Des merveilles ? Les galaxies, bien sûr ! Partie 2/3

La semaine dernière, je te proposais de nous émerveiller sur les galaxies pour les trois semaines à venir. Nous avions défini ce qu’était une galaxie, l’observation des nébuleuses, et nous avions entamé les différents types de galaxies en nous limitant à la seule classification de leurs formes. Pour cela nous allons passer en revue les galaxies spirales et elliptiques (pour retrouver cet article, clique ici). Nous continuons ici par la deuxième partie.

Comme la semaine dernière, les mots écrits ici en rouge ont leurs explications en fin d’article, classés par ordre alphabétique.

Les galaxies lenticulaires

Entre galaxies spirales et elliptiques, il existe un cas intermédiaire, celui des galaxies lenticulaires. Comme les spirales, celles-ci possèdent un noyau volumineux et un disque, mais, comme les elliptiques, elles sont démunies de bras spiraux et possèdent un milieu interstellaire (d’étoiles) relativement pauvre. Elles représentent la transition entre une galaxie elliptique et une galaxie spirale dans la séquence (classification) de Hubble.

À bien des égards, la composition des galaxies lenticulaires se rapproche plus de celle des galaxies elliptiques que des galaxies spirales. Par exemple, elles sont constituées d’étoiles en majorité âgées de plus d’un milliard d’années. Elles contiennent également plus d’amas globulaires que les galaxies spirales de masses et luminosités comparables.

Contrairement aux types de galaxies plus communs, les galaxies lenticulaires possèdent à la fois un disque central visible et un bulbe galactique central proéminent. Les galaxies lenticulaires sont souvent considérées comme la transition entre une galaxie spirale et une galaxie elliptique, raison pour laquelle leurs bras spiraux semblent inexistants et leurs bulbes si apparents. Tout comme les galaxies spirales et elliptiques, une galaxie lenticulaire peut comporter une bande d’étoiles traversant son centre. On parle dans ce cas d’une galaxie lenticulaire barrée. Cependant, les propriétés propres aux bandes étoilées dans les galaxies lenticulaires n’ont pas fait l’objet de beaucoup de recherches.

Les galaxies irrégulières

Il existe enfin une dernière catégorie, celle des galaxies irrégulières, qui contient toutes les galaxies qui n’entrent pas dans les trois groupes précédents. Ces galaxies présentent un aspect la plupart du temps difforme et sont très riches en gaz et en poussières. Elles peuvent être classées en deux groupes.

Le premier groupe concerne les galaxies ayant un aspect irrégulier mais dont la distribution de matière est en fait très régulière, comme par exemple les Nuages de Magellan. Celles-ci sont aujourd’hui considérées comme des spirales qui n’ont pas réussi à achever leur formation.

Le deuxième type est celui des galaxies véritablement irrégulières, autant du point de vue visuel que de celui de la répartition de matière. Cette irrégularité peut avoir diverses origines comme une forte activité dans le noyau ou bien une collision passée avec une autre galaxie.

 

LES BRAS SPIRAUX DES GALAXIES

La rotation différentielle

L’origine de la structure spirale de certaines galaxies reste encore de nos jours un sujet d’étude. La première tentative d’explication consistait à dire que la forme spirale était due à la rotation différentielle de la galaxie. Ainsi, les parties internes tournaient plus vite que les parties externes et la structure spirale apparaissait tout naturellement avec le temps. Malheureusement pour cette explication, les bras auraient fini par s’enrouler sur eux-mêmes tout en s’étirant. Ils auraient rempli toute la galaxie en un temps de l’ordre du milliard d’années, ce qui est incompatible avec les observations. De plus, la découverte de la matière noire a changé toute la donne.

Les ondes de densité

Depuis, d’autres théories ont fait leur apparition. La première est celle des ondes de densité, un mécanisme suggéré par l’astronome suédois Bertil Lindblad dans les années 1940 et appliqué en modèle des galaxies spirales par les américains Chia-Chiao Lin et Frank Shu en 1964.

Nous savons qu’une onde sonore correspond à des variations périodiques de la pression d’un gaz. De façon similaire, les ondes de densité sont des variations de la concentration de matière qui se propagent dans la galaxie. Les bras spiraux ne sont pas liés à des étoiles données, ce sont simplement des régions où la matière est temporairement plus concentrée. Ainsi, les bras peuvent se déplacer en bloc, indépendamment de la matière, ce qui explique que leur forme ne change pas avec le temps.

Comme la densité de matière est élevée dans les bras, le gaz interstellaire s’y trouve comprimé, ce qui provoque l’effondrement de nuages moléculaires et la formation d’étoiles massives et brillantes. Au contraire, entre les bras, se trouvent des régions de faible densité sans étoiles massives qui sont donc beaucoup moins visibles.

Cette théorie explique l’existence de bras spiraux, mais elle présente deux difficultés. D’abord, elle n’explique pas le phénomène qui donne naissance aux ondes de densité. Ensuite, elle n’explique pas comment les ondes de densité sont entretenues alors qu’elles devraient avoir tendance à se dissiper au bout de quelques millions d’années.

L’autopropagation de la formation d’étoiles

Une autre théorie initialement proposée par les astronomes américains Mark W. Mueller et W. David Arnett en 1976 est celle de l’autopropagation de la formation d’étoiles.

Les étoiles massives achèvent leur existence par de formidables explosions en supernova qui peuvent déclencher l’effondrement de nuages moléculaires et donc la formation de nouvelles étoiles massives. Si les premières étoiles sont alignées le long d’un bras spiral, les nuages moléculaires qui s’effondrent et les nouvelles étoiles formées le sont également. Plus tard, ces dernières exploseront à leur tour et donneront naissance à une nouvelle série, toujours dans le même bras. De cette façon, la forme du bras spiral se conserve de génération en génération d’étoiles.

Évidemment, cela n’explique pas l’origine première de la forme spirale, mais les premières étoiles peuvent très bien apparaître lors de collisions aléatoires entre nuages moléculaires et la forme spirale naître par suite de la rotation différentielle de la galaxie.

Laquelle des deux théories est la bonne ? Il semble en fait que les deux mécanismes existent et qu’ils donnent lieu à des types différents de spirales. Les ondes de densité sont probablement en jeu dans les galaxies possédant des bras spiraux fins, nets et clairement définis. C’est en particulier le cas dans les spirales qui possèdent une barre centrale capable d’entretenir le phénomène ou dans celles qui ont subi des interactions gravitationnelles avec d’autres galaxies. L’autopropagation de la formation d’étoiles serait quant à elle plutôt en cause dans les galaxies qui présentent des bras spiraux incomplets, épais ou mal définis.

A la semaine prochaine !

Bye bye !

Professeur Têtenlair

Amas : regroupement

Amas globulaires : concentration importante d’étoiles qui ne se sépareront jamais car très fortement liées par la gravité. L’amas globulaire (ou fermé) s’oppose à l’amas ouvert où les étoiles sont beaucoup moins liées par la gravité et convocation de se séparer de l’amas.

Année lumière : 1 années-lumière = 10 mille milliards de kilomètres

Bulbe galactique : partie centrale des galaxies spirales, située dans le disque et entourant le noyau galactique.

Classification de Hubble : En astronomie, la séquence de Hubble est une classification des types de galaxies basée sur des critères morphologiques et fut développée en 1936 par Edwin Hubble

Force centrifuge : mouvements de rotation qui se traduit par une tendance à éloigner les corps du centre de rotation. Elle s’oppose à la force centripète qui a tendance à rapprocher les corps du centre de rotation

Gravitation – gravité : attractions des corps entre eux

Interstellaire : situé entre les étoiles

M : pour déterminer les objets du ciel, il existe plusieurs classifications. Les deux plus répandues, et de très loin, sont la classification de Charles Messier (1730-1817), astronome français, dont chacun des objets qu’il a découverts (103) commence par la lettre « M ». Puis il y a le New General Catalogue (NGC) est un répertoire de 7 840 objets célestes, surtout des galaxies ainsi que des amas d’étoiles et des nébuleuses.

Matière noire : matière occupant, avec l’énergie sombre, 96 % de l’Univers. La matière noire n’absorbe pas de lumière, n’en n’émet pas, traverse toutes les matières solides, y compris les corps humains sans que l’on ne s’en rende compte. Elle est donc invisible, impalpable, mais la démonstration a été faite qu’elle existe. Ton serviteur lui consacrera dans l’avenir un article.

Nébuleuse : c’est un nuage interstellaire de gaz et de poussières. C’est là essentiellement que naissent les étoiles.

NGC : pour déterminer les objets du ciel, il existe plusieurs classifications. Les deux plus répandues, et de très loin, sont la classification de Charles Messier (1730-1817), astronome français, dont chacun des objets qu’il a découverts (103) commence par la lettre « M ». Puis il y a le New General Catalogue (NGC) est un répertoire de 7 840 objets célestes, surtout des galaxies ainsi que des amas d’étoiles et des nébuleuses.

Plan équatorial : plan perpendiculaire à l’axe de rotation de la Terre

Sphéroïde : volume proche de la sphère

Trou noir : objet céleste si compact que l’intensité de son champ gravitationnel empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. De tels objets ne peuvent ni émettre, ni diffuser la lumière et sont donc noirs, ce qui en astronomie revient à dire qu’ils sont optiquement invisibles. Cependant, selon la physique quantique, un trou noir est susceptible de s’évaporer par l’émission d’un rayonnement de corps noir appelé rayonnement de Hawking.

Voie lactée : notre galaxie, appelé aussi parfois La Galaxie

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8 Comments

    • Merci frejusien de l’intérêt que tu portes à cet article, et je te présente mes excuses d’y répondre un peu tardivement.
      Oui, l’univers présente des éléments d’une beauté indescriptible dans des dimensions qui dépassent la compréhension humaine et à des distances tout aussi incompréhensibles.
      L’homme a découvert beaucoup de choses dans les limites de ses observations qui sont pourtant immenses mais reste infiniment modestes.

  1. Superbe article, qui nous donne un peu le vertige. L’infinité de l’univers, c’est effrayant! Un espace sans limite est inconcevable pour l’esprit humain. Merci pour ce bon moment.

    • Merci Argo de ton post et je te présente mes excuses d’y répondre un peu tardivement.
      Oui, les dimensions de l’univers sont telles qu’elles dépassent toute conception humaine. Mais en le fréquentant régulièrement, on s’habitue un peu à ces millions et dizaines de millions d’années-lumière de distance des objets qui nous séparent de la terre.
      Mais il faut savoir que, même si l’on observe des objets situés très loin dans l’univers, que l’on appelle Univers Observable, ce dernier, et nous le savons bien, ne constitue qu’une partie absolument infime de ce que doit être probablement l’univers.
      Seul un Dieu, sans savoir duquel il s’agit, a pu créer de telles choses et les comprendre.

  2. Je ne m’intéresse personnellement qu’au système solaire qui est déjà assez vaste et riche de perspectives passionnantes. Les galaxies elles, me paraîssent trop lointaines pour le moment. Lorsqu’on aura trouvé un système de propulsion à la vitese de la lumière (voire plus) et qui mettra celles-ci à notre réelle portée alors je changerai probablement mon fusil d’épaule. Mais d’ici là j’aurai déjà migré vers la 5ème dimension.

    • Bonjour Le sacristain,

      Tout d’abord, je te présente mes excuses de te répondre un peu tardivement. Débordé ces derniers temps…
      Comme tu le sais, il y a deux grands domaines dans l’observation de l’univers :
      – ce que l’on appelle « le Planétaire »
      – ce que l’on appelle « le Ciel profond »
      En principe un astronome porte beaucoup d’intérêt à ces deux types d’observation. Mais chacun d’entre eux a quand même une petite, voir une grosse, préférence. En ce qui concerne ton humble serviteur, même si l’ensemble des choses le passionne au plus haut point, il a un petit faible non négligeable pour le ciel profond. Cependant, j’ai un télescope conçu pour l’observation du ciel profond et un autre conçu pour l’observation du planétaire (ce dernier étant en réalité une lunette, nettement plus indiquée pour le planétaire).
      Alors, tu es visiblement plus attiré par le planétaire, et c’est déjà quelque chose de magnifique. Le ciel profond est, effectivement et comme tu le dis, beaucoup plus lointain, mais n’est-ce pas là son charme et tout son mystère ?
      Également, le planétaire se limite au système solaire, certes extrêmement varié, mais se limitant globalement au soleil, aux planètes et à leur satellite naturel (lunes). Le profond lui fait découvrir d’autres éléments que l’on ne trouve pas dans le système solaire comme les galaxies, les nébuleuses, les amas, les trous noirs, et beaucoup d’autres choses.
      Quant à ce que tu dis « Lorsqu’on aura trouvé un système de propulsion à la vitesse de la lumière (voire plus) » ça remettra beaucoup de choses en cause et, entre autres, la relativité générale d’Einstein qui s’appuie sur le principe que la vitesse de la lumière est une vitesse qui ne pourra jamais être dépassée. Alors…
      Enfin, si de telles choses devaient arriver, comme tu le dis sans problème, nous serons tous, et depuis bien longtemps, dans la5ème dimension !

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