Il y a 30 ans, la chute du Mur de Berlin fut possible grâce à Reagan

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Il y a trente ans, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin, symbole de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, s’effondrait, mettant fin à 70 ans de terreur communiste et de mensonges, et libérant l’Europe de l’Est du joug soviétique imposé en 1945.

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Comment un tel régime, fondé sur une idéologie marxiste qui n’a su produire qu’une économie de pénurie permanente, a-t-il pu tenir près de trois générations et se propager dans de nombreux pays ?

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Par les mensonges d’État, par l’espionnage de l’Occident, par la dictature et les goulags, mais aussi par l’incroyable complaisance des intellectuels occidentaux, qui ont encensé pendant des décennies un régime barbare, responsable de 100 millions de morts à travers le monde.

Des intellectuels français notamment, qui ont nié l’existence des goulags malgré les témoignages poignants des dissidents Soljenitsyne et Sakharov, et qui se sont rendus ainsi complices de crimes contre l’humanité et même de génocide, en soutenant le leader Khmer rouge Pol-Pot, le boucher du Cambodge, qui a massacré deux millions de ses ressortissants en les soumettant aux pires atrocités.

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Il suffit de visiter la prison de Phnom-Penh, où étaient suppliciés les prisonniers, pour constater qu’en matière de barbarie, les méthodes des Khmers rouges n’avaient rien à envier aux tortures raffinées de l’Inquisition.

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Mais revenons à cet événement qui stupéfia l’Occident il y a trente ans. Car à l’époque, aucun Occidental n’avait imaginé la fin de la guerre froide et de l’équilibre de la terreur, cette épée de Damoclès menaçant les puissances nucléaires des deux blocs qui se partageaient le monde.

En 1945, après l’anéantissement de l’Allemagne nazie, les vainqueurs ont dépecé l’Europe, les Russes occupant les pays de l’Est pour y instaurer le communisme et en faire de véritables colonies de l’empire soviétique.

L’Allemagne fut coupée en deux, la RDA à l’Est sous la coupe soviétique et la RFA à l’Ouest, sous protection américaine, anglaise et française…

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Située au cœur de l’Allemagne de l’Est, Berlin fut divisée en quatre secteurs, russe, américain, anglais et français, avec une présence militaire renforcée.

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Cet épisode majeur de la géopolitique du XXe siècle m’intéresse tout particulièrement pour deux raisons qui m’ont marqué.

La première est que le hasard a voulu qu’au mois d’août 1961 je sois en vacances à Berlin-Ouest, dans le secteur français, chez un oncle militaire en poste en Allemagne. Encore adolescent, je vis donc ce mur construit en secret dans la nuit du 12 au 13 août 1961, à la consternation des Occidentaux. Ce jour-là, je pris conscience de ce qu’était la guerre froide… Le monde entier ne parlait que de cette provocation soviétique.

La seconde raison date de 1988, époque où j’étais en poste au Togo, au titre de la coopération militaire. Au cours d’une soirée officielle, je me trouvais assis à côté de l’attaché culturel de l’ambassade soviétique à Lomé. Un repas très animé où le Russe ne cessait de m’affirmer que l’URSS vivait des bouleversements majeurs, auxquels les Occidentaux ne comprenaient rien.

Pour lui, il ne faisait aucun doute que l’URSS était en train de s’ouvrir à l’Occcident. Ce à quoi je rétorquais que les Russes avaient toujours menti et que c’était encore une tromperie de Gorbatchev.

J’avais tort, mais biberonné au discours de la guerre froide comme tout militaire occidental, l’URSS restait pour moi l’ennemi majeur de l’Occident. J’eus l’occasion d’évoquer cette discussion avec l’ambassadeur américain en poste à Lomé. Nous étions sur la même longueur d’onde, ce Russe nous menait une fois de plus en bateau. En fait, le Russe avait dit vrai !

Mais passons sur ces anecdotes personnelles.

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Pour les Russes, les trois secteurs occidentaux de Berlin, en plein cœur de la RDA, étaient comme une épine insupportable.

Dès 1948, Staline avait voulu chasser les Occidentaux de la capitale allemande en instaurant un blocus routier et ferroviaire de Berlin.

Mais la formidable logistique américaine avait permis d’établir un pont aérien gigantesque entre l’Allemagne de l’Ouest et Berlin-Ouest, pour acheminer pendant un an les besoins quotidiens de la population berlinoise. US Air Force et Royal Air Force ont fait un travail colossal.

En un an ce sont 2,3 millions de tonnes de marchandises qui seront transportées par 280 000 vols empruntant les couloirs aériens entre la RFA et Berlin Ouest.

La France, totalement engagée dans la guerre d’Indochine, ne participera pas à ce pont aérien.

Finalement, Staline renoncera à son blocus en mai 1949.

                                  

Voies aériennes pendant le blocus de Berlin.

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Mais Moscou ne désarme pas pour autant et en 1961, Khroutchev lance la construction d’un mur de 155 kilomètres, avec miradors et champs de mines, afin d’isoler totalement Berlin-Ouest et de stopper l’hémorragie des 3 millions d’Allemands de l’Est passés à l’Ouest.

« Un mur de protection antifasciste » dira Honecker, alors responsable de la sécurité Est-allemande.

Dès lors, la guerre froide ne pouvait que s’amplifier, atteignant son paroxysme avec la crise de Cuba, en 1962, quand l’Occident passa à deux doigts de la guerre nucléaire. Mais le vieux Khroutchev  plia devant la détermination du jeune président Kennedy. Une humiliation que les Russes ont ruminée pendant trente ans.

De 1961 à 1989, ce sont 98 Allemands de l’Est qui mourront sous les balles des Vopos, la « police du peuple » chargée de réprimer le peuple !

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Ce n’est qu’à l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev que le glacis soviétique va se lézarder.

En lançant en 1985 la « Perestroïka », la politique de réformes économiques et sociales, ainsi que la « Glasnost », un soupçon de transparence et de liberté d’expression, Gorbatchev a été le chef d’orchestre de l’ouverture à l’Ouest, qui a mené à l’éclatement de l’URSS en 1991.

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Stéphane Courtois, grand spécialiste du communisme s’il en est, et auteur du Livre noir du communisme, nous rappelle ces heures historiques qui virent la chute d’un empire qui fit trembler le monde pendant des décennies.

Mais il oublie un élément essentiel de cet effondrement. C’est la formidable course aux armements lancée par Ronald Reagan dès son élection en 1981, pour agenouiller une URSS déjà exsangue.

Alors que les fusées russes SS 20 faisaient face aux Pershing installées en Europe, Reagan donna son feu vert au programme de la « guerre des étoiles ».

Il est regrettable que la presse française passe sous silence l’action décisive de ce Président républicain, qui fut incontestablement le grand vainqueur de la guerre froide. Sans lui, le mur de Berlin serait peut-être encore debout.

Mais il est vrai que la presse française, essentiellement de gauche, n’a jamais su ce que voulaient dire les mots éthique et objectivité…

Dès 1987, en visite à Berlin-Ouest, Reagan lançait devant la porte de Brandebourg son célèbre discours :

« Monsieur le secrétaire général Gorbatchev, si vous voulez la paix, si vous cherchez la prospérité pour l’Union soviétique et l’Europe de l’Est, si vous voulez la libéralisation : venez ici, à cette porte ! M. Gorbatchev, ouvrez cette grille ! M. Gorbatchev, démolissez ce mur ! »

Ce que recherchait Reagan, que la presse française nous avait présenté en 1981 comme un va-t-en-guerre, c’était la paix. La fin de l’oppression soviétique sur l’Europe de l’Est, la fin des coups de force comme en Hongrie en 1956 ou en Tchécoslovaquie en 1968.

S’il a gagné la guerre froide, c’est parce qu’il a su convaincre Gorbatchev de l’incontestable supériorité technologique des États-Unis, pays au budget militaire illimité.

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C’est ainsi que le 9 novembre 1989, des milliers de Berlinois de l’Est apprenant la nouvelle de l’ouverture du mur, se précipitent incrédules aux sept points de passage à l’Ouest, alors que les gardes ne sont même pas au courant !

Faut-il laisser passer cette marée humaine ou tirer dans le tas ? Le malaise est total. Finalement, peu après 23 h, l’ordre d’ouverture est donné.

Les télévisions du monde entier montrent des Berlinois de l’Est et de l’Ouest qui s’embrassent dans une « euphorie délirante », devant des Vopos impassibles.

L’agonie de l’ours soviétique venait de commencer. Les régimes communistes des pays satellites de la Russie se mettent à tomber comme des dominos.

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Cet épisode donna des ailes au chancelier Helmut Kohl, qui aussitôt envisagea la réunification allemande. Ce fut acté le 3 octobre 1990 et Berlin redevint la capitale de l’Allemagne réunifiée. Trente ans plus tard, celle-ci est devenue le leader incontesté de l’UE.

Quel bilan devons-nous tirer de ces trente dernières années ? Tout d’abord, le triomphe de la paix sur le risque d’une guerre nucléaire, ce qui n’est pas rien.

Mais que d’erreurs à l’égard de Moscou, de la part des Occidentaux, Américains en tête ! Que d’arrogance en élargissant l’Otan aux ex-satellites de la Russie ! Que de mépris envers Poutine en allant bombarder son allié serbe ! Que d’inconséquence en promettant à l’Ukraine une adhésion à l’Otan !

Alors que la Russie  ne demandait pas mieux que se rapprocher de l’Europe, nous l’avons écartée et n’avons rien fait pour lui garantir sa sécurité. Face au triomphalisme américain, elle s’est sentie menacée.

L’annexion de la Crimée ? Ce n’est que la légitime réponse de Moscou au dépeçage de la Serbie orchestré par les Occidentaux, en déclarant l’indépendance unilatérale du Kosovo, au mépris du droit international.

À l’heure où l’Alliance atlantique n’est plus une garantie absolue, à l’heure où le plus grand défi de l’Europe est de se protéger du tsunami migratoire consécutif à une démographie africaine démentielle, ainsi que d’un islam conquérant toujours plus menaçant, il est impératif de se rapprocher de la Russie qui nous est proche culturellement et possède toutes les ressources minières dont nous avons besoin, notamment le pétrole et le gaz.

La guerre froide terminée, l’Amérique se focalise sur la Chine et n’a plus besoin des Européens. L’avenir de l’Europe passe donc par la Russie, qu’il faut arrimer à l’UE.  Nous aurons besoin de ce grand pays pour affronter les immenses défis qui s’annoncent.

Jacques Guillemain

https://ripostelaique.com/il-y-a-30-ans-la-chute-du-mur-de-berlin-fut-possible-grace-a-reagan.html

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3 Commentaires

  1. Bonjour,
    Entièrement d’accord avec cet article… Il faut se rapprocher de la Russie.
    De Gaulle a dit: l’Europe va jusqu’à l’Oural.
    Et, il ne faut pas oublier qu’avant 1954, la Crimée était Russe ainsi que l’Ukraine avant 1918.

    Je ne comprends pas le comportement d’un certain président français qui n’a pas voulu vendre deux porte-hélicoptères et a interdit l’exportation de nos produits agricoles.
    C’est un véritable cas d’école pour les deux navires.
    Le contrat est signé, le prix est payé et la marchandise non livré, cherchez l’erreur?
    A-t-il voulu faire plaisir aux Américains?
    Maintenant, ceux-ci peuvent dire: n’achetez pas à la France, elle ne respecte pas sa signature, achetez chez nous.
    C’est sûr, nos pauvres agriculteurs pâtissent encore de l’arrêt des exportations.
    Celles-ci ne reprendront pas, la Russie s’étant organisée en conséquence.
    Par moment, je me pose des questions sur la « clairvoyance » de nos dirigeants.

  2. Bonjour,

    Merci pour cet article très intéressant.

    Mais je crois que le système communiste s’est effondré de lui-même, de ses contradictions internes.

    D’ailleurs Todd, dans son livre de 1976, ne lui donnait pas 10 ans à vivre.

    Anticipation remarquable (qui a d’alleurs fait tourner la tête de Todd et l’a entrainé par la suite dans des bêtises-)

  3. Le peuple de Crimée, russophone, a voté en majorité le rattachement à la Russie.
    Le terme « d’annexion » n’est donc qu’une taqiya des politiques occidentaux.
    Même les connards de banquiers de Bruxelles n’ont rien compris, qui font perdre aux états de l’UE des milliards de dollars ou d’euros de parts de marché.
    Ils préfèrent entretenir savamment la dette pour rendre indispensable la BCE et leurs magouilles.

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