Aimez-vous Brahms ? Le concert du mois

Aimez-vous Brahms ? Non, je n’ai pas lu le livre de Françoise Sagan ni vu le film éponyme. À part cela, il ne sera pas difficile de comprendre que le concert du mois sera dédié à Johannes Brahms, né le 7 mai 1833 à Hambourg et mort le 3 avril 1897 à Vienne d’un cancer du pancréas. En illustration de cet article, une vue de la ville de Hambourg, la signature du compositeur, son portrait, sa maison natale et sa tombe à Vienne. Il est d’ailleurs étonnant de constater que tant de compositeurs sont morts dans cette ville, Vienne fut vraiment la capitale européenne de la musique au dix-neuvième siècle (et même au début du vingtième).

On va commencer tout de suite par  L’ouverture pour une fête académique, écrite durant au cours l’été 1880 ; elle est contemporaine de L’ouverture Tragique, cette dernière ayant été surnommée « l’ouverture qui pleure », l’autre « l’ouverture qui rit ». L’ouverture pour une fête académique est un pot-pourri de chansons estudiantines dont le célèbre Gaudeamus igitur (réjouissons-nous donc) :

Écoutons cela à l’orchestre !

Lorsque j’ai enseigné à la Réunion entre 2008 et 2014, un collègue, après avoir visionné l’extrait ci-dessus, m’a déclaré que le chef avait un côté De Funès dans la grande vadrouille. Je lui ai répondu que c’était Bernstein et qu’aucun autre chef n’avait à ce point pris la musique à bras le corps. Bernstein était un distributeur de bonheur.

Pour en terminer avec cette ouverture, je vous propose une autre version avec la partition complète, un orchestre qui comporte tuba, triangle, grosse caisse et cymbales, assez rare chez Brahms :

On continue avec le premier concerto pour piano ; Brahms en a écrit les esquisses dès 1854, mais l’œuvre ne fut achevée qu’en 1858 et créée le 30 mars à Hanovre. C’est Brahms qui tenait la partie de piano (il était aussi chef d’orchestre). Le succès fut plus que mitigé. Le 27 janvier 1859, à Leipzig, le concerto fut même copieusement sifflé.  Cette composition de structure classique, en trois mouvements, est un des concertos pour piano les plus longs jamais écrits (50 minutes). En tout, Brahms aura écrit deux concertos pour piano, un pour violon et un double concerto pour violon et violoncelle.

L‘ultime symphonie de Brahms, la quatrième fut créée le 25 octobre 1885 à Meinigen en Thuringe, sous la direction du compositeur et l’œuvre connut un succès immédiat. Je ne vais pas en faire l’analyse, ce n’est pas le but de mes articles. Néanmoins, pour l’orchestration, on n’a pas de trombones. Pour les percussions, timbales et…triangle, entendu dans L’ouverture pour une fête académique et que l’on retrouve aussi dans Les variations sur un thème de Haydn. Ici il n’intervient que dans le troisième mouvement (Allegro giocoso, ou « rapide et gai »). Le premier mouvement est très original : pas d’introduction, mais un thème avec des notes « en retournement », procédé qui servira de fil conducteur à cet Allegro non troppo (rapide, mais pas trop) :

J’ai choisi la seule version possible, celle d’Herbert von Karajan, aucun autre chef (à mon avis), n’a dirigé cette musique avec autant de perfection :

(En définitive, les deux chefs stars du siècle passé, Karajan et Bernstein, se retrouvent dans cet article. Vous aurez remarqué leurs gestuelles très différentes. Cela ne les a pas empêchés de devenir amis et même de projeter un concert dans lequel chacun en aurait dirigé une partie. Mais le Destin en a décidé autrement, les emportant respectivement en 1989 et en 1990).

Il existe aussi une version de « piano de vilains », ou piano à quatre mains, réalisée par Brahms lui-même :

EN BONUS :

Les 21 danses hongroises de Brahms ont été composées entre 1867 et 1880, écrites pour piano de vilains. Par la suite, elles furent transcrites pour orchestre, mais pas toutes par Brahms, qui ne s’occupa que des numéros 1, 3 et 10. Le compositeur tchèque Dvorak en orchestra lui-même les cinq dernières. L’éditeur de ses danses, Fritz Simrock, enthousiasmé par la composition de Brahms, suggéra la même idée à Dvorak qui écrivit ses seize danses slaves. J’ai réalisé trois fichiers mp3 qui réunissent les versions piano à quatre mains puis et orchestrales, les danses 1, 4 et 5. En ce qui concerne la version avec orchestre, personne n’a jamais fait mieux qu’Antal Dorati. À sa sortie, le CD avait reçu un diapason d’or largement mérité !

On commence par la première :

La quatrième :

Et enfin la cinquième !

Et maintenant, aimez-vous Brahms ? J’espère bien !

Filoxe

 

 

 

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7 Commentaires

  1. Merci Christine ,pour ces moments sublimes ou j’ai été transportée pour quelques instants dans mon pays d’origine . Que du bonheur sans attendre , s’est si long, le concert du Nouvel An !

  2. Fabuleux ! Grand merci mon ami. Brahms, Chopin, Litz, trilogie indissociable pour moi.

  3. Oui !!! j’ai même été moqué quand j’étais jeune au lycée quand eux écoutaient ACDC à la mode de l’époque ,Von Karajan était très évoqués sur les radios classiques que j’écoute toujours !!! j’achetais les albums 33 tours et regardais le label d’édition !!!! je possède également pour cette passion tout un équipement audio ,ampli à tubes et enceintes Bowers and Wilkins en filaire je voulais non pas du son mais une image sonore !!! Merci pour cette révision culturelle

  4. Tres grand moment de culture! Je voudrais simplement ajouter de ne pas oublier les interprétations de Karel Ancerl et le philharmonique tchèque ainsi qu’une petite partition : »la berceuse » qui est sans doute, sans toujours le savoir, la pièce la plus connue de Brahms que l’on retrouvesouvent dans des boites à musiques enfantines. Anton Dvorak et Brahms étaient amicalement très liés.

    • C’est vrai que j’ai pensé à la berceuse, celle-ci fera partie d’un futur article consacré à des musiques douces. Effectivement Dvorak et Brahms étaient très liés, ce dernier était aussi très lié avec Clara Schumann. Merci pour votre commentaire.

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