Un Malgache : "dis, Vahaza, ça sera fini quand, l’indépendance ?"

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Haro sur la colonisation !

La pensée unique nous apprend que la colonisation a été un affreux épisode, dont notre civilisation doit concevoir une très grande honte. On ne peut l’évoquer qu’en se flagellant tout en gémissant :« Mea culpa, mea maxima culpa ! », et en songeant à la façon d’indemniser les descendants des colonisés et à leur ouvrir en grand les portes de nos pays pour en signe d’expiation.
Et bien évidemment l’état d’incurie dans lequel se trouve la gouvernance de tous les pays africains ne peut être que la conséquence de la décolonisation !
L’ensemble des grands médias ne cesse de ressasser les exactions commises, toute appréciation positive sur la colonisation ne pouvant évidemment qu’être une « propagande » exposant « les poncifs du discours colonialiste »[1].
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Il est donc expressément prohibé de rappeler que dans nos colonies nous avons bâti des routes, des voies ferrées, des ponts, des ports, des aéroports, des hôpitaux et des écoles sous peine d’être qualifiés de révisionnisme d’un « crime contre l’humanité [2]». Telle est l’expression employée par notre président Macron ille ipse pour qualifier la colonisation, qu’il a affublée également de l’appréciation de « véritable barbarie » pour faire bonne mesure.
Certes !

Je confesse que dans ma jeunesse j’étais très perméable à ce genre de discours dégoulinant de pseudo-humanisme. Depuis, j’ai vécu quelques expériences qui ont fait voler en éclats ces belles certitudes.

En premier lieu, il faudrait bien se garder de penser qu’avant l’époque coloniale, la vie en Afrique évoquait un Eden peuplé de « bons sauvages ».

Pour qui veut s’en convaincre, il suffit de lire les récits des premiers explorateurs[3]. Leur relations sont évocatrices de l’extrême violence qui sévissait dans tout le continent. Guerre tribales, razzias, cannibalisme étaient le lot quotidien d’hommes et de femmes dont la vie ne valait pas plus que celle d’un poulet.

Prétendre que les violences interethniques actuelles en Afrique seraient la conséquence du découpage arbitraire de continent par les puissances coloniales, c’est tout simplement méconnaître l’Histoire. On est en droit d’affirmer que le seul épisode où les violences ont été sous contrôle, c’est précisément l’époque coloniale.
Les tribus n’avaient aucunement besoin de l’invention de frontières pour s’adonner à leur sport favori : s’entre-étriper joyeusement.

Ensuite, j’ai eu l’occasion d’effectuer un peu partout des déplacements professionnels qui m’ont dessillé.
 
Je ne citerai que quelques bornes :

 1985 : Madagascar, village d’Analaiva dans le Menabe.

J’y construis une distillerie. Je note que le pays est en état de déliquescence totale avec une pénurie endémique en biens essentiels et en nourriture de base. Avant l’indépendance, Madagascar était un grenier à riz pour toute l’Afrique. En 1975, le président Ratsiraka y a proclamé la création de la République Démocratique malgache sous la coupe du sempiternel parti unique et implanté le socialisme bon teint qui va bien avec.

Bilan : en 1985 Madagascar est importateur de riz, et toutes les infrastructures que la France y a implantées sont dans un état de délabrement avancé.
Je discutais un soir avec un vieux Malgache, gardien de l’usine et parlant encore bien français. Il m’a soudain demandé :
–      Dis, Vahaza[4], ça sera fini quand, l’indépendance ?
Je dois avouer que mes certitudes ont sérieusement commencé à vaciller à ce moment précis.
1995 : Banlieue de Saïgon (Pardon ! Ho Chi Min ville…).

Je suis en mission pour étudier des opportunités d’implantation de grandes surfaces dans le pays. Le Vietnam commence en effet sérieusement à s’ouvrir aux vertus de l’économie de marché.
J’y fais la connaissance d’un inévitable intermédiaire chargé d’organiser les contacts à un haut niveau. Il s’agissait d’un général de l’armée de l’air à la retraite, ancien combattant du Vietminh évidemment.
Nous avons réellement sympathisé, et au cours d’une soirée où l’alcool de riz avait un probablement un peu trop coulé, il m’a confié :
–       Tu vois, si j’avais su ce que les communistes allaient faire de mon pays, je me serais battu de l’autre côté à l’époque.

 

2003 : Oran.

Je négocie des quotas de pêche dans les eaux algériennes. Notre partenaire local, Mohammed Benchehida, est un ancien du FLN qui a combattu les Français mais est étonnamment francophile et imprégné de culture française.
Il m’a avoué :
–       Tu sais, Jean-Marc, on n’a rien fait dans ce pays depuis le départ des Français.
 

 
Bref, ce ne sont que des anecdotes vécues qui n’ont aucune vocation à réécrire l’Histoire.
Je n’ai aucune prétention à être historien, et n’ai aucun titre pour ce faire. Cependant, ces expériences ont profondément bouleversé mon regard sur les relations colonisateur/colonisé et pulvérisé à mes yeux la « vérité » officielle.

Je crains cependant d’être beaucoup plus proche de la réalité que ce que prétendent justement les « vrais » historiens.

Alors, chers amis, arrêtez de vous laisser manipuler par la moraline omniprésente dans le discours officiel.
La France n’a pas à rougir de son passé colonial, quelles que soient les inévitables bavures qui l’ont entachée.
Et si un bien-pensant s’offusquait de cette position, posez-lui simplement la question :
–       Mais qui leur a appris à lire ?
Ça devrait suffire….

[1]Laurence de Cock 5 mars 2019
[2]Emmanuel Macron, le 14 février 2018 à Alger. Il n’était pas encore président au moment des faits…
[3]Par exemple, La découverte du Congo de Stanley publiée par la librairie Paul Paclot fin XIXème
[4]L’étranger, en malgache

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12 Commentaires

  1. Et voici le titre complet:
    Kakou Ernest Tigori, L’Afrique à désintoxiquer. Sortir l’Europe de la repentance et l’Afrique de l’infantilisme. éd. Dualpha, 2018

  2. Bonjour monsieur Perrin,
    Bien évidemment que la FRANCE ne doit pas rougir de son son passé colonial.
    Cependant,dois t-on oublier pour autant,nos combattants traités tels des sous hommes pour autant.
    La repentance :non
    Mais la reconnaissance :oui
    Il est plus facile de parler de non repentance quand on est arrivé en France avec les valises pleines sans avoir versé une seule goutte de sang pour la patrie(exemple un certain Nicolas Bismuth…)
    Un type qui a mouillé le maillot pour son pays sans victimisation mais avec honneur et fidélité !!!
    Comme ses aïeux avant lui et fier de sa liberté…
    Soyons courtois et respectueux de tous.
    Bien cordialement

  3. Exact! Et c’est bien cette situation indigne que critique Kakou Ernest Tigori dans son livre L’Afrique à désintoxiquer. Ce livre est à lire ABSOLUMENT!

  4. Ce qui nous arrive est de notre faute.
    Avant l’arrivée des coloniaux, les familles faisaient dix à douze enfants.
    Compte tenu de la mortalité infantile, des maladies et des dangers de la brousse, c’est ce qu’il fallait pour qu’il en reste assez pour mener le maigre troupeau et cultiver un champ.
    Aujourd’hui, grâce à l’apport des coloniaux, ils survivent tous.
    Nous ne sommes plus chez eux, mais il viennent se faire soigner en France, il y a même des organisations spécialisées qui vont les chercher là bas pour les faire opérer chez nous.
    Résultat, ils sont désormais beaucoup trop nombreux pour être nourris par leurs systèmes archaïques et viennent chercher chez nous ce qu’il n’ont plus chez eux.
    Quand à leur envoyer des fonds pour les aider à se développer, cela ne sert qu’à payer des villas et des Mercedes à leurs dirigeants.

  5. Bonjour,
    Pourriez-vous nous en dire plus sur cet auteur et nous donner le titre de son livre ?
    (Le modérateur).

  6. « ça sera fini quand, l’indépendance ? »
    J’espère bien jamais.
    De toute façon, la place est prise, on a Mayotte maintenant.

  7. Je confirme…. Entre 1979 et 1981, j’étais au Sénégal et les vieux Sénégalais le disaient aussi : c’était mieux avant quand on était colonisé….

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