« Thierry la Fronde », sur la Guerre de Cent Ans : en 1963, on divertissait tout en parlant aux jeunes de la souveraineté nationale

Thierry et ses compagnons, déclinés ici en carte postale Yvon. A côté de Jean-Claude Drouot sont assis Céline Léger et Clément Michu. Au-dessus, de gauche à droite, Jean Gras, Robert Bazil, Robert Rollis, Fernand Bellan et Bernard Rousselet.

« Thierry de Janville n’est plus, mais il reste Thierry la Fronde ! »

Par ces mots, un personnage et un acteur entraient dans la légende un dimanche de novembre 1963. Plébiscité par le public français jusqu’à sa disparition trois ans plus tard, Thierry la Fronde  imposa une déclinaison à la française des Robin des Bois  et autres Ivanhoë  anglo-saxons qui remportaient alors un joli succès des deux côtés de la Manche. En résistant à l’envahisseur anglais au début de la Guerre de Cent Ans, Thierry symbolisait peut-être, pour certains, la résistance de la télévision française à tous ces héros pimpants et bondissants des voisins d’outre-Manche.

 

 

Bientôt 60 ans plus tard, il est de bon ton de dénigrer cet « ovni » mal fagoté et tourné à la va-vite qui a eu l’honneur d’un beau coffret DVD mais n’est guère rediffusé par les chaînes. Et il est vrai que la série fleure bon le carton-pâte et la mise en boîte sans fioriture.

 L’heure est venue de retourner y regarder de près.

C’était la grande époque de l’ORTF. Un feuilleton sur la Guerre de Cent Ans. On voulait divertir tout en expliquant aux jeunes les enjeux de la souveraineté nationale.

Vous imaginez aujourd’hui le scandale ? Les apôtres de  » l’Europe  » et du wokisme dresseraient des bûchers !

Le générique…au galop !

Cette musique ! Elle donne une énergie incroyable,  comme celle qu’absorbe un chevalier avant de partir au combat !

C’est  Charles Martel au galop sur son cheval à la bataille de Poitiers !

 

A l’origine de Thierry la Fronde se trouve Jean-Claude Deret. Ce Parisien né le 11 juillet 1921 va exercer son métier de comédien au Canada durant neuf années. « Je suis revenu en France en 1959 », se rappelle-t-il dans les pages de Télé 7 Jours.

« J’ai revu à la télévision tous les feuilletons que j’avais déjà vus là-bas : Ivanhoe, Lancelot du Lac, Guillaume Tell. J’ai trouvé bizarre que la France ne puisse pas produire un feuilleton tiré de sa propre histoire. Mes souvenirs d’enfance me sont revenus en mémoire, et j’ai décidé de créer un personnage imaginaire. Guillaume Tell avait une arbalète, Lancelot une lance, et Ivanhoé une épée. Mon héros, lui, aurait une fronde. Le prénom, Thierry, me vint comme ça parce qu’il sonnait bien avec la fronde. »

Son enfance, comme le rappellent Jean-Jacques Schléret et Jacques Baudou, Deret l’a passée dans un village situé entre Bourges et Blois, Mennetou-sur-Cher :

« Dans un tel lieu pétri d’histoire, plutôt que de jouer aux Indiens, les enfants de Mennetou jouaient tout naturellement à la guerre de Cent Ans. »Pourquoi ? Parce que Jeanne d’Arc y passa une nuit, sur la route d’Orléans, qu’elle allait délivrer de l’envahisseur anglais.

 

Deret situe donc son histoire durant la longue guerre qui opposa les armées française et anglaise pour la possession des territoires de France. L’action commence en 1360, alors que la Sologne est occupée par les hommes du Prince Noir, alias Edouard, Prince d’Angleterre, fils d’Edouard, Roi d’Angleterre (le même comédien, Jacques Couturier, aura l’occasion de jouer le père et le fils dans la série). Le Roi Jean, le Bon, est alors prisonnier des Anglais et son peuple se soucie de réunir l’argent qui paiera sa rançon : des prémisses très semblables à celles de Robin des Bois, qui s’impose évidemment comme l’un des modèles de Thierry la Fronde.

Le héros est un jeune seigneur de Sologne, Thierry de Janville, qui ambitionne d’aller libérer le roi Jean mais est trahi par son propre intendant, le félon Messire Florent, qui le livre aux Anglais en échange des terres et du château de Janville.

Le seigneur devient alors hors-la-loi et entend bouter l’Anglais hors de sa Sologne, puis hors de France, avec l’aide d’une bande de joyeux drilles qu’il a tôt fait de réunir autour de lui. A cette intrigue s’ajoute la composante romantique puisque Thierry est amoureux de la belle Isabelle, une fille de village, nièce de l’un de ses compagnons, Martin. Entre Isabelle et Thierry, c’est une sorte d’amour impossible : il est noble, elle n’est rien, sinon l’innocence, la fraîcheur et la générosité faites femme. C’est d’ailleurs à sa propre femme, Céline Léger, que Deret confie le rôle d’Isabelle, tandis que lui-même endosse l’habit du traître Florent, un méchant que la France entière adorera bientôt haïr (bien avant J. R.).

Thierry conquérant 

Le fait est que, dès sa première diffusion, le dimanche en fin d’après-midi, à partir du 3 novembre 1963, Thierry la Fronde rencontra un succès foudroyant.

8 février 1964, la couverture de Télé 7 Jours, avec J.-C. Drouot et Céline Léger

Du jour au lendemain, Jean-Claude Drouot devenait une star, faisait les couvertures de Télé 7 Jours et bientôt de Télé-Poche, incarnant pour nombre de jeunes damoiselles du XXème siècle le chevalier idéal, courtois, ténébreux, romantique et courageux, tandis que sa bande exprimait une joie de vivre et un « retour à la nature » que l’on retrouve à bien des époques, nonobstant la célébration de la résistance à l’envahisseur à l’époque où les programmes anglo-saxons commençaient à remplir les cases de l’unique chaîne de télévision française.

La musique de Jacques Loussier, évidemment reprise en chœur par les enfants aux yeux écarquillés d’admiration devant leur héros bondissant, n’était pas pour rien dans cet engouement et continue de faire le bonheur des éditeurs de compilations.

Qu’on l’aime ou qu’on l’abhorre (car les deux camps existent), Thierry reste une forme de symbole, un pionnier en matière de série à la française, une référence incontournable, même si ce n’est pas pour sa qualité.

Une halte avant l’action pour Thierry de Janville

Merci à https://arretsurseries.over-blog.com/2021/07/thierry-la-fronde-la-serie.html

 

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21 Commentaires

  1. Oui, de bons souvenirs.

    J’adorais pour ma part les films ou feuilletons (je ne sais plus) avec les Croisés…. J’étais enfant, il m’en reste une image ancrée dans mon esprit : il y en a qui se faisaient toujours avoir face à la félonie et l’hypocrisie des ennemis…. Devinez qui ? Mais les bons, après avoir compris, finissaient toujours par gagner !

  2. Perso, j’ai bien aimé et je crois que j’avais 5 ou 6 ans. Je suis né en 1964.

  3. Si je ne me trompe pas, la dernière rediffusion de « Thierry la Fronde » remonde à 1989. Je crains qu’il faille attendre encore de nombreuses années pour qu’on assiste un jour à sa rediffusion sur nos chaines hertziennes…

    • On peut tout retrouver sur internet comme les Bannis ou Manix ou au nom de la loi etc…
      Bon, comme les gamins sont élevés par des trucs de débiles et ont tous leurs smart à 12 ans, ils ne se développeront pas comme nous mais c’est un réel plaisir que de retomber parfois dans mes petites années.

  4. Bon, allez, personne pour me dire que JC Drouot est Belge ?
    C’était juste pour voir si vous suiviez ! 😉
    Encore un Belge plus Français que certains natifs de France… Et pourtant ce « cousin » est resté Belge. J’adore la belgitude.

    Grace au HERGÉ de ma jeunesse, celui à qui je dois le surnom de Rascar Capac que je donne à la mère macron/trogneux : même corpulence, même dentition, et bientôt même âge…

    Ah zut, je me suis encore éloigné du sujet. Pfffff…

  5. Que des Français sur la photo, à l’image de la population d’alors, la SEULE LEGITIME. Et le pseudo-occupant anglais, vestige de guerres civiles du passé européen, pouvait être joué par des Français (et vice-versa) sans qu’on y voit rien, puisque nous sommes deux variations d’un même peuple, d’une même race. Quel rapport ont nos Occupants du tiers-monde avec NOTRE Histoire commune ? Absolument aucune et ils le savent. Incapables de se délivrer tous seuls, malgré leurs mythes nostalgiques de Résistance, les Européens français ont intérêt à se souvenir qu’il y a d’autres Européens debout, comme les Russes, qui ne tolèrent pas cette dégénérescence organisée. Moi qui redoutait des parachutistes russes pendant la Guerre Froide de mon enfance, je les accueillerais en libérateurs aujourd’hui, prêt à mettre la main à la patte. Je ne serais pas le seul.

  6. Pour l’adecdote,
    JC Drouot venait avec sa Simca 1000 dans une ferme de ma connaissance dans l’Eure et un grand verre (Pyrex) de Calvados fermier ne lui faisait pas peur !

    Un Français.

    Un garçon impressionnant alors qu’il était tout simple. Je ne ratais aucun épisode de Thierry la Fronde, d’autant que mon frère s’appelle Thierry.

    Oui je sais, j’avais prévenu, c’est juste pour l’anecdote ! 😆

    • Je m’appelle également Thierry et je crois que je lui dois mon prénom, vestige du moyen Moyen-Age, remis à la mode par JC Deret dans les années soixante- et repassé de mode depuis. C’est le nom de quatre des premiers rois de France. Quelles bonnes têtes respirant la joie de vivre ont ces acteurs sur la carte postale… Nous disparaîtrons ou rétablirons -de vivre force – la suite de ces temps heureux (et jamais parfaitement).

  7. Janville, maintenant Janville-en-Beauce, village de l’Eure et Loir se vante d’être « Le village de Thierry la fronde » pour faire venir les touristes. Un peu comme au château d’If on montre la cellule d’Edmond Dantès et celle de l’abbé Faria…

  8. Et quelques années plus tard nous avions Thibaut des Croisades, avec un générique du tonnerre, et les fourbes Sarrasins avec leurs vieux cimeterres aussi tordus que leur esprit, réduits en purée par Thibaut tout de blanc vêtu. Un feuilleton pareil serait impensable aujourd’hui !

    • Bonjour,

      Oui, j’ai pensé à cette série, aussi.

      La série n’était pas terrible, mais le générique était extraordinaire.

      Oui, c’est cela notre honte : c’est que les nouveaux venus et leurs complices gauchos nous empêchent de raconter note Histoire, à nous.

      Pendant que les mêmes, les musulmans, en particulier, se glorifient de leurs crimes contre nous, sur notre sol.

      Iquioussen le premier …

      • C’était un temps pionnier sans grand moyens. Un feuilleton, comme on disait encore en français jusqu’au années 80, avant que l’analphabétisme ambiant ne le remplace par l’américanisme »série ». Quand on regarde d’autres « séries » de l’époque, aussi mythiques que « The Prisoner », « Dangerman » ou « The Avengers » (les vrais, pas la guignolade inflationiste à images de synthèse qui ne sait plus ou s’arrêter et sauve à présent le « Multiverse of madness » (au diable l’avarice), ces productions artisanales souffrent nécessairement de la comparaison. Comme souffriront peut-être les nôtres quand nos descendants auront la 3d réelle (et pas mensongère) surround avec diffusion d’odeurs et simulation de vibrations ; eux-mêmes plaints par leurs descendants ayant des psycho-oniro simulateurs avec immersion totale et déréalisation totale.

    • @Tyler, justement j’en parlais !

      @Antiislam, cette série me passionnait pourtant. Esprit un peu lyrique peut-être alors (?). N’empêche que les sentiments que cela m’inspirait et m’ont marquée enfant, ne semblent pas loin d’une certaine réalité…

  9. – Le feuilleton a eu du succès aussi car Thierry portait un collant très serré qui mettait en valeur le postérieur de l’acteur à l’époque de la censure gaullienne.
    – Nous chantions à l’école une parodie de l’air de Thierry la fronde que nous avait apprise notre instituteur « j’ai une fronde en matière plastique, je l’ai acheté à Prisunic… »
    – Il existe une perle, un épisode de Noël rediffusé une seule fois dans Rembob’ina, qui se passe à l’époque actuelle où le descendant de Thierry se fait voler par des cambrioleurs anglais la médaille de son ancêtre.

    • L’instituteur confondait probablement, comme beaucoup, fronde et simple lance-pierre. je serais très curieux de voir cet épisode anachronique. La mode apparaissait lors dans ce qu’on n’appelait pas encore des « series », à l’américaine. Aujourd’hui, loin de ces vieilles querelles internes franco-anglaises, ce serait un Africain ou un Maghrébin (ou autre exotique improbable) qui volerait, de façon plus réaliste, le descendant du Français légitime Thierry la Fronde.

    • La suite est: « que j’ai acheté au prisunic, à 100 balles, c’est pas mal ! » Houla, que de souvenirs. J’étais tout môme, nous n’avions pas la tele, mais souvent le dimanche soir, nous dinions chez des amis qu’ils l’avait et je me regalais devant ce feuilleton magique. Merci de nous en avoir reparlé.

  10. Bonjour,

    Oui, un grand merci Jules pour cette évocation qui me remplit de nostalgie.

    J’adorais cette série et ses « Godons » !

  11. Merci Jules Ferry. Que de souvenirs. L’époque où notre France était encore un pays digne de ce nom! Et pas ce gloubi-boulga qu’on veut nous imposer. Beaucoup d’acteurs de cette saga sont morts. Restent Robert Bazil (100 ans), Rousselet, et J-C Drouot. Je me rappelle encore cette musique, entraînante. Avec elle, j’ai envie de crier sus aux envahisseurs!

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