Coin du poète – Empreintes d’amour

Sous la clarté éblouissante d’une aube automnale, je t’ai vu faire tes valises et partir, balbutiant un adieu inaudible.

Soudain, tu n’étais plus là. Je pris peur du vide que tu m’imposais et de mes lendemains ponctués de cauchemars qui ne tarderaient pas à ressurgir.

L’été tirait à sa fin. Vint l’automne suivi de ses éblouissants pas de velours. Je t’ai ressuscité dans la fièvre du mois de septembre et t’ai remodelé avec mes doigts de peintre et ma sensibilité de poète.

Nimbée de mystère, notre rencontre s’annonçait par le biais d’un étrange mouchoir portant tes initiales, que je découvris à mes pieds, jonchant le sol.

Le rêve et sa prophétie signaient ton arrivée.

Mais le rêve s’est brisé et la vie aux alentours perpétue sa course infernale. Autant de blessures qui refusent de guérir que les vents doux et parfumés de l’automne estompent. Combien impérieuses elles sont dans la résurrection de ma légende immortelle.

Qu’il fait bon revivre l’instant magique avant que le souffle hivernal parsemé de creux et de regrets, ne me piétine.

Chaque bruissement de feuilles sèches, chaque bourrasque matinale embaumée d’huile sainte, chaque parfum de fleurs sauvages, et même l’odeur acidulée de l’herbe que je foule sous les flammes incandescentes du couchant automnal, tu réapparais dans toute ta splendeur – Fantôme maudit bien-aimé et maléfique, durant ces quelques minutes de pâle nostalgie, là où ni toi ni moi n’avons d’âge. Âmes errantes entre la fournaise de l’été et les flammèches blafardes de l’automne.

Tu es le prince charmant, conquéreur d’une Cendrillon désuète. Pourtant le rêve se matérialise, ne serait-ce que pour m’engloutir dans un brouillard trompeur.

Je suis la rose qui s’ouvre silencieusement avant de courber la tête en humilité. Et toi, mon oiseau bleu qui déserte sa branche vers un horizon sans fin, sans but, ni destin.

Je demeure fidèle à notre rencontre annuelle, tout en m’accrochant à ces parcelles de bonheur qui m’envahissent comme un assaut ininterrompu des vagues de l’océan.

Chaque automne, je te souris tout en polissant les chandeliers de Roch Hachana.

Thérèse Zrihen-Dvir

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7 Commentaires

  1. C’est très beau de lire ce texte, à voix basse, dans le murmure du bruissement des arbres, dans mon jardin…Merci.

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