NOS BELLES CITÉS DE NOS BANLIEUES D’ANTAN, DE L’ART DE VIVRE À L’APOCALYPSE
Ma famille et moi-même avons habité la banlieue de 1955 à 1960. Pendant une bonne année et demie, nous avons pris pension au mois dans des hôtels, dans différents arrondissements de la capitale, ou dans de minuscules appartements meublés , vétustes et inconfortables. Ma mère était fille de salle dans un hôpital et mon père était militaire. Il était cantonné au fort de Vincennes. Il rentrait tout juste d’Indochine, après la défaite de Diên Biên Phu. C’était alors la crise du logement, due à l’arrivée massive de provinciaux venus chercher là un avenir.
Je me rappelle les chambres d’hôtels , les toits gris de Paris, le vibrionnage incessant des rues. Jour et nuit. La circulation était tout de même moins importante qu’aujourd’hui. Je me souviens de ma première nounou , de ses cheveux d’un roux brasillant, de ses yeux bleus , de son sourire affectueux. Ma mémoire est phénoménale en ce qui concerne les choses, les gens, la vie. Et puis le petit frère est arrivé. Plus question de s’entasser dans des pièces exigües. Mon père a fait une demande d’HLM.
Il me vient encore en mémoire notre arrivée dans cet immeuble, qui venait tout juste de sortir de terre. Tout sentait le neuf. Nous logions au quatrième étage d’un bâtiment qui en comportait treize, avec quatre entrées. Des myriades de fenêtres. Il y avait un ascenseur, une cave ou un grenier pour chaque appartement, une place de parking, un vide-ordures et une pièce où on mettait le linge à sécher. Après des mois d’inconfort, des années pour certains, le paradis. Nous disposions même du chauffage central. Pour beaucoup, les wc privatifs et la salle de bain étaient une vraie découverte. Tout le monde appréciait cette nouvelle vie.
Puis, il y a eu la construction de deux autres unités, une vraie cité. Un supermarché s’est même installé. Je me souviens encore du nom de l’enseigne : Goulet-Turpin. Une chapelle en préfabriqué où j’ai fréquenté la classe de catéchisme et où j’ai fait ma communion privée a vu le jour. Une paroisse a été créée. Nous avions un prêtre à demeure.
Des espaces verts ont été aménagés, des jeux pour les enfants, un terrain de football avec la création d’un club. Les dimanches, les habitants du lieu venaient applaudir les vedettes locales.
Et puis l’école, d’abord dans la vieille ville. Je revois encore ses préaux, les tilleuls qui sentaient si bon, ma salle de classe.
Tout cela a été démoli depuis. Les événements d’Algérie ont tout gâché. Il y avait un bidonville où résidaient des Algériens qui sont devenus vite menaçants. Deux personnes de notre immeuble ont été tuées. La peur. Des policiers qui surveillaient nos entrées et nos sorties. Entre-temps, une nouvelle école a été construite au sein de notre cité. Cela nous évitait de traverser la ville et les dangers qui nous guettaient. Même dans ce nouvel établissement, nous avons eu la peur de notre vie. Une alerte à la bombe de la part du FLN.
Et puis, mon père a dû partir en Algérie faire son devoir. Malgré la naissance de la petite sœur. Il a préféré nous installer en province, à Tulle plus précisément. Nous n’étions pas dépaysés, ma mère étant corrézienne. Malgré tout, restait l’angoisse pour le soldat parti si loin. Un cousin que j’aimais est mort là-bas, torturé odieusement et mis à mort par le FLN. Je me souviens particulièrement de son enterrement. Cela a détruit ma tante, qui est morte quelques années après. Elle ne s’en est jamais remise. Et l’oncle non plus n’a pas fait de vieux os. C’était leur seul enfant. De ce jour date mon ressentiment , pour ne pas dire plus, pour ce peuple. Je me fiche totalement d’être traité de raciste. C’est viscéral et ça vient du plus profond de moi-même. C’est du vécu, et ceux qui n’ont pas connu cela peuvent toujours me jeter la première pierre.
Mon père est revenu, et nous avons repris notre vie d’errance, de garnison en garnison. La vie monotone d’un fils de militaire. En banlieue, nous avions tissé des amitiés. Nous échangions du courrier avec ceux qui étaient restés, et ce qu’ils nous relataient était particulièrement inquiétant. Grâce au général et aux accords d’Évian, des Algériens sont venus s’installer dans notre beau pays. Il fallait bien les loger (ce n’est pas moi qui le dis). À chaque départ d’un Français, un nouvel arrivant s’installait à sa place, important ses coutumes. Les autochtones ont fini par partir eux aussi, cédant le terrain. Ils ont acheté des pavillons, d’autres sont partis pour la province, si bien qu’à la fin, il n’y en a plus eu un seul. Ou si peu. J’imagine leur quotidien sans peine.
Les immeubles dont nous prenions grand soin ont été vite dégradés, la délinquance s’est installée lentement mais sûrement, puis plus tard la drogue, les trafics avec la seconde génération et les suivantes. Ces lieux sont devenus progressivement des zones de non-droit. D’autres cités ont été érigées pour abriter toute la misère du monde qui débarquait. Et aujourd’hui, ce sont des villes dans la ville, des états dans l’État, avec leurs propres lois et leurs propres règles, leur propre financement, où plus un policier n’a le droit de pénétrer. Avec ses flambées de violence, ses émeutes, ses meurtres, ses pillages, ses exécutions. De l’argent est injecté depuis des années pour rénover ces pétaudières, qui sont dégradées à nouveau : tags, ascenseurs en panne, et autres. Le mouvement perpétuel. Il s’ y entretient la haine de la police, du Français, des institutions, de la France, de tout ce qui représente la stabilité, l’ordre. Leur religion n’arrange pas les choses, souvent incompatible avec les lois républicaines, et servant de prétexte pour finir de démolir les derniers pans de notre société et prendre le contrôle de nos vies.
Voilà ce que je peux dire de cet écroulement progressif de nos banlieues d’autrefois. Je suis triste de constater que notre art de vivre, notre civilisation vont peut-être disparaître si rien n’est fait pour céder la place à un cauchemar annoncé, ou la peur, la violence, la mort seront de tous les instants.
Que soient maudits ceux qui ont permis cela. Le jour où je vais partir, tous ces souvenirs vont s’éteindre avec moi. J’aimerais pourtant que l’on se souvienne : il était une fois, un jour, il y a soixante ans, une éternité.
ARGO
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LA SUITE DE MON MESSAGE , réponse à ARGO /
DE RETOUR EN région parisienne en 1971 ,et surtout à partir de 1975, après un séjour glacial en Normandie, j’ai été effarée de découvrir Clichy pourri et ses cages d’escalier/asenceurs à moitié détruits, St OUEN marché aux puces aux mains des muzz et trafiquants de voiture, Kremlin-Bicêtre et Arcueil sinistres et gris (je connaissais bien Meudon, Clamart à l’époque village; Montrouge, Vanves, et aussi St Mandé huppé). Même le Val de Marne des guinguettes (le vieux Créteil) a été envahi par les sans-gènes crasseux à partir de la construction de la « ville nouvelle ». Me suis enfuie dans les Alpes (en évitant et contournant soigneusement les quartiers « craignos » de Grenoble qui avaient été attribués à cette faune. Mais ça se répandait, répandait ! Des turcs installés dans un joli bourg près de Voiron commençaient aussi à tout saccager: rivières et ruisseaux, espaces verts et parcs ( bouffaient les cygnes !), école ; et cambriolages réitérés Un désastre qui nous poursuivait !
depuis, 40 ans ont passé..
Tout ce que vous avez écrit est exact. L’habitat parisien des quartiers populaires -les vrais! pas ceux d’aujourd’hui synonyme de poubelles- étaient assez inconfortables : wc sur le pallier, comme parfois le robinet d’eau potable! pas de douche, ni chauffage, ni ascenseur! les premiers partis vers les « cages à lapins » y ont découvert le confort des wc douche eau chaude eau froide, ascenseur. Tout s’est dégradé avec le remplacement des « gaulois » par les nord-africains particulièrement d’Algérie. Ils ont eux-mêmes créé un « racisme » qui n’existait pas leur comportement agressif et destructeur et carrément raciste anti-blanc. Au fond ils nous en veulent d’être incapable de devenir ce que nous avions été -un grand peuple bâtisseur- leur ressentiment nous vaut leur haine de ce qu’il ne seront jamais. Tant bien même quelques exceptions.
TOUJOURS LA Même ! : je surenchéris concernant l’Algérie, où mes parents ont été coopérants bénévoles en 1963/64 : les ateliers, mines, usines, rails de chemin de fer, jardins, écoles, villas et routes goudronnées qu’on leur avait laissés pourrissaient et rouillaient dans le sable (Sud algérien, confins du Sahara) moins de 2 ans après le départ des blancs civilisés !
Oui tout dit de ce vécu et de son laisser aller de ces zélites aux yeux ouverts qui voulaient nous faire croire à un invisible qui n’existait pas !
les pays de ces sauvages sont bien contents de s’en être débarrassés : c’est pourquoi ils ne veulent pas les reprendre – grâce aux politicards depuis plus de 40 ans la france est devenue une poubelle à ciel ouvert recevant les immondices de toutes parts
C’est du vécu, tout ça !
Ce texte est une pépite, merci, c’est du vécu; l’immigration extra-europénenne n’a vraiment pas été une « chance » pour la France
J’ai vécu mon enfance et mon adolescence à Saint-Denis dans les années 50 et 60 !
Les pourritures françaises (communistes,socialistes et droite molle),qui ont dirigés la France depuis 50 ans
sont donc responsables de la situation dans laquelle se trouve les banlieues des grandes villes !
Ce sont ces mêmes ordures aujourd’hui qui souillent et détruisent la France maintenant sur l’ensemble du territoire !
absolument
Magnifique texte, cher Argo. Je n’ai pas pu m’empêcher de le relire.
C’est un témoignage émouvant et authentique que l’on ne trouvera dans nul manuel d’histoire.
Je rejoins l’opinion d’Émilie. Tu devrais rédiger une autobiographie.
Je suis certain que tu as plein de choses à raconter.
Tu caches un vrai trésor.
Belle histoire qui finit tristement, avec beaucoup de nostalgie.
De président en président, ils se sont acharnés à détruire notre France, à y introduire des éléments perturbateurs , qui deviennent avec le temps et le nombre de puissants destructeurs de notre mode de vie.
Maintenant le macron avec sa mafia européiste, va s’ingénier à inoculer les germes de la destruction dans toutes les petites villes de province, et il achèvera l’oeuvre de ses prédécesseurs, car c’est pour terminer le PLAN qu’il a été choisi par ses maîtres.
Jadis, les immigrés étaient Européens, même culture.
Voilà, pas plus.
Le regroupement familial a été le début du tic-tac de la bombe à retardement.
La banlieue était bien avant mais depuis les épisodes d’Algérie et l’immigration massive de populations qui ne veulent pas s’assimiler la banlieue devient un enfer avec les trafics de drogue , les règlements de compte et le racisme Anti blanc tout comme l’islamisation des banlieues ! Triste constat !
Moi Pied-Noir, je me rappelle en 1962 que nous étions mal accueilli par les Français
Heureusement que nous avions beaucoup de famille sur Paris et nous logions dans un pavillon de famille au nord de Paris.
Mais, moi et mes frères nous ne pouvions pas être scolarises car les classes étaient pleines?!?. Heureusement que ma mère était très éduquée et nous éduquait.
Il est vrai que la vie a Paris était très calme, sans les bombes qui explosaient comme a Alger. Mon dernier jour d école a Alger, une bombe et quelques gamins allonges.
Vous ne connaissez pas ça, vous les Patos.
« Que soient maudits ceux qui ont permis cela. Le jour où je vais partir, tous ces souvenirs vont s’éteindre avec moi. J’aimerais pourtant que l’on se souvienne : il était une fois, un jour, il y a soixante ans, une éternité. »
Publiez un livre.
Ecrivez vos histoires, même sous forme de petits textes comme ceux-ci, et vendez-les.
Vous avez un talent monstre pour émouvoir le lecteur et lui donner envie de continuer à vous lire…
Je suis sérieuse : je reste accrochée à chacune de vos phrases, et c’est rare venant de moi, parce que je préfère normalement lire en Anglais qu’en Français.
Je ne vous dis pas quoi faire, mais dans le cas où l’idée de publier et de vendre votre autobiographie vous trotte dans la tête : il n’est jamais trop tard pour le faire, tant que vous êtes vivant!
Et un livre biographique ou autobiographique, C’EST une page d’Histoire. Les lecteurs, qui n’ont pas connu votre personne ou votre époque, se SOUVIENDRONT!!
(Merci pour ce texte!)
Mon père a également fait la guerre d’Algérie en tant qu’appelé. Il n’a jamais voulu en parler, comme beaucoup d’autres. Les Algériens n’ont rien à faire en France. Ce sont des ennemis déclarés. Après la fin des guerres napoléoniennes sur le continent, la France s’est dévouée en 1830pour faire cesser les razzias esclavagistes de ce qui n’était pas encore l’Algérie (alors protectorat turc. Au lieu d’exterminer toute la population (comme eux l’auraient fait), la France les a civilisés et leur construit un pays moderne. L’Histoire est connue… Le Tiers-monde -en particulier musulman mais pas seulement – n’entre pas tout seul pour parasiter. Il sont introduits (sans plus s’en cacher – voir Pacte de Marakech entre autres) pour détruire nos pays occidentaux avant que les maîtres du monde n’installent une tyrannie financière planétaire. Mais il y a un gros caillou BRICS dans les engrenages…
Merçi Argo Tres beau texte émouvant Tu as raison les algériens ont la haine contre les français et ils continuent la guerre d Algérie sur notre sol, y compris maintenant Ce que je trouve scandaleux c est qu on les a laissé entrer en France mais qu en plus on a versé à l Algérie une somme astronomique annuelle pendant des années pour
les aider ….+ le contrat d exploration du petrole/gaz avantageux pour eux et jamais dénoncé Lrur priorité pour les hlm..etc
Grand merci Argo. Quelle surprenante mémoire tu as en effet. Tant mieux pour ceux qui ont le plaisir de te lire.
Bonjour,
Merci, Argo, pour ton très beau texte.
Put’1 comme c’est bien décrit et écrit l’Ami Argo !!!
J’ai eu une jeunesse un peu moins chaotique que la tienne mais il y eut des déménagements aussi, de maisons en HLM. Pour Paris je suis passé par le 9ème qui me laisse de bons souvenirs.
J’ai aussi laissé un cousin en Algérie. Je me souviens du triste silence qui s’est abattu sur ses très proches.
Comme toi j’ai assisté à la dégradation de cités que j’ai vu se construire…de loin, je n’y habitais pas. Par chance j’étais à peu près au calme.
Je pense en particulier au Val Fourré sur lequel je pourrais faire 1000 pages. Une catastrophe.