Giorgia Meloni ne pourra rien faire si elle ne sort pas de l’Union européene

Vous êtes nombreux à vous féliciter avec enthousiasme de l’accession probable au pouvoir de Giorgia Meloni en Italie. Il est vrai qu’elle porte dans son programme un certain nombre de causes et de valeurs que nous sommes nombreux à soutenir, et en premier lieu la lutte contre l’islamisation de l’Europe.

De même, sa volonté affichée de pratiquer un patriotisme économique, consistant à favoriser les entreprises italiennes, incarne bien évidemment la voie qu’il nous faudrait emprunter.

Enfin, nous espérons tous qu’elle va s’opposer frontalement aux dictateurs de l’Union européenne, et particulièrement à cette arrogante, malfaisante et incompétente qu’est Ursula von der Leyen.

Ceci étant dit, il convient tout de même de considérer la réalité telle qu’elle est, et non comme nous voudrions qu’elle soit.

Tout d’abord, qu’a accompli cette femme, pour postuler aux plus hautes fonctions de la huitième économie du monde et la troisième d’Europe ? La réponse est simple : rien. Elle est journaliste de formation, et n’a jamais exercé la profession. Cette femme n’a même jamais eu une activité professionnelle de toute sa vie. Elle incarne exactement ce que nous critiquons constamment en France, à savoir les politiciens professionnels. Se présenter comme une mère de famille, italienne, catholique et avoir comme programme de revenir à l’Italie du passé, cela risque d’être un peu court, quand on pense aux problèmes d’une complexité inouïe qui se présenteront à elle.

Ensuite, se pose la question de ses alliés politiques. Le premier, Berlusconi, qui je le rappelle a été président du Conseil à trois reprises pendant près de dix ans, n’a eu de cesse que d’endetter son pays dans des proportions incommensurables, ce qui a eu pour conséquence de le mettre au bord de la faillite pure et simple lors de la crise des dettes souveraines, et ne doit son salut qu’à l’intervention de la BCE. Lors de sa prise de fonction en 2001, le Nord de l’Italie était considéré comme la zone économique la plus riche d’Europe ! Ce temps est révolu.

L’autre, Salvini, ancien ministre de l’Intérieur, allait révolutionner l’Union européenne.  Avec lui, on allait voir ce qu’on allait voir ! Il allait stopper l’immigration, redonner à l’Italie sa dignité et sortir de l’euro. À peine arrivé en fonction, il s’est ravisé. Certains l’accusent de trahison, mais ils ont tort ; il a simplement pris conscience, une fois aux manettes, que tout ce qu’il proposait n’était tout simplement pas réalisable. Au bout du compte, il aura tenu 1 an et 3 mois à son poste, et n’a absolument rien accompli. Il est maintenant rentré bien gentiment au panier et pris un bon petit poste de sénateur bien payé ces 4 dernières années.

Que va-t-il se passer avec Meloni ? À mon avis, absolument rien. Elle va probablement s’agiter pendant les premiers mois de son mandat, afin de ne pas décevoir trop vite son électorat qui a placé en elle tous ses espoirs.

Il y a fort à parier qu’elle va expulser quelques clandestins et refouler des bateaux d’immigrés. À n’en pas douter, elle ira même jusqu’à faire quelques esclandres à l’encontre de ses homologues européens et de la Commission, et tout le monde applaudira son courage et sa détermination.

Une fois qu’elle aura terminé son tour de manège, et peut-être même attrapé la queue du Mickey pour en faire un deuxième, la réalité va s’imposer à elle assez brutalement, et elle va se noyer dans ses contradictions. Elle va en effet découvrir qu’il n’est pas possible d’être en même temps à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne et de la zone euro. De même, il est très difficile d’être simultanément pro-Poutine et pro-OTAN. Elle aura très vite affaire à la Cour européenne des droits de l’homme, la Cour de justice de l’Union européenne et aux États-Unis, si elle ne respecte pas les traités quant à la gestion de l’immigration, de l’islam, de la concurrence libre et non faussée et de la politique de défense de l’Union européenne.

Si elle est vraiment très courageuse, elle passera outre et continuera sa politique. C’est à ce moment-là que la Banque centrale européenne s’occupera d’elle. En effet, l’Italie est devenue, grâce à Berlusconi, un mendiant. Elle ne doit sa survie qu’à la politique accommodante de la BCE, qui rachète massivement sa dette abyssale, et la protège des fonds spéculatifs. Rappelons tout de même que la BCE détient 780 milliards de dette publique italienne (30 % de la dette totale), et que cela ne fait que croître. Les taux d’emprunt à 10 ans de l’Italie ont déjà dépassé les 4 %, ce qui est parfaitement insupportable pour le budget du pays. Alors il suffirait juste à la BCE de cesser ses achats, ou même de revendre une partie de son stock sur le marché à petit prix, pour faire grimper immédiatement ce taux à des niveaux stratosphériques, et faire ressembler l’Italie au Zimbabwe. Et les mêmes qui étaient hier dans la rue avec des pancartes de soutien lui jetteront des pierres en l’insultant.

Il n’y a pas de souveraineté possible en restant membre de l’Union européenne et de la zone euro. De plus, la souveraineté, ça se pense, ça se calcule et ça se planifie minutieusement. Je ne vois pas en Meloni, Salvini ou Berlusconi des individus ayant la volonté de se lancer dans cette tâche. Meloni déclare qu’avec son arrivée, « la fête est finie », s’adressant aux instances européennes. C’est vrai, la fête est finie… surtout pour elle. Étant donnée la durée de vie moyenne des gouvernements en Italie, elle sera bien chanceuse si elle est encore là dans un an.

Malheureusement, une fois de plus, ce qui était un bon diagnostic (islamisation de l’Europe, immigration galopante et diktat de l’Union européenne) a conduit à l’élection de la mauvaise personne. Le vrai risque pour nous, c’est qu’elle va probablement discréditer la pensée souverainiste en France. Les médias auront beau jeu de l’exhiber en contre-exemple contre toute forme de patriotisme politique.

La politique italienne est un vaste de cirque, avec des clowns tristes, encore pire que les nôtres. Peut-être les Italiens ont-ils inconsciemment intégré que leurs politiciens n’ont plus aucune emprise sur la réalité, et ils s’amusent à voir leurs différents gouvernements exploser en vol, suite à des alliances politiques improbables, menées par des gens qui n’auraient normalement pas vocation à diriger un pays de cette importance, comme Beppe Grillo.

La prochaine étape consistera peut-être à faire revenir la Cicciolina. Âgée aujourd’hui de 70 ans, elle permettrait probablement à tout le monde de rigoler un bon coup.

Alain Falento

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ALAIN FALENTO

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3 Commentaires

  1. Elle n’aura aucune peine si elle en a la volonté !
    Bruxelles n’est fort que si on s’y plie, ce que d’ailleurs Zemmour a répété !

  2. Remarquable analyse. Je constate que Georgia n’a pas la haine de Macron et consorts, qui reste dans la retenue genre ” j’espère qu’on pourra travailler ensemble” de Macronescu dixit. Les médias sont dans un bonne retenue mais je sais que tout parti politique doit faire avec les médias aux ordres, sinon c’est nuit et brouillard sans jeu de mot, je pèse et pardon pour les victimes de l’époque . Sortir de l’équation ‘coucou les médias’ contre ‘les médias allez vous faire foutre’ n’est pas facile et toute nouvelle formation plus ou moins radicale est confrontée au problème, sortir du dénis. Si on passe à la moquerie, c’est que ça fonctionne, le stade suivant étant l’injure, puis l’attaque physique….

  3. Exactement ce que je me disais. Pour sortir un pays de la crise et du marasme dans lequel il s’enfonce et s’est enfoncé, il faut se dégager d’un certain nombre de règles qui entravent la mise en oeuvre de décisions drastiques, telle le règlement définitif de la question migratoire.

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