Des cours d’orthographe en université, ce n’est malheureusement pas nouveau… Que dire du calcul ?

Dans le Figaro-étudiant,  Aude Denizot auteur de «Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ?», dresse le bilan catastrophique du niveau de ses étudiants. Elle a imposé des cours d’orthographe dans son université du Mans. 
Elle en formule les causes… 

Vieux prof de math-sciences physiques (Ex-CET puis LEP et LP*), puis de physique-chimique, je déplore l’équivalent en calcul et des causes semblables…
* une évolution qui exprime la démagogie qui est la règle dans l’enseignement.


……….
Orthographe: une professeur d’université  s’alarme du niveau des étudiants et dénonce.l’usage abusif des photocopies à l’école

Par Paul-Henri Wallet • Publié le 

ENTRETIEN – Dans son livre «Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ?» Aude Denizot, dresse un bilan catastrophique du niveau des étudiants français. L’enseignante a imposé des cours d’orthographe à l’université.

Après plus de 20 ans passés à corriger des copies au lycée et à l’université, Aude Denizot, professeur de droit à l’Université du Mans, a pu observer le déclin du niveau de ses étudiants en orthographe. Dans Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ? (Enrick B éditions), l’enseignante passe en revue les causes de la baisse du niveau et identifie un coupable majeur : la photocopie*. Elle démontre ainsi comment son usage abusif au détriment de la copie manuscrite réduit considérablement les progrès des jeunes Français.
* : Utilisée partout, dans toutes les matières. De façon générale, c’est la recherche de la facilité, du confort !

LE FIGARO ETUDIANT. Le déclin des étudiants en orthographe est-il vraiment alarmant ?

Aude DENIZOT. J’ai commencé à enseigner à l’université en 2000. Et depuis cette époque, j’observe le niveau baisser via les 400 à 500 copies que je corrige chaque année. Je vois aujourd’hui des fautes sur des points de grammaire élémentaires que je n’aurais jamais vues au début de ma carrière*. Une règle aussi basique que celle du à/a est de moins en moins maîtrisée. De même, j’observe chaque année davantage de phrases incompréhensibles ou illisibles. Nombre d’élèves n’ont plus les bases. Ces dernières années nous avons imposé des cours d’orthographe à nos étudiants de licence. Nous avons été forcés de constater que malgré un travail régulier et une très bonne volonté, une partie significative ne faisait aucun progrès notable entre la première et la dernière dictée de l’année**. Autrefois les élèves qui faisaient des fautes étaient souvent des élèves médiocres. Aujourd’hui on trouve des fautes élémentaires dans les copies de nos meilleurs élèves.
* : En 1973, mes élèves de 1ère année CAP mécanique issus de 5ème de transition (le 3ème niveau des élèves de collège) écrivaient, pour une bonne partie, bien mieux que mes élèves de seconde générale de lycée en 2009, ma fin de carrière.
** : l’esprit n’est plus formé à se corriger, à évoluer malgré le fameux “construisez votre savoir” seriné aux élèves… Et dire qu’ils vont devoir s’adapter à l’évolution de la société !!!

Vous mettez en cause l’usage des exercices photocopiés et des fichiers à l’école primaire. Pourquoi est-ce contreproductif ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, un élève qui copie intégralement son exercice de grammaire écrit 50 mots là où celui qui remplit un texte à trous sur une photocopie n’en écrit que 12. La photocopie donne une illusion de rapidité. En réalité, l’élève ne développe pas sa capacité à écrire vite et bien. De même, la photocopie donne une illusion de propreté. L’enseignant sera toujours moins heurté par 12 mots mal calligraphiés au milieu d’une fiche que face à un paragraphe manuscrit entièrement sale* (Et je rajoute, ordonné). L’usage des photocopies n’est pas seulement néfaste dans les exercices de grammaire. Employé dans bien des matières pour gagner du temps, il réduit considérablement le travail passé à copier des leçons. Or ce travail de copie est fondamental pour développer des automatismes et apprendre à construire des phrases correctes.
* : J’ai toujours contraint mes élèves à rédiger leurs problèmes, le critère : la résolution du problème se comprend et peut être vérifiée sans avoir à se rapporter au texte, ce qui était devenu très difficile les dernières années. Je suis opposé aux successions de calculs sans présentation comme autant de hiéroglyphes devenant rapidement incompréhensibles.

Quelles sont les autres causes du déclin du niveau en français des étudiants?

On a souvent renoncé à l’exigence et aux exercices difficiles par peur d’ennuyer les enfants. Or c’est en étant exigeant qu’on stimule leurs cerveaux et qu’on les fait grandir. Il est ainsi dommage que les enfants ne soient sanctionnés en orthographe qu’à l’occasion des dictées, et des cours de grammaire. L’élève qui ne perd aucun point pour son orthographe dans les autres matières et ne développe pas d’automatismes et peinera toujours davantage à écrire sans faute. Par ailleurs, nous ne pouvons qu’être inquiets devant la baisse du nombre d’heures accordées à la grammaire au primaire et dans le secondaire. L’omniprésence des écrans est une cause de la baisse générale du niveau des élèves et les correcteurs orthographiques n’incitent pas à la vigilance*. Cependant les écrans n’entrent pas avant le collège dans le monde scolaire**. Ils ne peuvent être rendus responsables lorsque les élèves ne maîtrisent pas les règles de base apprises en primaire.
* : D’autant que la confiance à un correcteur est limitée bien qu’utile, il ne peut tenir compte de la correction du texte, des nuances, de l’esprit du texte, de jeux de mots, etc…
** : Effectivement, devrait s’appliquer à tout ce qui est calcul dans le primaire, une utilisation limitée et conditionnée des calculettes et ordinateurs pour le premier cycle du secondaire. Dans le 2ème cycle adjoindre une formation à la maîtrise des ordres de grandeur (essentielle pour les scientifiques et la préparation au supérieur).

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite surmonter ses difficultés en orthographe ?

La première chose à faire est de revenir à une prise de notes manuscrite. Je conseille aussi de faire des exercices types Bled dans lesquels on recopie des phrases complètes et pas uniquement des mots-clés. Ces exercices peuvent être effectués en auto-correction mais il est bon de s’appuyer sur une grand-mère qui dispose d’une bonne orthographe pour les reprendre. La dictée reste un excellent exercice à pratiquer sans relâche pour bien progresser. Il est également nécessaire de relire systématiquement tout ce que l’on est amené à écrire. Il faut que cela devienne une hygiène de vie d’aller traquer les fautes dans ses copies mais aussi dans ses courriels et jusque dans les moindres SMS. Je crois que c’est justement en s’obligeant à reprendre ses erreurs au quotidien qu’on acquiert le réflexe de les corriger dans ses copies.

 1,040 total views,  1 views today

image_pdf

8 Commentaires

  1. Vous n’allez pas me croire, une de mes filles est ingénieur et ne fait pas de fautes d’orthographe.Elle révise régulièrement les règles d’orthographe et de grammaire.Bien qu’ingénieur elle est passionnée de littérature.

  2. Excellent remède au déficit orthographique :faire de la copie, tout simplement. Car la seule dictée, qui tombe sur les élèves comme un pavé redoutable et redouté, même si elle a été préparée, n’est pas efficace.
    J’ai souvent conseillé la copie à des parents désespérés par l’orthographe de leurs gamins qui avaient des notes “négatives” en dictée, pourtant préparée. Mais ils finissent par y voir une sorte de fatalité .Faire de la copie, un peu tous les jours, surtout s’il y a quelqu’un de fiable pour contrôler, leur fait reprendre confiance en eux.

  3. Pour les puristes, le Grevisse, ou Le bon usage, est un bon manuel. Avoir un Bescherelle et un Bordas, ce n’est pas mal non plus. Le Bled permet de s’exercer. Je pense qu’acquérir une bonne orthographe commence par l’amour de la langue française. Pour consoler tout le monde, je me souviens d’un carton apposé dans l’entrée de l’immeuble où j’habitais à Paris, rue Doudeauville, rédigé par notre concierge, qui levait pas mal le coude, et qui disait : la mutinerie est kassée. On pouvait comprendre qu’une révolte des locataires avait été brisée net, ou, en extrapolant, que l’éclairage de l’entrée ne fonctionnait plus. C’était en 1972. Cinquante ans ont passé.

  4. Hi, hi ! C’est tout-à-fait l’image et les résultats de l’EN depuis mai 68.

    • J’ai connu, dans les années 70, des professeurs de français qui faisaient des fautes et d’orthographe et de grammaire. Quant à la qualité de leur enseignement ,il est facile d’imaginer le désastre, d’autant que ces enseignant(e) sévissaient également en histoire, en géographie, et parfois en anglais.

  5. Des cours d’orthographe en licence!!!
    A ce stade autant supprimer l’université, ça fera des économies.
    J’ai conservé un vieux Bled, on aura du boulot pour reconstruire la France de demain!

  6. Le bac sert à quoi? A donner à des jeunes des illusions puis ils deviennent des frustrés à force de rater leurs études à l’université.
    Il faut être élitistes dès avant le bac.

    • Avec 95 % de succès au Bac en 2021 ça veut dire que les moins bons sont vraiment mauvais.La France est un pays en voie de sous développement.
      Tout s’enfonce sauf la dette qui s’envole.

1 Rétrolien / Ping

  1. Des cours d’orthographe en université, ce n’est malheureusement pas nouveau… Que dire du calcul ? | Espace détente, poésie, judaïsme et lutte contre la désinformation

Les commentaires sont fermés.