Qui eût dit, en 1970, que 2020 ressemblerait furieusement à 1984 ?

L’étrange rédaction, au cœur des années 1970, d’un adolescent rêveur.

«Bonjour Madame Cénour, je vous en prie asseyez-vous.

-Merci madame Colin (celle-ci est professeur de français principal de la classe de 3ème B)

-Bien… Madame Cénour nous sommes ensemble pour faire le point sur la scolarité de votre fils Etienne :

Alors …je voulais simplement vous dire que, dans l’ensemble, la scolarité de votre fils est satisfaisante sauf en mathématiques discipline à l’égard de laquelle votre fils semble faire un véritable blocage.

D’après le professeur de maths, M. Karsenti, votre fils est loin d’être désagréable mais il est absent : on a l’impression qu’il écoute, car souvent il regarde fixement le professeur, mais en fait votre fils rêve les yeux ouverts et semble hermétique à l’algèbre.

Le point fort d’Etienne, en revanche, c’est, outre l’histoire, aussi le français et, dans ce domaine, il me donne entière satisfaction : j’ai rarement vu dans ma carrière un enfant aussi sensible à la poésie, à la littérature…Votre fils pour son âge rédige remarquablement bien. Est-ce qu’il lit beaucoup ?

-Oui Madame Colin mon fils est constamment en train de lire et je suis même étonnée quand je le vois ramener de la bibliothèque des œuvres de Freud et s’y immerger au point d’être totalement absent…

-Madame Cénour je voudrais vous parler de la dernière rédaction de votre fils laquelle je ne vous le cache pas m’a inquiétée !

-Ah bon !

-Le sujet était : « comment voyez-vous l’avenir ?» un sujet ouvert, vous en conviendrez, permettant aux élèves de parler de leurs projets d’études, de leur carrière professionnelle, etc…

Or, en cette année scolaire 1974, voici ce que votre fils, totalement décentré de lui-même, a écrit, écoutez :

 L’atmosphère est particulièrement pénible, pesante, lourde en cette année 2020.

De multiples attentats se sont succédé au cours des dernières années et le citoyen moyen semble résigné…On peut voir dans les rues de pauvres hères pathétiques qui ont le regard rivé sur des sortes de petites télévision qu’ils portent à la main et qu’ils regardent constamment tout en déambulant.

En outre la plupart des gens portent une sorte de muselière et s’évitent les uns les autres.

 On voit aussi des femmes, adoratrices d’une secte meurtrière qui prône le meurtre des infidèles, dont certains adorateurs sont à l’’origine des abjects attentats précités, marcher couvertes d’une sorte de sac poubelle qui les couvre de la tête au pied.

 

Des quartiers entiers sont régis par les adorateurs de cette secte dont le but est de convertir toute la population française…

Dès que les ménages français autochtones acquièrent un minimum de moyens financiers ils fuient ces quartiers pour s’installer en province.

Les gens, c’est-à-dire les « Français moyens » sont abreuvés d’informations, voire littéralement noyés par les incessantes dépêches qu’ils reçoivent sur leurs télés miniatures.

De temps en temps un quidam se fait égorger dans la rue par un adorateur de la secte et les passants fuient tout en criant aux autres :

« Pas d’amalgames, pas d’amalgames… ! ».

C’est ce même cri de ralliement que les hommes politiques assènent lors de leurs interventions télévisées.

Le président de la République, un jeune de 40 ans, a promis de faire venir davantage de « mineurs isolés » : d’Afrique de l’ouest, du Maghreb, d’Albanie, etc…Leur charge, leur entretien sont financés par les contribuables, que les technocrates, dans leur jargon, quand ils se promènent dans les couloirs des ministères, appellent les « veaux ».

Les veaux ont vocation à travailler et payer des impôts qui permettent notamment de financer la prise en charge de tous ceux qui ont le « droit à l’Europe ». En effet un nouveau concept politique a émergé en ces années post-2000. Tout citoyen du monde, et particulièrement ceux de la secte sanguinaire, dont les écrits sacrés expliquent notamment qu’il faut battre sa femme et précipiter les homosexuels dans le vide, sans compter l’égorgement des athées, des chrétiens, des juifs et de tous les mécréants, donc tout citoyen du monde a le droit de venir en Europe et, surtout, surtout en France pays merveilleux où des allocations sont versées sans aucune contrepartie.

 

Le veau moyen rase les murs et serre les fesses mais tant qu’il peut regarder sa télé miniature tout en marchant dans les rues ; il s’avère finalement assez heureux.

Et puis il ressent une grande douleur, mêlée de joie, quand il s’agit de poser des fleurs et des petites bougies devant les endroits où se sont fait massacrer de pauvres gens qui avaient le malheur d’être au mauvais endroit.

Le président, dans ces moments solennels, prend la parole, après s’être soulagé les intestins car, alors, son éloquence théâtrale est décuplée…

On voit donc ce sémillant jeune homme politique, qui a effectué de brillantes études et dont la prof de physique-chimie était secrètement amoureuse, expliquer que le « terrorisme » ne gagnera pas et qu’il sera d’une inflexibilité totale vis-à-vis des « incivilités ».

Les adorateurs de la secte, à ce moment du discours, rassemblés dans leurs dômes (il y en a 5000 en France), éclatent alors de rire tout en tapant sur leurs cuisses grasses et huileuses.

Certains « mineurs isolés » après avoir insulté une « Française » en jupe, du traditionnel et enthousiasmant : « sale pute », et l’avoir violée, dans un hall d’immeuble, hurlent des insanités en regardant le discours du président sur leur petite télé portative donnée par les services de « l’aide sociale à l’enfance ».

Comme disait maître “Pangloss », reprenant la formidable assertion de Leibniz, : « TOUT EST POUR LE MIEUX DANS LE MEILLEUR DES MONDES POSSIBLES ».

La France de 2020, que j’ai visitée en songes, au cœur de l’année 1974, moi jeune de 15 ans, nage donc dans la félicité la plus totale. Les gens sont heureux de l’accueil de la « diversité » qui est une indéniable chance pour le pays.

Pour le citoyen moyen ce qui compte le plus est : d’avoir un masque ou une muselière sur le visage (qui sert à empêcher certains vieux de mordre), de consulter son « écran » et de manger  du « nutella ».

 

Faut-il préciser que tous ceux qui se révoltent, vocifèrent, dénoncent une insupportable réalité, demandent que la « secte » soit interdite au même titre que le nazisme ont les pires ennuis et se retrouvent menacés ?

Les procès se multiplient : les critiques à l’égard de la secte sont dénoncées comme des faits relevant de la  « sectophobie ».

Les juges se réjouissent de condamner les citoyens qui se révoltent et disent ce qu’ils pensent sur l’une des 50 stations de télévision qui existent en 2020 

Ainsi : l’intellectuel D.Zoreur est ainsi régulièrement attaqué en diffamation, pour des propos injurieux, menacé par des sectateurs alors qu’il ne fait que parler de réalités palpables (et irrespirables… des horreurs).

Conclusion :

Le pire est à venir et les gens ne seront pas plus heureux en 2020 qu’en 1974, chacun aura alors une épée de Damoclès au-dessus de la tête. »

Etienne Cénour élève de 3ème B du collège Pablo Néruda.

Voilà Madame Cénour la rédaction de votre fils que je trouve pour le moins surprenante ! qu’en pensez-vous ?
-Je reconnais que mon fils a une imagination hors normes !
-Je ne vous cache pas que je suis inquiète pour Etienne, Madame Cénour, je me demande s’il n’est pas déprimé, voire dépressif, il ne joue pas au foot avec les autres élèves dans la cour, et, souvent, je le trouve triste et peu démonstratif, le nez plongé dans un roman, (dernier en date :1984 de G.Orwell)…Sa rédaction, certes bien écrite, est cependant la projection indéniable de la noirceur de ses idées !
 Avez-vous songé, chère Madame Cénour, à lui faire bénéficier d’une consultation psychologique ? Nous avons un bon centre médico-psychologique (CMPP) près du collège et je vous recommande le Docteur Chantereau qui est spécialiste des adolescents dépressifs…

 Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. 

                             Diogène 29/09/20

 586 total views,  2 views today

image_pdf

7 Commentaires

  1. mes livres de chevet lus, relus et fait connaitre .  » le meilleurs des mondes » Huxley » , » 1984  » « la ferme des animaux » Orwell et cerise sur le gâteau  » le camp des saints ». Raspail. J’ai attendu l’année 1984 . Big brother maintenant là . 5G , applis, tik, suivi covid, cartes multiples, déclarations travail impôts, taxes, paiements , Facebook , etc etc .

  2. Plus de 800 assassinats par ans. 2 par jour pendant 5 jours de chaque semaine. Alors c’est bien, penserez-vous, il nous reste 2 jours de libre?
    Que néni! les deux derniers jours il y en a 3.
    Et ça se passe en France. Et cela toutes les semaines de l’année

  3. merci pour ce texte , qui pourrais être le bon début d’une nouvelle . mettez vous a l’écriture cher @ Diogène . vous en avez la plume !
    souvent je repense a mon enfance et lorsque j’étais pré-ado . ben, j’aurais jamais cru voir mon pays sombrer d’une telle façon dans la barbarie et le chaos . ce que vous décrivez est juste ! c’est vous dire nous avons dépassaient niveau barbarie et violence le roman et la fiction Orange Mécanique . nous nageons dans une sorte de soleil vert , 1984 et de l’orange mécanique , dans une version islamisé .

  4. Faut-il en déduire que M. Orwell fût un médium voyant ? Ou tout simplement qu’il eut été très intelligent et avait compris comment fonctionnait le monde de la politique. Voire les deux. En tout cas, je me souviens avoir lu ce livre à l’âge de 15 ans et avoir pensé ne jamais vouloir connaître un tel monde. Ce qui m’avait le plus choqué, c’était que finalement, le héros est rééduqué et qu’il retourne dans les rangs, que le mal triomphe à la fin. Je crois que ce livre devrait être lu par beaucoup de gens, ça leur ouvrirait les yeux.

Les commentaires sont fermés.