Alternative für Deutschland : dépassement par la droite du système de partis « gauche cradingue »
C’est dans l’euphorie que le parti AfD fête son succès aux élections de Mecklembourg-Poméranie antérieure. La « chancelière-dictatrice » est vaincue, jugent-ils. Mais désormais, le parti doit fournir plus que des promesses électorales.
Par Tillmann Steffen, Schwerin
4 septembre 2016, 23 h 42
Les membres de l’AfD se réjouissent de leur excellent résultat électoral. © Joachim Herrmann/Reuters
En fait, les sympathisants de l’AfD voulaient vivre à Schwerin la manière dont leur parti serait le sujet principal des infos de la Tagesschau. Mais un orage a brouillé le signal TV, l’écran est resté noir dans la tente du parti sur les berges du lac Schweriner See. Mais cela ne nuit en rien à l’ambiance dans le restaurant Schlossbucht. Les quelque 200 invités près des tables et des verres de bière fêtent le résultat de leur parti – devenir au pied levé seconde force politique lors d’une élection régionale, c’est une première. Dépassée, la CDU, les Verts quant à eux probablement sortis du parlement. « L’objectif est atteint », dit l’un d’entre eux.
Les invités sur les bancs se moquent des « vieux partis », au micro, on casse du sucre sur le dos du système des partis « gauche cradingue ». En arrière-plan se dresse le château de Schwerin, le siège du parlement régional, où largement plus d’une douzaine de députés de l’AfD vont prendre place. À la suite de cette élection, le parti AfD est désormais représenté dans onze parlements régionaux, et à grande échelle en Allemagne de l’Est.
À l’autre bout du centre-ville, on fête également. Le SPD jubile, le parti reste nettement force principale avec plus de trente pour cent. C’est certes nettement inférieur au résultat des élections de 2011 – mais Erwin Sellering, tête de liste du SPD et ministre-président, peut tout de même en tirer quelque chose. « Qui aurait imaginé cela, alors qu’il y a cinq mois nous en étions à 22 pour cent dans les sondages ». Ces derniers jours, les électeurs ont pris conscience du fait que leur ministre-président tant apprécié dans les sondages faisait partie du SPD – et ont effectivement voté pour son parti. Dans les interviews, Sellering s’est habilement démarqué de la politique fédérale pratiquée à Berlin, dans le but de renforcer ses propres chances.
Les quelque 100 socio-démocrates acclament leur tête de liste à la tribune chez l’Italien, se servent de la bière, les verres s’entrechoquent. Mais Sellering parle à raison d’une « campagne électorale difficile », au cours de laquelle le parti a été confronté à une tension extrême. Mais ici comme du côté de l’AfD, on affirme que « l’objectif électoral est atteint ».
Le ministre-président promet de vouloir former un gouvernement « qui fera avancer le Land ». Cela a des airs de poursuite de la grande coalition avec la CDU, bien qu’à ce moment une alliance avec la Gauche et les Verts semble encore possible sur le papier. Mais en fin de soirée, cette option est partie en fumée à la suite de l’échec des Verts devant la barre des 5%. Alors que Sellering a quasiment disparu en direction des studios de télévision, il revient sur ses pas, il a oublié une chose : « Le plus important : le NPD est dehors ». Les camarades jubilent une nouvelle fois. Mais ce qu’il ne dit pas : la sortie du NPD est aussi une conséquence de la forte poussée de l’AfD, qui a attiré des électeurs de tous les horizons, y compris du côté des nationalistes.
Chez les populistes de droite, les techniciens n’arrivent pas à faire marcher la liaison télé. C’est pourquoi, l’heure des mots de bienvenue est avancée. Björn Höcke, chef de la fraction parlementaire de Thuringe, est à la tribune, le nationaliste est connu pour ses propos acérés. « Ce que vous avez fait, vous l’avez fait pour l’Allemagne », proclame-t-il à l’adresse de ses auditeurs, et il fête le « résultat historique ». Il en vient rapidement à la « politique désastreuse » de la « chancelière-dictatrice », Angela Merkel, pour expliquer le bon résultat de son parti. Il y a un an jour pour jour, elle a ouvert les frontières pour laisser entrer dans son pays les réfugiés venant de Hongrie. « Merkel doit partir », scande la foule dans la nuit tombante. Mais Höcke, le claqueur, n’en a pas encore terminé : Merkel devrait démissionner. Pour lui succéder, on aura peut-être la « chatte aux fusils », vocifère-t-il. Il parle du ministre de la Défense, Ursula von der Leyen.
Le masque du « brave homme »
L’ambiance et le choix des mots sont à présent aussi agressifs que dans les rassemblements du parti NPD. Et les représentants du bureau fédéral écoutent : Frauke Petry, Armin-Paul Hampel, Alexander Gauland. Après Höcke, la parole revient à André Poggenburg, lequel a obtenu le résultat jusque-là le meilleur pour le parti aux élections régionales de Saxe-Anhalt au printemps. Puis Hampel prend le micro pour la Basse-Saxe, mais quasiment personne ne prête encore l’oreille. Höcke a déjà accompli du beau travail.
De l’autre côté du château de Schwerin, les chrétiens-démocrates se consolent de leur mauvais résultat à travers l’espoir de la poursuite de la grande coalition. La question des réfugiés a été prédominante, la CDU n’a pas réussi à percer au moyen de thèmes régionaux, estime Oliver Kaiser, membre de la CDU et fonctionnaire. Il s’octroie une bière Lübzer Pils venant de sa patrie. D’autres discutent, un verre de bière à la main, pour savoir s’il était tellement bénéfique que leur tête de liste, Lorenz Caffier, se soit concentré à ce point sur les thèmes de la sécurité et de la criminalité.
Quelques rues plus loin, une ambiance funèbre règne chez la Gauche, le résultat du parti a été plus mauvais que jamais. Tête de liste à l’allure déprimée, Helmut Holter, souhaitait en fait devenir ministre dans une coalition rouge-rouge-vert. Mais ce but est repoussé aux calendes grecques. Les sympathisants de la Gauche votent pour le parti parce qu’ils veulent une opposition forte, ou pour protester contre les conditions sociales – pas forcément pour que le parti soit au gouvernement. Maintenant, Holter déclare que la tâche principale de la Gauche est d’affronter l’AfD au parlement, de lui « arracher son masque de brave homme ». Le Land aurait besoin à cet effet d’une politique sociale – ne sorte de politique que seule la Gauche est capable d’en élaborer.
SPD, CDU et Gauche sont d’accord sur un point ce soir. Le pire cas ne s’est pas produit – l’AfD n’est pas devenu la force principale, comme beaucoup l’avaient craint peu avant les élections. Ici en Mecklembourg-Poméranie antérieure, personne n’attend du parti qu’il prenne des responsabilités gouvernementales. Quiconque s’est renseigné à droite et à gauche dans la région au cours de la bataille électorale a ou noter le souhait de nombreuses personnes d’avoir quelqu’un qui contrôlerait les partis au gouvernement. L’AfD a servi cette attente impatiente, le parti et ses porte-paroles ont réussi à adopter une attitude martiale au cours de la bataille électorale sans avoir à proposer des solutions praticables.
Pour le travail au sein du parlement, l’AfD apporte également son propre langage. Les futurs députés s’expriment différemment que bien des politiciens, ils réduisent la complexité des problèmes politiques à des slogans simples. Le parti ne répond pas à une demande de « discours social », ses contenus se réduisent à son populisme. Les carrières politiques lisses de nombreux parlementaires d’Allemagne de l’Ouest – Jeunes du parti, Université, Parlement – leur sont suspectes, ils se mettent en scène en tant que pôle opposé aux partis en place et à leurs politiciens professionnels. Et pourtant, Leif-Erik Holm, la tête de liste du parti à Schwerin, doit faire maintenant ce à quoi il se refusait toujours en fait : de la politique.
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On remarquera que l’avancée d’AFD se fait aux détriments de TOUS les autres partis politiques, y compris l’extrême-droite néo-nazie qui va disparaître: preuve que le populisme (j’accepte ce terme sans aucun problème) et le patriotisme sont les seules solutions pour éliminer les extrémismes, de droite comme de gauche.
Ca ne vous rappelle pas ce qui se passe en France, depuis que Marine a remplacé son père à la tête du FN ?
Espérons que les français en prennent la graine pour 2017
Alors là ce sera la débandade dans les parties avec tous c’est voleurs de poules ont va rigoler
C’est un bon début… nous verrons si cette tendance se vérifie aux législatives