Le film est l’adaptation d’un roman d’Eugène Le Roy sorti en 1899. Ce livre est une représentation sociale de son époque, il s’est inspiré de faits réels. Le titre est inspiré des « jacqueries des croquants » (jacqueries : révoltes populaires, croquants : nom donné aux révoltés du Sud-Ouest de la France).
En revoyant ce film, les spectateurs auront l’occasion de découvrir ou de revisiter TERRASSON et son pont sur la Vézère.
Jean-Paul Saint Marc nous a parlé cette semaine du joli village de Terasson qui n’est pas épargné par la criminalité importée : Les capuches envahissent Terrasson !
Autres lieux de tournage : SAINT-GENIES et ses maisons à toit de lauzes, MONTIGNAC au coeur de la préhistoire, les Châteaux de HAUTEFORT ,de l’HERM, de BEYNAC et de BIRON….. et SARLAT bien sûr…
Jacquou le Croquant
Le jeune garçon jure de se venger de l’arrogant comte de Nansac, responsable de l’arrestation de son père. Quinze ans plus tard, révolté par la misère et les mauvais traitements qui s’acharnent sur lui et les siens, Jacquou rassemble les paysans et les persuade de combattre la tyrannie du comte.
Le livre complet gratuit sur le web :
https://beq.ebooksgratuits.com/vents/leroy-jacquou.pdf
Belle édition de 1925 illustrée de gravures sur bois de J. Soulas.
Mornay, Paris 1925, 16×20,5cm, relié.
Il s’agit du premier ouvrage dans lequel Soulas est à la fois l’illustrateur et le graveur. Il n’a pas vingt ans lorsqu’il voyage dans le Périgord pour dessiner sur place les lieux, les habitations, les personnages, qu’il fera figurer dans le roman d’Eugène Le Roy. On y retrouve, en effet, tous les paysages de Fanlac et de ses environs, où se situe l’action du roman.
Extrait :
Dans un coin, touchant la cheminée, était le grand lit de grossière menuiserie où nous couchions tous trois; et au pied du lit, à des chevilles plantées dans le mur, pendaient quelques méchantes hardes. Du côté opposé, il y avait un mauvais cabinet tout troué par les vers, auquel il manquait un tiroir, et dont un pied pourri était remplacé par une pierre plate. Dans le fond, la maie où l’on serrait le chanteau; sous la maie, une tourtière à faire les millas [gâteau à la farine de maïs], et, à côté, un sac de méteil à moitié plein, posé sur un bout de planche pour le garder de l’humidité de la terre. À l’entrée, près de la porte, était dressée l’échelle de meunier qui montait à la trappe du grenier, et, sous l’échelle, un pilo de bois pour la journée. Dans un autre coin était l’évier, dont le trou ne donnait guère de chaleur par ce temps de gel, et, au milieu, une mauvaise table avec ses deux bancs. Aux poutres pendaient des épis de blé d’Espagne, quelques pelotons de fil, et c’était tout. La maison avait été pavée autrefois de petits 28 cailloux, mais il y en avait la moitié toute dépavée, ce qui faisait des trous où l’on marchait sur la terre battue.
Plus qu’un simple roman « régionaliste » ou « champêtre » – genre mis à la mode par George Sand (« La Petite Fadette », « La Mare au diable »…) – « Jacquou le Croquant » revendique et possède en effet une dimension plus large.
En plus d’une description fine et fidèle des us et coutumes paysannes au début du XIXème siècle en Périgord et de la société provinciale de la Restauration, et au-delà d’un certain « folklore », c’est un roman de dénonciation sociale, une oeuvre militante qui stigmatise le retour à l’Ancien Régime, le pouvoir discrétionnaire du roi et de l’aristocratie, l’influence des religieux… et plaide pour l’égalité et la justice républicaine.
À sa sortie, le succès du livre est immédiat et perdurera. Car cette grande aventure humaine, ce roman d’apprentissage et d’initiation, conte une histoire intemporelle : celle d’un être en lutte pour sa survie au sein d’un monde hostile…
Adaptations : le feuilleton télévisé en 1969, le film en 2007
Jacquou le Croquant a été l’objet de nombreuses rééditions et de deux adaptations, celle de Stélio Lorenzi sous forme d’épisodes télévisuels en 1967, dont le tournage a fortement marqué le Périgord Noir et le village de Fanlac, et celle de Laurent Boutonnat en 2007 pour le cinéma.
Le Périgord, région riche en patrimoine, a su inspirer Eugène Le Roy, qui place son histoire «Jacquou le Croquant» au coeur de lieux existants.
Village de Fanlac : à la mort de sa mère, Jacquou est recueilli par le curé de Fanlac, le curé Bonal.
- Maison de l’Abbé Bonal
- L’église de Fanlac
- Maison de Jacquou (n’existe plus à ce jour)
Château de l’Herm (Rouffignac Saint Cernin de Reilhac): apprenant la mort de Lina, Jacquou et les croquants révoltés mettent le feu au château de Nansac.
https://www.historia.fr/parution/mensuel-721
Le feuilleton télévisé
A l’automne de 1969, les téléspectateurs français se passionnent littéralement pour l’histoire émouvante de ce jeune paysan du Périgord au début du XIXème siècle.
Le générique joué au piano :
Jacquou enfant
Diffusé en six épisodes, « Jacquou le Croquant » est très fidèle au roman d’Eugène Le Roy. La série est produite par l’ORTF et réalisée par un spécialiste de l’histoire à la télévision, Stellio Lorenzi (1921-1990). Complice d’Alain Decaux et André Castelot pour « La Caméra explore le temps », il est également l’auteur de nombreux téléfilms (« Les Cathares », « Les Templiers, « Le Collier de la reine »…). Les six épisodes de « Jacquou le Croquant » et l’interprète de Jacquou enfant (Éric Damain) vont marquer toute une génération de téléspectateurs. En 1981, la série sera rediffusée avec succès.
Bande-annonce du film de en 2007 :
Ce film dure 2h30. Cette longueur est dûe à Pathé (société de production), car au début le réalisateur voulait deux films : un sur l’enfance de Jacquou et l’autre sur sa vie adulte. Mais la production n’a pas accepté ce choix. Donc au lieu d’un diptyque (« œuvre complète originellement scindée en deux »), il a du faire un seul film, dans lequel on peut distinguer les deux parties, qui sont plus ou moins équivalentes au niveau temps : la première partie dure une heure pile et la seconde environ 1h20 (sans compter le générique de fin).
Jacquou est joué par Gaspar Ulliel dont nous avons déjà parlé sur RR.
Le film reçoit des critiques partagées ! A vous de voir !
La pire critique se trouve dans La Croix (qui a la dent moins dure sur des sujets comme les migrants ou l’islam !) : Jacquou le Croquant, trahi et défiguré
Voir aussi : « Jacquou le Croquant » en BD : une trilogie
Actualité : un passionné du patrimoine restaure le château de Jacquou le Croquant en Dordogne, « c’était une coquille de pierre vide »
Château de l’Herm : c’est le château du héros d’Eugène le Roy
C’est la renaissance du château de l’Herm. Le château de Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reihac mis à l’honneur dans le roman Jacquou le Croquant, vient d’être sauvé de la ruine par son nouveau propriétaire, Nicolas de Laage de Meux. Le Charentais s’est lancé dans un chantier jusqu’en 2027.
Pour ceux qui ont lu Jacquou le Croquant, c’est le château du héros d’Eugène le Roy, pour Nicolas de Laage de Meux, c’est un rêve d’adolescent, « depuis que j’ai 15 ans, j’ai envie de de restaurer un château ». Pas n’importe quel château, le Charentais avait en tête un château médiéval avec des éléments décoratifs particulier dans un cadre préservé.
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J’ai l’impression qu’il y avait de très belles séries à cette époque, conçues par des gens cultivés , amoureux de l’histoire de France.
Merci mais avez-vous vu le film du coup ? Quid de la BO de Laurent Boutonnat, par ailleurs célèbre compositeur de musique ?
Je retiens l’intérêt d’un film historique avec des Français de souche, des Blancs sans mixité ethnique. C’était en 2007 et c’est déjà une époque révolue. Laurent Boutonnat n’a pu le faire que grâce à la notoriété acquise comme compositeur de la plupart des tubes de Mylène Farmer, son alter ego. Sinon le film aurait échoué.
Jacquou le Croquant est un très bon film qui évoque les problèmes sociaux du 19e siècle avec les Gueux contre les Nobles qui est transposer au 21e siècle avec le conflit entre la France Périphérique qui incarne le Bloc Populaire et les Bobos gauchos Ecolos sectaires Parisiens et autres, les oligarques Macronien et les immigrationistes forcenés d’extrême gauche et les Mondialistes incarner par le Bloc Elitaire et le bordel des retraites provoquer par Macronor Terminator Flatulator et les Gilets jaunes sont les illustrations de cette guerre de classe. En tout cas c’est un bel hommage à Gaspard Ulliel qui nous a quitté il y a un an ou deux Ans mais Jacquou le Croquant est le parfait exemple de la guerre des classes !
Ma famille avait des parents établis près de Terrasson. Ils plantaient du tabac, vendaient du foie gras, des noix. On déjeunait une fois par an chez eux, dehors sous un auvent. Je me souviens de repas pantagruéliques, arrosé d’un vin de leurs vignes. C’était le bon temps. Voir aujourd’hui cette région envahie par les capuches, ça crève le coeur. Je ressens cela comme une trahison. Nous deviendrons tous des Jacquous un jour ou l’autre. Révolte!
Bonjour,
Terrasson, c’était un souvenir angoissant pour ma mère.
Elle habitait le Pays basque et était orpheline de la guerre de 40.
Elle avait 12 ans et était venue voir ses cousins corrèziens, pour la première fois, à l’été 47.
Elle retournait en bus au Pays basque, quand le chauffeur s’est mis en grève à Terrasson.
Elle n’avait même pas de quoi téléphoner.
C’était la panique sous la canicule de 47 …
J’ai les mêmes souvenirs gersois que vous, Argo. Un parent similaire, vieilli, m’a raconté avoir été menacé par des capuches dans ce pays jadis de cocagne par le génie et le courage des hommes. J’ai vu la réédition de ce qu’on appelait pas encore la série en 1981, sans trop comprendre car j’étais enfant, mais à cause du mitterrandisme débutant, la beauté et la poignance indéniables m’en ont été obscurcies pour cette raison car j’y voyais du communisme qu je connaissais un peu trop bien de moi. J’ai grandi. Mais ils étaient armés me semble-t-il si je me remémore la scène choquante où les séïdes du comte viennent menacer le père de Jacqou comme de vulgaires associatifs d’extrême-gauche venant essayer de vous faire taire en vous ruinant par un procès. Pour pouvoir se révolter, il faut des armes en avais-je retenu. Malgré mes espoirs, je suis resté un croquant moi aussi.
Bonjour,
Merci Jules, je n’ai ni lu le roman, ni vu le feuilleton.
C’est un regret que j’ai toujours eu …
Comme pour « les compagnons de Jéhu » …
Merci Jules pour cette belle étude sur un personnage qui a marqué notre jeunesse. Documenté à souhait, comme d’habitude dans vos articles.
Merci pour cette évocation. Dire que le feuilleton de 1969 a marqué les esprits est un euphémisme et inconsciemment lors de mes promenades en forêts de feuillus, je me remémore les trajets interminables de Jacquou et de sa mère à la tombée de la nuit avec au loin les hurlements de loups. Il faut dire que le noir et blanc, la lenteur du récit et la musique géniale de Georges Delerue contribuaient largement aux ressentis angoissants du téléspectateur. Comme quoi, pas besoin de toue la quincaillerie des effets spéciaux et des effets de montage….
Exactement !!!