Merde au politiquement correct, je rends hommage à la musique russe et notamment à Gergiev

Eh bien oui, avec ce qui se passe en Russie et en Ukraine, je dis merde au politiquement correct ! Pour cette raison, mon article sera consacré à de la musique russe dirigée par le très grand chef Valery Gergiev, né le 2 mai 1953 à Moscou.

Donc sans transition, comme on disait aux Guignols de l’info, voici l’ouverture de Russlan et Ludmilla, opéra composé par Mikhaïl Glinka (1804-1857) entre 1837 et 1842. Gergiev démarre sur les chapeaux de roues. Comme baguette, il utilise un cure-dents !

 

Malgré sa renommée internationale, cela fait des années que l’on reproche à Gergiev sa proximité avec Vladimir Poutine et entre autres d’avoir approuvé l’annexion de la Crimée. En 2017, Gergiev dirige le concert traditionnel du 14 juillet au Champ-de-Mars et voilà ce qu’écrit le Huffington Post : « Le choix de ce chef est délicat pour représenter la démocratie française » et d’ajouter « qu’il a apporté son soutien aux lois homophobes adoptées par la Douma ». Réponse immédiate de l’intéressé :

« Tout d’abord, Vladimir Poutine n’est pas mon meilleur ami. Je le vois deux ou trois fois par an, parce que c’est le président et que je représente une institution culturelle importante. En ce qui concerne ces lois homophobes, je n’ai jamais déclaré que je les soutenais. J’ai toujours été pour l’égalité des droits et contre tout type de discrimination. Quant au concert à Tskhinvali après l’attaque de l’Ossétie du Sud par la Géorgie, c’était un geste de solidarité humanitaire, comme lorsqu’on a joué à Tokyo en 2012 au profit des victimes de Fukushima ».

Retour à la musique à présent avec la deuxième symphonie de Tchaïkovski écrite en 1872 et révisée en 1879. Elle a porté très rapidement le nom de Petite Russie. Or pour les Russes de cet époque, la petite Russie n’est rien d’autre que le surnom affectueux qu’ils attribuent… je vous le donne en mille, mais oui, vous avez trouvé,  à l’Ukraine ! Pour couronner le tout, l’œuvre utilise plusieurs motifs musicaux ukrainiens ! Dis, Manu ça t’en bouche un coin, non ? Pas de cure-dents ni de baguette pour ce concert !

En 2013, Gergiev revient à Paris pour célébrer le centenaire du Sacre du Printemps, au théâtre des Champs-Élysées avec l’orchestre du théâtre Mariinski  (anciennement Kirov à partir de 1935, en 1992 il retrouvé son nom originel). Rappelons que ce ballet est sous-titré Scènes de la Russie païenne en deux parties. La chorégraphie est exactement la même que celle qui avait fait scandale le 29 mai 1913. Elle était due à Vaslav Nijinski. La petite-fille de Nijinski était présente à ce concert du centenaire. Je laisse la parole à Stravinski sur ce scandale du 29 mai 1913 :

« Pendant toute la représentation, je restai dans les coulisses à côté de Nijinski. Celui-ci était debout sur une chaise criant éperdument aux danseurs : seize, dix-sept, dix-huit… (ils avaient leur compte à eux pour battre la mesure). Naturellement, les pauvres danseurs n’entendaient rien à cause du tumulte dans la salle et de leur propre trépignement. Je devais tenir Nijinski par son vêtement, car il rageait, prêt à tout moment à bondir sur la scène pour faire un esclandre. Diaghilev, dans l’intention de faire cesser ce tapage, donnait aux électriciens l’ordre tantôt d’allumer, tantôt d’éteindre la lumière dans la salle« .

À présent le témoignage de Gergiev sur Le Sacre, suivi de la représentation :

Curieux destin que celui de Serge Prokofiev :

En effet, il est né le 11/27 avril 1891 en…Ukraine (on ne s’en sortira pas !) et mort le 5 mars 1953, le même jour que Staline. Forcément, le décès du créateur de Pierre et le loup est resté inaperçu. Voici un extrait de son sublime ballet Roméo et Juliette, la Danse des Chevaliers, je suis certain que vous la connaissez !

 

On poursuit ce voyage dans l’incorrect avec Nicolaï Rimski-Korsakov, ses œuvres les plus connues sont Le capriccio espagnol, La grande Pâque Russe et Shéhérazade. C’est dernière dernière que je vais vous proposer, en voici l’argument :

« Le sultan Schahriar, persuadé de la fausseté et de l’infidélité des femmes, avait juré de faire donner la mort à chacune de ses femmes, après la première nuit. Mais la sultane Shéhérazade sauva sa vie en l’intéressant aux contes qu’elle lui raconta pendant la durée de 1001 nuits. Pressé par la curiosité, le sultan remettait d’un jour à l’autre le supplice de sa femme, et finit par renoncer complètement à sa résolution sanguinaire.
Bien des merveilles furent racontées à Schahriar par la sultane Shéhérazade. Pour ses récits, la sultane empruntait, aux poètes — leurs vers, aux chansons populaires — leurs paroles, et elle intercalait les récits et les aventures les uns dans les autres. »

Cette suite symphonique comporte quatre parties :

  1. La mer et le vaisseau de Simbad (Largo e maestosoAllegro non troppo)
  2. Le récit du prince Kalender (LentoAndantinoAllegro moltoCon moto)
  3. Le jeune prince et la jeune princesse (Andantino quasi allegrettoPochissimo più mossoCome primaPochissimo più animato)
  4. Fête à Bagdad — La Mer — Le Vaisseau se brise sur un rocher surmonté d’un guerrier d’airain (Allegro moltoVivoAllegro non troppo maestoso)

Le thème inquiétant qui débute l’œuvre évoque le cruel sultan, la douce voix de Shéhérazade est confiée au violon solo.

(Je ne sais pas pourquoi, Shéhérazade me ramène systématiquement à un sketch de Michel Leeb ! On verra plus tard…)

Je suis toujours étonné quand je vois ce petit bonhomme, distrait au point d’allumer sa cigarette par le filtre, de constater l’immensité de son œuvre : 15 symphonies, des concertos, des opéras, de la musique de chambre, etc.  La cinquième symphonie que je vous propose ici a été composée en 1937. L’année précédente, Chostakovitch a été déclaré « Ennemi du peuple » parce que Staline n’avait pas apprécié son opéra Lady Macbeth de Mzensk. Le compositeur a dû faire face à une véritable cabale orchestrée en particulier par la Pravda. En juin 1937, Chostakovitch devait être interrogé par le NKVD, en général cela se finissait au goulag ou devant un poteau d’exécution. Le compositeur n’a dû son salut que parce que l’officier du NKVD chargé de son dossier a lui-même été exécuté. Toutes ces persécutions staliniennes vont provoquer chez Chostakovitch une dépression chronique qui le suivra jusqu’à la fin de sa vie. Nous retrouvons Gergiev avec l’orchestre du théâtre Mariinski à la salle Pleyel en décembre 2013.

On va quitter pour un temps Valery Gergiev pour un extrait des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, dans l’orchestration de Maurice Ravel. L’orchestre Simon Bolivar du Venezuela est dirigé par Gustavo Dudamel lors d’un concert mémorable au festival de Salzbourg en 2008. La grande porte de Kiev est précédée de Baba Yaga, sorcière qui habite dans une cabane « aux pattes de poule ». Encore une fois, tradition russe et grandeur de l’Ukraine se trouvent étroitement liées.

Entre le moment où j’ai commencé cet article et celui où je le termine, les annulations de concert et les licenciements contre Gergiev se sont accumulés. Imagine-t-on des artistes français obligés de critiquer Macron (sur la gestion du Covid, par exemple), pour avoir le droit de se produire à l’étranger ?

Gergiev n’est pas le seul à vivre dans la tourmente, son pianiste fétiche, Denis Matsuev subit le même sort, donc voici un extrait du deuxième concerto pour piano de Chostakovitch, composé en 1957 et dédié à son fils Maxime, un pur moment de bonheur ! (On retrouve cette musique dans Le Pont des Espions). Vous pourrez apprécier une version jouée par « Chosta » lui-même !

 

En bonus, je vous livre trois liens sur les symphonies, 1 à 3 de Tchaïkovski. Je les dois au site symphony7526 qui est spécialisé dans les partitions musicales. Symphony7526 a choisi Riccardo Muti comme interprète, un choix particulièrement judicieux car la direction est parfaite en tous points. Je possédais déjà les symphonies 1 et 3 en CD, grâce à symphony7526 j’aurai la deuxième et j’en extrairai la piste son. Mais si vous savez lire la musique, c’est très intéressant !

 

Ah oui, je me souviens pourquoi Shéhérazade me faisait penser à Michel Leeb (il faut bien rire un peu !)

Et maintenant le flash mob !

 

 

 

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13 Commentaires

  1. Ce ‘est pas Valery Gergiev et les institutions musicales russes qui y perdrot … Ce sera l’Europe musicale entière qui est sera – qui en est DEJA -DESHONOREE !!! L’Histoire de la musique et l’Histoire tout court parleront de cette période comme équivalente à l’OSTRACISME décrété par l’Allemagne NAZIE à l’encontre de TOUT ce qui était « Juif » ou avait la … « senteur » juive ou à la sinistre période de la « doctrine Jdanov, OSTRACISANT les plus éminents compositeurs soviétiques (Chostakovitch … Prokofiev … Khatchatourian) et les déclarant « ennemis du peuple » !!! HONTE aux institutions musicales européennes qui ont obéit, au doigt et à l’oeil à l’oukaze ULTRA RUSSOPHOBIQUE (ayant des senteurs de XENOPHOBIE et de RACISME) fulminé par la FÏHRERIN von der Leyen !!!

  2. Musicien de formation, s’agissant de Valery Gergiev, j’ai dans l’oreille l’EXTRAORDINAIRE « cycle » des symphonies de Tchaïkovski en la Salle Pleyel en 2010 … J’ai aussi dans l’oreille le cycle des symphonies de Dmitri Chostakovitch en cette même salle Pleyel de Paris … notamment en février 2014 … aux heures où le Coup d’Etat de Maidan était en pleine réalisation à Kiev … Ainsi, d’une EXTRAORDINAIRE 7ème symphonie … à cinq jours du second Coup d’Etat … celui de la destitution du président LEGITIME? Ianoukovitch …

  3. Tous les pays qui critiquent violemment et insultent Poutine n’ont rien dit, voire même félicité les USA, d’avoir envahi l’Irak, tué un demi million d’êtres humains :

    Les 500 000 morts de la guerre en Irak – Le Point

    Et ils n’ont pas fait que çà, ils ont semé la mort partout dans le monde depuis plus de 70 ans sans grandes critiques des Européens !

  4. Un petit florilege de mots francais emprunté au russe (il y en a + de 400) que devrons bannir de leur vocabulaire nos « crétins des alpes » :

    Aller au BISTRO boire une VODKA puis enfiler des CHAUSSETTES et une CHAPKA pour courir la STEPPE accompagné d’un HUSKY au milieu des MAMMOUTHS pour trouver le CHAMAN qui remet du MAZOUT dans sa chaudière et nous invite à deguster un veau ORLOFF accompagné de BLINIS sous les yeux bienveillants de l’ICONE accrochée au mur.

  5. Il y a Alexandre SCRIABINE compositeur de génie et pianiste grand admirateur de Debussy et Ravel, la culture russe et francaise ont toujours tissé des liens étroits, n’en déplaise à nos « bas de plafond ».
    Sans oublier Anatoli LIADOV et ses petits bijoux d’orfèvrerie comme les Huits chants populaires russes, Prince Igor, Le lac enchanté, Kikimora, Baba Yaga…

    Merci Filoxe

    • Je rectifie une erreur monumentale : PRINCE IGOR n’est pas de LIADOV mais de BORODINE qui est magnifique lui aussi. Les Danses Polovtsiennes, Dans les steppes de l’Asie Centrale, Nocturne …

      Toutes mes excuses

  6. Bravo et Merci !
    Gergiev est chassé de partout (Scala de Milan, Philharmonie de Munich…)
    Attitude de terreur incroyable !

    la Philharmonie de l’Elbe de Hambourg a annulé des concerts avec Gergiev.
    La Philharmonie de Paris a également annulé mardi les concerts prévus avec Gergiev en avril.
    À Édimbourg, Gergiev a démissionné de son poste de président d’honneur du célèbre Festival international d’Édimbourg après une pression considérable lundi soir.

    Outre Gergiev, la diva de l’opéra russe Anna Netrebko est également sous pression en raison de sa proximité avec Poutine.
    Quel gâchis.

  7. Et pendant que le planète s’insurge à raison sur le sort des victimes de la guerre, les multinationales du luxe, LVMH en tête ne compte pas retirer leurs billes de Russie. (Reportage ce jour sur télématin France 2)
    La macrouillerie est bien silencieuse sur les « amilliairdaires » du pantin qui continuent à se gaver largement avec le pognon des mafieux, tandis que la solidarité populaire s’évertue a récolter quelques modestes dons.
    Sans parler du gaz russe qui continue à alimenter L’Europe et c’est tant mieux, mais la duplicité de l’imposteur candidat dépasse l’entendement.
    Hélas les sondages assassins et la propagande anti Zemmour continuent inlassablement le sabotage souterrain de la France.
    Curieusement Marine échappe aux agressions de L’Elysée, et à part quelques dames Lapisse et Salamerde incapables de contenir leurs biles fielleuses, la candidate RN est préservée, on se demande bien pourquoi?

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