l’arbre sur les souliers de chacun par un père et une mère pleins de tendresse, jouant au Père Noël le temps d’une nuit. Je vous rassure, j’y crois encore, moi aussi, car il y a des mythes, dans la vie, que l’on ne peut pas oublier, tant ils se réfèrent à des moments heureux de notre enfance.

Je ne crois pourtant pas à l’existence d’un « Royaume du Ciel », en dehors de celui des aviateurs, même si j’évoque parfois « l’au-delà » dans mes poèmes pour accrocher une idée ou favoriser une rime. Je cultive néanmoins une sorte de “spiritualité sans Dieu” comme l’évoque André Comte-Sponville, gardant en mémoire comme autant de « madeleines » les habits, la soutane, le bonnet rouge et le surplis blanc en France, l’aube blanche avec la capuche et le cordon des Pères Blancs, en Afrique du Nord, quand je servais la messe à Ouargla dans les années soixante.

Nonobstant, loin des croyances, j’aime encore et toujours les églises, mais aussi les temples ou les synagogues pour m’y recueillir parfois dans la fraîcheur et le silence. Je déteste le bruit, à part celui des voix aimées, de la belle musique – liturgique également – et de la nature. Nos monuments religieux ont été bâtis par des hommes – et des femmes comme Jacquette de Montbron, architecte, femme cultivée, linguiste, poétesse, philosophe et savante, qui s’est illustrée au XVIe siècle – connaissant les règles de l’architecture et du bâti bien avant les ordinateurs, le règne du béton et le féminisme politique outrancier d’aujourd’hui. De nombreux siècles après, ils témoignent encore de leur génie et c’est avec respect pour ces anciens que je m’émerveille de la pierre taillée avec précision, des arcs-boutants, des voûtes, des piliers cantonnés et autres chapiteaux ouvragés, des sculptures et des vitraux ou simplement d’une arche et d’une charpente romanes… Je les apprécie également car ils témoignent, pour la plupart, de l’intelligence, de la recherche et de la consécration des valeurs de concorde et de paix – même si elles furent longues à s’accomplir –, de notre culture, du savoir et du travail partagés qui l’accompagnent depuis des siècles.

Mais j’ai peur pour ma France !

Aujourd’hui, j’ai peur pour cette France qui se débat chaque jour plus dans les rets du filet meurtrier jeté par les démons de l’obscurantisme religieux et politique de l’Islam. Ces sauvages, aidés de leurs complices, laïcards attardés, voudraient éteindre nos lumières depuis si longtemps brillantes, dépasser la hauteur de nos clochers, démolir nos crèches et brûler nos sapins, si tendrement chantés par les enfants, pour remplacer ce paysage magique par la crasse, la vocifération, la guerre et la mort ! Alors, pour vous souhaiter de merveilleuses Fêtes de Noël et vous offrir mes vœux pour cette nouvelle année qui s’approche, pleine d’espoir, j’ai choisi de dessiner cette petite crèche dans une chapelle modeste – Sainte Luce – située au Sud de la France dans l’arrière-pays grassois, entourée des lumières et du sapin, symboles du monde paisible et serein dans lequel nous aspirons à vivre.

Pour vous, ensemble, petits et grands, visages, sourires et prénoms de toutes ces personnes – dont vous êtes peut-être – que j’ai rencontrés au hasard de la vie – même virtuelle – et que je garde en mémoire, pour vous qui m’avez apporté tant de joies et de connaissances, je forme un vœu, illustré par l’étoile qui s’est glissée dans le ciel de mon dessin. Soyez heureux, réunis en famille, avec vos amis, autour d’un sapin, d’une jolie crèche, de la Menorah, d’un bouquet de lotus ou tout simplement d’une table pour partager quelque bonne chair accompagnée de quelques bons flacons et – surtout – cet amour sincère et puissant qui unit, sur la Terre, les femmes et les hommes de paix et de bonne volonté dont je sais vous compter parmi… Sans, bien sûr, oublier tous les enfants du Monde dont nous aimerions qu’ils soient de la Fête – particulièrement ceux qui souffrent -, blonds ou de toutes couleurs, afin qu’on leur apprenne l’amour et non la haine !

 Jean-Louis Chollet

https://ripostelaique.com/ma-france-ton-bonheur-et-ton-calvaire-a-la-croisee-des-chemins.html

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2 Commentaires

  1. Votre texte et votre très beau dessin m’ont vraiment touchés en m’apportant beaucoup de tendresse. Merci et Joyeux Noël

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