Carlo Levi, un confiné au temps du fascisme…

Ce confiné, c’est Carlo Levi, l’auteur de « Le Christ s’est arrêté à Eboli ».

Confiné ou plus exactement « confinato », c’est-à-dire relégué pour raisons politiques,  dans le sud de l’Italie, sous Mussolini, en 1935.

Eboli, c’est une ville du sud de la  Campanie à mi-chemin  entre Salerne et Paestum : là commence le Basilicate, l’antique Lucanie.

Au-délà d’Eboli, donc, sur ces terres abandonnées de tous (de Rome en premier lieu), où dit-on le Christ n’est jamais venu, vit, ou plutôt survit, une paysannerie misérable.

Carlo Levi, formé à la médecine, mais  en ayant abandonné la pratique est donc confiné à Aliano un petit village de Lucanie.

Il a entamé une carrière de peintre.

Là, Carlo Levi côtoie un peuple  pétri de superstitions antiques, peuple  dont il pense la présence antérieure à l’arrivée d’Enée, un peuple présent depuis le Néolithique pour le dire en termes froidement « scientifiques ».

Peuple pressuré par une petite bourgeoisie incapable (les médecins sont nuls, les institueurs aussi), petite bourgeoisie elle-même intermédiaire d’une classe de seigneurs, prédateurs des revenus de la terre, très éloignés  des problèmes locaux: ils vivent à Naples, à Bari…

Le récit déploie toute une galerie de personnages attachants : Giulia la sorcière, don Trajella l’archiprêtre…

Même le podestat, (maire), fasciste est touchant dans son inanité.

Et les scènes émouvantes se succèdent : le harcélement de Carlo Levi par les paysans, tout heureux d’avoir un « vrai médecin », l’angoisse des paysannes lors de la castration de leurs truies par le « sanaporcelle », la mort d’un paysan empêché d’être soigné par les tracasseries du podestat  …

Après deux ans de relégation Carlo Levi est libéré .

De cette expérience naîtra, donc, le  roman, en 1945, « Le Christ s’est arrêté à  Eboli ».

Francesco Rosi  en a  a tiré un très beau film, dans les années 70:

 

 

Gian Maria Volonté tient le rôle principal :

 

et Irène Papas celui de Giulia:

 

 

Carlo Levi est mort en 1975.

Il est enterré à Aliano.

Deux  petites réflexions actuelles.

1)D’abord les Capétiens, puis les Jacobins ont forgé pour la France, un Etat unitaire où Marseille et Bayonne, quoiqu’ éloignées de Paris n’ont jamais été considérées comme « étrangères ».

Carlos Levi insiste sur le fait que, pour les paysans de Lucanie, Rome semble plus éloignée que New-York où certains ont émigré.

L’Etat, c’est-à-dire Rome n’est vu, de Lucanie, que comme un prédateur.

Il nous  faut préserver contre le Modem ou les Verts, contre les lubies post-modernes, le caractère unitaire de la France : sans cela les égoïsmes régionaux se déchaîneront.

2)Ensuite la Lucanie, (le Basilicate d’aujourd’hui) est du point de vue des ressources extrêmement démunie.

La terre, argileuse, est totalement impropre aux cultures.

Le Basilicate  n’a ni les ressources agricoles de la Tunisie, ni les phosphates du Maroc, ni, bien sûr, les  immenses  ressources pétrolières de l’Algérie ou minières  du Congo …

Pourtant ce peuple de Lucanie s’est accroché à cette terre ingrate pendant des siècles.

Que l’Afrique en fasse autant !

 

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7 Commentaires

  1. Merci à toi Antiislam. Je viens de trouver le livre sur le boncoincoin, bon état pour 6 balles… Je sens que je vais me régaler. Je ne connaissais pas du tout ce personnage.

  2. Suis très ému de cette évocation, faite délicatement par petites touches, merci Antiislam. J’étais allé voir le film à sa sortie et il m’avait marqué. Les paysages, l’Homme qui s’accroche pour vivre, la difficulté des relations humaines…J’étais retourné le voir dans la foulée. Je ne pensais plus croiser cette histoire et voilà que RR me fait un beau cadeau avec une oeuvre qui a du sens.

  3. J’ai lu il y a fort longtemps Le Christ s’est arrêtée à Eboli. Un chef d’oeuvre. Merci Antiislam.

  4. Carlo Levi très grand écrivain italien et un homme qui rend hommage au Sud de l’Italie à travers ses habitants dans une description anthropologique teinté d’amour et de respect pour les Sudiste !

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