Photo de 1953 (cliquer sur les photos pour les agrandir/un deuxième puis un troisième clic dans la nouvelle fenêtre agrandissent encore l’image).
Inauguré en 1932, le Rex, dit « Grand Rex », est un cinéma situé 1 boulevard Poissonnière, dans le 2ème arrondissement.
Ses façades et toitures, ainsi que la salle et son décor, font l’objet depuis 1981, d’une inscription au titre des monuments historiques.
Historique? Histoire! En voici quelques souvenirs …
Textes et photos : articles sur l’histoire du Grand Rex, dont source 1 , source 2…
A gauche, l’immeuble qui sera détruit pour construire le Rex.
Il fait l’angle du boulevard Poissonnière et de la rue Poissonnière.
En face, l’immeuble du journal « Le Matin » : l’immeuble « Le Matin » deviendra « L’Humanité » et « Libération »…
Observez les bus, voitures hyppomobiles, automobiles, triporteur, lampadaires qui sont au milieu de la chaussée !
Il y avait là, auparavant, tout un groupe de vieilles maisons à étages démodées situé à l’angle de ce boulevard et de la rue Poissonnière.
Il fallut ensuite entourer le terrain d’une sorte de cuvette de béton armé d’où partit la construction métallique.
Boulevard Poissonnière, 1930
L’histoire commence dans les premiers mois de 1930, avec le début de sa construction.
Jacques Haïk, riche producteur, et distributeur notamment des films de Charlie Chaplin en France, est alors propriétaire de l’Olympia. Le cinéma a le vent en poupe et les salles fleurissent alors par dizaines dans la capitale.
C’est cet engouement collectif pour le 7e art qui donne l’idée à Jacques Haïk de créer à Paris un des cinémas les « plus innovants » au monde.
Jacques Haïk fera ses études à Tunis au lycée Carnot puis au lycée Émile-Loubet, avant de quitter la Tunisie à l’âge de 14 ans.
Jacques Haïk et son frère Albert arrivent à Paris durant leur adolescence. Jacques est employé à l’âge de 17 ans par une société de films britanniques installée à Paris.
Par la suite, Jacques Haïk est celui qui importe au début du siècle les films de Charlie Chaplin en France et invente le nom français de « Charlot »,.
Jacques Haïk crée plusieurs salles de cinéma de prestige en Europe, en particulier les mythiques salles du Français (ouverte en 1940), de l’Olympia (qu’il fait reconstruire entièrement) et Le Grand Rex en 1932, qui est à cette époque l’une des plus grandes salles de cinéma d’Europe avec 3 000 places.
Il est principalement un producteur de films, une quarantaine d’œuvres durant les années 1920-1930. Il donne leurs premiers rôles au cinéma parlant à Annabella, Arletty ou encore Jules Berry. Il fait travailler Danièle Darrieux, Harry Baur, Victor Boucher, etc. Il devient l’un des trois plus gros producteurs français5.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, juif et militant antinazi, il rejoint la France libre à Tunis et en est un représentant dans le monde arabe.
Il récupère après la guerre une partie de ses biens et des droits sur ses films qui avaient été confisqués par les Allemands. Il fonde le « Groupe Jacques Haïk », qui comprend diverses sociétés dont la Sato (qui gère l’Olympia).
Boulevard Poissonnière, 1931
Avec l’avènement du cinéma parlant, les exploitants investissent dans de nouvelles salles plus grandes, plus spectaculaires, plus rentables aussi.
La concurrence est rude, tous cherchent à proposer une «expérience» pour fidéliser le public. C’est dans cette optique que Jacques Haïk imagine la «salle atmosphère», dont les trois étages, et les peintures murales, doivent donner l’impression que l’on est en plein air.
Boulevard Poissonnière, 1931-1932
Il se lance donc dans la construction d’une salle complètement extravagante : celle-ci devra pouvoir accueillir plus de 5 000 spectateurs sur une superficie de 2 000 m2, avec un plafond culminant à plus de 30 m, représentant une voûte étoilée lumineuse.
La tour du toit culminera à 35 mètres de hauteur. Le Grand Rex sera un modèle réduit du célèbre Radio City Music Hall de New York.
Ses concepteurs sont les architectes Auguste Bluysen et John Eberson. La façade sera conçue par le sculpteur Henri-Édouard Navarre et la décoration de la grande salle par Maurice Dufrène.
Georges Tombu, bâtisseur moderne, aux puissants moyens, exécutera les travaux.
Boulevard Poissonnière, 1932
Tous les souhaits de Jacques Haïk furent respectés, à l’exception du nombre de places, qu’il a fallu ramener à 3 300, à l’origine.
Après des mois de travaux, le cinéma se dressait fièrement au numéro 1 du boulevard Poissonnière, sa tour s’élevant à 35 mètres du sol, surmontée de 3 lettres d’une hauteur de 2m50, formant le mot «REX».
Cette salle gigantesque s’élève maintenant, en son point culminant, à 48 mètres au-dessus du boulevard, et comporte trois étages de sous-sol.
Les architectes ont collaboré avec l’état-major des Pompiers de Paris. Le Rex compte 25 escaliers de dégagement et plusieurs ascenseurs. Toute la façade sur la rue Poissonnière et une partie de celle du boulevard peuvent s’ouvrir, permettant la sortie de la foule de 4.000 spectateurs en quelques minutes.
La salle du Rex, 1932
« Sa salle iconique avait été imaginée par Jacques Haïk, lui-même. Il était né à Tunis, et voulait « un cinéma qui évoque son pays, d’où ce jardin méditerranéen Art déco, avec ses arbres, ses statues qui lui rappelaient son enfance », dit Alexandre Hellmann, actuel directeur général délégué du Grand Rex.
« Le ciel est peut-être le chef-d’œuvre de cette décoration. Il n’y a pas un spectateur qui soit dans la salle du Rex et qui n’ait l’impression absolue, complète, de se trouver en plein air, par une belle nuit de printemps ou d’été sous un ciel méditerranéen. L’illusion est parfaite. Pour un peu, on sentirait la brise nocturne.
De chaque côté des fauteuils, il n’y a pas de murs, mais des villas, avec leurs balcons, leurs loggias. Ce sont des constructions mauresques, provençales ou vénitiennes. »
La salle comprend les milliers de fauteuils, sans aucun strapontin, divisés en un orchestre, au niveau du boulevard, une mezzanine, une corbeille et un balcon.
La scène est l’une des plus belles et des plus perfectionnées de Paris. Elle occupe un emplacement de 18 mètres sur 12. Le plateau est constitué par neuf planchers portés chacun par un ascenseur. Un dixième ascenseur élève le plateau de l’orchestre depuis sa fosse jusqu’au niveau de la scène. Un onzième fera sortir un orgue monumental des profondeurs du sous-sol.
L’immense arc-en-ciel qui limite cette scène, constitue un des « clous » de la décoration du Rex.
1932 Bar du cinéma Le Rex. Maurice Dufrène, décorateur Peintures décoratives d’Henri Mahé
Au premier étage, se trouve la mezzanine et son foyer. Au-dessus, viennent la corbeille et le balcon avec un foyer-bar, où l’on peut prendre le thé dans la journée.
Les sous-sols du Rex sont aussi vastes et importants que la salle. On y trouve, outre les indispensables commodités, le vestiaire du public, une salle de jeu réservée aux enfants, une nursery où les bébés seront attentivement gardés pendant que leurs parents seront dans la salle, un chenil où 50 toutous pourront attendre tranquillement le retour de leurs maîtresses, des téléphones publics, un poste médical, un poste de police, les loges des placeurs, etc.
Ce même sous-sol comporte pour les artistes qui assurent le spectacle sur scène un vaste foyer et 50 loges, avec douches, toilettes, salles de bains, etc.
C’est là également que sont installées les salles de ventilation, de réfrigération, et de chauffage, en un mot l’usine destinée à « climatiser » l’immense édifice.
A ce même étage sont situées de vastes salles de répétition des spectacles ou d’auditions.
La salle est assainie sans arrêt. Les tubes d’aspiration, placés sous les fauteuils, ne gênent nullement les spectateurs. Ils étonnent seulement les fumeurs, qui voient avec assez de stupeur la fumée de leur cigarette dédaigner les lois naturelles et descendre vers le sol. Cette colossale installation va chercher l’air frais sous le toit. L’usine, alimentée par 25 moteurs électriques, produit journellement 300.000 mètres cubes d’air pur et parfumé
Les « Rex Girls »
Le jeudi 8 décembre 1932 a été une date mémorable dans les annales de l’industrie française du spectacle. C’est ce soir-là, qu’a eu lieu l’inauguration du Rex, le premier cinéma atmosphérique français construit par la volonté de M. Jacques Haïk, le grand industriel du cinéma, selon les conceptions les plus nouvelles et les plus modernes
Dehors, il gèle à pierre fendre. Mais dans la salle, dans la douceur de l’air pulsé, des palmiers se balancent mollement devant des minarets, des colonnades antiques, des haciendas espagnoles, des palais vénitiens, des balcons et loggias croulant sous les géraniums et la glycine.
Accueillis par 80 ouvreurs en livrée et gants blancs, les invités découvrent un ciel scintillant d’étoiles. Les spectateurs s’étonnent des dimensions de l’écran, découvrent les marches lumineuses et une scène gigantesque …
L’orchestre se met à jouer. Les numéros de claquettes succèdent aux ballets des « Rex Girls » empanachées, troupe de danseuses de Broadway … D’un sous-sol surgit un orgue de cathédrale, dans des décors sans cesse renouvelés. Les lumières s’éteignent et commence la projection des Trois Mousquetaires.
Ce soir-là en effet, on vient assister à l’avant-première des « Trois Mousquetaires » d’Henri Diamant Berger. Le réalisateur de ce film muet a créé une nouvelle version, compatible avec cette nouvelle salle de cinéma plus propice au cinéma parlé. Pour la première fois, les spectateurs français pourront entendre les mousquetaires. Une première.
Le lendemain, la presse s’extasie et parle du « plus beau temple jamais élevé à la gloire du cinéma ».
1938 : Les lumières de Paris, avec Tino Rossi
Un film musical à la française avec des chansons et des numéros de music hall. Tino Rossi qui a déjà une gloire bien établie, aussi bien comme star de cinéma que comme grande vedette de la chanson y chante de nombreuses chansons.
Présentation du film :
Chansons tirée du film :
30 septembre 1938 : signature des accords de Munich…
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J’adore ces vieilles Citroën, elles sont splendides et racées.
Dans mon enfance, il y en avait une, remisée dans un garage abandonné. Nous allions l’admirer à travers les fentes de bois de la grande porte desséchée, comme une relique d’une autre époque.
Merci Jules Ferry pour cette présentation, belle découverte !
YouTube devrait faire un nettoyage des parasites sur ces vieux vinyl, il me semble qu’on a la technologie pour le faire.
En réalité, ça ne doit pas être sur vinyle, sans doute enregistré pour des gramophones, ancêtres du tourne-disques ?
Bonsoir Jules.
J’ai toujours trouvé ce monument laid mais je ne connaissais pas son histoire, moi l’ancien jeune parigot de l’arrondissement voisin (9ème).
Mais il faisait partie de mon environnement et je me serais sans doute révolté si on y avait touché.
Article passionnant!
Une question en passant : à quoi correspond la dénomination REX ? J’ai connu d’autres cinéma avec ce nom.
(Un chien aussi…😉 🐕)
Merci pour la réponse.
Bonjour Mantalo, Rex comme « roi » comme régner en « maître ». Le plus grand.Au dessus des autres.
OK. Merci Jules. 👍
Un sacré monument historique et culturel de Paris qui doit toujours résister face à la folie Gauchiste dégénéré et Écolo Nazis qui détruit Paris a petit feu 🔥 !
Merci Jules Ferry pour ces beaux souvenirs et votre travail titanesque !
Rien de « titanesque », tout est sur Internet, je me fais plaisr !
En parlant de cinéma, sortie du dernier film de BHL sur l’Ukraine = 208 entrées lui compris. Pété de rire.
https://www.boxofficepro.fr/box-office-1er-jour-the-fabelmans-seduit-les-cinephiles/
Voir tableau en bas de page.
Sinon, impressionnante la construction de cinéma. Merci.
Triste personnage ! 300.000€ de subventions tout de même !
Vu qu’il a dû donner des billets gratuits à ses amis, le bide de toute l’histoire du cinéma !