Juin 1970 : jeune « MNA », j’arrive à la Sainte-Chapelle pour devenir choriste

En juin 1970, un M.N.A (Mineur Non Accompagné) sort de la station Cité à Paris. Il a à peine parcouru dix mètres qu’il se heurte à un cordon de C.R.S prêts à en découdre. Mai 68 remonte à tout juste deux ans, mais certains esprits restent encore un peu chauds ; le M.N.A (qui de toutes façons n’aurait pas été majeur avant 21 ans) s’approche tranquillement vers les policiers, poliment leur sort un « je m’excuse de vous demander pardon » et passe sans problème, une partition sous le bras…et pas un pavé !

Bref j’arrive (vous aviez compris) à la Sainte-Chapelle (sérieux, ça a quand même plus de « gueule’ qu’une mosquée, non ?). Au programme, le Gloria de Vivaldi, pour honorer les 700 ans de la mort de Saint-Louis. Plusieurs chorales sont invitées, bref on est plus de 400 chanteurs ! L’orchestre est celui de Paul Kuentz, je le connaissais déjà par des disques que l’on avait à la maison et c’est la première fois que je chantais avec un orchestre professionnel ! Je faisais de la chorale depuis quelques années à Creil, à l’époque où cette ville était encore française.

Bien qu’ayant fourni un lien pour le Gloria dans « Musique en 35 mm », je vous livre ci-dessous une autre version, chapitrée :

Enthousiasmé par cette première expérience avec une chorale, Paul Kuentz décide de s’attaquer, à la rentrée 70, au premier gros morceau que j’aie eu à apprendre : le Magnificat de Bach, avec les Chœurs de Paris, qui faisaient partie du concert à la Sainte-Chapelle :

Les concerts que l’on avait donnés ont eu tellement de succès que Kuentz décide que les Chœurs de Paris seront désormais SA chorale.

Scandale, mais c’est quoi ce chef qui veut nous récupérer, pour qui il se prend, etc, etc. Donc PK décide de fonder sa propre chorale, exclusivement rattachée à son orchestre et s’attaque au Requiem de Fauré (je ne mettrai pas de lien; car cette  musique figurait dans l’article précédent). Au cours de la saison Fauré, ma mère va voir son popaul (le chef ! Non mais vous pensiez quoi ?) et lui suggère de nous faire travailler le Requiem de Mozart. Ce que femme veut, Dieu le veut ! (Et là non plus pas de lien, cf. l’article Hommage à nos disparus). Quant aux Chœurs de Paris, qui s’étaient tiré une balle dans le pied, ils ont fini par disparaître, d’autant que beaucoup de ses membres ont rejoint la chorale Kuentz. Infatigable, le chef alsacien met en chantier la titanesque Messe en si BWV 243 de Bach, (le lien de cette messe sera intégré à un prochain article sur la musique sacrée du cantor de Leipzig). Pendant l’été 1973, chorale et orchestre passent un séjour musical au théâtre Jean Cocteau de Cap d’Ail :

Au cours de ce séjour, nous en profiterons pour assister à des concerts au Palais princier de Monaco, en présence du Prince Rainier, de Grace et de ses enfants. « Paul K » n’oublie pas le boulot et nous fait apprendre cette petite messe dont voici le credo : (Note : la partition originale ne comporte pas de timbales). Cette messe est un petit bijou !

En 1974, un certain Waldo de Los Rios sort des musiques classiques accompagnées souvent d’une batterie pour faire plus dans le vent. De cette courte expérience va naître un succès planétaire avec le chœur des esclaves de l’opéra Nabucco de Verdi. La chorale Paul Kuentz est contactée par l’ORTF pour interpréter le morceau dans l’émission de Guy Lux, le palmarès des chansons, une première fois en septembre, la seconde fin décembre, d’autres chanteurs plus ou moins connus étaient là, je pense à Dalida, Eddy Mitchell, Guy Marchand (je plaisante). Il faudra un jour que je contacte les archives de l’INA pour espérer retrouver ces émissions. Une petite précision, à cette époque l’orchestre du Palmarès des chansons était celui de Raymond Lefèvre.

Et voilà, à un moment l’oiseau quitte le nid, je ne reprendrai place dans la chorale Paul Kuentz qu’en juillet 2001, au cours d’une tournée qui nous mènera à Quimper, Vannes et à la Charité-sur-Loire pour y interpréter le Requiem de Verdi, un rêve que j’avais depuis très longtemps et que j’ai pu concrétiser cette année là, alors que j’habitais déjà Saint-Martin. Paul Kuentz m’a fait confiance pour m’accepter, un mois pour travailler l’œuvre ! Elle n’en est réalité pas si difficile que ça, si on excepte la fugue finale et ce fichu Sanctus, une fugue avec un double chœur ! En reprenant la partition j’ai vu que j’étais en « Chorus 2 », mais je n’ai jamais réussi à comprendre au moment des concerts, faisant la navette entre Chorus 1 et 2…ne le répétez pas au chef !

Et maintenant voici l’objet du délit :

La prochaine fois, on ira faire un tour à Angers !

Filoxe

 

 

 

 

 

 

 

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5 Comments

  1. Magnifique filoxe ! Que de souvenirs pour moi ce « Cœur des esclaves ». JMLP entrait sur la scène de ses meetings sur cette musique. Je l’ai entendu un nombre incalculable de fois en près de 15 ans…j’étais son photographe.

  2. Oups ! Il y a une erreur dans cet article, la messe D950 de Schubert comporte bien vents et timbales, j’y reviendrai prochainement.

  3. Mieux vaut mille Filoxe MNA, que dix MNA venant d’ailleurs. Merci pour cette pépite. J’ai eu plaisir à déchiffrer les partitions. J’ai dû procéder à un agrandissement, c’est le seul bémol que j’ai à formuler. Amitiés, Maestro!

    • Merci Argo, pour la partition faites-vous allusion au Sanctus de Verdi ? Car je peux vous arranger ça.

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