La bassine de la discorde : qui a raison et qui a tort ?

Un grand merci à Argo qui, sur ma demande, a essayé de présenter les différents arguments des pro et des anti-bassines. Je ne doute pas que son article nourrira débats et apports d’autres arguments dans les commentaires, histoire de nous aider à voir clair dans le débat -la guerre-actuelle. J’avoue que, pour ma part, jusqu’à présent j’étais pour les bassines, au motif que puiser de l’eau l’hiver pour la mettre de côté pour la sécheresse estivale me paraissant du bon sens et que je suis a priori plus que sceptique (pour ne pas dire opposée) devant les choix des écolos-dingos Je suis ébranlée par l’article d’Argo… A vous lire tous pour essayer de voir plus clair dans l’affaire.

Christine Tasin

LA BASSINE DE LA DISCORDE 

Le spectacle qui s’est déroulé à Sainte-Soline est affligeant. Une scène de guerre, rurale, celle-ci. Des blessés, gendarmes et manifestants, dont certains dans un état grave, des véhicules de gendarmerie incendiés. D’un côté, des activistes, des paysans opposés à la construction de ce réservoir, de l’autre des forces de police présentes pour faire respecter la loi.
Mais qu’est-ce qu’une bassine? Et pourquoi autant de remous ?
Une bassine, c’est plutôt un bassin de rétention d’eau. Certaines peuvent contenir 400 000 m3 d’eau, soit  l’équivalent de 160 piscines olympiques. D’autres retiennent l’équivalent de 300 de ces piscines. Ces bassines sont alimentées par pompage dans les cours d’eau ou directement dans les nappes phréatiques.  À ce sujet, j’ai entendu un journaliste, Éric de Riedmatten pour ne pas le nommer, prétendre que le contenu d’une de ces bassines ne représentait que l’équivalent de 160 piscines de particuliers. Lesdites piscines recèleraient donc  chacune 2500 m3 du précieux liquide. À l’heure de la désinformation, c’est grave de tenir de tels propos.  Et je vous laisse le soin d’apprécier la facture d’un particulier rien que pour faire trempette en été. 
Les partisans de ces bassins de rétention, ou réserves de substitution,   arguent du fait qu’ils prélèvent de l’eau en hiver lorsque les nappes phréatiques sont à leur plus haut étiage et qu’ils évitent ainsi de puiser excessivement l’eau des nappes aquifères et des  cours d’eau au moment des périodes estivales, soit 70% de prélèvements en moins. Je remarque quand même qu’il reste  30% à pourvoir. Selon eux, le débit des cours d’eau augmenterait de 7% en été grâce à ces réserves de substitution. Quand on traverse certains fleuves ou rivières à pied sec lors des périodes estivales, on se demande où sont passés ces 7%.
Les opposants à ces projets dénoncent un accaparement de l’eau par une minorité. De plus, les nappes phréatiques ne se  sont que partiellement rechargées cet hiver, et donc, puiser dans une ressource moins abondante ne pourra qu’ aboutir à une catastrophe le prochain été. Et il n’est pas dit que les bassines ne devront pas être rechargées Les partisans de ces bassins  annoncent un taux d’évaporation de 3%. Selon Christian Amblard, spécialiste de l’eau et des systèmes hydrobiologiques, directeur de recherche honoraire au CNRS, le taux d’évaporation pourrait se situer entre 20 et 60%. 
Toujours selon les opposants, l’irrigation par le biais des bassines ne concerne que les cultures intensives, dont le maïs, qui demandent beaucoup d’intrants chimiques qui polluent les sols et menacent les captages d’eau potable,  et  la plupart de  ces cultures sont destinées à l’exportation. Dans les Deux-Sèvres, un projet de seize bassines est en cours. Pour un coût total de 60 millions d’euros, financé à hauteur de 70% par l’État. Les opposants à ces projets craignent surtout un bassinage de tout le département. Et en cas de sécheresse répétées et de précipitations  peu abondantes, les bassines deviendraient vite obsolètes.   Le remplissage de ces bassines pourrait aussi avoir un impact négatif sur l’accès à l’eau potable pour les particuliers. 
L’Espagne, pays de production agricole intensive et de peu de qualité, vu ses forts besoins en eau, s’est tournée très vite vers les barrages et les bassins de rétention, appelés embalses ou pantanos. Aujourd’hui, elle ne peut  remplir ces réservoirs qu’à moitié. Elle a décidé de se tourner vers le dessalement de l’eau. Une solution de pis-aller.
Aujourd’hui, victime de la politique de l’eau et des sécheresses, le Tage se meurt. Peut-être une leçon à retenir. Pour ma part, je me méfie des allégations du ministre de l’Agriculture  et des instances agricoles, toutes favorables aux bassins de rétention, qui pêchent par excès d’optimisme.  Nous ne pourrons jamais nous rendre maîtres et possesseurs de la nature. Le retour de balancier pourrait être meurtrier. 
ARGO

 2,353 total views,  2 views today

image_pdf

28 Commentaires

  1. Au lieu de cimenter ces immenses bassines qui vont nous priver d’eau cet été, il serait plus utile de créer de véritables étangs, pour retenir les grosses pluies d’automne, d’hiver et de printemps, remettre en place des haies qui retiennent l’eau et lui permettent de s’infiltrer lentement dans le sol.
    Le Gouv organise des COP et fait tout le contraire de ce qui est préconisé.
    Les moines, déjà au Moyen âge, avaient creusé des étangs à la force de leurs bras pour organiser judicieusement la rétention et la répartition de l’eau.
    Regardez les dégâts causés à la mer d’ARAL par le régime communiste, et vous comprendrez le danger extrême des mega-bassines.
    Là-bas, ils l’ont fait pour la culture du coton, nous, c’est pour le maïs vendu à l’étranger pour nourrir les cochons.

  2. Ah ! enfin un article sensé et bien clair pour ceux qui ne connaissent pas le problème de l’eau en région sèche du sud de la France.
    Les manifestants sont en plein droit de s’opposer à ces méga-bassines.
    Deux sont à l’hôpital en urgence absolu, un dans le coma.
    Les milices mondialistes ont eu le tort de retarder les secours.
    Les parents portent plainte, on ne tue pas des jeunes pour l’eau du système européiste et mondialiste.
    C’est la guerre de l’eau.
    Qu’on regarde des photos de la “mer d’Aral” et on comprendra le risque à épuiser l’eau pour des rendements agricoles gigantesques.

  3. Autre remarque, au lieu de cultiver du maïs, des espèces très productives exigeantes en eaux (pas comme les premiers maïs qui ne produisaient que 25 quintaux à l’ha), l’agriculture pourrait s’orienter vers le sorgho qui va chercher l’eau en profondeur. Outre une céréale, donne du fourrage bien plus que le maïs.

  4. Des bassines captant les eaux de ruissèlement en période humide, très bien, mais le captage de nappes phréatiques réduites en cette région au sous-sol perméable est inquiétant. A la rigueur, aller chercher les eaux très profondes…
    L’Espagne, les embalses, c’est un autre problème.
    Furent construits sous Franco pour beaucoup. Celui-ci menait une politique de poudre aux yeux, toujours un grand décorum lors des inaugurations de barrages, ce qui m’avait étonné. Mais souvent ces embalses ne disposaient pas de moyens pour assurer l’élimination des vases et autres sédiments. Ainsi perdaient-ils leurs capacités au fil des années… Je suppose que depuis le temps, certaines modifications ont eu lieu.

  5. Merci pour cet article éclairant.
    Il me semble que par rapport à ces fameuse nappes phréatiques un élément n’est pas ou pas souvent évoqué, le drainage des sols (subventionné par l’Europe qui est sensé être très utile a à mon avis un très gros inconvénient , il accélère la circulation de l’eau et ce faisant diminue le rechargement de ces nappes.
    Étant parfaitement complotiste ça ne m’étonnerait pas que l’europe favorise une catastrophe pour nous imposer quelques règlements iniques supplémentaires.

    • Le productivisme surtout !
      Ce fut comme le remembrement, l’arrachage des haies qui coupent les vents, ralentissent l’écoulement de eaux et régularisent les températures, des haies derrière lesquelles se réfugie le bétail en liberté.
      Par contre, les drainages associés aux récupérations des eaux de ruisselement…

  6. Récupération des eaux de pluie d’accord , mais en aucun cas, pas de pompage dans les nappes phréatiques , combien de litres d’eaux de pluie partent dans les égouts ? Il n’y a pas moyen de les récupérées et de stocker cette eau dans des bassins avec des plantes qui peuvent les dépolluer telles que l’Iris pseudocorus – iris des marais ou iris jaune (Iris à feuilles vertes et fleurs jaunes) , Phragmites australis ,le Roseau commun (Roseau à feuilles vertes et panicules brunes)et La renoncule aquatique, Ranunculus aquatilis, est une plante oxygénante qui forme des tapis denses à la surface de l’eau, couverts de petites fleurs blanches durant tout l’été. L’élodée, Elodea canadensis, est à la fois filtrante et oxygénante, enracinée, qui laisse courir ses longues tiges à la surface . Parmi les plus dépolluantes et efficaces, on trouve le lierre, le sansevière, le dracaena (toutes les variétés), le philodendron, l’azalée et le chlorophytum. Le Créateur a tout mis dans la nature qui peut nous servir et nous être utile , après chacun voit midi à sa porte .

  7. Juste un exemple : à la fonte des neiges allez voir le Gave de Pau et vous aurez une idée de tout ce qu’on pourrait mettre de côté en en prélevant rien que 10 % …..

  8. 26 pavillons en construction derrière chez moi et pas une citerne d’eau de pluie mais des chasses d’eau a l’eau potable pour pousser la m…. ou des robinets extérieurs pour arroser les gazons , cherchez l’erreur dans la vision des choses .

  9. Le problème vient du fait que certains s’attribuent la propriété de ce que la nature nous donne gratuitement, ces énormes quantités d’eau des “bassines” ne viennent pas que des pluies, mais elles sont aussi puisées dans les nappes phréatiques
    Donc ceux qui ne font pas partie du groupe privilégié devront se contenter du reste, ce sont les petits agriculteurs mais aussi les habitants à qui on interdira d’arroser le potager
    Et ne parlons pas des pitoyables 3% d’évaporation qui démontrent que l’on nous prend en permanence pour des idiots, 20% en pleine chaleur est un minimum

  10. Si l’état, soit les contribuables, les subventionnent à 70 %, c’est que c’est un mauvais choix.

  11. 3 % d’évaporation pour les partisans des bassines
    20 à 60 % pour le CNRS
    Il pourrait au moins se mettre d’accord sur une fourchette d’évaporation.
    En attendant une étude sérieuse , tous les projets doivent être suspendus. L’évaporation de l’eau est une étude qui ne doit être une difficulté.
    De plus l’eau dans l’atmosphère (dont les nuages) est un gaz à effets de serre. Sans L’eau dans l’atmosphère , nous serions à -40 ° C la nuit sous nos latitudes l’hiver et l’on connait les effets sous nos latitudes d’un ciel clair la nuit.

  12. Je ne sais pas si les crasseux et les chevelus d’extrême gauche se lavent mais la bassine de la discorde de Sainte Soline doit permettre aux agriculteurs Français issu de la région de se constituer une réserve d’eau afin d’irriguer leur récolte et donner à leur bétail de l’eau pour qu’ils puissent boire ce qui est tout à fait justifier pour ces agriculteurs qui sont souvent victimes de chantage de la part de ces Écolo Dingos qui se battent soi disant pour défendre la planète mais surtout pour défendre la Mondialisation et détruire notre secteur agricole et notre souveraineté alimentaire sous prétexte fallacieux. Je donne raison aux agriculteurs et Kaput aux Écolo Nazis d’extrême gauche qui n’ont rien à foutre de la ruralité.

  13. Puisque c’est nouveau, il ne faut pas tout interdire bien qu’étant prudent. C’est l’expérience qui dira ce qui est possible.
    Que l’eau s’évapore, ce n’est pas si grave puisqu’elle n’est pas détruite, elle forme des nuages et nous retombera sur la figure.
    Faire ces bassines coute cher, ce n’est pas par plaisir que certains en construisent et les alimentent.
    A noter aussi que la nécessité d’irriguer les terres productives existe depuis bien des millénaires, rien de nouveau de ce point de vue. C’est depuis que l’agriculture existe que les eaux des ruisseaux et des rivières sont en partie détournées et sont répandues sur les sols (où elles s’évaporent).

  14. Bassines de rétention des eaux de pluie, oui. Bassines de pompage des nappes phréatiques, non !

  15. Depuis la guérilla de dimanche, les bassines sont au coeur des conversations : on invite un élu qui nous dit : pourquoi un tel nombre de polices et gendarmes alors qu’il n’y a qu’un trou !! c’est de la provocation ! Réponse : il pourrait y avoir l’installation d’une ZAD si on les laisse entrer! et puis il y a déjà l’installation de tuyaux que les “contres ” pourraient couper ! – c’est pas faux, on les a déjà vu faire – ! C’est vrai que, au départ, il s’agissait d’eau de pluie jusqu’à ce que l’on apprenne que l’eau serait puisée dans les nappes phréatiques, ce n’est plus la même chose , ces nappes phréatiques ne sont pas remplies en hiver, AUJOURD HUI ! car le projet des bassines date de 10 ans !!
    Comme à l’accoutumée, impossible de se parler sur un tel sujet, dans des émissions de télé sérieuses, par exemple !
    Le problème est à considérer dans son ensemble, ex de l’avocat qui n’existait pas en France et qui demande énormément d’eau ..il faut pouvoir s’en passer, on le faisait avant ..

  16. Le manque d’eau vient en réalité du changement de la par de certains agriculteurs qui sont passés à l’agriculture industrielle, donc suppression des “bocages” regardez sur Wikipedia la signification de ce mot, les bocages aide et ce depuis le moyen âge à empêcher l’eau de provoquer des inondations, grâce à ce système les nappes phréatiques se remplissent facilement, l’eau est en plus purifiée, hélas pour les industries agricoles la partition des terres n’est pas pratique pour les grosses machines agricoles, l’union européenne à exigé aux pays étant sous leur domination de supprimer les haies,talus, et chemins ,pour ces politiciens les surfaces de style kolkose seraient préférables,et en plus vu le nombre d’agriculteurs qui se suicident avec personne pour les remplacer le mieux pour l’agriculture est l’agriculture industrielle,peut être que mettre au travail les 500 milles migrants qui arrivent en France tout les ans pourrait résoudre le problème, allons ne soyez pas esclavagistes.

  17. Problème global que celui de l’eau répartie de façon irrégulière. Prendre ce problème de gestion à bras le corps ne semble pas être une priorité en France, du bla bla mais pas d’actions.
    Les canalisations hors d’âge font perdre des millions de m3 . L’eau de pluie non récupérée des toits alors qu’elle l’était il n’y a pas si longtemps avec une citerne pour chaque maison ( couverte ou non) . Agriculture avec des plantes gourmandes en eau dans des régions déficitaires. Alors les bassines sont une solution , pas forcément la meilleure. En Ardèche, un petit producteur de patates a été obligé par la réglementation de construire une petite bassine chez lui, perso, que pour lui.

  18. Bonjour.

    Merci pour cet article.

    Il y en a un – sur “Qactus” – pour bien expliquer, clairement et simplement, pourquoi il nous faut être CONTRE ces bassines : https://qactus.fr/2023/03/26/france-les-bassines-au-coeur-du-scandale-environnemental-comprendre-ce-desastre-ecologique-tout-ce-quil-faut-savoir/

    (Chacun en pense ce qu’il veut, mais un peu de réflexion une fois les points posés ne fait pas de mal….)

    Remarquons qu’en “pénurie d’eau” – soi-disant -, il n’y a pas grand monde pour vouloir empêcher les particuliers de se construire des piscines privées… alors qu’on déborde quand même de piscines publiques et de plages en France!
    (A côté de chez moi, il y a un couple qui a au moins DEUX piscines, toutes constructions illégales… Personne pourtant pour leur dire d’arrêter construire ET de pomper l’eau qu’on interdit pourtant aux PAYSANS du coin d’utiliser à leur guise! Alors on voit ce que sont les priorités, hein…)

    • Bonjour,

      Il paraitrait que l’Etat veuille imposer, à la campagne, des citernes d’eau aux paticuliers pour lutter contre les incendies.

  19. Ça se discute, c’est sûr. Sans doute que les opposants préfèrent consommer ce qui vient de l’autre bout de la planète via les milliers de tonnes de fioul lourd consommés par les navires.
    L’indépendance alimentaire a aussi un coût.

  20. Merci Argo pour ces précieuses informations. J’ ignorais l’ existence de ces bassines. Me voilà bien renseignée, je comprends mieux pourquoi ces personnes sont opposées à ces bassines. Oui, il ne faut pas contrarier la nature, je suis parfaitement d’accord, celle-ci reprendra toujours le dessus.
    Merci aussi à Christine.

  21. Entre 20 et 60% d’évaporation(on serait plus proche de la vérité), comme quoi il ne faut pas faire remonter l’eau à la surface, de plus, les tarés qui font ce genre d’exercice auraient fait des hautes études et grâcement payés pour engendrer des conneries pareilles…

  22. Article passionnant !
    Culture intensive de maïs : parce que le maïs est d’une grande utilité dans tous les domaines, pas seulement alimentaire.
    https://ferme-lammert.fr/ferme-lammert/a-quoi-sert-notre-mais.html
    N’oublions pas que les mêmes zozos voudraient qu’on arrête de manger de la viande.
    1/4 des produits alimentaires contient du maïs.
    On l’exporte… oui mais on importe aussi beaucoup de choses. Faut bien en exporter un peu.
    le dessalement de l’eau pourrait être une solution : à quoi bon utiliser de l’eau potable pour tirer une chasse d’eau ?
    Les pays les plus prospères y recourent déjà
    https://www.veolia.com/fr/solution/dessalement-eau-mer-eau-potable
    La France étant mal gérée, distribuant notre argent à tort et à travers, fait tout pour ne pas pouvoir se l’offrir.

Les commentaires sont fermés.