Dans l’article précédent j’ai évoqué la Vltava mais je n’ai pas voulu vous la proposer dans son intégralité. Ce sera chose faite dans celui-ci, avec ce poème qui fait partie d’un cycle complet, Má Vlast. La composition de « Ma Patrie » fut un martyre pour Smetana qui était devenu complètement sourd à cause de la syphilis. Cette surdité lui fera perdre la raison et en 1883 il sera interné dans un hôpital psychiatrique. Smetana décède le 12 mai 1884.
Pour se mettre dans l’ambiance de Má Vlast, on va commencer par une ouverture de Dvorak, L‘ouverture hussite, écrite en 1883. Elle fait référence à Jan Hus, né en 1369 à Husinec (Tchéquie) et mort supplicié à Constance le 6 juillet 1415. Hus, considéré comme hérétique, fut brûlé vif, on ne plaisantant pas en ce temps-là ! Voici donc cette ouverture avec sa partition. Si vous savez lire la musique c’est bien, si vous ne savez pas la lire c’est bien aussi car cela favorise l’écoute !
Un des motifs de l’ouverture reprend un choral hussite, chanté ou non :
Si j’ai pris un peu de temps pour vous parler de Jan Hus, c’est, entre autres, qu’il est à l’origine de la langue tchèque, une ville a été même bâtie en son nom, Tábor :
L’écriture de Má Vlast va s’étaler de 1874 à 1879 ; elle comprend six poèmes, dont le plus célèbre est le deuxième, Vltava, construit sur le modèle suivant :
Et maintenant, essayez de retrouver tout cela par l’écoute !
Maintenant, revenons à Má Vlast et ses six poèmes : Vyšherad, Vltava, Šárka, Z českých luhů a hájů (Par les prés et bois de Bohême), Tábor, Blaník.
Vyšherad est appelé « la forteresse haute » et domine la Vltava à l’entrée de Prague. Ce fut la résidence des princes de Bohême et Smetana y est enterré. Le magnifique thème d’introduction est joué à la harpe, avant d’être repris par l’ensemble de l’orchestre. Le motif est également cité dans Vltava et dans la conclusion de Blaník, donnant ainsi une unité au cycle :
Je ne reviendrai pas sur Vltava dont j’ai longuement parlé, si ce n’est par une image :
Pas d’illustration pour Šárka ! Šárka est le seul poème faisant référence à une personne légendaire. Trompée par son amoureux, elle voue une haine farouche aux hommes et va attirer une troupe de soldats dans un piège. Elle les invite à une fête et les fait boire. Une fois endormi, un appel de cor fait venir les compagnes de Šárka et toute la troupe est massacrée. Ce troisième poème est le plus violent des six.
Rien de tout cela dans Les prés et bois de Bohême, plein de sérénité, certainement ma pièce préférée du cycle avec Ma Vlast.
Tábor et Blaník , ces deux derniers poèmes forment un diptyque et d’ailleurs lors des concerts ils s’enchaînent pratiquement sans interruption comme indiqué sur la partition d’orchestre :
Lorsqu’on écoute Má Vlast pour la première, il y a de quoi être dérouté : Tábor est une pièce austère, rigide, primitive avec un côté religieux. Mais surtout elle n’a pas de conclusion et Blaník démarre sur le motif final du morceau précédent ! Les deux poèmes finaux de Má Vlast se rapportent à la tradition hussite et utilisent le choral « Vous qui êtes les combattants de Dieu » que l’on a entendus au début de cet article.
Et maintenant, place à la musique avec le cycle complet de Má Vlast, dirigé par un grand spécialiste de la musique tchèque : Raphaël Kubelik :
ET POUR CONCLURE : la Vltava dans tous ses états !
Au piano :
À la harpe :
Et à l’orgue !
À bientôt !
Filoxe
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Deux magnifiques reportages, merci !
Merci Maestro pour ces images et la musique.🎵🎵🎵🎵