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ALICE et le MAIRE, de Nicolas Pariser, est un grand film, non seulement parce qu’il s’inscrit dans la lignée esthétique d’Éric Rohmer, mais aussi parce que c’est un film historique qui célèbre, non pas la chute, mais la mort de la gauche.
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Voici le synopsis. Le maire de Lyon, militant socialiste depuis toujours, est ambitieux : il veut être le candidat du PS à l’élection présidentielle, mais il est bréhaigne du point de vue intellectuel, il n’a plus une seule idée, il est à bout de souffle, comme mort pour ce qui est de la pensée. Pour retrouver un peu de créativité, il fait recruter par son cabinet une « philosophe » : en fait une normalienne agrégée de lettres qui enseigne la langue et la littérature françaises à l’université d’Oxford. Finalement, le congrès du PS décide d’organiser une partielle. Le maire de Lyon ne sera pas candidat à la présidence de la République et il se retire de la vie politique.
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Le film, pour ce qui est du « langage cinématographique », n’a que des qualités. Il montre, il n’assène pas la moraline habituelle des films dits de gauche. Les dialogues sont écrits avec soin : c’est aussi de la littérature qui a de la dignité et de la hauteur. Pariser, le réalisateur, est de gauche : de toute évidence, la bonne gauche, sûre d’elle et dominatrice. Il a réalisé un court métrage à la gloire de Marie-Ségolène Royal et un film élogieux, intitulé Le Grand Jeu, sur le gauchisme. La surprise est de voir un réalisateur de gauche faire un film qui célèbre la mort de la gauche – sans doute involontairement, car, de toute évidence, telle n’était pas son intention, si tant est qu’il en eût eu une. ALICE et le MAIRE est l’acte d’accusation le plus implacable contre la gauche, la gauche de gouvernement ou de gestion ou de pouvoir et la gauche idéologique, celle qui exerce, depuis 1981, tous les pouvoirs réels dans les media, dans la manipulation des symboles, dans la distribution de l’argent public, dans l’Université et la recherche, dans l’événementiel et, bien sûr, dans la culture.
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L’équipe qui entoure le maire et dirige de fait la métropole est constituée de militants, tous de gauche, encore jeunes, et qui jouissent dans une ville où tout est très cher, vu leur dégaine chic, leurs sapes soignées, leur clinquant ostentatoire, d’un niveau de vie élevé (à la louche : au moins 10 000 € par mois), sans compter les dépenses somptuaires de bouche et de voitures de fonction. Ils et elles sont ambitieux.ses, donc cupides et même voraces. Ils font concevoir par une entreprise de com. et d’événementiel un projet, qu’ils jugent historique. Ce projet consiste à célébrer sur le mode du péan les 2 500 ans de l’histoire de Lyon. Ce mélange de propagande et de pub, d’arrogance et de sans-gêne, d’hubris et de délires idéologiques se résume à un seul slogan : la ville est de gauche. Par ville, il faut comprendre la métropole ouverte sur le monde et ouverte à tous (sauf aux ploucs d’à côté), multiculturelle, le multi incluant les clandestins, que soutiennent les élèves fonctionnaires (du berceau au tombeau) de l’ENS, bêtes et arrogants, qui exigent du maire qu’il déverse, comme il a l’habitude de le faire, l’argent public pour améliorer le confort de ces clandestins, et, réciproquement, excluant ce qui est français – dont la tradition d’imprimerie qui a marqué l’histoire de Lyon à la Renaissance. La ville est donc naturellement de gauche : de gauche par essence. La gauche n’a plus que l’os de l’essentialisme à ronger. Il est préférable, pour leur santé, que les prolétaires votant encore pour les socialauds ne voient pas ce film : ils seraient pris, en sortant de la salle, de nausées sartriennes.
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Alice, la normalienne agrégée, confrontée à cela, ne dit rien. Elle propose au maire une grande idée : la MODESTIE. Le mot est encadré dans le cahier dans lequel Alice rédige ses rapports. Elle n’a que cette idée à proposer, une idée qui n’est pas d’elle, mais de George Orwell, le penseur des gens modestes et de la common decency, dont le maire, socialiste depuis toujours, ignore tout, jusqu’au nom et au mot. Bien entendu, il ne s’approprie pas cette modestie suggérée, sinon dans l’épilogue, quand il a abandonné toute carrière politique.
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Pariser a du talent, bien que, comme tout ce qui est « de gauche », il manipule l’histoire. Il applique donc ce qui faisait horreur à Orwell : (en substance) qui contrôle le présent contrôle le passé et qui contrôle le passé décide du futur. La manipulation est manifeste dans deux discours du maire. Dans un premier discours, inaugurant une stèle en l’honneur d’un résistant, le maire prononce une ode à la gloire de la Résistance, qui a été, dit-il, une affaire de gauche, mais aussi de droite, une affaire nationale, d’unité nationale. La Résistance, c’est le refus de l’armistice, annoncé le 17 juin 1940 et signé le 22 juin, et la décision de continuer la guerre. Alors, la gauche qui était pacifiste et antimilitariste a accepté l’armistice et le personnel politique de la IIIe République (républicains, républicains sociaux, républicains de progrès, socialistes, radicaux, humanistes) s’est transporté à Vichy ou a appliqué la politique de Vichy : quant aux militants de la Section française de l’Internationale communiste, ils se sont sagement rangés, jusqu’en septembre 1941, dans le camp des vainqueurs provisoires.
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La seconde manipulation sous-tend le discours dans lequel le maire devait annoncer qu’il était candidat à la candidature PS à la présidentielle. Dans ce discours, il s’en prend à l’école de la République : comprendre les classes préparatoires et les grandes écoles. Elles devraient former des ingénieurs, dit-il en substance, elles forment des banquiers ; elles devraient former des chefs d’entreprise, elles forment des banquiers ; elles devraient former de hauts fonctionnaires, elles forment des banquiers. Le constat est à peu près exact, sauf pour ce qui est des banquiers. Les banquiers en question sont en réalité des financiers. Mais la question véritable, que le maire, socialiste, et le réalisateur « de gauche » qui le fait parler ne posent surtout pas, est la suivante : pourquoi les ingénieurs, les chefs d’entreprise, les hauts fonctionnaires sont-ils condamnés à la finance ? D’où cela vient-il, car ce n’est pas tombé du ciel ? Qu’est-ce qui les transforme en financiers ? La réponse est dans un ouvrage d’un professeur en économie et en management (international) de l’université d’Harvard, dénommé Rawi Abdelal, qui a publié en 2009 un ouvrage lumineux, qui n’a pas été traduit en français (et ne le sera sans doute jamais, car il pourrait ouvrir les yeux des citoyens français) : Capital Rules : The Construction of Global Finance (en français : les règles du capital (ou du capitalisme), la construction de la finance globale). Abdelal démontre dans cet ouvrage que la globalisation est un projet idéologique conçu, voulu et appliqué, à la suite du consensus de Paris, par les socialistes français, dont Delors, Strauss-Kahn, Hollande, Jospin, etc., avec la bénédiction de Mitterrand, et leurs affidés de gauche, tous progressistes : Camdessus, Chavranski, Lamy, Trichet, Schweitzer, etc. qui ont fait de belles carrières dans les institutions de la globalisation financière.
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Ce qui est dégueulasse dans ce film, c’est qu’il rend responsable l’école de la République des saloperies pensées et voulues, en toute connaissance des causes et des effets, par la gauche et les seuls socialistes. C’est désigner un bouc émissaire par la mort duquel on expie ses péchés. Une conclusion s’impose : le progressisme est très archaïque.
https://ripostelaique.com/alice-et-le-maire-un-film-qui-celebre-la-mort-de-la-gauche.html
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La gauche caviar, la gauche bobo, la gauche qui méprise les ‘sans-dents’, la gauche enfoncée dans la haine de soi, dans la détestation de sa propre identité, la gauche nihiliste, la gauche qui se renie elle-même, la gauche de la destruction pure, la gauche gangrenée par la finance, et qui finalement rejoint le capitalisme ultra-libéral mondialiste dans son projet qu’un gigantesque cloaque d’une humanité indifférenciée, d’individus isolés et sans défense, face à un pouvoir mondial oligarchique et dictatorial. La gauche qui fait pour cela une alliance contre nature avec la théocratie débile de l’islam, et qui veut utiliser les masses abêties de musulmans pour écraser ses propres peuples dans un suicide collectif. Quelle horreur ! Quelle tristesse, quelle dégringolade, quelle pourriture ! Le réveil des peuples est plus qu’ urgent …
« Mon Dieu » quelle critique de qualité !!! Merci merci merci. Vous avez du talent et une « pertinence » énorme.
Il est impératif maintenant que j’aille voir ce film.
Encore merci pour ce bel article et cette réflexion sur ce qu’il véhicule.
La mort de la gauche ? Ce n’est pas pour demain et en tout cas pas en France – pays qui est le berceau historique du gauchisme et qui l’a exporté partout dans le monde avec sa Révolution.
Aujourd’hui, tous les français sont encore des malades de la république.
Quant à l’école, n’en parlons pas. Pour rester poli.
Bonjour,
Merci pour cette belle critique.