On en parle jusqu’en Amérique : Éric Zemmour, le Trump pour la France

11 novembre 2021 par Bruce Bawer

(Bruce Bawer est un auteur du Centre de la liberté de David Horowitz)

Les prochaines élections présidentielles en France se dérouleront en avril 2022 et les médias internationaux s’inquiètent déjà du fait que le vainqueur pourrait bien être un homme nommé Éric Zemmour. Il « secoue la course présidentielle de la France avant même qu’elle ne commence », prévient la BBC. Parmi les opinions troublantes de Zemmour : il dit notamment que « la France est « submergée » par les migrants » et que les médias français sont « une machine de propagande qui déteste la France ». En d’autres termes, il fait ce qu’il y a de plus impardonnable aux yeux des grands médias : il ose dire la vérité sur certains sujets inconfortables.

 

Pour le Financial Times, Zemmour est un « polémiste anti-immigration » comme le voient les critiques (une esquive rhétorique bon marché). « C’est un dangereux provocateur à la Donald Trump » (car, forcément, quatre ans de Trump ont prouvé qu’il était  un “dangereux… provocateur” !). « Juste une vedette d’une émission radio télévisée qui dénonce les musulmans, l’immigration, le féminisme, la criminalité et le supposé déclin de la France ». Comme Trump, Zemmour « s’est concentré sur des sujets qui suscitent un vif intérêt de la part des électeurs, en particulier l’immigration et la criminalité, et les a présentés de manière à favoriser la propagation virale de son message ». Ainsi, les médias corporatifs présentent-ils la vérité comme une campagne électorale cynique

 

Dans le Guardian, vous pouvez lire que Zemmour « prétend que des étrangers ont pris le contrôle de quartiers entiers en France ». Comme si les banlieues interdites aux non-musulmans n’étaient pas un fait acquis ! Dernièrement, le grand rabbin de France, Haim Korsia, connu pour son « engagement en faveur du dialogue interreligieux », a qualifié Zemmour, un juif qui se rend dans une synagogue avec sa femme juive, d’antisémite. C’est ainsi que les membres de l’establishment conspirent pour tracer un cordon sanitaire autour de ceux qui refusent de singer l’orthodoxie élitiste. Ensuite, il y a Hans-Georg Betz, professeur à l’Université de Zurich qui étudie le « populisme de droite ». Il accuse Zemmour d’être « obsédé par l’islam ». Oui, tout comme les Juifs allemands des années 30 étaient obsédés par le nazisme. Pour M. Betz, Zemmour régurgite à satiété tous les tropes anti-islamiques familiers qui ont fait la fortune politique des entrepreneurs de droite radicale de mémoire récente… Ces tropes postulent que l’islam n’est pas seulement une religion, mais aussi une idéologie politique, et en tant que telle, que les principes fondamentaux de la culture et de la civilisation occidentales, tels que la démocratie, la liberté de religion et d’opinion, l’égalité des hommes et des femmes, ou la séparation de l’Église et de l’État, sont fondamentalement en contradiction avec l’Islam, et que l’islam est une question de soumission et donc incompatible avec la démocratie libérale.

 

C’est drôle comme même maintenant, alors que des graffitis sur les murs (griffonnés en arabe avec le sang des infidèles) deviennent de plus en plus faciles à déchiffrer, des universitaires comme M. Betz sourient toujours à l’islam et décrivent des gens tels qu’Éric Zemmour comme des « tropes qui vomissent » pour faire leur « fortune politique ». Oui, les mêmes tropes qui ont fait la fortune politique de Pim Fortuyn et Théo van Gogh. Tout ce que Mr Betz dit dans sa représentation moqueuse des opinions d’Éric  Zemmour est objectivement vrai : l’islam est totalitaire ; il est inconciliable avec les principes occidentaux ; il s’agit de soumission. La plupart des Français sont d’accord : comme Robert Spencer l’a rapporté dernièrement, les deux tiers d’entre eux pensent que leur nation connaîtra « certainement » ou « probablement » le processus d’islamisation totale qu’Éric Zemmour et d’autres appellent « le Grand Remplacement », un concept que les élites universitaires rejettent comme un fantasme extrémiste.

 

Les opinions d’Éric Zemmour peuvent concorder avec celles de la majorité de ses compatriotes, mais elles divergent considérablement de celles du président actuel. Certes, en octobre de l’année dernière, Emmanuel Macron a fait la une des journaux avec un discours dans lequel il a qualifié le « séparatisme islamiste » de menace existentielle pour la République française et a promis une nouvelle série d’initiatives pour y faire face. Quelques semaines plus tard, le meurtre djihadiste d’un instituteur, Samuel Paty, dans une banlieue parisienne a provoqué l’indignation nationale et conduit Macron à redoubler d’efforts. Pourtant, lorsque le Financial Times l’a décrit comme ayant l’intention de lutter contre « l’extrémisme islamique », Macron a écrit une lettre en réponse, expliquant que non, il était seulement préoccupé par l’extrémisme islamiste, qu’il qualifiait de distorsion d’une religion de paix.

 

Puis, plus tôt cette année, sont venues la « loi contre le séparatisme » tant vantée de Macron, que la dirigeante du Rassemblement national (anciennement Front national) Marine Le Pen a rejetée comme « édentée », et son absurde « Charte des principes de l’islam en France ». La faiblesse des efforts « anti-islamistes » de Macron a été soulignée en avril par une lettre ouverte, signée par plus d’un millier de militaires français, avertissant que les banlieues musulmanes étaient gouvernées conformément à « des dogmes contraires à notre constitution ». Pas étonnant qu’Éric Zemmour, ces dernières semaines, soit passé dans les sondages d’un niveau de soutien de 5,5% à 17%, dépassant le gauchiste Jean-Luc Mélenchon, le centre-droit Xavier Bertrand, et même Marine Le Pen, le plaçant non loin derrière Macron, à 23 %.

 

Qui est Éric Zemmour ? Né en 1958 de parents juifs d’Algérie, il a étudié à Sciences Po,  puis est devenu reporter, chroniqueur, commentateur de télévision et auteur de livres avec des titres comme Le livre noir de la gauche, Une certaine idée de la France, Mélancolie française et Destin français. Le Suicide français de 2014 a été un énorme succès. Il a également écrit des romans, des biographies politiques et une polémique sur la féminisation de la société occidentale. En cours de route, il a été poursuivi à plusieurs reprises pour avoir exposé des faits objectifs sur la criminalité noire et musulmane et pour divers exemples de prétendue « diffamation » ou « incitation à la haine ».

 

Le tout nouveau livre d’Éric Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot, est un recueil d’articles initialement publiés entre 2006 et 2020. La première chose qui saute aux yeux quand on s’y plonge, c’est qu’il n’est absolument pas un homme politique français standard. L’un de ses partisans a déclaré au Guardian qu’une grande partie de son attrait est qu’« il n’est pas du tout un politicien classique… il parle clairement et il n’a pas le langage politiquement correct de la classe politique. Les Français en ont assez de la classe politique actuelle ». Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?

 

C’est faux de dire d’Éric Zemmour qu’il hait l’islam de manière obsessionnelle. Il déteste aussi l’UE. Il déteste tout ce qui a contribué au déclin de la France. C’est émouvant de lire un Français qui aime si passionnément son pays. Il se décrit comme ayant grandi en admirateur de De Gaulle, un géant, mais comme ayant passé son âge adulte dans une France dirigée par des nains. Et en regardant les États-Unis et le Royaume-Uni, il constate un déclin similaire : « Les gens du Brexit sont les mêmes que les gens de Trump. Ils se sont libérés de leurs anciennes allégeances progressistes pour les mêmes raisons : un pays qu’ils ne reconnaissent plus ; du travail qu’ils ne trouvent plus ». Pour un résumé de la philosophie d’Éric Zemmour, voici comment il voit la liste avisée des dix commandements actuels de « notre nouvelle religion » :

 

La race n’existe pas, mais les racistes oui.

Seuls les Blancs sont racistes.

L’identité – qu’elle soit ethnique ou sexuelle – ne doit pas être figée.

La seule mission des écoles est de lutter contre les inégalités.

La virilité est toxique.

L’islam est une religion d’amour.

Le capitalisme et le patriarcat tyrannisent les femmes en détruisant la planète.

Il n’y a pas de culture française, seulement des cultures en France.

L’immigration est une chance pour l’Europe.

La France ne peut rien sans l’Europe.

 

En parcourant le dernier livre d’Éric Zemmour, j’ai recherché des passages de certains des jours les plus marquants de la France ces dernières années. Le 7 janvier 2015, deux djihadistes ont massacré 20 personnes dans les locaux parisiens de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, qui avait publié des caricatures de Mohammed. Éric Zemmour commence le récit de cette tragédie par l’indication d’un appel téléphonique de la police lui disant que désormais, qu’il le veuille ou non, il serait sous protection policière. Pour une fois, nous dit-il avec ironie, il s’en fiche de jouer les rebelles. Aussi, bien que l’équipe de Charlie Hebdo soit, ou ait été, une bande de soixante-huitards, et que son livre Le suicide français l’ait établi comme l’un de leurs détracteurs les plus vifs, il peut apprécier l’esprit 68 qui a donné naissance à Charlie Hebdo comme « une magnifique explosion d’hédonisme libertaire dans une société encore un peu étouffante, derniers feux d’une rébellion rimbaudienne et surréaliste ».

 

Puis, le 15 avril 2019, Notre-Dame s’enflamme. Éric Zemmour, sous le choc et en larmes, suggère que « la France redécouvre qu’elle est un pays chrétien », et « qu’elle est le pays de la beauté ». En effet, soutient-il, « la France est une femme » et « la démolition de l’identité française a commencé par le pillage de sa beauté ». Ainsi, « défendre et sauvegarder les traces de la beauté française, c’est défendre et sauvegarder l’identité française ». Certains peuvent s’inquiéter de ces formulations fantaisistes. Mais il me semble qu’un patriote romantique qui voit le sauvetage de son pays comme un acte de chevalerie est préférable à un technocrate gris qui est prêt à gérer l’islamisation progressive de son pays.

 

Et qu’en est-il de Trump ? Le 6 décembre 2016, un mois après les élections américaines, Éric Zemmour rencontre une femme âgée lors d’une fête. Mariée à un riche Américain, elle a joué un rôle pour aider Trump à remporter le vote des femmes et a un message pour Zemmour : « la France, comme les États-Unis, a besoin de nettoyer ses écuries. Mais où est le Trump français pour faire le travail ? ». Elle et ses amis français, dit-elle, ont travaillé sur cette question pendant des mois. Ils ont considéré tous les grands PDG français. « Nous n’avons trouvé personne ». Mais finalement, la vérité leur est apparue. « Vous », a-t-elle dit à Zemmour, « êtes le Trump français ».

 

Oui, il semble en effet qu’Éric Zemmour soit le candidat Français le plus proche de Trump. Il me rappelle aussi beaucoup Pim Fortuyn, qui a été assassiné quelques jours avant les élections de 2002 qui auraient probablement fait de lui le premier ministre des Pays-Bas. Mais Éric Zemmour rappelle encore plus un autre patriote néerlandais, Théo van Gogh, l’écrivain, cinéaste et conteur qui a été massacré en 2004 dans une rue bondée d’Amsterdam. Comme van Gogh, Zemmour est un homme aux multiples facettes, un guerrier heureux, un poète, un combattant de rue agité, qui a une motivation illimitée et ne peut pas ne pas dire la vérité. Même les styles d’écriture de Zemmour et de Trump sont très similaires ; ils enfoncent leurs arguments sans ménagement, avec esprit, irrévérencieusement, sans euphémisme ni périphrase mais, oui, parfois avec hyperbole. (Ce qui, comme dans le cas de Trump, est catégoriquement différent des mensonges effrontés des politiciens de l’establishment.)

 

Comme Théo van Gogh, Éric Zemmour est manifestement amoureux de son pays, de son histoire et de sa culture, fier de son rôle dans l’avancement de la civilisation et de la liberté humaine, et possédé d’une conviction démodée que c’est son devoir patriotique, son devoir envers le passé de son pays comme son avenir, pour faire face à une menace existentielle évidente pour sa liberté. En bref, il semble certainement être la vraie chose. Oui, il est peut-être déjà trop tard pour sauver la France. Mais mieux vaut disparaître dans  la gloire que dans le déshonneur.

Traduit pour Résistance républicaine par Jack

https://www.frontpagemag.com/fpm/2021/11/frances-trump-bruce-bawer/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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19 Commentaires

  1. Surtout pas ! Assimiler Z à Trump est une grossière erreur de communication. Tout sépare le cahier des charges français de l’américain et comparer Zemmour à Donald, c’est comparer la Blonde de Galice (meilleure viande au monde) à de l’américain préparé d’un restovite. Ne cherchez pas à Mar-a-Lago ce que vous trouverez à Marbeuf dans l’EURe.

  2. Merci @Jack de nous informer des idées portées par certains américains sur notre pays.

  3. Si Eric ZEMMOUR était élu au premier tour ça nous ferait gagner un peu de temps pour remettre la FRANCE en marche !!!

  4. Zemmour est-il le “Trump français ? C’est possible ! Il existe une autre hypothèse, celle qu’il est le”Chasse-neige”de MLP : Il dégage de force, sans crainte d’esthétisme, les couches sédimentaires ideologiques qui s’accumulent depuis 40 ans.

  5. Gageons que les élections ne soient pas “truquées” comme en 2017 en France et en 2020 aux USA!!!

  6. vire de CNews par bollore et la sa campagne finance par bollore et d autres
    cela ne vous donne pas a reflechir

  7. Zemmour est meilleur que Trump car il est moins impulsif que ce dernier et plus sérieux aussi.
    Trump devait sa notoriété en partie à une émission de téléréalité. Eric quant à lui s’est toujours illustré dans un registre plus noble, même quand il était chroniqueur de télévision. Il n’abuse pas des réseaux sociaux comme Trump a pu le faire. Et Trump avait très vite mis beaucoup d’eau dans son vin en faisant de l’Arabie Saoudite un prétendu allié…
    https://resistancerepublicaine.com/2017/04/07/boulette-de-trump-un-repaire-des-rebelles-avec-des-armes-chimiques-destinees-a-lei-aurait-ete-bombarde/
    https://resistancerepublicaine.com/2017/05/22/le-traitre-trump-offre-a-larabie-saoudite-le-statut-de-capitale-de-la-lutte-contre-le-terrorisme/
    Enfin Trump est un milliardaire en grande partie grâce à son héritage. A ce titre, il appartient à une classe sociale très restreinte qui ne vit pas tout à fait dans le même monde que nous, il incarne le grand capital contrairement à Zemmour, issu du peuple, d’une immigration réussie, qui s’est battu pour se faire un nom et construire une carrière.
    Même les Français les plus modestes peuvent donc se reconnaître en Zemmour, alors qu’il est difficile de s’identifier à Trump.

    • Partir battu c’est la plus mauvaise stratégie, autant se suicider tout de suite !!!!

      • Chère Christine, vous avez raison, seule les batailles non livrées sont perdues d’avance! Ne jamais partir battu ou surtout, éloigner les défaitistes des troupes, ils font douter et perdre!

  8. Merci Jack pour cette traduction des commentaires de ce chroniqueur américain qui nous confortent dans nos opinions et nous laissent espérer que nous ne sommes plus seuls au monde !!…
    Merci, tout d’abord, à ce petit juif pied noir de nous avoir ramené à la réalité des enjeux civilisationnels qui s’imposent aussi ana chroniquement, car entre le mode de vie de bédouins des 4ème et 6ème siècle et aujourd’hui …cela dépasse l’entendement !!!…..
    C’était aussi ça le trumpisme??!!!… Hé bien, j’espère qu’il revivra le plus vite possible !

  9. (Commentaire – Partie 2 sur 2)

    Maintenant, j’en lis moins, des commentaires du genre… (Mais après, les articles sur Zemmour ne sont pas siiiiii nombreux, à l’étranger…)

    …Par contre, comme beaucoup d’Américains ne comprennent pas la langue française et ne connaissent – donc – de Zemmour QUE ce que les médias leur disent ET les traductions qui sont faîtes de ses propos… certains croient – à tort – que Zemmour est un individu “grossier” (“crass”, pour reprendre LE mot employé).

    (Pour petite info’ : si, en France, “on” compare Zemmour à Trump… j’ai lu des commentaires d’Américains qui disaient plutôt de Zemmour qu’il était “le Douglas Murray français”!)

  10. (Commentaire – Partie 1 sur 2)

    Les Américains pourraient se faire une – ENCORE – meilleure opinion (qu’ils en ont déjà) de Zemmour si ils pouvaient lire ses livres…!
    Je dis ça car j’ai lu quelques commentaires d’Américains – sur Internet – qui se disent déçus de ne trouver ni de version anglaise, ni de version espagnole des livres de Zemmour… qu’ils cherchent “afin de pouvoir se faire une meilleure idée du personnage”!

    …Au début de ce “phénomène Zemmour”, certains Américains – parmi les patriotes – ne voyaient pas d’un bon oeil la “politisation” de Zemmour : beaucoup semblaient penser que c’était un coup monté de la Gauche, afin de diviser les Français patriotes (et mettre ainsi des battons dans les roues de Marine le Pen)…

  11. J’ai beaucoup aimé cet article et j’espère que nos voisins les Français ne se laisserons pas manipuler par Macron, etc, comme les Suisses se laissent manipuler par cet Alain Berset, un syndicaliste chauve qui a trop d’audience par rapport à sa valeur réelle mais qui dicte l’agenda politique de l’affaire Covid-19 aux sots manipulés et incompétents.
     

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