Le fait que la Porte de Brandebourg figure en en-tête de cet article n’a strictement rien à voir avec les élections allemandes ! Cette image a tout simplement un rapport étroit avec la musique qui va ouvrir cette publication, la dernière consacrée aux variations. A la différence des deux autres articles, (ici et là) nous allons écouter des musiques mais dont le thème initial provient d’autres compositeurs. Mais pour mieux comprendre le travail du musicien, à chaque fois je vous proposerai d’écouter la source des variations.
On va tout de suite commencer par l’inamovible Haydn (1732-1809), qui dans le second mouvement de son quatuor Empereur (1797), a repris l’hymne allemand que voici :
Je vais avouer que je ne connais pas beaucoup d’hymnes nationaux, à part celui-ci, les hymnes américain, anglais, russe et israélien. C’est l’hymne allemand que je préfère, ah oui j’allais oublier la Marseillaise, mais depuis quelque temps je ne suis plus sûr de son auteur !
Trêve de plaisanterie, voici le second mouvement du quatuor Empereur de Haydn :
On ne quitte pas, en tout cas pas de suite, notre sympathique Joseph, grâce à un compositeur allemand, Johannes Brahms.
Brahms est né à Hambourg le 7 mai 1833 et mort à Vienne le 3 avril 1897, d’un cancer du pancréas. Il laisse une œuvre entre ses quatre concertos (deux pour piano, un pour violon, un pour violon et violoncelle), quatre symphonies, deux ouvertures, de la musique de chambre, 21 danses hongroises, un requiem ‘allemand » car les paroles ne sont plus en latin, mais dans la langue de Goethe.
Parmi les pièces orchestrales, se trouve un petit bijou, les variations sur un thème de Haydn. Brahms reprend une musique de son aîné, le second mouvement de son divertimento en si bémol, le Choral de Saint-Antoine.
En 1873, Brahms reprend le thème de Haydn et lui ajoute huit variations et un finale (qui cite à nouveau le )Choral de Saint-Antoine avec tout l’orchestre) . D’abord écrite pour piano à quatre mains, l’œuvre est orchestrée peu après. C’est le génial Bernstein qui va nous interpréter cela, il dirige le Philharmonique de Vienne dans la salle dorée du Musikverein de Vienne, là où sont donnés les concerts du Nouvel An.
A présent, voyons ce que ça donne dans la version originale à deux pianos. Mais avant d’aller plus loin, rappelez-vous que l’on compose des variations sur un thème donné, celui-ci doit toujours être reconnaissable, ce qui fait la difficulté de cette forme musicale. Et ce n’est pas toujours évident de retrouver la mélodie !
Voici Martha Argerich et Daniel Rivera dans cette version des variations sur un thème de Haydn :
https://www.youtube.com/results?search_query=haydn+variations+piano+argerich
Nous allons à présent changer de siècle avec le compositeur et pianiste russe Serge Rachmaninov.
Rachmaninov est entre autres l’auteur de symphonies, de musique pour chœurs et surtout de musique pour le piano, des préludes, quatre concertos et La rhapsodie sur un thème de Paganini. Je ne vais pas m’étendre sur la biographie de cet homme que l’on surnommait le « diable du violon ». Je vais me contenter de vous présenter le vingt-quatrième caprice pour violon, lui-même étant une musique à variations, car c’est de là qu’est parti Rachmaninov pour sa rhapsodie, et vous comprendrez le surnom de violoniste du diable !
Composée en 1934, la rhapsodie est la dernière œuvre du compositeur russe, décédé d’un cancer du poumon en 1943. Avant de vous présenter la rhapsodie, retour rapide sur les quatre concertos pour piano, voilà le début du premier qui doit vous rappeler quelque chose :
Oui c’est bien le générique de l’émission de Gérard Pivot, Apostrophes.
Le deuxième concerto est le plus connu et la musique a été reprise dans de nombreux films :
Le troisième concerto est le plus long et le plus redoutable. Le film Shine nous décrit le martyre du pianiste australien David Helfgott, obligé par un père tyrannique d’apprendre le troisième concerto de Rachmaninov, qu’il a donné effectivement à Londres en 1970, mais la pression qu’il avait subie pendant des années a été telle qu’il est tombé malade et qu’il a passé dix ans en hôpital psychiatrique. Le film qui lui est consacré est bouleversant !
Le quatrième concerto, plus difficile d’accès, est joué plus rarement, donc je passe directement à la rhapsodie. Elle comporte 24 variations, autant que le nombre de caprices de Paganini (pas plus parce que caprices, c’est fini…) Une première particularité intéressante est que la première variation arrive avant l’exposé du thème ; la deuxième est l’apparition du Dies Irae dont j’ai parlé dans un autre article et qui arrive à la septième variation. La variation la plus belle et la plus célèbre est la dix-huitième, souvent reprise au cinéma :
Et voici cette musique dans son intégralité, jouée par Nikolai Lugansky, avec l’Orchestre Philharmonique de la Société de Moscou :
Le dernier compositeur que nous allons découvrir est l’anglais Benjamin Britten :
En 1946, Britten compose Variations et fugue sur un thème de Purcell (Présentation de l’orchestre à une jeune personne), afin d’initier les jeunes à la connaissance des instruments de l’orchestre symphonique. Le thème principal vient du rondeau d’Abdelazer de Purcell :
Dans un premier temps, l’orchestre est présenté comme suit :
(
Puis les instruments arrivent les uns après les autres, dans un ordre bien précis, comme l’indique la vidéo que je vous propose, avec l’Orchestre symphonique YouTube (???) dirigé par le chef américain Michael Tilson Thomas :
Avant de vous quitter, je vous précise que Britten était aussi chef d’orchestre. Il a notamment enregistré les Concertos Brandebourgeois de Bach et surtout il a laissé un CD sensationnel dans lequel il dirige sa propre musique (les variations, bien sûr, la délicieuse Simple Symphony entre autres. Un véritable bijou !)
Bon visionnage et à bientôt !
Filoxe
POUR TERMINER : puisque la vaccination est à la mode, si on parlait de Pasteur ?
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Un grand merci pour avoir fait un rappel à mémoire de ces « tubes » de la musique classique, dont on connais souvent les variations mais plus rarement les œuvres originales qui en sont à l’origine. Pour ma part je n’ai découvert que bien plus tard après les variations pour orchestre de Brahms le choral de Saint Antoine de Haydn.
Quel plaisir de retrouver les valeurs sûres de la musique qui sont si souvent passées à la trappe dans le paysage audio-visuel actuel !
Merci Filoxe pour ces joyaux, je ne connaissais pas, en particulier ce Purcelle, un éblouissement ! Quant au diable du violon, il y a de quoi rester fasciné pendant longtemps. Merci encore une fois de nous montrer la grandeur, la force… de l’Occident, de sa civilisation de tout son art, musique, sculpture, architecture, littérature… Fabuleux. Oui tu nous aides à tenir bon face aux dégénérés, écolos notamment qui voudraient que l’asticot et le ver de terre fusent au même niveau que l’homme.