Dimanche cinéma : hommage à Gary Cooper, un acteur comme on n’en fait plus !

Ce mois de Mai 2021 fut particulier pour tous ceux qui, comme moi, aiment Gary Cooper.  Comme le dit joliment sa fille Maria, le 7 Mai est le 120ème anniversaire de sa venue dans ce monde, et le 13 Mai est le 60ème anniversaire de sa naissance dans l’autre monde.

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Né le 7 Mai 1901 et décédé (il était atteint d’un cancer) le 13 Mai 1961 juste quelques jours après la célébration de son soixantième anniversaire.  Gary Cooper fut une des premières immenses stars de cinéma. Il commença sa carrière en tant que figurant et cascadeur (il fut souvent payé pour galoper à vive allure ou tomber de cheval). Puis grâce à Clara Bow (méga star de l’époque), il fut engagé dans la superproduction Wings (1927)
Il a une courte scène (une minute et demie) mais sa silhouette et son regard intense suscitèrent l’engouement aussi bien des femmes que des hommes, et des centaines de milliers de lettres envahirent les studios de Hollywood, demandant qui était donc ce jeune homme.  Il devint un “leading man” et se construisit une filmographie exceptionnelle.
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Des gens comme Pablo Picasso et Ernest Hemingway étaient fascinés par Gary Cooper.  Pour réaliser à quel point Gary Cooper était célèbre, prenez le temps d’écouter cette interview (en français) de Billy Wilder à la Gare de Lyon (Paris 1956).
Parmi sa formidable filmographie, on trouve beaucoup d’œuvres politiquement incorrectes. Par example, The Real Glory (1939) est encore d’actualité, mais aujourd’hui cette histoire ne serait pas mise en scène parce qu’elle serait qualifiée islamophobe. 
L’histoire: En 1906, Ali Pang et ses guérilleros musulmans Moro terrorisent les habitants de l’île de Mindanao (aux Philippines), attaquant les villages, tuant les hommes et emportant les femmes et les enfants comme esclaves. Au lieu de maintenir indéfiniment des garnisons pour protéger les Philippins, l’armée américaine teste une nouvelle tactique à Fort Mysang. Le détachement de l’armée est remplacé par une poignée d’officiers qui doivent former au combat les natifs de l’île afin de repousser eux-mêmes les musulmans qui terrorisent la population. Le lieutenant Canavan (Gary Cooper), médecin de l’armée, est envoyé pour les garder en bonne santé physique et mentale.
 
Voici une scène magnifiquement politiquement incorrecte: 
Lieutenant Canavan (Gary Cooper): “Allez, viens plus près. (Montrant le musulman capturé). C’est ce dont vous aviez peur lorsque les soldats américains sont partis.  Vous étiez triste et vous auriez dû être heureux parce que c’est votre pays, et si c’est votre pays, vous devez le protéger. Mais vous ne le ferez jamais si vous avez peur des hommes comme lui (il montre le musulman). Lui il pense que vous n’êtes digne que pour l’esclavage et c’est parce que vous agissez comme des esclaves. La peur a fait de vous des esclaves. Jetez un coup d’œil sur cet homme. Si nous le coupions, nous constaterions qu’il n’a qu’un seul cœur, un seul estomac, environ 7 à 8 mètres d’intestins, ni plus ni moins que ce que vous avez. Alors qu’est-ce qui fait de lui un homme meilleur et fort? Vous.  Vous le rendez plus fort parce que vous avez peur de lui. Je vais vous montrer de quoi vous avez peur. (Un soldat apporte une peau de porc et la pose par terre devant le musulman). Très bien. Dites-lui maintenant que nous allons l’enterrer dans cette peau de porc. Mettez le dans la peau de porc. (L’homme crie effrayé. Il a supplié de ne pas être mis dans la peau.) Maintenant, regardez-le. Regardez le courageux Moro, les terribles guerriers qui ne vous laisseront pas travailler vos rizières ou pêcher la mer en paix. Comment pourriez-vous avoir peur de ce ver rampant sur le sol, hurlant d’avoir pitié, demandant de l’aide parce qu’il a peur de la peau d’un cochon mort. Regardez-le bien. Est-ce un homme dont il faut avoir peur?”
Il y a aussi le grand classique de Frank Capra, Meet John Doe (1941) dont le sujet traite de la manipulation des médias et de la corruption. Un film à voir absolument.
Meet John Doe (1941) VO/STFR
Début de l’histoire: Un journal local, The Bulletin, est sous une nouvelle direction, la chroniqueuse Ann Mitchell est l’un des membres du personnel licenciés, mais avant de partir elle doit écrire une dernière colonne. Furieuse, Ann imprime une lettre d’un chômeur fictif “John Doe” menaçant de se suicider la veille de Noël pour protester contre les maux de la société.
Le générique du début est illustré par des images qui montrent les gens ordinaires de la classe ouvrière, les “John Doe” ou “Dupont” en français. La classe ouvrière méprisée par les politiciens, par le showbiz et par les médias. Les gens de la classe ouvrière qui votent aujourd’hui pour Trump; les “deplorables” comme Hillary Clinton les a appelés en septembre 2016.
A la fin du générique de présentation, on voit un plan sur l’enseigne en pierre d’un journal. EST 1862. THE BULLETIN. A Free Press means a Free People.
(ÉTABLI EN 1862. LE BULLETIN. Une presse libre signifie un peuple libre.)Puis un “deplorable”, un “john Doe” fait son travail. Avec un marteau piqueur, il casse l’enseigne de pierre. Le nom du journal est détruit en premier.  Puis, gros plan sur le mot Free qui est pulvérisé, effacé par le marteau piqueur.  Deuxième gros plan sur le mot Press également effacé par le marteau piqueur.Ensuite on peut voir la nouvelle enseigne du journal: THE NEW BULLETIN – A streamlined newspaper for a streamlined era.

(LE NOUVEAU BULLETIN – Un journal simplifié pour une époque rationalisée.)
La presse n’est plus au service de l’information pour le peuple, mais devient une arme de propagande pour manipuler et asservir le peuple.
J’aime Gary Cooper depuis que je suis enfant.  Et adolescente, j’en étais même follement amoureuse. “C’était un poète du réel. Il savait tout sur les vaches, les taureaux, les voitures et les marées de l’océan. Il avait l’enthousiasme d’un garçon. Il pouvait toujours vous dire sa première impression vivante d’une chose. Il avait une politesse à l’ancienne, et il ne disait rien à la légère.”  Clifford Odets (1961) à propos de Gary Cooper.

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17 Commentaires

  1. Signalons que Gary Cooper fut le seul acteur ( avec Fernandel,suite au tournage de Don Camillo) a etre recu au Vatican par le pape Pie XII.La raison etait que, comme Fernandel ,il etait catholique et non divorce.

  2. A propos de cinéma, je me rends compte que depuis quelques jours, la télé diffuse à un rythme soutenu quantité de films “complotistes” du genre de ceux qui nous annoncent le futur pas brillant qui nous attend : Bienvenue à Gattaca, The Truman Show, il y en a eu d’autres, je ne vais pas les citer tous… Le covid-19 est en mode disparition progressive, certains films ont la faveur des chaînes de télé, l’armée s’agite, Israël revient sur le Passeport sanitaire… Non-non, il ne se passe rien.

  3. oui que de regrets …c étaient de vrais acteurs avec du talent§§§ par un Omar SY!!!!!

  4. A rappeler également, ces deux films où il interprète un architecte : “Peter Ibbetson” (1935), film fétiche des surréalistes pour sa communication par les rêves, et “Le rebelle” (1949) de King Vidor, où il incarne le créateur de génie seul face à la vulgarité imposée. La tension dramatique qui s’y dégage face à sa partenaire Patricia Neal est électrisante, avec Raymond Massey entre les deux…

    • J’ai vu plus de soixante-dix films de Gary Cooper, dont beaucoup plusieurs fois et certains plus d’une dizaine de fois. Il a vraiment une filmographie exceptionnelle. MAIS, il y a deux films que je n’aime pas du tout. 

      Peter Ibbetson (1935) avec Ann Harding. Personnellement je trouve qu’il n’y a aucune alchimie entre Harding et Cooper. Mais surtout, je n’aime pas l’histoire. Le début est charmant avec les deux enfants, puis lorsqu’ils sont adultes, même sans alchimie entre les deux acteurs principaux, le film se laisse regarder avec intérêt. Cependant, dès que Peter se retrouve en prison et paralysé, je décroche. Peter est sur le point de mourir et, vu sa situation, c’est ce qu’il y a de mieux pour lui. Mais non, cette idiote de Mary le supplie de vivre afin de pouvoir le retrouver en pensée. Ce film n’est pas un film d’amour. Si Mary avait vraiment aimé Peter, elle l’aurait laissé partir au lieu de lui demander de croupir paralysé dans une cellule d’une infâme prison. J’ai vu ce film un soir au Cinéma de Minuit, j’étais adolescente et je suis restée dégoûtée par l’attitude égoïste de Mary. Je déteste ce film.
        
      Les Aventures de Marco Polo (1938) avec Sigrid Gurie, une actrice d’origine norvégienne qui joue le rôle de la princesse chinoise… Je pense aussi que Gary Cooper était un mauvais choix pour ce rôle. Lui-même dira plus tard qu’il n’aurait pas dû signer pour ce film.  

      • Petite precision : a ma connaissance et a l epoque, Gary Cooper etait sous contrat avec une major company.Refuser de faire un film pouvait etre compromettant pour la suite de sa carriere !
        La 1ere a se rebeĺler contre cet etat de fait fut,je crois , Bette Davies ,a la suite d un long proces (elle le gagna) et que son prestige d etre parmi les 5 plus grands acteurs au box office d Hollywood le lui permettait !

        • Cooper a refusé beaucoup de films. L’acteur Joel McCrea (qui etait aussi un ami) disait qu’il devait une grande partie de sa carrière à Gary Cooper parce que les studios Paramount lui proposaient les scénarios que Gary avait rejetés.

  5. enfant, j’allais avec mon père au cinéma “el mansour” à Dakar voir les films de cowboy avec le grand Gary Cooper (entre autres)…

  6. Belle époque, trop vite envolée! Tous ces grands acteurs, Gary Cooper, Cary Grant, Humphrey Bogart, Grégory Peck, etc. On peut heureusement les retrouver dans leurs films! Merci pour ce rappel! 👍👍👍👍👍

    • N’avez vous pas oublié le fabuleux Spencer Tracy? Sans parler des autres fort nombreux immensités du cinéma. Une époque où “aller au cinéma” était une aventure. Maintenant, les djeunes préfèrent la moquette et le petit écran manuel – à croire qu’ils sont tous venus du Sud.
      Sans oublier, que de ce côté de l’océan, nous avons aussi quelques immenses acteurs: Jouvet, Raimu, Fernandel… et je ne vais pas tous les citer.

  7. Merci Beate pour cet article original.

    Je remarque que Gary Cooper (et les Américains en général) jouait (admirait ?) souvent le soldat français de 1918, celui de la Légion étrangère… c’est fou le nombre de film de lui que je n’ai jamais vud !

    Après 45, les films américains, c’était plutôt “Paris brûle-t-il” ou “French connection”… ce qui donne une idée du changement de paradigme.

    Je suis étonné que Billie Wilder parle aussi bien français…

    • J’ai vu plus de soixante-dix films de Gary Cooper, certains plusieurs fois. D’abord à la télévision quand j’étais enfant, comme The Virginian, The Fighting Caravan, The Westerner, et bien d’autres. Enfant, je voulais être le cowboy des films The Virginian ou The Fighting Caravan.
       
      Lorsque je suis devenue adolescente, je regardais Le Ciné Club et le Cinéma de Minuit chaque semaine, l’un le vendredi soit, l’autre le dimanche soir. Ma mère et moi avions fait un pacte pour le dimanche soir: Je pouvais regarder le Cinéma de Minuit si je me levais sans problème et à l’heure pour aller à l’école le lundi matin. 
      C’est en regardant Gary Cooper au Cinéma de Minuit, qu’un soir je suis tombée amoureuse du gars de City Streets, Farewell to Arms, Morocco, Desire, For Whom the Bell Tolls, The Fountainhead.

      Puis j’ai acheté des DVD de ses films, et plus tard, grâce à internet, j’ai trouvé des films que je n’avais jamais vu.

      Allez faire un tour sur le site Gary Cooper Collection. Ce site est fait par une admiratrice texane. Vous y trouverez des films muets et certains de ses premiers films parlant. Ce sont des films qui ne sont pas disponibles dans le commerce. https://www.garycoopercollection.com/video 

      Très bientôt, elle ajoutera à cette liste The Wolf Song (1927) avec Lupe Vélez.  J’ai vu ce film plusieurs fois et je l’aime beaucoup. C’est absolument politiquement incorrect. Les féministes s’arrachaient les cheveux en voyant ce film, pourtant le personnage feminin a un sacré caractère. Et à la fin, le “gros” macho revient vers elle et se traîne à ses pieds en disant “I cannot be free without you.” 

      I take this woman (1931) avec Carole Lombard. C’est un très joli film.

      The Texan (1930) avec Fay Wray et Emma Dunn. J’aime beaucoup ce film.Je l’ai vu plus d’une dizaine de fois. Emma Dunn est très émouvante, et je pleure à chaque fois lorsqu’elle retrouve ce fils perdu. 

      Doomsday (1927) avec Florence Vidor. J’aime beaucoup ce film aussi. Vers la seizième minutes du film, il y a (à mon sens) une des scènes les plus érotiques du cinéma: un baiser échangé dans une meule de foin.

      The Story of Dr. Wassell (1944) avec Laraine Day. On y voit les beaux yeux de Gary en couleur: Bleu. Un très beau bleu.

      His woman (1931) avec Claudette Colbert. J’aime infiniment Claudette Colbert. Elle a aussi une filmographie incroyable. Et lorsqu’elle a vieilli et que les rôles se faisaient plus rares et moins intéressants, elle a eu l’intelligence de quitter Hollywood pour jouer au théâtre à Broadway. C’est une actrice magnifique. Il faudra faire une page sur elle. 

      The Virginian (1929) avec Mary Brian. C’est un grand classique. Il y a une phrase culte vers la septième minute: “If you want to call me that, SMILE!” Ce film m’a tellement impressionné, qu’après l’avoir vu une fois à la télévision, j’en ai rêvé pendant bien deux ou trois ans. Je voulais être ce cowboy. Heureusement que la théorie du genre ne pourrissait pas votre vie. J’ai pu jouer au cowboy avec un revolver sans que mes parents ne s’inquiètent de mon “orientation genrée”… J’étais juste une petite fille de sept ans qui aimait jouer au cowboy.  

      Only The Brave (1930) avec Mary Brian. Lorsque j’ai vu ce film, je ne me suis pas du tout identifiée au personnage joué par Gary Cooper, car je le trouvais extrêmement séduisant dans son uniforme.

      Lilac Time (1928) avec la charmante Colleen Moore qui joue le rôle d’une jeune fille française. Le très jeune Gary Cooper est superbe; l’uniforme lui va magnifiquement bien. 

      Nevada (1927). Un western romantic muet.

      The Last Outlaw (1927). Un autre western muet avec une chouette scène de bataille au revolver dans un bar, vers la vingt-troisième minute. Oh, combien j’ai rêvé et je rêve encore d’avoir des revolvers avec l’assurance et l’autorité de Cooper dans cette scène. 
       
      A Man from Wyoming (1930) avec June Collyer. C’est un très joli film que j’ai aussi vu plusieurs fois. L’histoire se passe en France. Il y a un personnage feminin bien plus intéressant que de nombreux personnages féminins dans les films d’aujourd’hui.  

      Quand vous aurez vu tous ces films, je vous enverrai d’autres liens pour encore plus de films.

      • Merci @Beate

        J’en ai au moins jusqu’à la retraite à tout visionner ! 🙂

  8. combien j’ai adoré cette époque !! nous n’avions pas grand chose et la vie était belle.

    • Maintenant, ils ont les écrans dans la main… qu’ils ont laissé aux “anciens” le soin d’inventer.
      Perso, je regrette qu’ils ne diffusent plus le film “Sergent York” qui n’était qu’une des réalités de la “grande guerre”.

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