J’ai eu la douleur de perdre mon arrière-grand-mère maternelle en 1978. Dix-neuf ans après le départ du pépé en 1959. Ils avaient une grosse différence d’âge, presque dix-sept ans. Elle en avait quatre-vingt -dix -huit quand elle le rejoignit. Je la croyais elle aussi éternelle.
Je me rappelle les visites que nous rendions à la parentèle lors des vacances scolaires. Nous partions à pied pour des hameaux lointains. Les kilomètres ne lui faisaient pas peur. Nous étions toujours bien reçus. Je la revois, avec son chapeau de paille noir, ses robes de la même couleur, ses galoches aux pieds, me tenant par la main. Il passait peu de véhicules sur ces chemins vicinaux et ces routes départementales étroites et mal entretenues.
Je me rappelle la maison d’un grand-oncle, sur une petite place. Devant chez lui coulait une fontaine au pied d’un grand tilleul. La tante souffrait d’un cancer facial, et j’éprouvais toujours un sentiment de répulsion lorsqu’il fallait l’embrasser. Mais je le faisais quand même. Elle en est morte, mais assez âgée. À L’hôpital. L’oncle était venue la visiter, et quand les médecins lui apprirent que son épouse venait de mourir, l’oncle Jeannot fut victime d’une crise cardiaque foudroyante et fatale. Connaissant le lien qui les unissait, je pense que c’était ce qui pouvait lui arriver de mieux.
Mémé aimait le sucre, et c’est ce qui fit sa perte. Elle devint diabétique et perdit quelque peu la vue. C’était une grande lectrice. Je lui prêtais des romans, qu’elle dévorait. Elle a ainsi lu Dickens, Victor Hugo, et bien d’autres. Elle a vécu à la ferme longtemps après la mort du grand-père. Quand je fus en âge d’avoir un cyclomoteur, je lui rendais visite les jeudis. J’allais lui tirer des seaux d’eau au puits, je lui sciais du bois pour sa semaine. Plus tard, elle vint finir ses jours chez mes parents. Comme elle n’y voyait plus, je lui faisais la lecture.
Un jour, elle fut hospitalisée, tombée dans le coma. Quand on m’avertit , je me rendis dans le service où elle se trouvait, avec ma mère. Ma famille m’avait bien averti; elle ne reconnaissait plus personne. Au moment où je me penchai sur elle, elle sentit ma présence et me saisit la main en prononçant mon prénom et en me disant : «Tu es venu.» Puis, ce fut tout. Elle mourut peu après, s’éteignant comme une chandelle en bout de course.
Elle fut inhumée au mois d’août. Il faisait beau, pas comme pour les obsèques du pépé. On l’avait ramenée chez elle. Pendant la messe, un moineau égaré descendu par le clocher s’était posé sur son cercueil, puis s’était envolé. Ce ne fut pas le seul signe que je reçus. Dix jours plus tard, je suis allé mettre un peu d’ordre dans sa maison en compagnie de mon épouse. Je me suis rendu dans la chambre qu’elle occupait quand elle vivait encore seule. Il y avait là son fauteuil, le fauteuil qu’elle occupait quand elle lisait. Juste avant de le pousser contre le mur, le fauteuil émit un craquement monstrueux. Pris de peur, nous sortîmes dehors, le cœur battant. Et après, plus rien. Plus jamais rien. Je reste persuadé qu’elle avait ainsi voulu me dire adieu une dernière fois. Pas un adieu, mais un au revoir. Elle repose à l’ombre d’un cyprès. Avec tous les autres. Avec tous les miens.
FIN
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Moi aussi j’ai eu la chance d’avoir une petite grand-mère. C’était un petit bout de femme increvable : lorsque j’avais une trentaine d’année et elle plus de quatre-vingt, j’étais épuisé avant elle quand on faisait son jardin. Il a fallu lui « voler » son vélo car atteinte de la cataracte et ne voulant pas être opérée, il lui arrivait souvent de se retrouver dans un fossé ou dans des ronces. Quand j’étais enfant, je me régalais avec sa confiture de rhubarbe ou son sirop de cerises. Hélas, atteinte de la maladie d’alzheimer vers la fin de sa vie (elle est morte à 101 ans) elle confondait les lieus, les époques et les gens, c’était assez triste. Mais je pense que si on a toutes ces « maladies » de vieillesse c’est qu’on vit bien plus vieux qu’avant : quand on mourrait à quarante ans on n’avait pas le temps d’être malade. Un autre jour je vous parlerai de mon grand-père (son mari) et de mes grand-parents paternels… J’ai eu de la chance d’avoir connu ces « anciens ».
Pendant la messe, le moineau est venu prendre en charge l’âme de la Mémé, une âme si légère, d’une personne bonne et simple.
L’oiseau l’a emportée vers les cieux.
Récit émouvant, celui de la vieille France, du grand Meaulnes, de Marcel Pagnol, à jamais disparue, sauf vivante dans nos mémoires. Dernier hommage à nos pépés et nos mémés.
Encore un récit émouvant. Quant aux intersignes, ils sont certainement bien réels. CG Jung disait beaucoup de choses dessus, le bouddhiste et jungien Paul Levy (de Awaken in your dream), Fabrice Midal interviewant Frédéric Lenoir ou Stéphane Allix, de plus en plus de physiciens lèvent le voile sur cet Univers très mystérieux.
Merci, ami Argo, d’avoir développé cette anecdote marquante.
Merci ami Argo pour ce touchant témoignage qui m’a profondément ému, en faisant remonter d’agréables souvenirs de mes grands -parents .
Merveilleux récit d’une famille bien française. C’est ça la France, la France authentique, la France fière de son histoire. Merci Argo.
Votre témoignage m’a beaucoup remué Argo.
J’espère que vous la reverrez là-haut, avec vos autres proches disparus.
Merci Monsieur Argo …. dans ce monde difficile … cela fait du bien de vous lire …. nous ne devons pas nous décourager … nous ne devons pas tenter des opérations inutiles et contre-productives …. nous devons garder notre calme …. je reste persuadé que ce nous vivons est un « passage obligé » …. la solution est simple, facile, gratuite … elle se trouve dans les urnes …. je sais que beaucoup sont découragés et ne font plus confiance aux élections … c’est une erreur … bien voter aux élections est aussi un « passage obligé » … s’abstenir ou voter « blanc » c’est faire le « jeu » du « régime en place !
Beaucoup d’amour a MEME , la mienne etait un tresor , un ange ;
@ De simple bon sens , oui il faut voter , mais lorsque un luciferien , mis en place par un attalien fils de Mammon , baal et Lilith , réussi grâce un ministère de l’intérieur ultra corrompu et un conseil de corrompu d’etat du même acabit , lorsque le Luciferien devient presimerde de la raie-publique en 2017 avec un score de 2,5 % , ça sert a quoi de voter ,un livre de renseignement sur le sujet ,ça vous interresse ??et qui a réagi ce jour là ??? personne ..