Leonard Bernstein pianiste et pédagogue

 

Pour ce nouvel article consacré à Leonard Bernstein, nous allons faire connaissance du pianiste. Le répertoire pianistique de Lenny est en fait relativement limité, au contraire d’un Daniel Barenboïm qui a su mener de front une carrière de pianiste ET de chef d’orchestre. Mais Bernstein avait un emploi du temps chargé : chef d’orchestre, professeur, réalisateur d’émissions pour les enfants, écrivain, compositeur, il ne faut pas s’en étonner ! Et dans la plupart de ses enregistrements audio ou vidéo, Bernstein est À LA FOIS pianiste et chef. Il a cependant enregistré un quintette de Schumann, un quatuor de Mozart et des lieder de Mahler où il accompagne Dietrich Fischer-Diskau (CD introuvable aujourd’hui !).

C’est avec le concerto n°17 de Mozart que nous allons commencer ce voyage musical, les œuvres proposées sont par ordre chronologique :

Sans transition, comme on disait aux Guignols de l’Info, voici le premier concerto pour piano et orchestre de Beethoven, enregistré à Vienne en 1970 :

Pour information, le premier violon (juste derrière le pianiste) est Willy Boskovsky, décédé en 1991. Il a dirigé les concerts du Nouvel An à Vienne de 1955 à 1979.

On va sauter dans le temps et se propulser au vingtième siècle, exactement en 1924, avec Rhapsody in blue de George Gershwin :

Cinq ans plus tard, Maurice Ravel écrit comme le Concerto en sol :

Et voici Lenny en septembre 1975 à Paris. Rappelez-vous, je vous avais dit dans mon premier article consacré à Bernstein, que je l’avais rencontré à Salzbourg moins d’un mois auparavant et qu’il m’avait annoncé sa venue à Paris pour septembre. Donc je suis quelque part dans la salle ! Mais tout de suite après le concert, je me suis précipité vers les coulisses pour rencontrer le maestro, et voilà la conversation que j’ai eue avec lui, je ne l’oublierai jamais :

« – Vous vous rappelez le mois dernier à Salzbourg, quand je vous avais dit que je serais là aujourd’hui ?                                                                                                                                                  –  Oui je me souviens très bien, c’est vraiment gentil d’être venu à mon concert ! Que me donnez-vous à signer ? Oh les symphonies 95 et 96 de Haydn ! J’aime beaucoup cette musique, vous avez très bon goût. Good Luck !  (Et il me serre la main). »

Cet échange prouve, s’il en était besoin, la grande humanité mais aussi la grande simplicité dont était capable cet homme d’exception. Aujourd’hui on frétille comme un poisson rouge dans son bocal parce qu’on a croisé Joey Starr dans la rue. Eh bien moi, j’ai discuté avec un des plus prestigieux musiciens du vingtième siècle, na ! À chacun ses repères. Au fait, avez-vous remarqué que le Concerto en sol commence par un coup de fouet ? Ça me rappelle quoi ? Ah oui Maalouf, alias Pignouf ! Sur l’image de présentation de l’article, la signature du maestro sur la pochette du 33 tours.

Pour terminer avec Bernstein pianiste, voici en fichier audio le second mouvement, magnifique, du deuxième concerto pour piano et orchestre de Dimitri Chostakovitch, écrit en 1957 et dédié à son fils Maxime. Cette musique s’entend dans le film Le pont des espions, de Steven Spielberg (une histoire vraie, à voir absolument !) et dans le film Fantasia 2000, des studios Disney (c’était avant qu’ils ne se lancent dans la théorie transgenre) :

 

Je ne vais pas terminer l’article par un flash mob mais par un par un de mes coups de cœur ; il s’agit de la seconde symphonie de Tchaïkovski dite Petite Russie, écrite en 1872 et révisée en 1879. On retrouve Lenny à la tête de son orchestre préféré, celui de New York. Même s’il a démissionné en 1970 du poste de chef permanent de cette formation, il reviendra régulièrement le diriger jusqu’à sa disparition le 14 octobre 1990. La symphonie dure 30’25 ». Avec Valery Gergiev, 37 minutes. Cette différence de durée est considérable, c’est dire si le chef américain est déchaîné notamment dans le quatrième mouvement, un véritable maelstrom sonore avec timbales, grosse caisse, cymbales, et tam-tam. Attention, quand je parle du tam-tam, il s’agit d’un instrument d’origine orientale et qui ressemble au gong, rien à voir avec l’Afrique, n’est-ce pas…Truc ? La différence entre le gong et le tam-tam (ou tamtam), est que le gong peut produire plusieurs sons et un seul pour le tamtam. Ce dernier a été utilisé par Tchaïkovski plusieurs fois : Symphonie pathétique, Ouverture Hamlet, Francesca da Rimini.

Cette musique est de circonstance : il s’agit d’une œuvre écrite par un Russe, qui utilise plusieurs thèmes du folklore ukrainien et qui est interprétée par des Américains, le symbole est sympa, je trouve, non ?

Pour en revenir à cette interprétation : l’enregistrement date des années 60 et n’a pas pris une ride. Dans le mouvement final, l’orchestre est littéralement chauffé à blanc (les violons et le piccolo ne sont pas à la fête !). Pour arriver à un tel résultat, la symbiose entre le chef et l’orchestre doit être totale et c’est le cas. Je vais sans doute passer pour un iconoclaste, mais cette version est la seule que je puisse entendre, les autres m’ennuient (à par peut-être celle de Riccardo Muti, plus longue de deux minutes et en ligne sur le site symphony7526 avec la partition pour celles et ceux que ça intéresse…bon je suis sympa je mets le lien).

Oh mais j’avais oublié le titre ! Bernstein pédagogue ! Voici comment il explique de quelle façon Beethoven a construit le premier mouvement de sa cinquième symphonie :

Et on ne peut laisser Lenny sans parler de ses talents d’écrivain, il a publié plusieurs ouvrages dont certains ont été traduits en français, comme La question sans réponse.

 

 

 

 

 

 

 

 6,465 total views,  1 views today

image_pdf

3 Commentaires

  1. Très talentueux, sans aucun doute, mais aussi honorable correspondant du KGB, accessoirement amateur de « jeunes gens » disent les mauvaises langues. Que voulez-vous, personne n’est parfait! 😉

  2. Quelle leçon extraordinaire sur Beethoven par le génial Bernstein !
    Merci.

  3. Merci Filoxe. La musique adoucit les mœurs, mais pas n’importe laquelle. On comprend pourquoi les amateurs de Rap sont si enragés !

Les commentaires sont fermés.