Michel Bouquet dans « Le Serpent » de Henri Verneuil (1973)
Michel Bouquet
Ce très grand acteur français est né le 6 novembre 1925 et mort le 13 avril 2022.
Il a intégré le Conservatoire d’art dramatique de Paris (75) en 1943, en compagnie de Gérard Philipe et a été un compagnon de la première heure de Jean Anouilh au Théâtre de l’Atelier, puis de Jean Vilar au TNP et au Festival d’Avignon.
Ce monstre sacré du théâtre est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands acteurs français.
Il n’a jamais eu d’enfant et n’a aucun lien de parenté avec l’actrice française Carole Bouquet.
Comédien prolifique, raffiné, parfois énigmatique et troublant, Michel Bouquet a alterné théâtre et cinéma, tout en affirmant préférer les planches à l’écran.
Glabre. Livide. Raide. Engoncé…
Comme Michel Bouquet l’avouait dans son livre d’entretien avec Charles Berling (Les Joueurs), de rares cinéastes français avaient su se servir « de ce côté monolithique qui [lui] vient du théâtre ».
L’un, en particulier, Claude Chabrol, qui l’enrôla trois fois en trois ans, pour incarner le bourgeois lisse, froid, impénétrable, sous le masque duquel dorment des eaux tourmentées.
Nous vous proposons un florilège avec des bandes-annonces et un lien de streaming pour un film complet, Renoir.
La Femme infidèle de Claude Chabrol, en 1968, avec Stéphane Audran, Michel Bouquet, Maurice Ronet…
Stéphane Audran et Michel Bouquet dans « La Femme infidèle » de Claude Chabrol (1969).
À deux reprises, dans La Femme infidèle et Juste avant la nuit, Chabrol lui donne le rôle d’un assassin. Dans le premier, il liquide l’amant de sa femme (Maurice Ronet) lors d’une scène mémorable où une violence imprévisible déferle soudain sur son visage impassible, filmé en gros plan. Dans le second, il étrangle sa maîtresse (la femme de son meilleur ami) lors de jeux sadomasos…(Le Point).
Borsalino de Jacques Deray en 1970, avec Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Michel Bouquet, Catherine Rouvel…
Un condé d’Yves Boisset en 1970, avec Michel Bouquet, Françoise Fabian, Henri Garcin, Michel Constantin…
Michel Bouquet dans « Le Serpent » de Henri Verneuil (1973)
Deux Hommes dans la ville de José Giovanni en 1973, avec Jean Gabin, Alain Delon, Michel Bouquet…
Le « Jouet » (1976)
Le PDG du « Jouet » (1976) de Francis Veber s’inspire de Marcel Dassault quand il renvoie un employé aux mains moites ou achète une maison à ses propriétaires s’ils partent dans la minute… La scène entre Michel Bouquet, le PDG tyrannique, et Jacques François, rédacteur en chef servile, évoquent parfaitement les conséquences de la lâcheté. Elle se termine par la question : de nous deux qui est le monstre ? Le dictateur ou l’esclave volontaire ? Sans choisir entre Charybde et Scylla, on peut remarquer que toute ressemblance avec des personnes et des faits réels ne relève d’aucune coïncidence dans la période actuelle. (442)
Les Misérables de Robert Hossein en 1982, avec Lino Ventura, Michel Bouquet, Jean Carmet…
Dans Les Misérables de Robert Hossein, il est l’inspecteur Javert, le fin limier que Victor Hugo comparaît à un chien policier qui pourchasse inlassablement Jean Valjean, sa proie. «Je n’ai pas la peau de Javert, se défendait-il auprès du réalisateur en 1982. Mais il s’est battu pour que je le fasse et en le faisant, je me suis habitué (…). Dans le fond, il a peut-être eu raison de me le demander. Mais ce n’est pas un rôle que j’affectionne particulièrement».
Toto le héros de Jaco Van Dormael en 1991, avec Michel Bouquet, Jo De Backer, Thomas Godet…
Le réalisateur belge Jaco Van Dormael lui offre un rôle de raté grandiose dans Toto le héros, César du meilleur film étranger en 1992. Il incarne Thomas, un géomètre à la retraite, persuadé d’avoir été échangé à la maternité avec Alfred, son voisin d’enfance, élevé dans une famille aisée. Enfermé dans ce fantasme d’une existence volée, Toto, impénitent rêveur, passe à côté de sa vie.
Comment j’ai tué mon père d’Anne Fontaine, en 2000, avec Michel Bouquet, Charles Berling, Natacha Régnier…
C’est «grâce à Anne Fontaine», seule femme à l’avoir dirigé, que Michel Bouquet confiait avoir enfin compris le cinéma. «Fallait-il une femme pour obtenir cet accouchement d’un vieil acteur de 75 ans?», disait-il. Dans Comment j’ai tué mon père, il joue un médecin qui réapparaît dans la vie de son fils (Charles Berling) trente ans après avoir abandonné sa famille pour soigner des malades en Afrique.
Sans aucun sentimentalisme, le film décrypte le manque tragique de relation chez les deux hommes. À la fois père réel et père fantasmé, Michel Bouquet est au sommet de son art.
Le Promeneur du Champ de Mars de Robert Guédiguian, en 2005, avec Michel Bouquet, Jalil Lespert, Sarah Grappin…
Dans Le promeneur du Champ-de-Mars de Robert Guédiguian, il incarne Mitterrand, «tombé dans une solitude absolue» deux ans avant de mourir d’un cancer. «Il y a du personnage de roman chez Mitterrand», expliquait l’acteur. «Si le film est une fiction sur Mitterrand, c’est aussi un document sur l’art de Michel Bouquet», affirmait Robert Guédiguian. Et d’ajouter : «Si ça n’avait pas été Michel Bouquet, je ne crois pas que j’aurais fait le film. Michel Bouquet a une théâtralité naturelle (…) Pour ce rôle, il fallait une majesté (…)».
Renoir , de Gilles Bourdos, en 2014, avec Michel Bouquet, Christa Théret et Vincent Rottiers.
Lien streaming : https://wwvv.cinez.biz/8954-renoir-EWJ0.html
Il avait accepté de jouer Edmond Renoir dans Renoir. Parce qu’il avait adoré le scénario de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond. Le film, certes un peu académique, entremêle avec subtilité l’histoire du père, peintre, au soir de sa vie, et du fils, cinéaste en devenir (incarné par Vincent Rottiers), sur fond de guerre de 14-18. Bouquet a adoré jouer Renoir, pour son paradoxe : un peintre du bonheur qui n’était que souffrance. Il admirait que l’artiste soit toujours dans l’émotion pure et surtout, comme lui, qu’il suive sa ligne et que, rien, et surtout pas l’air du temps, ne l’en fasse dévier.
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Bonjour,
Oui, en effet, il est très bon dans son genre, en tant que moine/professeur dans le film « Les amitiés particulières » (1964) de Jean Delannoy.
Bien à vous
Encore un grand homme qui s’en va. Un des meilleurs. Par contre, ils sont remplacés par des minables, de petits acteurs tout juste bons à jouer dans les pièces de patronage paroissial avec l’abbé Cassine comme metteur en scène.
Il a joué aussi le prêtre dans « Les amitiés particulières », absolument excellent..il donnait la réplique à Louis Seigner notamment..