Patrick Buisson : éreintés par islam et finance globalisée, les Français veulent redevenir un peuple souverain

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Merci  à Nation d’avoir choisi “Résistance républicaine “pour publier ce papier… grandiose, énorme, d’une importance capitale.

D’abord parce qu’il nous permet de découvrir un livre fondamental de Patrick Buisson qui a fréquenté la cour des Grands, et qui décrit dans “La Cause du Peuple” les trahisons, les manipulations des ceux qui ont été et sont au pouvoir. Sarkozy, bien sûr, mais aussi Hollande, Macron.. parce qu’il y fait le procès de toute une génération aux commandes de la France.

Ensuite parce que cet article est un hymne à la langue française, à la beauté et l’enchantement du verbe… pratiqués avec maestria par Nation comme par Buisson.

La lucidité de Buisson est hallucinante… lui aussi a été trahi par Sarkozy qui s’est servi de lui pour arriver au pouvoir pour le trahir, et le peuple qui l’avait pourtant élu, tout de suite après.

Comment ne pas être d’accord avec ce qu’il écrit ? 

Je mettrai juste un bémol, je ne crois pas du tout au concept de “laïcité positive” que brandit Patrick Buisson face à l’islam. J’avais déjà vertement répliqué, en janvier 2008 au fameux “discours de Latran” qui évoquait justement la fameuse Laïcité positive. Un conseil de Buisson à Sarkozy, à l’époque ? 

 

Christine Tasin

 

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Patrick BUISSON : « Refaire la France »

Sisyphe heureux, on veut bien l’imaginer. Patrick Buisson, c’est moins sûr. A lire sa « Cause du peuple » (Perrin, 2016), c’est même carrément douteux. Nous y reviendrons.

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On ne présente plus Patrick Buisson. Ses contempteurs le font pour nous. Il est cet être de boue et de bave dont Rebatet habillait Léon Bloy. Nez pincé, les yeux murés à s’en péter les orbites, la gauche médiatique y vit « le mauvais génie » de Sarkozy[1]. En arbitre des élégances, Jean-François Kahn, l’homme du « détroussage de soubrette », osera « un type odieux ». Ça lui va bien au teint. La droite elle-même ne démérita mie. Le cœur sur les lèvres, Nathalie Kosciuszko-Morizet, ancienne porte-parole de Sarkozy pour la présidentielle de 2012[2], déplora qu’en cette occurrence, le fangeux ait voulu « faire gagner Charles Maurras ». Plus tard, à l’occasion de l’affaire des écoutes de l’Élysée, Baroin débondera sa conscience. La voix mouillée, il flétrira  des « méthodes dignes de la Stasi ». Étonnamment, Sarkozy fera dans l’estompe. Aux épithètes malsonnantes dont il adorne volontiers ses adversaires, il préféra une sobre « trahison ». Enfin, l’an dernier, ce n’est pas jusqu’au fils de Buisson lui-même qui nous dira que penser de son géniteur : de la lèpre[3].

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D’évidence, un tel fléau commandait d’agir incontinent. Comme jadis Aragon sur Léon Blum, on cria «  Feu sur Patrick Buisson ». « La bête immonde », la « hyène dactylographe » obtint ce qu’elle méritait : crachats, mise au ban et procès. Que Buisson perdit, s’agissant de l’affaire des écoutes. Qu’il attend dans celle des sondages que jugera quelque jour le tribunal correctionnel de Paris. Buisson, métempsycose de Saint Sébastien percé de mille flèches.

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Buisson outragé, Buisson brisé, Buisson martyrisé mais Buisson…libéré ! Car, il est là le paradoxe apparent pour ceux qui méconnaissent ce « mécontemporain » dont Buisson s’apanage : l’adversité le retrempe. « Croyant m’anéantir, ils m’ont offert la solitude décapante des cimes, l’aridité nourricière du désert (…) ils m’auront permis (…) de faire vivre en moi cette parole de l’évangéliste qui est aussi l’orgueilleuse devise des cœurs rebelles : Si omnes ergo non, « Si tous, moi pas ». Thébaïde donc, mieux, récollection pour Buisson, le franc-tireur de Vendée.

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Le temps de s’abîmer dans ses souvenirs, d’actionner sa mémoire qu’il dit excellente, en 2016, le proscrit publie « La cause du peuple ».  Règlement de comptes, littérature d’antichambre, glousseront les séides de Nicolas Sarkozy. Inepte contresens !

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460 pages d’un chef-d’œuvre qui sonne comme un cri : retour au peuple ! Comme une alerte aussi : éreintés sous la cognée d’un islam radical et d’une finance globalisée, les Français veulent recouvrer leurs prérogatives de peuple souverain.

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Lequel exige un remplacement, non pas le sien qui semble programmé, mais celui de l’actuelle démocratie « substitutive » (sic) par celle qui ferait de lui le sujet politique dont nos oligarques le jugent indigne depuis trop longtemps. Hémisphère droit, Buisson ? « Hémisphère peuple » se récrie-t-il. Dont il épouse la cause. À la vie, à la mort.

Chef-d’œuvre donc que cet essai dont le style vertigineux diapre une érudition sans faille. Buisson écrit comme l’on ne s’y risque plus : la plume dans une main, le trébuchet dans l’autre. Son atticisme fascine, au point qu’il faut se rendre à l’évidence : si, depuis Buffon, « le style est l’homme même », la droite française doit lever l’interdit qui frappe son coryphée. S’en priver la condamne à tarir la source qui la ferait sortir de sa consomption actuelle. Nul besoin pour cela d’être le béat sectateur de l’ancien homme-lige de Sarkozy. Il suffit de lire sa Cause. Y gît la plus vivifiante analyse des crises endurées par notre pays depuis l’avènement de la Ve République.

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Qu’ici ou là, l’on y puisse marquer des réserves – de taille, pour certaines – n’affecte en rien le souffle qui l’habite. Encore moins le plaisir que l’on y prend. Buisson, objectera-t-on, y fait entendre l’hideuse complainte d’un pays qui lui fait mal. Cela fait-il de lui le nouveau Brasillach[4] ? Et cette douleur, la sienne, n’est-elle pas aussi la nôtre ?

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Revue de nos tristesses communes : si les bénéfices de la mondialisation – « quintessence du non-lieu » (sic) – ne nous paraissent pas niables, en compensent-ils les pertes ? « Elites et classes dirigeantes qui avaient fait porter le poids de la mondialisation aux plus démunis, à travers l’ouverture des frontières, le libre-échangisme, la dérégulation des marchés, les délocalisations industrielles et l’immigration de masse, se refusèrent à en considérer les effets dans l’évolution de l’imaginaire collectif des Français ». Signée d’un autre que Buisson, pareille sentence choquerait-elle ?

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Le même croit à la symbolique du pouvoir politique primant la fonction économique. Lui chicaner ? Sur le libéralisme : « A aucun moment, la droite n’a voulu prendre en compte les conséquences que pouvait avoir sur les rapports sociaux tout autant que sur les comportements individuels le passage du libéralisme restreint au libéralisme généralisé, principale caractéristique du monde contemporain. Pas plus qu’elle n’a voulu voir qu’en changeant de nature, le capitalisme s’emploie à liquider toutes les valeurs altruistes et sacrificielles, qu’elles soient commandées par la foi en une autre vie ou par des finalités profanes, pour laisser place à la tyrannie des désirs instables. C’est donc un enjeu de civilisation que porte le débat sur le libéralisme et la mondialisation. ». Sont-ce là les insanes propos d’un cerveau malade ? Contre « l’utopie libre-échangiste qui peut être non seulement une violence, mais encore une souffrance pour les peuples ; (contre) la propagande implacable érigeant en dogme absolu l’idée d’une corrélation entre croissance et ouverture des frontières », Buisson réclame le « patriotisme économique » dont usent Chine et Etats-Unis. Ne peut-on y voir les prodromes des récents engagements du président Macron ? La crise morale qui mortifie notre société vaut aussi au « droitier » de pénétrantes analyses sur ces « apôtres de la déconstruction » (sic) que sont, au premier chef, Mai-68 (« la mort du père »), « le moralisme érigé en instance suprême prévalant sur le bien commun », « les médiagogues » instrumentalisant « émotion et bons sentiments » pour « opérer un véritable détournement de la souveraineté du peuple en s’auto-instituant chambre d’appel du suffrage universel » (terrible chapitre V sur les attentats de janvier 2015, l’affaire Cassez et les grotesques hosannas à Obama), sans rien dire du « processus d’inviduation et d’infantilisation » ou bien encore de « l’étalage du bonheur privé » qui gangrènent jusqu’au sommet de l’État.

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Un État, le nôtre, sous « présidence selfie » que symboles, incarnation et verticalité, en un mot le sacré, ont déserté au profit de tristes tropismes : désengagement, privatisation du pouvoir[5] et ouverture (au centre). Sans oublier la mère de toutes les défaites : la domination idéologique de la gauche sur la droite depuis la Libération[6]. Quelle droite, d’ailleurs ? Deux gauches, dont une droite, chansonne Buisson. Et nous avec.

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Le meilleur pour la fin, quand s’émerillonne l’œil de l’anthropologiste, avec son analyse d’une crise dont l’évocation fait hennir d’horreur les clergeons du Saint-Office antiraciste, la crise identitaire. Pour l’avoir saisie, Sarkozy l’emporta en 2007[7]. Sur les instances de Buisson. Qui « sut désespérer jusqu’au bout » (sic) puisque son maître n’en fit rien, ou autant vaut. Partant, les fossoyeurs reprirent pelle, pioche et explosif. Cinq ans durant ! Comme devant, comme après. Comme toujours. Le chantier avança. Sans retard pour une fois. Mieux, miracle même : dans le parfait respect du cahier des charges. Dont l’infréquentable Buisson égrène les articles :

francophobie (« cette pathologie mentale qui s’était emparée de l’intelligentsia et répandait à travers les médias sa détestation de la maison natale (…), transformant tout notre passé en passif »),

repentance (calamiteux discours pénitentiel de Sarkozy à Constantine le 5 décembre 2007), discrimination positive (« (…) système qui fonde en droit la supériorité des minorités reconnues aux dépens de la majorité ou des autres minorités non qualifiées ; machine à fabriquer du ressentiment »),

abandon par la gauche du peuple « au profit d’improbables multitudes (…) suivi de près par l’abandon du peuple-nation »),

vaine politique de la ville (…) près de 100 milliards d’euros avaient été ainsi déversés sur trente ans dans les quartiers, asséchant essentiellement au profit de la population immigrée une immense partie des ressources de la solidarité nationale et ce (…) sans la moindre amélioration des indicateurs sociaux si l’on se fiait aux rapports successifs de la Cour des comptes »),

antiracisme de comédie (« Le comique involontaire des antiracistes procédait du fait que, tôt ou tard, ils finissaient à ne plus s’exprimer qu’en termes de races et de hiérarchies ethno-raciales, à l’aide de concepts ou de critères qu’ils considéraient comme entièrement dépourvus de sens »),

exaltation d’un multiculturalisme par essence hostile à toute assimilation, (« Le multiculturalisme répudiant l’idée d’une identité collective et culturelle de la nation plongeant ses racines dans une continuité historique, une tradition, un héritage commun (…) ; toute exigence d’assimilation des immigrés étant désormais considérée comme moralement infondée, voire dénoncée comme une violence symbolique à l’encontre des cultures minoritaires »),

contournement, sinon déni, de la volonté populaire au sujet de la politique d’immigration (comme le rappellera Marcel Gauchet : « La transformation fondamentale de la société française qui en avait résulté présentait cette particularité intéressante d’avoir totalement échappé, de bout en bout, au débat et à la décision démocratique », Le Débat « Les mauvaises surprises d’une oubliée : la lutte des classes » mai-août 1990),

mixité sociale (« Cache-sexe sémantique destiné à camoufler une politique de discrimination ethnique en faveur des minorités homologuées »), sans oublier

l’étouffement des coups de boutoirs portés aux racines chrétiennes de notre pays (« En 2009 (…), un lieu sacré était vandalisé tous les deux jours. La très grande majorité de ces profanations affectait des églises et des sépultures chrétiennes, ainsi que le relevait une note de la Direction de la gendarmerie nationale (…). Au début juillet 2010, la découverte d’une vingtaine de tombes profanées dans le carré musulman du cimetière de Robertsau provoqua la venue du ministre de l’intérieur, en charge des cultes, à Strasbourg. (…) En septembre de la même année, on déplora le saccage de près de cinquante tombes catholiques au cimetière de Frontenay-Rohan-Rohan…(…) Le ministre ne daigna pas se rendre sur les lieux (…). « Ne pas trop en faire, surtout ne pas trop en faire », s’étaient exclamés en chœur les membres de son cabinet » »).

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De là, par contrecoup, cette révolte identitaire d’un peuple, le nôtre, recru à force d’anathémisation, pis néantisé. Un peuple las d’être le « plouc émissaire », selon le mot de Philippe Murray, des happy few, de cette gentry qui pensent droit, donc à gauche, à l’abri du double digicode de sa résidence surveillée. Un peuple dont la longanimité n’exclut pas la clairvoyance. L’islam, voilà l’ennemi. On ne la lui fait pas. Buisson ne l’ignore pas. Qui partage ses peurs et qui l’expose sans haine[8] mais sans crainte.

Sans détours. Extraits : « Sarkozy s’abreuvait alors des quelques idées fausses et angéliques dont se repaissait la vulgate des grands médias. Pour estomper les rugueuses apparences de l’islam en France, il se laissa durablement bercer par la chimère d’un islam de France à la consonance plus flatteuse, mais à la réalité pour le moins vaporeuse. Sa prétention à vouloir faire émerger un islam amputé de son exigence à régler la vie publique, un islam pour ainsi dire « désislamisé », était un travers commun à tous ceux qui, comme lui, considéraient à tort tous les phénomènes rôle religieux à l’identique, à tous ceux qui voulaient ignorer que l’islam était un système global liant de façon insécable la loi religieuse et la loi civile ».

Plus loin : « Comme la quasi-totalité de la classe politique française, Nicolas Sarkozy avait acquis la certitude qu’il était possible d’être parfaitement musulman en respectant dans l’ordre public la loi civile et dans l’ordre privé la loi religieuse, ignorant ou feignant d’ignorer l’impératif théologico-politique qui inclinait tout croyant se voulant pleinement musulman à ambitionner la substitution de la seconde à la première. (…). Dans les banlieues, le durcissement identitaire de l’islam était tangible, qu’il prît la forme d’un renforcement du contrôle des modes de vie par les imams ou celle d’une domination de l’endogamie religieuse. Dans les enclaves soumises à l’endoctrinement islamiste, la solidarité confessionnelle conjuguée au rejet de la France primait sur toute autre appartenance».

Enfin : « Étrangement, les pourfendeurs de la violence religieuse, hypermnésiques dès qu’il s’agit des crimes supposés de l’Eglise, répugnent à admettre que l’islam puisse être guerrier et conquérant. Le transfert sur ce nouveau sujet historique du messianisme révolutionnaire, jadis dévolu à la classe ouvrière puis au pays du tiers-monde, lui vaut absolution plénière pour les aspects les plus sombres de ses écrits sacrés et de sa chronique multiséculaire. La religion des dominés étant l’instrument politique que les pauvres se sont trouvé pour mener le combat de l’émancipation, on les tiendra pour négligeable ou, pour une fois on s’échinera à les contextualiser. On occultera les innombrables versets du Coran qui recommandent de tuer les infidèles. On repeindra en métaphores les autres sourates qui retentissent d’appels au meurtre ou sont consacrées à l’exaltation du combat et du supplice. On passera sur le fait que, dans son action, le prophète Mahomet fut d’abord un chef de guerre qui dirigea personnellement 27 campagnes militaires et en décida 38 autres ».

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Où l’on voit que Patrick Buisson n’est pas de la race des sophistes et autres songe-creux. L’empyrée pour eux, la réalité sublunaire pour lui. Mais les si et les mi n’ont que trop duré. Si son pays lui fait mal, c’est que son pays a mal. Le virus est dans la place. Buisson le sait, que le confinement répugne.

Première étape de sa pharmacopée, la « proxylaxie », c’est son mot, suppose le corps-à-corps. Il faut ensuite soigner la plaie, qui suppure à force d’être grattée. Ainsi, au plan politique, il n’est d’autre urgence que de « réinstituer le peuple français autour de ce qui lui a donné force et résilience de siècle en siècle (…) », dès lors de privilégier « le peuple central » sur « les peuples des marges (…) ; les hommes qui depuis quarante ans se sont succédé à la tête de l’Etat (…) étant coupables d’avoir reproduit le crime de Caïn qui fut de se délier de l’exigence politique suprême qu’est l’amour du plus proche, l’amour du prochain, en se refusant d’abord et avant tout d’être le gardien de leurs frères ».

 

Le populisme actuel ne dit rien d’autre qui vaut demande accrue de démocratie et non, merci Godwin, rejet de l’autre. Demande d’un peuple qui exige d’être représenté et gouverné selon ses intérêts. D’où le vibrant plaidoyer de Buisson pour une démocratie assise sur la seule souveraineté populaire, partant, sur ses piliers que sont scrutin mixte incluant une forte dose de proportionnelle, mandat impératif et, sur toute chose, référendum.

 

Autrement dit, congédier ce système représentatif captieux, ce « castelet » dans lequel « par le jeu combiné de la progression constante de l’abstention et du vote populiste exclu ou presque de toute représentation, une minorité de plus en plus étroite de citoyens élit une majorité parlementaire qui, elle-même, se démet de son pouvoir de décision au profit de structures non démocratiques et de fonctionnaires non élus. ».

Ce faisant, et ce faisant d’abord, le peuple recouvrera ses frontières (« plus épiderme que clôture »), exhalera puis exaltera racines et fierté identitaire, sans qui l’on ignore de quoi est faite « la vraie misère des hommes ».

 

Mais cela ne suffira pas. Restera l’essentiel : « Sur le sol national, s’érige une autre nation avec sa religion, se coutumes, sa langue, déjà ses lois et ses territoires (…) Les héraldistes médiévaux donnaient à la lune en croissant de Mahomet une devise explicite : Donec impleat orbem, « Jusqu’à ce qu’elle soit pleine ». Telle est en effet la loi de l’histoire pour qui n’entretient pas la crédulité arrangeante d’en être sorti ». Qu’avons-nous à y opposer ? En l’état, « l’empire du vide » déplore Buisson. Passons sur « les pauvres rites conjuratoires (bougies, « pas d’amalgame » et autre momeries…) qui témoignent (singulièrement en 2015) de notre désarroi et de notre faiblesse (…) ». Le mal est plus profond, hélas : « Minée dans ses fondements par les assauts de la postmodernité politique, la République se voit en outre confrontée, en raison de l’expansion de l’islam, à l’angle mort de son histoire. Elle retrouve là son talon d’Achille. S’étant employée, au nom de la raison et de la loi, à refuser toute religion pour mieux en fabriquer des ersatz, elle a implicitement reconnu l’infériorité et la fragilité de son appareil symbolique, dès lors qu’il s’agit de prendre en charge le besoin d’absolu qui existe à des degrés divers dans chaque être humain ». Buisson d’appeler alors à une « laïcité positive » participant d’un impérieux « réarmement moral ». Qu’il motive ainsi : « (…) le corpus intellectuel de la France est marqué par sa relation avec l’héritage chrétien. Il y a là, malgré les apparences d’une déchristianisation massive, une ressource politique immédiatement disponible. L’effondrement en France du christianisme comme pratique religieuse ne signifie nullement sa disparition en tant que composante identitaire et socle civilisationnel (…). La religion n’est pas qu’une affaire purement privée qui fonde le rapport de l’individu à l’au-delà, mais ce qui relie les individus entre eux, (…) le fondement du lien social au même titre que la langue, là où l’intégrisme laïque faute d’être adossé à une espérance échoue à produire du sens et du partage. D’où cet appel à une laïcité positive, une laïcité enfin parvenue à maturité où la religion ne serait plus un danger, mais plutôt un atout (…). Combler ainsi le déficit de sacralité du modèle républicain par une parole transcendante puisant à la source d’une spiritualité vieille de plus de 2000 ans ». Vers un nouveau cléricalisme ? Non, bien sûr. Réaction vitale plutôt, instinct de conservation. La chrétienté, non « comme une adhésion confessionnelle (…) mais comme une amitié supérieure qui lie les Français entre eux, une affection et une solidarité fondées sur l’esprit de sacrifice mutuel, ces milliers de fils ténus qui définissent une sociabilité inestimable et affirment une puissance de vie ». Pour « refaire la France ».

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[1] Si l’on en croit le livre d’Ariane Duchemin et Vanessa Schneider (« Le mauvais génie », Fayard 2015).

[2] Une erreur historique, selon Buisson. Lui donner tort ?

[3] Nous faisons là référence au livre de Georges Buisson, « L’ennemi » (Grasset, 2019).

[4] Marcel Gauchet dit-il autre chose dans « Comprendre le malheur français » (Folio, 2017) ?

[5] Entendue comme l’influence sur l’exécutif d’intérêts privés dépourvus de toute légitimité. Carla Bruni et Frédéric Mitterrand auraient ainsi, si l’on ose dire, prêché d’exemple dans l’affaire Polanski.

[6] La gauche tient là son principal fait d’armes : la création ex nihilo d’un front antirépublicain face au FN, autrement dit la défaite programmée de la droite dite « de gouvernement ».

[7] Sur la base de : « Si l’on voulait de nouveau faire aimer la France, il n’y avait pas d’autre chemin que celui d’un retour à l’estime de soi ».

[8] Nulle imprécation dans son discours, jamais. La haine n’est décidément pas là où l’on le dit.

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8 Commentaires

  1. C’est dingue de penser que des gens d’une telle valeur intellectuelle avec une telle culture , pas des militants qui récitent un catéchisme mais de vrais patriotes avec des convictions et un intérêt profond pour la France , ne puissent pas se retrouver pour proposer une solution commune à cette débâcle.
    Buisson , mais aussi Philippe de Villiers qui ne peut se contenter que du Puy du fou, Finkielkraut dont la pensée politique dépasse largement le cadre de l’académie Française , et il y en a plein d’autres de ces patriotes de grande qualité pour se pencher au chevet de la France.
    Oui , je le reconnais je vote pour Marine Lepen , je déteste cette mise à l’écart de la présidente et du RN que celle ci a amené en premier parti de France, et cette volonté de vouloir priver la moitié des électeurs Français d’une représentativité.
    Mais une fois que j’ai dis cela , je ne peux m’empêcher de penser que MLP ne peux se contenter de vouloir devenir la gestionnaire technocrate patriote en opposition aux technocrates mondialistes que sont les macron et consort qui nous ont démontré toute les limites de l’exercice du pouvoir par des sous fifres .
    La France mérite le mieux , il faut une personne ou une équipe qui transcende au delà des partis et en dehors des batailles de chiffre.
    C’est là où je pense que Marine a un peu pêché lors du fameux débat des présidentielles, emportée peut-être par son tempérament de jouteuse voulant démontrer qu’elle pouvait faire arme égale sur les question économiques avec le petit banquier .
    Hors là où elle s’est trompée, c’est que n’importe quel statisticien ou chercheur du CNRS (de gauche bien sûr ) pouvait la blackbouler aisément sur ces questions sachant parfaitement faire parler les chiffres comme ils l’entendent, c’est à dire idéologiquement. Que n’avons nous entendu de ces “experts” qui nous affirmaient,, la main sur le cœur, que l’immigration était jugulée et même que nous n’accueillions pas assez de réfugiés, égoïstes que nous étions, alors que nous constations de visu l’exact contraire dans les rues et notre quartier que nous voyions se transformer à la mesure de l’envahissement !
    Il y avait entre les discours de Marine dans les meeting et ce débat au ras des pâquerettes un contraste énorme qui a créé d’autant la déception des patriotes.
    Pour parler de la France il faut se placer au dessus de la mêlée et être à la hauteur des espoirs des meilleurs de ses sujets.
    Nous avons l’habitude de fustiger, dans les commentaires de RR, les réflexes de replis communautaires et religieux chez une majorité d’ immigrés pour ne pas encenser au contraire ceux qui résistent et surmontent ces déterminismes culturels religieux et raciaux pour se mettre au service exclusif de la France et de sa République
    . Je ne louerais jamais assez leurs courage car c’est en période de crise et de guerre que l’on mesure la valeur des gens . Et ils méritent, comme citoyens de haute valeur , autre chose que du clientélisme et du communautarisme . Ils attendent que la France soit représentée par quelqu’un qui sache redonner tout son éclat à la nation, pour donner un sens à leur dévouement .
    Je pense à eux parce qu’il y a eu trop de ces FDS qui ont bradés leur pays et l’ont éreinté pour ne pas rendre hommage à ceux, qui ,parmi les immigrés, et malgré la haine de soit, transmise par ces ennemis de la Nation, ces fainéants de la pensée unique ,ont eu assez de force de caractère pour conserver leur foi en la France!
    En ce jour de commémoration du 8 mai 1945 .
    ils me font penser un peu à ceux de l’affiche rouge pendant la guerre , mais je ne leur souhaite pas la même issue tragique!

  2. On s’aperçoit que l’on retrouve des qualités aux franchouillards blaireaux, beaufs veaux et autre noms d’oiseaux que certains ont donné au peuple Français dont on s’aperçoit qu’il est malgré toutes ses tares, d’un niveau bien plus élevé que les diversités dont on n’a pas arrêté de nous vanter les qualités mais qui s’avèrent être des gens perclus de machisme de religiosité, de croyance en des superstitions , adeptes de la rumeur et persuadés de la théorie du complot (juif?).
    C’est bien gentil mais n’est ce pas trop tard pour s’apercevoir que celui-ci avait de grande qualités?
    Le peuple français que les gauchistes et les sans frontiérismes ont persuadé d’avoir la haine de soit et faire repentance de tout alors que tout ce qui avait été fait de positif en France l’avait été par le peuple Français et les politiques se revendiquant de celui-ci que l’on appelait pas encore populistes .
    Aujourd’hui l’immigration conjuguée à l’UE ont laminé le pays dont le système social politique et sociologique ne pouvait résister à une libre circulation des biens et des populations.
    Devant cette réalité ils ont nié en bloc sauf que tout un chacun rien qu’en se baladant à St Denis peut voir la réalité de cette politique migratoire qui fait que l’on voit dans la rue presque exclusivement des populations étrangères et pour la dette sociale c’est pareil à moins de se cacher la réalité , il est clair que c’est l’assistanat social lié à l’immigration qui a créer celle ci . Il suffit de réfléchir 2 minute pour le comprendre.
    Les politiques, les mêmes qui niaient ces réalités mais profitaient de celles ci électoralement n’ont fait que de politiques d’ajustement pour justement répondre à celles ci. Y compris ne mettant le peuple à contribution pour répondre au coût exorbitant de l’achat de population;

  3. Monsieur Buisson écrit bien, mais va-t-il organiser un comité de salut public, l’opposition nationale, le cabinet ministériel qui doit prendre la relève “après” ?

  4. Très bel article écrit dans un style qui rappelle la flambloyance des écrivains ultra-attachés à la tradition, Léon Bloy, J.K Husmans (que j’ai découvert grâce au Soumission de Houellebecq) et d’autres dont le style enchante, transporte… aux antipodes du style de nos écrivains modernes. J’apprécie beaucoup aussi François Bousquet, le courageux directeur de la Nouvelle librairie à Paris qui a ce genre de style, passionné, lyrique, Mais une question n’a cessé de me tenailler durant le mandat de Sarkozy : comment Patrick Buisson a-t-il accepté de jouer les mentors auprès de lui au comportement de jean-foutre, voire de gougnafier ? J’ai toujours pensé que la manière désinvolte dont il s’est servi de Max Gallo pour abuser le peuple a sans doute hâté la fin de cet historien qui bien que socialiste et donc mondialiste aimait tant la France.

    • Bonjour,

      Max Gallo n’était pas mondialiste, même socialiste : c’était, en effet, un exemple d’homme qui aimait la France.

  5. ENCORE ; ils ne font que çà : demander, exiger, réclamer, imposer et… l’emporter quelle que soit la l’entorse islamique à notre Laïcité nationale ! Ils ont toujours eu la main et donc le pouvoir e l’étendre.
    Il ne soumettent jamais assez la République, la France et ce sera ainsi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à exiger parce qu’ils auront tout imposé. La France, et c’est pour bientôt ne sera plus ni la République Française mais la république islamique de France ; et la Laïcité, un truc dont on gardera peut-être un vague souvenir publié dans les livres livres anciens (qu’il faudra alors, songer à brûler – dernière exigence !) ; l’islam aura vaincu la Laïcité, la France, les Français , la France sera le énième pays islamique et sa population sera musulmane.

    La Mosquée de Paris se fâche et demande la reprise des cultes pour la fin du ramadan
    :::: http://www.fdesouche.com/1371613-la-mosquee-de-paris-se-fache-et-demande-la-reprise-des-cultes-pour-la-fin-du-ramadan

    Ils ont vraiment du culot !

    A quel moment l’État français s’est-il imposé aux musulman et a-t-il pris le pas sur l’islam ? L’État français n’a jamais remporté une victoire sur l’islam ; elle l’aurait pu, mais la sphère bienpensante s’est chargée de faire taire les langues et de neutraliser ceux qui avait le cœur, l’esprit, la volonté, la détermination pour lutter contre ce fléau anti-national ; anti-France, anti-liberté es Français.

  6. “le peuple recouvrera ses frontières (« plus épiderme que clôture »), exhalera puis exaltera racines et fierté identitaire”

    Oui, mais quand? Ce ne sont que des mots, alors qu’aujourd’hui les FDS subissent les maux d’une politique de merde bien plus dommageable.
    La parabole du berger et de ses moutons, lue sur le site, devrait interpeller nos concitoyens.
    https://www.youtube.com/watch?v=3eYy1Giw1bo&feature=youtu.be

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