Berlioz : feux et tonnerre, il pleut du sang (2)

Nous allons terminer notre voyage dans la Damnation de Faust de Berlioz. Dans le précédent article, j’avais abordé les deux premières parties. Je n’ai pas conservé le même titre car celui-ci correspond mieux aux extraits qui nous intéressent. Aucun rapport évidemment avec la répression des Gilets jaunes ! Sans plus attendre, voici comment débute la troisième partie :

Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois que j’entends ces Tambours et trompettes sonnant la retraite je pense à l’air « Mon pantalon est décousu »…bon plus sérieusement, dans la seconde partie nous avions entendu un chœur de soldats, j’en déduits que Marguerite habite près d’une caserne ! Enfin la voilà (Marguerite, pas la caserne) ! En tout et pour tout elle n’aura dans l’œuvre que deux solos, et quels solos ! Marguerite a vu Faust en rêve et elle attend sa visite. Elle chante la ballade du Roi de Thulé, accompagnée par l’alto solo. Berlioz aimait bien cet instrument, composant même une symphonie pour alto et orchestre Harold en Italie. Cette pièce lui avait été commandée par Paganini…qui a refusé de la jouer, estimant que l’alto n’était pas suffisamment mis en valeur. Voici donc cet air, dommage que la résolution ne dépasse pas les 240p :

Après avoir chanté le roi de Thulé, Marguerite s’endort. Méphisto appelle les esprits des flammes inconstantes pour amener Marguerite à eux et finalement commettre l’irréparable. Dans cette vidéo nous allons retrouver le menuet des follets suivi de la sérénade de Méphisto. Les follets sont représentés à l’orchestre par les flûtes piccolos. La dernière partie du menuet, très rapide, présente l’air de la sérénade. Le chœur d’hommes intervient de façon ponctuelle, ce qui lui rend la tâche très ardue : rien de plus difficile pour des choristes de lancer un simple « Ah ! » et être parfaitement synchrone avec le soliste :

La quatrième partie commence avec l’air de Marguerite « D’amour l’ardente flamme » ; Marguerite attend en vain son amant. À un certain moment elle dit Je suis à ma fenêtre dans cette partie de l’air la musique est haletante, à l’instar d’un cœur qui s’emballe avant de s’arrêter pour de bon. Notre chef, Marc Soustrot, réussissait particulièrement bien ce passage en accélérant le tempo de façon spectaculaire avant la reprise de thème initial. Voici la (très) belle Elina Garanca accompagnée par l’orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Gustavo Dudamel lors du concert de la Saint-Sylvestre 2010 auquel assistait une certaine…Angela Merkel. À combien de concerts classiques Macronescu s’est-il rendu depuis 2017 ?

Il est même possible d’obtenir les sous-titres en français. Vous remarquerez l’importance du cor anglais, ce cousin du hautbois, instrument que Berlioz semblait apprécier avec l’ouverture du Carnaval romain (le dernier lien) et la scène aux champs de la symphonie fantastique.

Et maintenant, le finale de cette Damnation ! Faust et Méphisto se retrouvent dans la nature, ce dernier dit à Faust que Marguerite est en prison, condamnée à mort pour avoir provoqué la mort de sa mère en l’empoisonnant à petit feu. Réponse de Faust « Sauve-la, sauve-la, misérable ! » ce à quoi Méphisto répond « Ah, je suis le coupable ! On vous reconnaît là, ridicules humains ! »

Cependant Méphisto est prêt à aider Faust, mais pas gratuitement, ce dernier doit signer un parchemin où il s’engage à servir Méphisto dès le lendemain. Faust s’exécute ; Méphisto appelle ses deux fidèles chevaux et c’est le début d’une course effrénée, non pas pour sauver Marguerite, mais pour aller tout droit en enfer. Dès lors que Faust a signé librement le parchemin, il est condamné aux flammes éternelles. Et voilà que tous nos diables entrent dans un effrayant pandémonium chanté en langue infernale… totalement intraduisible ! Voici d’ailleurs les paroles des deux dernières parties :

Livret Damnation de Faust_parties 3 et 4

Puis l’enfer se tait, un chœur d’esprits célestes et d’enfants accueille Marguerite au Paradis :

Ainsi se termine cette œuvre magnifique. Les extraits mis en scène que vous avez pu voir proviennent d’une production du Metropolitan Opera de New York. Elle date de 2005 et j’espère bien pouvoir me procurer la version complète. Puisque l’on parle de la Damnation mise en scène, je vous en propose une réalisée à l’Opéra-Bastille, je ne ferai aucun commentaire, dans un sens ou dans l’autre, vous jugerez par vous-même !

(Je pense que si l’on voulait vraiment réaliser une mise en scène parfaite de l’œuvre, il faudrait tourner en décors naturels, comme Don Giovanni ou Carmen, par exemple).

Voici maintenant la version de concert telle que mes parents et moi-même l’avons chantée :

Pour terminer, voici l’ouverture Le carnaval romain :

À bientôt !

Filoxe

Dernière minute, je viens de trouver cette pépite, amusez-vous bien !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 Comments

  1. Extraordinaire œuvre que cette Damnation de Faust de Berlioz !
    Peut-être encore plus, à mon très humble avis, son Requiem (Grande messe des morts).

  2. Berlioz me fait penser au billet de dix francs, quand nous n’étions pas encore esclave de l’UE. Mon pantalon est décousu faute de fil pour le recoudre? Bientôt d’actualité avec les pénuries ? Ça vient, ça vient… Et si ça continue on me verra… Merci Filoxe pour le mal que vous vous donnez!

      • Ah si seulement… Des ans l’irréparable outrage a fané tous mes traits! Hélas ! Salut Cachou! Bonne fin d’année à toi et à tous les tiens, mon ami! Dieu te garde! 😇😇😇😇😇 Avant, j’aurais pu faire le nouveau-né dans la crèche, aujourd’hui un vieux berger. Ne dis pas l’âne, j’en serais morfondu… 😂😂😂😂😂

        • MDR !!!
          Bonne fin d’année à toi aussi, joyeuses fêtes de Noël et du jour de l’An, et à tous les tiens…

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