Choc des civilisations (2): que vaut la “culture de Davos ” face à l’islam ?

Lire la première partie de cette traduction des meilleurs passages de Samuel Huntington ici :

https://resistancerepublicaine.com/2022/02/26/choc-des-civilisations-1-le-corrompu-biden-et-la-gauche-mondialiste-ont-mis-notre-europe-dans-la-m/

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L’expression civilisation universelle désigne les hypothèses, les valeurs et les doctrines actuellement défendues par de nombreuses personnes dans la civilisation occidentale et par certaines personnes dans d’autres civilisations. Samuel Huntington appelle  cela la culture de Davos. Cependant, cette culture de Davos n’a vraiment rien d’universel puisqu’elle n’est pratiquée que par une très faible élite mondiale que du reste  bien peu de personnes suivent.

 

À moyen terme, cependant, c’est l’islam-idéologie qui l’emporte, même dans des pays d’Europe centrale et du sud. Le christianisme s’est répandu principalement par la conversion, l’islam se répand par la conversion et la reproduction.  Si la démographie est le destin, les mouvements de population sont le moteur de l’histoire. Le pourcentage de chrétiens dans le monde a atteint un pic d’environ 30 % dans les années 1980; maintenant il est en déclin et se situera probablement autour de 25 % de la population mondiale en 2025. En raison de leur taux de croissance démographique extrêmement élevé, la proportion de musulmans dans le monde continuera à augmenter de façon spectaculaire, pour représenter probablement environ 30 % de la population mondiale en 2025. L’Europe occidentale et la Russie orthodoxe sont des sociétés démographiquement matures, avec de faibles taux de natalité et des populations vieillissantes; de telles sociétés n’ont pas la vigueur juvénile nécessaire pour être expansionnistes et orientées vers l’offensive. Par contre les musulmans représentent environ un cinquième de la population mondiale et beaucoup de musulmans ont été, depuis 1980, beaucoup plus impliqués dans la violence intergroupe que les peuples de toute les autres civilisations. Les preuves sont accablantes partout  dans le monde et quotidiennes en Europe.

 

L’Occident est une civilisation en déclin, dont la puissance politique, économique et militaire mondiale diminue par rapport à celle des autres civilisations. La fin de la guerre froide ne fut pas un triomphe ni une victoire de l’Occident mais un épuisement de l’URSS. Depuis la fin de la guerre froide l’Occident est de plus en plus préoccupé par ses problèmes et ses besoins internes, car il est confronté à une croissance économique lente, à des populations autochtones stagnantes, au chômage, à d’énormes déficits publics, à une éthique du travail en déclin, à de faibles taux d’épargne, à une immigration de masse de personnes d’autres civilisations et cultures, ne s’assimilant pas et n’apportant pas grand chose à leur pays d’accueil et, dans de nombreux pays, dont aux États-Unis, à la désintégration sociale, à la drogue et au crime.

 

En sociologie, la théorie de la mondialisation aboutit à une conclusion similaire; dans un monde de plus en plus globalisé, caractérisé par des degrés historiquement exceptionnels d’interdépendance entre les civilisations, les sociétés et d’autres modes d’interdépendance. Par une conscience généralisée de cette interdépendance civilisationnelle, on assiste à une exacerbation conflictuelle de la conscience de soi civilisationnelle, sociétale et ethnique.

 

L’hypothèse selon laquelle des échanges économiques florissants réduisent la probabilité de guerre entre les nations n’est pas prouvée et de nombreuses preuves démontrent le contraire. L’interdépendance économique ne favorise la paix que lorsque les États s’attendent à ce que des niveaux élevés d’échanges commerciaux se maintiennent dans un avenir prévisible. Si les États ne s’attendent pas à ce que les niveaux élevés d’interdépendance économique se maintiennent, la guerre est probable.

 

Il existe une distinction entre le hard power, qui est le pouvoir de commander reposant sur la puissance économique et militaire, et le soft power, qui est la capacité d’un État à amener les autres pays à vouloir ce qu’il veut par l’attrait de sa culture et de son idéologie. Si la culture et l’idéologie d’un État sont attrayantes, les autres seront plus disposés à suivre son leadership. C’est pourquoi le soft power est tout aussi important que le hard power.  Un exemple, le contrôle américain sur les industries mondiales du cinéma, de la télévision et de la vidéo dépasse même sa domination sur l’industrie aéronautique. Mais qu’est-ce qui rend la culture et l’idéologie attrayantes ? Elles deviennent attrayantes lorsqu’elles sont perçues comme étant ancrées dans la réussite et l’influence matérielles. Est-ce encore le cas de l’audio-visuel en  France? En réalité, le soft power n’est un pouvoir que lorsqu’il repose sur une base de hard power.

 

La Chine n’est pas disposée à accepter le leadership ou l’hégémonie américaine dans le monde ; les États-Unis ne sont pas disposés à accepter le leadership ou l’hégémonie chinoise en Asie. Pendant plus de deux cents ans, les États-Unis ont tenté d’empêcher l’émergence d’une puissance dominante écrasante en Europe. Depuis presque cent ans, en commençant par leur politique de porte ouverte à l’égard de la Chine, les Etats Unis tentent de faire de même en Asie de l’Est. Soyons réalistes: la plus grande résistance aux efforts de démocratisation de l’Occident vient de l’islam et de l’Asie. Les civilisations islamique et chinoise diffèrent fondamentalement en termes de religion, de culture, de structure sociale, de traditions, de politique et d’hypothèses fondamentales qui sont à la base de leur mode de vie. Par nature, chacune de ces différences a probablement moins en commun avec l’autre qu’avec la civilisation occidentale. Pourtant, en politique, un ennemi commun dans ce cas l’Occident  (bien trop sous le leadership de la gauche des Etats-Unis?), crée un intérêt commun. Les sociétés islamiques et chinoise qui considèrent l’Occident comme leur antagoniste ont donc des raisons de coopérer entre elles contre l’Occident, tout comme les Alliés et Staline l’ont fait contre Hitler.

 

« Aujourd’hui, la puissance économique de la Chine”, observait Richard Nixon en 1994, “rend imprudents les sermons américains sur les droits de l’homme ». Des années après, les pays asiatiques réunis à Bangkok ont adopté une déclaration qui soulignait que les droits de l’homme devaient être considérés « dans le contexte… des particularités nationales et régionales et des divers contextes historiques, religieux et culturels, que la surveillance des droits de l’homme violait la souveraineté des États et que le fait de conditionner l’aide économique aux résultats en matière de droits de l’homme était contraire au droit au développement. »

 

L’éthique confucéenne qui, outre la Chine, imprègne de nombreuses sociétés de l’est asiatique met l’accent sur les valeurs de l’autorité, de la hiérarchie, de l’élitisme, de la subordination des droits et des intérêts individuels, de l’importance du consensus, de l’évitement de la confrontation, de la sauvegarde de la face et, en général, de la suprématie de l’État sur la société et de la société sur l’individu. Cela n’empêche pas que le Japon et les États de l’Asie de l’est, Chine, Taïwan, Singapour et Corée du Sud,  possèdent des industries de l’armement de plus en plus sophistiquées. En outre, les Chinois et autres peuples de l’Asie de l’est ont tendance à penser l’évolution de leurs sociétés en termes de siècles et de millénaires et à donner la priorité à la maximisation des gains à long terme. Ces attitudes contrastent avec la primauté, dans les croyances américaines, de la liberté, de l’égalité, de la démocratie et de l’individualisme, et avec la propension des Américains à se méfier du gouvernement, à s’opposer à l’autorité, à promouvoir l’équilibre des pouvoirs, à encourager la concurrence, à sanctifier les droits de l’homme, à oublier le passé, à ignorer l’avenir et à se concentrer sur la maximisation des gains immédiats. Les sources de conflit entre la civilisation chinoise et la civilisation occidentale se trouvent dans les différences fondamentales de leurs sociétés et de leurs cultures.

 

Sur le plan normatif, la croyance universaliste occidentale postule que les peuples du monde entier devraient adopter les valeurs, les institutions et la culture occidentales parce qu’elles incarnent, à leurs yeux (Etats-Unis et UE tout particulièrement), la pensée la plus élevée, la plus éclairée, la plus libérale, la plus rationnelle, la plus moderne, la plus enrichissante, la plus civilisée de l’humanité. Les Etats-Unis et l’UE refusent de reconnaître que l’intervention occidentale dans les affaires des autres civilisations, en particulier actuellement dans la civilisation orthodoxe, est probablement la source la plus dangereuse d’instabilité et de conflit mondial potentiel dans notre monde multicivilisationnel.

 

En bref, dans l’ère à venir, pour éviter les grandes guerres intercivilisationnelles, les États centraux doivent s’abstenir d’intervenir dans les conflits internes des autres civilisations.

 

C’est une vérité que certains États centraux, notamment les États-Unis, la France, l’Allemagne, etc, ont encore au XXI ème siècle bien du mal à accepter. Cette règle d’abstention selon laquelle les États centraux doivent s’abstenir d’intervenir dans les conflits des autres civilisations est la première exigence de la paix dans un monde multicivilisationnel et multipolaire d’aujourd’hui. La deuxième exigence est la règle de médiation conjointe selon laquelle les États du noyau dur négocient les uns avec les autres pour contenir ou arrêter les guerres de lignes de faille entre États ou groupes de leurs civilisations. L’acceptation de ces règles et d’un monde avec une plus grande égalité entre les civilisations ne sera pas facile pour l’Occident ou pour les civilisations telle la chinoise et tout particulièrement la musulmane qui cherchent à compléter ou à supplanter l’Occident dans son rôle dominant. Outre la règle de l’abstention et la règle de la médiation conjointe, la troisième règle pour la paix dans un monde multicivilisationnel est la règle des points communs: les peuples de toutes les civilisations devraient rechercher et tenter d’étendre les valeurs, les institutions et les pratiques qu’ils ont en commun avec les peuples d’autres civilisations. Les Etats-Unis et l’UE  qui leur est soumise sont trop arrogants pour le faire

 

Dans les années 1950, Lester Pearson a prévenu que l’humanité entrait dans « une ère où des civilisations différentes devront apprendre à vivre côte à côte dans un échange pacifique », en apprenant les unes des autres, en étudiant l’histoire, les idéaux, l’art et la culture de l’autre, en s’enrichissant mutuellement. « L’alternative, dans notre petit monde surpeuplé, est l’incompréhension, la tension, le choc et la catastrophe. « 

 

Pourquoi, à la fin du XXe siècle, les musulmans sont impliqués dans beaucoup plus de violences intergroupes que les personnes d’autres civilisations? Il y a eu trois fois plus de conflits intercivilisationnels impliquant des musulmans que de conflits entre toutes les civilisations non musulmanes. Les conflits au sein des pays musulmans ont également été plus nombreux que ceux dans toute autre civilisation. Les conflits impliquant des musulmans ont également tendance à faire de nombreuses victimes. L’islam est la seule civilisation qui, depuis près de XV siècles met en doute la survie de tout l’Occident. En ce qui concerne l’Europe, elle l’a fait au moins deux fois.

 

Les dirigeants américains prétendent que les musulmans impliqués dans cette quasi guerre menée à outrance depuis la réforme de Khomeini et la résurgence actuelle de l’islam ne constituent qu’une petite minorité dont le recours à la violence est rejeté par la grande majorité des musulmans modérés. Est-ce vrai quand les preuves à l’appui manquent. Les protestations contre la violence anti-occidentale des musulmans ont été totalement absentes dans les pays musulmans et dans leur pays d’accueil occidentaux.

 

Les organisations internationales telle l’ONU échouent généralement parce qu’elles n’ont pas la capacité d’imposer des coûts significatifs aux parties en conflit ou en guerre ou de leur offrir des avantages significatifs. Ce qui fait que l’ONU manque d’autorité. Qu’a fait l’ONU quand les Etats-Unis d’Obama ont fomenté un coup d’état en Ukraine et contribué à mettre en place un gouvernement qui s’est comporté comme des nazis? La question la plus évidente, la plus importante et probablement la plus controversée concerne le statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Ses membres sont les grandes puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale et ont un rapport décroissant avec la réalité du pouvoir dans le monde. Dans un monde multicivilisationnel, chaque grande civilisation devrait idéalement avoir au moins un siège permanent à ce Conseil de sécurité.

 

Si ils sont seuls à le vouloir, les participants primaires à un conflit ne peuvent pas arrêter les guerres de lignes de faille. Les guerres de lignes de faille surgissent d’en bas, les pics de lignes de faille descendent d’en haut. Leur arrêt et la prévention de leur escalade en guerres civilisationnelles ou mondiales dépendent principalement des intérêts et des actions des États centraux des principales civilisations du monde. La Russie sera toujours présente en Transcaucasie et aura la capacité de faire respecter le cessez-le-feu qu’elle a parrainé tant qu’elle aura un intérêt à le faire. Cela contraste avec la situation illogique des États-Unis en ce qui concernait les divisions en Yougoslavie.

 

A l’image de l’Occident du passé et de la Chine d’aujourd’hui, les civilisations se développent, parce qu’elles disposent d’un instrument d’expansion, c’est-à-dire d’une organisation militaire, religieuse, politique ou économique qui accumule des surplus et les investit dans des innovations productives. Les civilisations déclinent lorsqu’elles et leurs nations cessent d’appliquer leur excédent à de nouvelles façons de faire les choses. En termes modernes, nous disons que le taux d’investissement diminue. Cela se produit parce que les groupes sociaux qui contrôlent le surplus ont un intérêt direct à l’utiliser à des fins non productives mais satisfaisantes pour leur ego. Elles distribuent les surplus à la consommation mais ne fournissent pas de méthodes de production plus efficaces, alors même que les dettes des Etats augmentent. Les gens vivent de leur capital et la civilisation passe du stade de l’état universel à celui de la décadence. On constate alors une réticence croissante à se battre pour la société ou même à la soutenir en payant des impôts. La décadence conduit ensuite au stade de l’invasion lorsque la civilisation, qui n’est plus capable de se défendre parce qu’elle n’est plus disposée à le faire, s’expose aux envahisseurs barbares qui viennent souvent d’une autre civilisation, plus jeune et/ou plus puissante.

 

Bien plus importants pour tel déclin de l’Occident que l’économie et la démographie sont les problèmes de déclin moral, de suicide culturel et de désunion politique de l’Occident. Les manifestations les plus courantes du déclin moral sont les suivantes:

 

  • L’augmentation des comportements antisociaux, tels que la criminalité, la consommation de drogues et la violence en général.
  • Le déclin de la famille, y compris l’augmentation des taux de divorce, d’illégitimité, de grossesse chez les adolescentes et de familles monoparentales,
  • Aux États-Unis et en Europe, le déclin du capital social, c’est-à-dire de l’appartenance à des associations volontaires et de la confiance interpersonnelle associée à cette appartenance.
  • L’affaiblissement général de l’éthique du travail, c’est-à-dire de l’esprit d’entreprise et de l’esprit de solidarité et la montée d’un culte de l’indulgence personnelle.
  • La diminution de l’engagement envers l’apprentissage et l’activité intellectuelle, qui se manifeste dans tant de pays occidentaux par des niveaux inférieurs de réussite scolaire.

 

La culture occidentale est aussi remise en question par des groupes au sein des sociétés occidentales. L’un de ces défis provient des immigrants d’autres civilisations qui rejettent l’assimilation et continuent d’adhérer aux valeurs, coutumes et cultures de leur société d’origine et de les propager. Ce phénomène est le plus marqué parmi les musulmans et les Africains accueillis en Occident. L’Afrique, en revanche, n’a pas grand-chose à offrir à la reconstruction de l’Europe et déverse plutôt des hordes de personnes socialement mobilisées pour s’attaquer aux restes de l’Europe en déclin.

 

Sur le plan normatif, la croyance universaliste occidentale imposées par les Etats Unis et la gauche européenne postulent que les peuples du monde entier devraient adopter les valeurs, les institutions et la culture occidentales parce qu’elles incarnent la pensée la plus élevée, la plus éclairée, la plus libérale, la plus rationnelle, la plus moderne et la plus civilisée de l’humanité et de se refuser à reconnaître que les interventions occidentale dans les affaires des autres civilisations sont probablement la source la plus dangereuse d’instabilité et de conflit mondial potentiel dans notre monde multicivilisationnel. Les pays d’Amérique latine n’ont pas participé à la guerre froide et ne participent pas à cette paix froide d’origine euro-atlantique.

 

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3 Commentaires

  1. L’Occident se suicide, poussé par des milliardaires imbéciles.
    La guerre en Ukraine fait partie de cette autodestruction.

  2. Même si votre but est plus vaste, la carte du globe de début, que vous présentez semble schématiser aussi l’implantation de la dictature Covidienne.
    Ce qui permet de voir que cette tentative de manipulation grave qui en fait est orchestrée par Karl Schwab et associés, ne peut s’adresser qu’à une minorité de notre planète et ne pourra s’étendre, même au Japon, si ce n’est le contraire.
    Donc la culture de Davos a perdu, et contribuera grandement au déclin de ceux qui y adhérent.

    Que Xi Jinping ou Poutine aient suivi les cours des YL chez Schwab, ne correspond qu’à une chose: ils n’y sont pas allés en tant que fidèles, convaincus et conquis, mais en tant qu’esprits indépendants cherchant à connaître la formation (ou manipulation) suivie ou imposée aux autres dirigeants

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