Mercredi dernier, Professeur Têtenlair avait défini
comment mouraient les comètes et leurs périodicité..
Il poursuit ici.
Les comètes (volet 6 sur 8)
Les grandes peurs des comètes.
Inattendues, incomprises, de tout temps les comètes nous ont surpris, voire effrayés.
Voici une courte évocation des peurs suscitées par les comètes.
Pour lire ou relire (ouverture dans un nouvel onglet) : volet 1 – volet 2 – volet 3 – volet 4 – volet 5
– 1000. La comète de l’An Mille. Pingré dans sa Cométographie a compilé les différentes chroniques qui la mentionnent. Les observations sont insuffisantes pour qu’elle soit retenue dans les catalogues des astronomes. Un bolide a également été remarqué cette année-là.
– 1066. Le passage de la comète de Halley et la tapisserie de Bayeux.
La broderie contient la représentation d’une comète, identifiée à la comète de Halley visible en Angleterre à la fin d’avril 1066. Cette identification est entièrement justifiée car le motif figurant la comète est placé, sur cette bordure, à une date compatible avec celle du phénomène astronomique.
– 1527. La fausse comète d’Ambroise Paré. Dans son livre « Les Monstres », Ambroise Paré décrit les catastrophes des comètes. Quand il en désigne une, c’était en fait une aurore boréale.
– 1556. La Grand comète C/1556 D1. Elle aurait provoqué l’abdication de Charles Quint.
On savait depuis Halley, que certaines comètes nous reviennent périodiquement. Le chanoine Pingré, brillant cométographe, avait remarqué que la comète vue en 1264, à laquelle on avait, à l’époque, attribué la mort du pape Urbain IV, avait des paramètres très voisins de celle vue en 1556, appelée comète de Charles Quint, parce qu’elle l’aurait déterminé à abdiquer
– 1680. Comète de 1680. Deux ans après, Pierre Bayle publie sa Lettre sur la comète
– 1717. Certains attendent le retour de la comète de 1680 prédit par Jacques Bernoulli dans son Traité de la comète. Voltaire s’en est moqué en écrivant :
« Quelques Parisiens, qui ne sont pas philosophes, et qui, si on les en croit, n’auront pas le temps de le devenir, m’ont mandé que la fin du monde approchait, et que ce serait infailliblement pour le 20 du mois de mai où nous sommes.
Ils attendent ce jour-là une comète qui doit prendre notre petit globe à revers, et le réduire en poudre impalpable, selon une certaine prédiction de l’Académie des sciences qui n’a point été faite.
Rien n’est plus probable que cet événement ; car Jacques Bernouilli, dans son » traité de la comète « , prédit expressément que la fameuse comète de 1680 reviendrait avec un terrible fracas, le 17 mai 1719 ; il nous assura qu’à la vérité, sa perruque ne signifierait rien de mauvais, mais que sa queue serait un signe infaillible de la colère du ciel. Si Jacques Bernouilli se trompa, ce ne peut être que de cinquante-quatre ans et trois jours.
Or, une erreur aussi peu considérable étant regardée comme nulle dans l’immensité des siècles, par tous les géomètres, il est clair que rien n’est plus raisonnable que d’espérer la fin du monde pour le 20 du mois de mai 1773, ou dans quelque autre année. Si la chose n’arrive pas, ce qui est différé n’est pas perdu. »
– 1744. La très spectaculaire comète de Chéseaux (C/1743 X1).
– 1759. Le premier retour annoncé et observé de la comète de Halley.
– 1770. La comète Lexell (D/1770 L1) s’approche à seulement 2 millions de km de la Terre.
– 1773. L’annonce de la lecture à l’Académie des Réflexions sur les comètes qui peuvent approcher de la Terre, par Lalande, provoque un début de panique. Lalande essaye de calmer le jeu en publiant une mise au point dans la Gazette de France. Voltaire publie sa Lettre sur la prétendue comète.
– 1811. La Grande Comète de 1811. C’est celle du vin de la comète, ce qui la rend plutôt sympathique. Aristide Bruant en fera une chanson (Le vin de la comète). Mais c’est aussi la comète de Napoléon et Tolstoï la mettra en scène dans Guerre et Paix.
– 1832. Collision annoncée avec la comète 3D/Biela à la suite d’une orbite mal comprise calculée par Damoiseau. Béranger en tire une chanson (Finissons-en, le monde est asez vieux). Cette fois-ci, c’est Arago qui doit calmer le jeu.
– 1857. Annonce du retour hypothétique des comètes de 1264 et 1556 (la comète de Charles Quint). Mais rien n’arrive. Daumier en tire une série de caricatures mettant en cause l’astronome académicien Jacques Babinet qui avait médiatisé (toutefois avec prudence) l’événement.
– 1861. La Grande Comète C/1861 J1 (aussi comète Tebbutt). La Terre passe dans la queue de la comète.
– 1863. 109P/Swift-Tuttle croise l’orbite de la Terre à un mois de distance. Jules Verne y a fait allusion dans un de ses entretiens : c’est peut-être l’origine de son roman Hector Servadac.
En frôlant la Terre, une comète emporte une portion de notre planète et quelques-uns de ses habitants. Les occupants de ce nouveau monde devront apprendre à y vivre ensemble et à surmonter les problèmes de leur nouvel environnement jusqu’à ce que l’astre errant vienne les redéposer sur Terre.
Comme beaucoup d’autres œuvres de Verne, ce roman mêle avec un grand art des faits scientifiques rigoureux provenant des meilleures sources de l’époque à des hypothèses abracadabrantes. Comment la comète a-t-elle pu emporter sans dommage un bout de Terre et ses occupants, comment ceux-ci ont-ils pu bénéficier de conditions propices à leur survie, et comment, surtout, le retour sur Terre a-t-il pu être possible ?
– 1910. C/1910 A1, la Grande Comète de Janvier, juste avant le retour de la comète de Halley. Souvent confondue dans les souvenirs populaires avec cette dernière, elle a été associée (en France) avec les crues de 1910. Déjà l’eau de la comète !
– 1910. Le retour de la comète de Halley le 18 mai.
Le passage de la comète de Halley en 1910 causa une grande inquiétude en Europe et aux États-Unis, annoncé comme pouvant entraîner la « fin du monde » ! On l’annonçait comme se rapprochant très près de la Terre, et dégageant un gaz toxique, le cyanogène. La comète de Halley était perçue comme une énorme boule de gaz toxique se rapprochant de la Terre à la vitesse astronomique de 190 000 km/h !
Devant la peur qui monte, les pouvoirs publics demandent à Camille Flammarion, astronome digne de confiance et très populaire, de s’exprimer. Il mentionne tout d’abord la possibilité d’une destruction de la vie sur Terre suite à une collision céleste avec la comète de Halley. Pourtant il juge l’événement peu probable.
Les réactions, suite à la diffusion de cette information d’un danger imminent, furent diverses : certains se mirent à vendre tous leurs biens pour profiter du peu de temps de vie qu’il leur restait, risquant ainsi de mourir d’ivresse plutôt que d’intoxication. D’autres en Amérique calfeutrèrent leurs fenêtres, dans le but d’empêcher le gaz toxique de pénétrer à l’intérieur des logements. De nombreuses personnes en France et en Italie se réfugièrent dans les églises, dont les portes demeurèrent ouvertes pendant cette fameuse nuit de mai 1910. Plusieurs dizaines de milliers de croyants se retrouvèrent pour prier sur la place Saint-Pierre. Un Hongrois préféra se suicider plutôt que de risquer de mourir intoxiqué.
– 1930. La comète Schwassmann-Wachmann 3 frôle la Terre. À huit millions de kilomètres tout de même. Fernand Baldet l’observe à la grande lunette de Meudon et tente de distinguer le noyau. Pas de panique cette fois-ci. L’année suivante sort le film d’Abel Gance La Fin du monde inspiré du roman de Flammarion, où des scènes d’observations cométaires à la grande lunette de Meudon sont filmées.
Et pour nous rassurer et réconforter, une très belle
photo de la comète C/1995 O1 (Hale-Bopp) !
Pour les comètes, les choses s’arrêtent là. Les deux derniers volets (7 et 8) concerneront les étoiles filantes. Concernant les comètes, Professeur Têtenlair n’en a dit que l’essentiel. Si tu veux en savoir plus, beaucoup plus, clique ici (nouvel onglet) et tu vas aboutir sur son propre site de l’Univers et directement au paragraphe des comètes.
A mercredi prochain !
719 total views, 1 views today
Jean-Francois Morf du 28 octobre 2020 à 12 h 03 min
*****
👍
La plus grande comète connue est C/-43K1, ou comète de Jules Caesar. Vous pouvez la voir en googlant, en images: Caesar Comet Coin.
Montrant la face de Caesar Auguste aux pharisiens, Christ dit: rendez à Caesar (Auguste) ce qui appartient à Caesar. Puis il leur montre la comète où est écrit que Julius (Caesar) est DIVUS (divin). Alors Christ leur dit: et rendez à Dieu (le fils) ce qui appartient à Dieu. En d’autres termes: C/-43K1 n’annonce pas au monde entier que Jules Caesar est devenu Dieu le père, mais annonce que Jésus Christ est né.
Merci beaucoup Professeur Têtenlair de cette captivante relation des comètes qui nous ont frôlés (à quelques millions de km quand-même). Elles nous en apprennent au moins autant sur la nature humaine fragile et superstitieuse que sur les merveilles de la nature! Aujourd’hui, il ne faut pas grand chose pour nous terroriser et réveiller nos peurs. Celles de ceux qui se trouvent sur « le plancher des vaches », pour ne pas dire des veaux … Il suffit d’un minuscule virus, invisible, incolore et inodore pour activer la terreur. Votre travail invite à une sérieuse réflexion spirituelle, ce qui n’est pas la moindre de ses vertus. Sans compter les passionnantes pages d’histoire que nous découvrons au travers des grands mystères du ciel.
Merci beaucoup!
intéressant !
Merci