Brexit : l’historien britannique Niall Ferguson reconnaît sa défaite

Né en 1964, l’historien néo-conservateur Niall Ferguson est une véritable institution même si sa perception de la Première Guerre mondiale ferait bondir les patriotes français colériques !

Petit portrait en quatre points dont Niall en décroche trois.

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1/4 Brexit

 

En mai 2016, Niall Ferguson est opposé à tout Brexit et avertit les électeurs britanniques des dangers du retrait du Royaume-Uni de l’UE qui selon lui condamnerait la Grande-Bretagne à jouer un moindre rôle sur la scène internationale.

 

Au cours d’une interview accordée récemment à Newsweek Poland, il accepte la défaite de son camp pro-EU en insistant sur le fait que le coût de la sortie de l’UE sera bien plus onéreux que prévu et que les négociations relatives aux accords commerciaux ne seront pas bouclées avant fin 2020. Il dit : « Dans quelques années, nous risquons de nous apercevoir que nous avons consacré bien trop d’énergie pour le résultat obtenu »

 

Niall fait contre mauvaise fortune bon cœur : « Boris Johnson effectue un bien meilleur boulot que Theresa May et le Brexit permettra au moins de procéder à des réformes structurelles indispensables depuis de nombreuses années »

 

Intellectuel estimé en Grande-Bretagne, il fait preuve d’une intelligence sociale manifeste : mon camp a perdu mais je suis Anglais et la vie continue.

 

2/4 14-18 : une spéculation historique pas tendre pour la France

 

Niall publie en 1998 « The Pity of War » dont le contenu ne plaira pas vraiment aux patriotes français : il y soutient que si le Royaume-Uni était resté en dehors du conflit et avait laissé l’Allemagne l’emporter militairement, l’Europe conséquente s’en serait bien mieux portée !

 

Sous domination germanique, cette Europe aurait été selon Niall « pacifique, prospère, démocratique et dépourvue d’idéologies comme le fascisme et le communisme » et si Londres n’était pas intervenu militairement, la Première Guerre mondiale ne serait pas mondiale et se serait soldée par une victoire de l’Allemagne… dès 1915 ! Ajoutons que la révolution bolchévique n’aurait probablement pas eu lieu…

 

Je pense que l’auteur est un peu à côté de ses pompes, erreur de jeunesse ? Car même en admettant la reddition de la France, disons en mai-juin 1915, il aurait fallu ensuite assurer l’occupation de TOUTE la France et ce n’est pas une mince affaire à une époque où la mécanisation de l’armée reste faible, même du côté du vainqueur spéculé par Niall. Ajoutez-y l’esprit résistant français, le souvenir encore vivace de 1870 boostant la « revanchardise », la sacro-sainte recherche par Londres d’équilibre des puissances continentales et un « Lafayette, nous voici ! » peut-être mobilisable dans ce scénario.

 

Il spécule ensuite sur la genèse du national-socialisme, à chercher selon lui dans la défaite de la Première Guerre mondiale et non dans le parcours proprement dit du Second Reich (1871-1918), ce qui tient la route.

 

L’avantage de l’occupant allemand, c’est qu’on peut le combattre à la régulière. Face à l’occupant islamiste, on est obligé de débattre à la régulière.

 

3/4 De l’excellence européenne

 

Niall publie en 2011 « Civilisations : l’Occident et le reste du monde », qualifié de chef-d’œuvre par le Sunday Times. L’auteur décortique le logiciel historique européen gagnant selon six facettes : esprit de compétition, sciences, sciences appliquées modernes, loi et propriété privée, consommation de masse de produits industriels, éthique d’un travail érigé en véritable vertu par le protestantisme*.

 

L’ouvrage est réellement fascinant mais a fait l’objet de vives critiques, certains y voyant émerger un suprématisme au profit de la race blanche. C’est ce qui se produit parfois lorsqu’on insiste longuement sur un Empire ottoman intellectuellement immobilisé par le cléricalisme islamique, raison de son déclin et d’une chute que tente d’amortir le Führerdogan.

 

* Je conseille vivement la lecture du sociologue allemand Max Weber (1864-1920). Il développe la thèse selon laquelle les schismes de la chrétienté sont la conséquence de la nécessité pour elle de se mouler aux contraintes du monde économique et plus particulièrement du capitalisme naissant. Le méthodisme illustre de manière parfaite l’adaptation de cette dérivée du protestantisme visant à se conformer aux nouvelles conditions de travail imposées par le patronat anglais du 19ème siècle, particulièrement cruelles et bien loin des messages d’un Dieu bienveillant… 

 

4/4 Niall haram sur toute la ligne

 

Ayaan Hirsi Ali ou tout le malheur d’être née à Mogadiscio

 

En 1983, Niall Ferguson épouse Susan Douglas, responsable édito Daily Mail. Il divorcera suite à sa rencontre avec la très relevée Ayaan Hirsi Ali, cette fameuse Hollandaise d’origine somalienne pourfendeuse et dénonciatrice d’un islam inhumain, noces en septembre 2011.

 

Ayaan fut Mila en son temps, voici ce que disait en 2008 l’ancien député UMP Yves Jégo à son sujet : « Cette jeune femme extrêmement courageuse qui fait l’objet de menaces de mort tout à fait précises, nous souhaitons à l’UMP qu’elle puisse obtenir la nationalité française dans des délais brefs »

 

En 2004 déjà, Niall Ferguson affirmait qu’une guerre civile opposerait un jour en Europe les immigrés musulmans aux populations de souche. Ça me rappelle quelqu’un, un gars épatant nommé Zemmour dont la récente adversaire Schiappa mérite tout au plus de lui servir café-crème et viennoiseries au bureau.

 

Richard Mil+a

 

Ce qui s’appelle filer à l’anglaise…

 

 

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