Je le reconnais, le titre « Variations pour un thème » n’est pas très « vendeur ». Et pourtant la quasi-totalité des compositeurs, de Vivaldi aux musiciens contemporains, se sont livrés à cet exercice, plutôt un défi en fait. l’idée de départ est simple : on crée une mélodie « toute bête », très facile à retenir, et à partir de là on la reprend pendant plusieurs minutes, mais en la modifiant à chaque fois. Le but étant évidemment que le thème initial soit toujours reconnaissable et c’est là toute la difficulté ! Nous allons donc voir comment ont fait Haydn, Mozart et Schubert.
Joseph Haydn (1732-1809), né dans la Basse-Autriche fut un compositeur extrêmement prolifique.
Certes il a vécu 77 ans, ce qui représente beaucoup pour l’époque, mais quand on sait qu’il a écrit 104 symphonies et si la durée moyenne est de 20 minutes, cela représente déjà plus de 34 heures de musique ! A cela il faut ajouter des messes, des concertos, de la musique de chambre, deux oratorios magnifiques (La Création et Les Saisons), ça mérite le respect ! Pendant sa longue vie, il a beaucoup voyagé, notamment à Paris et à Londres. On peut imaginer ce qu’étaient les transports à l’époque. Mais au moins on n’avait pas besoin de présenter un pass sanitaire…
La première œuvre que je vous propose est une symphonie londonienne, car écrite dans la capitale anglaise. Les symphonies londoniennes sont au nombre de 12. Celle qui nous intéresse est la numéro 94, nommée « Paukenschlag » en allemand, soit « coup de timbales ». On l’appelle aussi « La Surprise ». Son nom vient d’un gag qu’Haydn a introduit dans le second mouvement (il a été très facétieux toute sa vie !). La musique démarre et semble mourir peu à peu jusqu’à qu’un accord fortissimo vous fasse sursauter de votre chaise. Haydn a expliqué que c’était « destiné à réveiller les dames ! » Voici ce mouvement, avec ce thème initial qui rappelle « Ah vous dirais-je maman », et repris dans Les Saisons. La symphonie a été créée à Londres le 23 mars 1792.
C’est l’orchestre de Berlin, dirigé par le chef russe d’origine lettonne Mariss Jansons qui interprète cette œuvre, exécutée en mai 2001 dans l’église Sainte-Irène d’Istanbul. Mariss Jansons est décédé d’un cancer en décembre 2019. Évidemment les médias mainstream, euh traditionnels, n’en ont pas parlé, on a la culture qu’on mérite !
Si vous voulez en savoir un peu plus sur cette symphonie, la voici dans son intégralité par les mêmes interprètes :
Et si vous avez la chance de lire la musique, voici la partition !
.
Wolfgang Amadeus Mozart à présent, né en 1756 à Salzbourg et mort en 1791 à Vienne. Son œuvre est considérable avec 40 symphonies, des concertos pour un, deux, trois pianos, pour violon, flûte, etc. de la musique de chambre, des opéras (La flûte enchantée), de la musique de chambre, des messes, un Requiem (lequel est resté inachevé ; eh non, pour toutes les personnes qui ont vu Amadeus, Salieri n’est jamais intervenu dans l’écriture de cette musique, et d’ailleurs il n’a jamais été en conflit avec Mozart. Le Requiem a été terminé en 1792 sur la demande de sa veuve Constance par un de ses élèves, Franz Xavier Süssmayr)
Je vous propose la sonate numéro 11, composée dans les années 1780, c’est le premier mouvement qui fait l’objet de variations, le troisième vous le connaissez certainement, il est noté « alla turca« , ça vous rappelle quelque chose ? Cette sonate est jouée par Daniel Barenboïm.
.
Nous finissons ce petit voyage avec Franz Schubert (1797-1828), le premier compositeur vraiment romantique de la musique. Mort à 31 ans, il a écrit plus de 600 Lieder, 9 symphonies, des messes, de la musique de chambre, etc. mais on se demande comment ces personnages arrivaient à créer tout ça !
Je vous propose son célèbre quintette La Truite. Ce quintette fut écrit en 1819, mais il ne parut qu’en 1829, soit un an après la mort du compositeur. il comporte cinq mouvements, dont voici le quatrième, le plus célèbre :
La version que je vous propose ici est historique, les plus grands interprètes se sont réunis pour interpréter l’œuvre que d’ailleurs je vous propose en entier. Le film que j’ai trouvé va vous paraître un peu long, car il y a un reportage en anglais au début, il faut aller jusqu’à la minute 14 pour que le quintette démarre. Ce qui fait l’originalité de l’œuvre, c’est la composition inédite des instruments.
Piano : Daniel Barenboïm, Violon : Itzhak Perlman, Violoncelle : Jacqueline Du Pré, Contrebasse : Zubin Mehta. Pour information, Daniel Barenboïm est aussi un chef d’orchestre très renommé. Jacqueline Du Pré était sa femme et elle décédée d’un cancer le 19 octobre 1987. Zubin Mehta a laissé sa contrebasse pour la direction d’orchestre.
Il y aura prochainement un autre article consacré aux variations, mais cette fois les compositeurs seront allés chercher les thèmes chez les autres !
Bon visionnage à tous.
Filoxe
807 total views, 2 views today
En musique classique, on parle de variations SUR un thème, et non de variations POUR un thème.
Le thème est choisi et exposé en tout premier, et les variations suivent autour de lui. Et non l’inverse : les variations ne sont pas écrites pour créer le thème.
Oups ! J’ai oublié l’altiste pour Schubert, c’est Pinchas Zukerman.
Autant pour moi…
Filoxe
Qui est le 5ème, l’altiste ?
Ithzak Perlman, violon
Pinchas Zukerman, alto
Jacqueline Du Pré, violoncelle
Zubin Metha, contrebasse
Daniel Barenboïm, piano.
Ça fait un bien un quintette, mais avec une répartition des instruments très particulière !
Filoxe
Je me suis régalé !
Ironie du sort très symptomatique: alors que l’ on baigne dans cette merveille: un sous-titre nous invite à ouvrir un compte en banque ! Ça nous remet vite aux valeurs actuelles !
Une de mes partitions préférées, que je joue au piano, serenade de Schubert, un régal ce morceau.
La plus belle des musiques et de nos jours, nous n’avons plus de tels compositeurs.
Merci Filoxe. Très agréable de nous faire penser à autre chose que Macron et ses piquouses