Education : une hirondelle ne fait pas le printemps… mais si c’était un début !

Caroline Goldman, docteur en psychologie pour l’enfant, défend une éducation dite « verticale ».

 

Vieux prof, j’ai assisté impuissant à la destruction de l’Education nationale, destruction à laquelle ont pris part non seulement les pédagos, mais les syndicats – de gauche – les plus représentatifs des enseignants (FSU/UNSA/SGEN-CFDT, etc.) et nombre d’enseignants par voie de conséquence…
L’Ecole par le plaisir, l’élève qui construit son savoir, et l’éducation à la citoyenneté tous azimuts !

L’Ecole ne manque pas de moyens, c’est l’Ecole en Europe pour laquelle il se dépense le plus d’argent par tête « blonde ». Ce qui manque, c’est un cadre éducatif exigeant et rigoureux comme celui ayant précédé les années 1970, cadre dont se souviennent attendris, nullement traumatisés, nombre d’élèves de cette époque !
Avant même la rémunération des enseignants, l’important est de leur rendre l’autorité et le respect qui leur est dû.

Par un miracle indicible, Sud Ouest, pourtant proche des mouvances « progressistes » à l’origine de la déchéance de l’Ecole, publie une interview  avec une docteur en psychologie* de l’enfant dénonçant la stupidité de « l’éducation positive »...
* Certes, on a d’autres psychologues, qui eux, postulent « l’éducation positive » mise en cause…
Je me souviens, un an après de la mise en place des premières zones d’éducation prioritaire, auxquelles a priori je n’étais pas opposé à condition que l’aide soit associée en retour à l’effort, il fut décrété que c’était la pédagogie de la réussite. Elle ne pouvait échouer… Tous les élèves en ayant bénéficié s’étaient ainsi mués en petits génies.

 

Caroline Goldman met les pieds dans le plat de l’éducation positive

Isabelle Castéra –

Caroline Goldman est une voix qui compte. Docteur en psychologie de l’enfant, la psychologue tord le cou aux « gourous » de l’éducation positive* et laxiste pour rappeler, avec un bon sens joyeux, que l’enfant a besoin de limites pour grandir. Interview salutaire.
* Si ça pouvait être vrai !

C’est parti. « Il est où mon cartable ? » « J’aime plus les Mielpops le matin » « Maman, j’ai mal au ventre » « Et si je suis pas dans la classe de Clara ? » « Tu crois qu’elle va être gentille ma maîtresse ? » « J’veux pas cette robe, elle est nulle » « Papa j’ai perdu mon portable ! » « J’ai encore envie de dormir », « Un dernier câlin s’te plaît… » Yes, les enfants sont enfin sortis de nos jambes pour retrouver le chemin de l’école, moment idéal pour retrouver nos marques ou réviser nos fondamentaux. Les modèles éducatifs évoluent, les conseils des spécialistes se multiplient dans la littérature, sur les réseaux sociaux, les blogs, dans les conversations. On en sort tous un peu plus paumés : « faut pas être trop sévère » ou « faut resserrer les boulons » « rien ne vaut une bonne fessée à l’ancienne » Aux pauvres pères et mères perdus au milieu de ce magma de théories fumeuses, émerge une femme, psychologue pour enfants et adolescents, docteur en psychopathologie, elle consulte depuis déjà 20 ans dans son cabinet à Paris. Caroline Goldman – oui oui, c’est bien la fille de Jean-Jacques mais ce n’est pas le propos ici – forte de son expérience de clinicienne et accessoirement de mère, puisqu’elle a quatre enfants, délivre quelques clés pour y voir plus clair.

À l’occasion de la rentrée scolaire, les parents remettent en cause leurs principes éducatifs. Trop permissif, trop sévère, existe-t-il un moyen terme ?

La culpabilité est inhérente à la parentalité et aucun parent n’y échappe*. Face à ce principe de réalité qui génère une forme d’inquiétude, de plus en plus de gourous médiatisés avancent une théorie très en vogue actuellement : l’éducation positive ou bienveillante dont l’idée maîtresse tourne autour de cette phrase « il est interdit d’interdire ». Comme si frustrer un enfant c’était le traumatiser. C’est tout le contraire, parce que pour traumatiser un enfant, il faut qu’il subisse un choc émotionnel, dans un environnement familial qui ne le soutient pas et qu’il ne sache pas mettre des mots sur ce choc. Éduquer un enfant, c’est se promener au paradis avec eux, en portant un extincteur sur l’épaule.
* : idem pour l’enseignant…

Pourquoi appelez-vous ces « spécialistes de l’éducation » des gourous ?

La plupart des personnes que je dénonce ont pignon sur les réseaux sociaux, n’ont pas la formation requise et s’autoproclament « spécialistes »*. Il s’agit de parents comme « Papapositive », ou Fanny Vella notamment, qui n’ont pas de qualification en pédopsychiatrie. Ils ont interprété des données de recherche, en les adaptant selon leurs critères, leurs fantasmes et surfent sur la culpabilité des parents pour vendre des méthodes qui peuvent être dévastatrices pour l’enfant.
* : Que dire des pédagos ?

Quels sont les risques s’il y en a ?

À force de menotter l’autorité des parents*, on se trouve face à des enfants devenus des tyrans, totalement inadaptés, puisque la parole des adultes est niée. À l’école ils sont ingérables, ils reproduisent leur tyrannie puisque personne ne leur a interdit de casser les jouets de la petite sœur, de lui balancer des petits pois sur la tête, de hurler pour réclamer un jouet au supermarché. Ils sont insupportables et souffrent de leur propre sauvagerie, parce qu’ils sont rejetés. La souffrance des enseignants aujourd’hui est liée à ce principe d’éducation positive, leur autorité est niée et l’irrévérence des enfants est relayée par les parents qui les soutiennent.
* et des enseignants !

Voyez-vous dans votre cabinet les stigmates de cette éducation bienveillante, sur des enfants, des adolescents ?

Énormément. Ces enfants ont été aimés, séduits et on ne leur a mis aucune limite, ils ont malmené leur petite sœur en toute légitimité et se trouvent désormais pris dans un piège socio-relationnel qui représente pour eux, une tragédie, parfois plus grande que des enfants qui ont connu de véritables carences affectives. Pourquoi ? Ils vivent le rejet tout le temps, ils ont une solide structure intellectuelle et la conscience aiguë de passer à côté de leur vie.

Que proposez-vous à la place de cette pédagogie du renoncement ?

Commencer tôt, autour d’un an, lorsque l’enfant lance des objets, jette la nourriture par terre, hurle et coupe la parole des adultes… Sans se fâcher tout rouge, on dit non, on dit pourquoi, et on amène l’enfant dans sa chambre. L’enfant intègre vite les limites, et dès 2 ou 3 ans il est calme, sait qu’on ne mord pas son petit frère par exemple, qu’on laisse parler les adultes entre eux… C’est par l’éprouvé de frustration que les règles s’intégreront.

Éduquer un enfant, c’est se promener au paradis avec eux, en portant un extincteur sur l’épaule.

Vive les activités extrascolaires !

Comment poser les fameuses limites ?

Il est important à certains moments clé, de rompre avec notre empathie émotionnelle face à nos enfants. Je m’explique : lorsqu’un enfant doit se faire vacciner et qu’il nous supplie de l’en dispenser, on ne cède pas. Face à certaines situations, notre cœur doit se refroidir pour le bien de l’enfant à long terme. Cette rupture d’empathie est nécessaire dans le quotidien, pour le futur de l’enfant, les parents doivent résister aux larmes de crocodile.

La rentrée est aussi la période où l’on inscrit les enfants aux activités extrascolaires, avec ce doute : trop ou pas assez ?

Jamais trop (1). Le temps de l’enfance est celui de l’apprentissage, je suis une passionnée des activités extrascolaires, il s’agit d’expériences enrichissantes pour les enfants. Mieux vaut multiplier les activités que traîner passivement à la maison, les enfants ont bien de temps pour s’ennuyer durant les vacances scolaires. Les activités, musique, sports, dessin, danse leur apportent de nouvelles compétences, une autre sociabilisation que l’école et une occasion supplémentaire de gratification. Formidable pour l’estime de soi.

À quel âge peut-on céder face à la pression du téléphone portable ? Et faut-il céder d’ailleurs ?

Diaboliser les écrans ne sert à rien car le rapport qu’entretient l’enfant avec l’écran est révélateur de ce qu’il vit. En clair, l’excès de téléphone et la dépendance aux réseaux sociaux ne font symptôme que lorsque l’enfant ou l’ado va mal. Je pense qu’un portable dès la 6e, c’est bien et en plus ça rend l’enfant heureux, plus indépendant. Mais avant de le lui confier, il faut en expliquer les dangers.

(1) Note de Christine Tasin

Merci à Jean-Marc pour cette belle rencontre. Je suis néanmoins en désaccord avec la psycholoque quand elle dit qu’il n’y a jamais assez d’activités extrascolaires. Je trouve au contraire que nos enfants manquent de temps à eux pour jouer, tout simplement, pour inventer, construire leur monde, leur imaginaire. Je vois trop de jeunes enfants pour qui mercredi et samedi ne sont que marathon, d’activité en activité… c’est trop.

Réponse de Jean-Paul.

Merci Christine pour pour la tendresse que tu as pour moi et que révèle le sympathique « Jean-Marc ».
Sans venir au secours de Mme Goldman, je crois que l’éducation, d’abord apanage des parents, ne doit pas être uniquement encadrée par l’Ecole. Qu’un enfant ait en plus une ou deux activités autres que scolaire, le judo qui va viriliser petit Paul n’en déplaise à « Sardine » et rendre Marie plus réactive aux noises que peut lui chercher un morpion*, que Louis et Julie fassent plusieurs années de musique et ainsi multiplier leurs connexions neuronales et développer leur intelligence est souhaitable si la famille (ou la commune) peut leur offrir.
* : il y a 4 ans de cela, une talençaise -ceinture verte- a envoyé au sol son voleur de portable ! Suite à cela elle a dit envisager de reprendre le judo qu’elle avait délaissé…

 

 

 

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7 Commentaires

  1. Quel est le problème que me pose cet article, bien que tout le diagnostic soit exact, évidemment ?
    – C’est que je ne crois pas du tout qu’il s’agisse d’erreurs !
    On ne se trompe pas pendant 50 ans , sans rectifier, alors que les résultats étaient visibles, très tôt.
    En outre, la théorie de la déconstruction date des années 60-70.
    De plus, tout a été, pièce par pièce, été détruit (économie, services, patrimoine vendu, éducation, hôpital, police, armée, enfin, aujourd’hui ce saccage est quasi achevé…pour moi, il n’y a aucune place pour l’attribuer à l’erreur…il a été planifié, d’ailleurs quand j’ai voulu dire que le niveau scolaire baissait (pour ne pas être désobligeant) on m’a intimé l’ordre de la fermer ! Non ! ce que nous devons découvrir et dévoiler; c’est bien qui et pourquoi avoir détr uit tous ces joyaux.

  2. L’éducation consiste à éduquer et non à imposer des normes sexuelles, à inculquer une Histoire revisitée par des idéologues inféodés à des groupes de pensée pervers qui ne pense qu’à détruire notre société.

  3. On a complètement cassé le patriarcat, avec Mai 68. Certains pères de familles étaient peut-être trop autoritaires, seulement maintenant c’est l’inverse. On est beaucoup trop laxiste. A l’école on ne peut plus mettre une heure de « colle », à un enfant. C’est de la maltraitance. Mettre une mauvaise note, à un Arabe, c’est raciste, etc. Tous les syndicats de gauche qui pleurent aujourd’hui, parce que le système est parti en vrille, ont méthodiquement au départ tout cassé.
    Quand on voyait des émissions TV, « Pascal le grand frère », ou des ados insultaient leurs parents, les frappaient physiquement. … Des comportements impensables il y a 40 ans.
    D’ailleurs cette émission a disparue. Toute vérité n’est pas bonne à dire.

  4. Et aussi, ils sont arrivés les parasites, les envahisseurs, les cafards dans les cours d’école pour taper sur les petits koufars et après on s’étonne que nos enfants ne veulent plus aller à l’école et que les notes baissent. Et là je ne parle pas de la destruction de l’enseignement.

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