Mon propos n’est pas de faire l’apologie de la politique du gouvernement de Vichy, mais simplement de décrire brièvement ce qu’a été l’existence au quotidien de ce gouvernement et du personnel qui y était rattaché.
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Le premier juillet 1940, le maréchal Pétain arrive à Vichy. Pierre Laval également, mais son automobile tombe en panne juste à l’entrée de Vichy. Embrayage cassé. Il finira à pied en compagnie de son chauffeur. Il s’installera à l’Hôtel du Parc où il occupera la chambre n° 5. Des députés ont couché sur la paille dans un dortoir improvisé et cherchent une chambre. Le Tout-Paris parlementaire, du Théâtre, de la Radio, du Cinéma, de la Finance est là, ayant suivi le gouvernement dans sa fuite. Tout ce beau monde se rue dans les cafés, prend ses aises. Les transfuges des Deux magots se retrouvent à La Restauration, les officiels au grill de l’Hôtel du Parc, et les vedettes du septième art aux Ambassadeurs.
Dans leur exode, les députés ont égaré à Tours la sonnette qui servait pour les séances. On propose au président Herriot un gong ou une clochette. Réfugié à Bordeaux, talonné par les Allemands, le gouvernement du Maréchal rejoint Clermont-Ferrand, puis La Bourboule, Royat, Châtel -Guyon (toutes des villes d’eau), pendant que les cabinets ministériels s’installent dans les locaux de la préfecture. Pourquoi avoir choisi Vichy et non Lyon ou Marseille? Tout simplement parce que ces deux cités étaient surpeuplées et qu’une ville d’eau offre l’avantage d’avoir des locaux vacants la moitié de l’année, les hôtels destinés aux curistes; pauvres curistes venus en juin, qu’on évacuera pour s’installer à leur place. Quoique, aller faire une cure en pleine guerre me paraît quelque peu incongru ou hasardeux.
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Le Maréchal est arrivé sans panne à Vichy, le 1er juillet lui aussi. Il occupe la chambre 35 de l’Hôtel du Parc. Un petit bureau, une salle de bain, une modeste chambre : un lit sous lequel il glissera sa cantine militaire, une cheminée décorative qui ne peut servir au chauffage, quelques meubles modestes. D’ailleurs, Pierre Fatou, maître des requêtes au Conseil d’État, s’en est inquiété, du chauffage. On est en juillet. On lui rit au nez. Tous pensent passer l’hiver à Paris une fois la guerre finie. Hélas, l’hiver arrive, un vent glacial souffle, il gèle. Les occupants des chambres travaillent en manteaux et installent des poêles à charbon, dont les tuyaux sortent par les vitres qu’on a cassées à cet effet, donnant aux établissements un air de roulottes de nomades.
Les hôtels subissent mille transformations, au grand dam de leurs directeurs. Les tapis sont salis par les souliers des visiteurs, détériorés par les enfants des occupants, ou transformés en pantoufles confortables. Les draps et les serviettes sont déchirés, ou subtilisés. L’hôtel Queen’s, qui en possédait 1200, n’en compte plus que 34 en août 44. Dix mille serviettes de toilette se sont évanouies . Les paravents sont brûlés en partie, la vaisselle est brisée, les meubles s’effondrent, et les parquets sont lavés à grande eau par des militaires peu soucieux de les préserver. Un directeur d’hôtel est stupéfait de retrouver ses rideaux de velours sur certains de ses pensionnaires, transformés en vestons ou en pardessus.
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Les ministères se partagent le parc hôtelier. Celui de la Guerre au Thermal Palace, les Finances et L’Industrie au Carlton, la Marine au Helder, les Colonies à l’Hôtel d’Angleterre, les ambassadeurs à l’hôtel du même nom. Pétain occupe le troisième étage de l’Hôtel du Parc, les Affaires Étrangères sont au premier. Laval est au second. Ce qui donnera lieu à des scènes cocasses , le Maréchal envoyant des collaborateurs espionner à la porte dudit Laval, histoire d’entendre ce qui s’y tramait.
Le gros des services ministériels est reparti pour Paris, ce qui oblige les ministres, munis d’un ausweis, à prendre l’autorail gouvernemental qui part le samedi et revient le jeudi suivant, pour inspecter leurs bureaux et évaluer la force allemande qui est présente dans la capitale. 600 km de trajet.
Pour le ravitaillement, les ministères et services ont leurs fermes attitrées. Le maréchal Pétain prend ses repas à l’Hôtel du Parc. Toujours une dizaine de convives à sa table. À l’occasion, quand le docteur Ménétrel s’absente, qui surveille l’assiette de son patient, le Maréchal se rattrape. Dans le salon de l’hôtel, il reçoit les délégations, qui lui offrent des cadeaux. Le dimanche, cérémonie des couleurs, et puis la messe.
Il y a peu de distractions, à Vichy. Cinq ou six cinémas, où l’on projette des films, surtout américains. Des tournois de bridge, des spectacles au Casino, puis au Théâtre des Fleurs. Des galas, au profit des prisonniers de guerre. Les bobards aussi font florès, les fakes news de l’époque, dont l’amputation d’Hitler qui aurait eu les deux jambes arrachées à la suite d’un attentat, le cancer de Mussolini, un prétendu débarquement américain en Espagne. Voilà ce à quoi rêvent les occupants des hôtels, avant que le rêve ne se transforme en cauchemar pour bon nombre de Français et pour tous ceux qui fuyaient le régime nazi.
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Donc toute cette bande de pleutres, de couards, de dégonflés mais sans aucun doute prétentieux et arrogants, se sont comportés comme des gougnafiers avec ceux qui les ont hébergés. C’est moins risqué de voler les rideaux et les serviettes dans un hôtel réquisitionné que de transmettre les messages de la Résistance.
Les choses n’ont pas changées depuis, elle sont identiques, on chasse le peuple pour prendre son confort et saloper les lieux, c’est peut-être ce qu’est et fait en résumé nos élites.
Ami Argo, voilà un sujet très intéressant et original que tu viens de traiter par ton article. Il fallait y penser ! Mais, le petit côté de la lorgnette historique, change des grandes évolutions de l’Histoire que tout le monde connaît plus ou moins, et aborde un aspect plus intimiste de ceux qui occupaient les postes les plus importants.
Alors comment ne pas retenir le saccage et les nombreux vols qu’on réalisé tous ces gens supposés être irréprochable et servir de modèle, dans leurs logements à Vichy ? C’était incontestablement les précurseurs des dizaines de milliers d’immigrés que nous logeons aux frais de l’État actuellement dans les hôtels et qui les saccagent d’un bout à l’autre.
Même si ton article parle du petit côté de la lorgnette ce qui est plaisant, tu abordes l’aspect de Pétain à son arrivée de Vichy. J’ai comme le sentiment que certains vont réagir, car dès que ce nom « Pétain » est cité quelque en soit le contexte, boum, tu as tout de suite les pour et les contre…..
Prépare-toi à cette épreuve….. 😊
compliments a toi et a Argo qui a réalisé une photo réelle, avec talent de ce Vichy ignoré
le coup des tapis transformé en pantoufles est une vraie révélation !! tu m ‘as instruit et fait sourire
merci 😆
Vichy n’était qu’un expédient en attendant la paix avec l’Angleterre. Comme Churchill bloquait toute paix possible, toute légitimité et légalité passaient sur la tête de De Gaulle.
Après, Vichy n’était plus que la cour du roi Pétaud. A servi un peu pour rendre l’occupation un peu moins dure pour les Français qu’au Benelux. ça a servi aussi un tantinet aux juifs français.
« ça a servi aussi un tantinet aux juifs français.
tu peux développer s il te plait ? je suis faiblard de la comprenette . merci
Il y a plusieurs éléments…
Sûr que Pétain et Laval s’opposaient sur le sujet.
Durant la guerre 14/18, les juifs français ont montré qu’ils étaient aussi bons français que les athées, les cathos, les protestants, et cela Pétain le savait !
Sûr que Pétain n’a pas été à la hauteur de la gravité de la situation (qui l’étaient parmi tous les français : 3000 résistants début1941, 300 000 en juin 44* ?), il a commencé ses concessions par la déportation des juifs étrangers… espérant surement protéger les juifs français.
En France, pour l’immense majorité du peuple, les juifs étaient des français comme les autres et le peuple a freiné la déportation…
Un personnage du gouv. de Pétain, René Belin, ministre du travail. C’est un ex-secrétaire confédéral (réformiste) de la CGT. Il eut dans son cabinet plusieurs hauts fonctionnaires juifs dont Pierre Larroque le vrai père de la SECU. Tant qu’il put les protéger, il le fit et il permit finalement à Pierre Laroque et son ami chargé de la CAF (j’ai oublié le nom) à s’envoler pour Londres. A la fin de la guerre, René Belin fut jugé et cela donna un non-lieu (vers 47 ou 48, on pensait déjà à calmer l’épuration)… Mais il avait quand même quelques casseroles (Statut des juifs, STO).
« …Churchill bloquait toute paix possible… ».
Paix à la mode Pétain ?
Il y a une chose qu’on ne mentionne jamais, c’est le cas de la ville de Leningrad. Ils ont refusé la collaboration, (ordre de Staline). La ville soumise a un embargo terrible, a vu ses habitants mourir de faim, et de froid. On parle d’un million de morts….
On sait très peu de choses, parce que les communistes ont caché la vérité.
Pétain n’a jamais été Staline.
Autre chose il y avait aussi, une amende journalière à payer, dont Vichy devait s’acquitter.