Profs épuisés et désabusés : l’espoir de la reconversion

Quand les profs n’en peuvent plus, se pose alors la question de la reconversion.

Vouloir changer de voie est toujours délicat, mais quitter le métier de prof peut l’être davantage car il est exercé par vocation. Chaque année, de plus en plus de professeurs, qu’ils soient dans le primaire ou le secondaire, éprouvent une grande lassitude envers cette profession énergivore et ses injonctions. Déçus et épuisés, nombreux sont ceux qui quittent le navire écoeurés, mais soulagés de voir à nouveau l’horizon qui s’offre à eux.

L’enseignement, un métier difficile et mal payé, est souvent considéré comme une bonne planque. Tout le monde pense que lorsque l’on devient enseignant, c’est pour la vie. Celles et ceux qui souhaitent partir suscitent l’incompréhension et la stupeur. “Avec toutes ces vacances, tu ne veux quand même pas partir ? Et la sécurité de l’emploi ?” 

Ce que les gens ignorent, c’est que les profs sont soumis à une pression qui ne cesse d’augmenter. Ils sont infantilisés et ressentent une forte absence de confiance. Tout au long de sa vie professionnelle, un enseignant est soumis à des rendez-vous de carrière afin de passer à l’échelon suivant. On lui fait croire qu’en obtenant de bonnes appréciations, il sera éligible au grand choix afin de gravir plus vite les échelons et d’être mieux payé. Malheureusement, beaucoup voient leurs appréciations revues à la baisse dans le but de freiner l’augmentation du salaire. Salaire dont le point d’indice vient d’être dégelé après tant d’années à attendre. Décourageant n’est-ce pas ?

À cela s’ajoute le côté administratif de l’enseignement. L’ensemble des normes que les enseignants doivent respecter sont de plus en plus strictes et rigides. Accablés par la paperasse, ils doivent remplir toutes sortes de documents. Sans parler des innombrables protocoles des deux dernières années. Le temps passé face aux élèves est la partie émergée de l’iceberg. Derrière les heures de classe, il y a des heures de préparation, de correction, de rendez-vous avec les familles…

Les conditions de travail se dégradent, les possibilités de mutations sont extrêmement faibles et compliquées, le respect disparaît et la reconnaissance n’est qu’un lointain souvenir. Alors pourquoi y rester quand on peut s’épanouir ailleurs ?

La reconversion : la lumière au bout du tunnel 

Comme dit précédemment, le souhait de vouloir partir suscite des réactions et un certain jugement de l’entourage car non conscient de ce qu’est vraiment l’enseignement. Que ce soit avec ou sans le soutien de leurs proches, rapidement ou après de longs mois de réflexion, le nombre de professeurs qui décident de partir ne cesse d’augmenter. Se reconvertir pour reprendre sa vie en main n’est pas chose facile. Il est très fréquent que les enseignants ne connaissent pas leur “valeur” et qu’ils aient l’impression de ne savoir faire “que ça”.

C’est une erreur ! Leurs compétences sont multiples : 

  • Compétences dans la communication orale et écrite ;
  • Compétences orthographiques et syntaxiques ; 
  • Compétences relationnelles et psychologiques ;
  • Compétences organisationnelles et de gestion de groupes ; 
  • Etc.

Avant de se lancer, certains font un bilan de compétences. D’autres prennent un temps partiel ou encore une disponibilité. Il est également possible de reprendre des études ou de faire une formation. 

Plutôt que d’attendre un possible burn-out, mieux vaut prendre les devants quand on sent que ce métier ne convient plus. Le champ des possibles est vaste et rien n’est fixé. Salariat privé, freelancing ou entreprenariat, beaucoup d’ex enseignants témoignent de leur réussite et de leur épanouissement depuis qu’ils sont partis.

Une chose est sûre, l’amélioration des conditions de travail des enseignants paraît bien incertaine voire utopique et l’Éducation Nationale regrettera probablement tous ces départs quand elle se rendra compte que son personnel qualifié et passionné s’est épanoui loin des bancs de l’école.

Marine CASSIN-MONTANA

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/profs-epuises-et-desabuses-l-243707

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6 Commentaires

  1. Bonjour à la résistance. Mon épouse est enseignante (62 ans fin de carrière remplaçante BDFC ne supportant plus les parents pires que les gosses ,et saquée par une inspectrice zélée islamo-gauchiste comme c’est la norme, ce qui lui vaut quand même 300€ de moins/mois (rien que ça!) n’étant pas hors classe )Elle me raconte comment les directeurs des écoles où elle passe, lui expliquent le “pas de vague”, c’est allucinant !,elle doit tout encaisser sans broncher, elle ne fait que de la garderie rentre épuisée..
    Le plus inquiétant est l’omerta entre enseignants, qui à 90% n’évoquent jamais, même du bout des lèvres le véritable souci qu’est l’immigration, voire peuvent être très vite ostracisés s’il s’aventure sur le sujet !.
    Nous habitons une région encore très épargnée par l’immigration……

    • C’est le gros problème, ils ne veulent ou ne peuvent pas en parler.
      Ils s’autocensurent parce qu’ils ne veulent pas y croire.
      Ils ne veulent pas y croire car ils ont provoqué cette situation par leur idéologie idéaliste et irréelle.

  2. Avec plus de 40 ans d’enseignement au compteur, actuellement retraitè, je revendique le droit de porter un jugement sur ce mamouthe qu’est l’Education Nationale, ex-Instruction Publique.Je suis entrè en “religion” en 1957, normalien, puis instit, comme on disait alors, et j’ai petit à petit gravi les èchelons des diplòmes et des fonctions pour finir professeur d’espagnol et, formateur de formateurs en FLE (Francais langue Etrangère).Au fil des annèes on est passè de l’instruction à l’èducation, et l’on s’est fourvoyè. Le ròle de l’ècole n’est pas d’Eduquer, mais d’instruire, de donner aux enfants les outils intellectuels, les techniques, les sciences et plus gènèralement les connaissances pour faire front à la VIE qui est notre grand dèfi. L’education c’est autre chose: le devoir des parents, de la famille, du clan, de la religion s’il en est. L’Ecole n’a pas à se substituer au ròle des parents, c’est pourquoi, aucune doctrine, aucune association, aucune religion ne doit prèvaloire en son sein…..cela s’appelle “LA LAÎCITÈ”

  3. C’est ainsi dans beaucoup de domaines. Les profs se croient plus exposés que les autres mais dans tous les métiers, on vous casse les pieds avec des exigences abrutissantes qui provoquent la lassitude. Je pense que c’est délibéré, il s’agit de fabriquer des troupeaux de moutons et donc de couper les ailes à tous ceux qui voudraient s’investir dans leur métier en se sentant pleinement utiles à la France. Le but est de faire des petites fourmis qui se lèvent pour un salaire médiocre sans en espérer davantage. C’est la soumission organisée par une élite elle-même abreuvée d’argent et de luxure (voir tous les scandales sexuels…) !

    • C’est exactement ça. On retrouve les mêmes pratiques partout : étouffement, réglementation rigide, de plus en plus de règles, de papiers à remplir, de limitations d’initiative.
      Le monde du travail devient invivable.
      Et si on est indépendant, les règles sont aussi pourries et suspicieuses, aucune liberté n’est autorisée par des administrations surpuissantes.
      Finalement, je me demande si en Chine communiste, il n’y a pas plus de liberté et de joie au travail.

    • Je lis en ce moment “Les diamants de la guillotine” de Combescot. Ce monde pourri qui gravite autour de Versailles ressemble au monde pourri de nos “élites”. Luxe, luxure, narcissisme, perversité, escrocs et charlatans, tout ce sale monde se goberge sur le dos du peuple, et on sent poindre la Révolution. Au moins la France n’était-elle pas envahie de vermine allogène, comme à l’heure actuelle.

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