Qui est Jacques Nikonoff, souverainiste de gauche, candidat anti-Mélenchon ?

Jacques Nikonoff, à la tête du Pardem (Parti pour la Démondialisation) vient d’annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle. Cet homme de gauche, de culture marxiste, se prétend hors système, mais tient à se démarquer des deux candidats alternatifs, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Qui est cet homme ? C’est un ancien ouvrier métallurgiste, délégué syndical CGT, qui a pu reprendre des études, ce qui lui a permis de faire l’ENA, devenir haut fonctionnaire, économiste et administrateur à la Caisse des Dépôts (entre autres). Il a été deux ans au PCF, et présidait Attac lors du référendum victorieux sur le Traité Constitutionnel Européen, en 2005. Proche de Bernard Cassen, du Monde Diplomatique, il était détesté des gauchistes, qui finiront par avoir sa peau.

Dans cette vidéo de 8 minutes, après avoir expliqué clairement, dans des termes que nous ne saurions récuser, la nocivité de la caste politicienne responsable de la situation française actuelle, il attaque durement la présidente du FN et le président de Parti de gauche, qu’il paraît renvoyer dos-à-dos, bien que prenant mille précautions pour expliquer le contraire.

Il s’affirme souverainiste, et reproche au Front national d’être prêt à brader une partie de la souveraineté de notre pays. Selon lui, la France doit sortir, unilatéralement, de toutes les structures libérales internationales : Otan, Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce, et bien sûr, sortir de l’Union européenne et de l’euro.

Il accuse, telles des compagnies d’assurances voulant trahir la confiance de ses clients, le FN de ne vouloir ni sortir de l’Union européenne, ni rompre avec l’euro. Son angle d’attaque : Marine Le Pen aurait dit un jour qu’elle voulait négocier la sortie avec les dirigeants de l’Union européenne, et qu’elle souhaitait le faire avec d’autres pays.

On peut partager la radicalité souverainiste de Jacques Nikonoff, et se féliciter qu’il reste des personnes de gauche qui partagent ces valeurs avec ceux que les médias classent systématiquement à l’extrême droite, parce qu’ils défendent encore la Nation. Mais on se doit tout de même de lui rappeler que le FN, s’il souhaite organiser une sortie groupée, pour bénéficier d’un meilleur rapport de forces, a tout de même toujours défendu, dans son programme, le retour au franc, et a affirmé qu’au bout d’une année, si les négociations échouaient, il organiserait un référendum, ce qu’oublie de dire le candidat du Parti de la Démondialisation.

Il se montre impitoyable également avec Jean-Luc Mélenchon, dans des termes semblables à ceux qui j’ai employés, récemment, dans un papier ironisant sur le prétendu candidat des insoumis.

http://ripostelaique.com/melenchon-candidat-insoumis-defense-declater-de-rire.html

Il rappelle le parcours politique de l’ancien candidat de 2012, dénonce son ego démesuré, et l’absence de perspectives de son projet, si ce n’est servir la soupe à Mélenchon lui-même, le temps d’une campagne sans lendemain.

Mais là encore, il est très injuste, en renvoyant dos-à-dos les deux adversaires. Mélenchon, reprenant tout l’argumentaire des européistes libéraux, a ouvertement accusé Marine Le Pen, par sa sortie de l’euro, de vouloir ruiner les Français moyens et leurs modestes économies. Il se comporte donc ouvertement en agent de l’Union européenne, ce que sait Nikonoff, qui, longtemps au sein de Front de gauche, a essayé de le convaincre de la nécessité de sortir de l’euro. Dans les faits, c’est Nikonoff et ses amis qui sont sortis de Front de Gauche, éjectés !

D’autre part, dire que le FN et le PG sont, malgré leurs propos, dans le système, est là aussi une imposture. Qu’un journaliste essaie de se présenter en ayant une carte FN, et il restera chômeur toute sa vie, sauf dans les médias alternatifs. Par contre, un carte à Parti de Gauche n’est non seulement pas un obstacle, mais plutôt un laisser-passer dans certaines rédactions. Et dans la vie de tous les jours, on n’a aucun risque professionnel, ni physique, quand on milite chez Mélenchon. Ce n’est absolument pas le cas quand on est encarté chez Marine Le Pen.

Malgré ces réserves, on ne peut donc que se réjouir qu’il demeure, à gauche, encore quelques souverainistes, quand le PS et ceux que Nikonoff appelle ses satellites (Verts, PCF et PG) ont renoncé à cela depuis longtemps, au nom de leur soumission au mondialisme ou d’une idéologie prétendument internationaliste.

Le problème de Jacques Nikonoff, et des ses amis, est pourtant simple. Ses propos le placent dans une proximité politique avec le FN, encore davantage depuis que Philippot gauchise la ligne. Mais pour donner des gages, il se doit de taper d’abord sur le parti duquel il est le proche, programmatiquement. Ce qui peut amener parfois des grands écarts difficilement compréhensibles, notamment quand, au lieu de se féliciter de la convergence de vue sur la sortie de l’Union européenne et de l’euro avec le FN, il se sent obligé de déformer ses propos pour paraître exister.

Quand Jacques Sapir, s’attirant les foudres de Mélenchon et de toute la gôche de la gôche, propose une Union des opposants à l’Union européenne, intégrant le FN, que dit Nikonoff ? Rien, il se planque…

Reste qu’il serait intéressant, quand il donne des leçons de souveraineté à Marine Le Pen, de regarder quelle est sa position sur l’immigration, ou sur l’islamisation de la France. Et c’est là que, malgré toutes ses qualités, cet homme est incapable de sortir de son logiciel marxiste, et de raisonner en dehors des données économiques.

D’abord, chose accablante, il affirme, dans cette vidéo, que le MPEP (Mouvement pour une Education Populaire) qu’il dirigeait avec de fonder le Pardem, n’a pas beaucoup réfléchi, jusqu’à ce jour, sur l’immigration… ce qui, en période de chômage de masse et d’immigration massive, est juste accablant pour quelqu’un qui s’affirme souverainiste.

Même s’il tient des propos très justes sur l’immigration de travail, destinée depuis le 19e siècle à peser sur les salaires et les conventions collectives, il est incapable d’en tirer les conclusions, en demandant, comme le faisait par exemple Georges Marchais, dans les années 1980, l’arrêt de cette immigration. Pourtant, lui qui paraît doté d’une grande culture historique ne peut pas ignorer que les organisations syndicales, dans les années 1920 et 1930, demandaient l’arrêt de l’immigration, dans leurs congrès, comme le rappelait Michel Ciardi dans ce remarquable article.

http://ripostelaique.com/historiquement-la-gauche-a-combattu-limmigrationnisme-des-patrons.html

Il est, d’autre part, incapable d’appréhender l’immigration sous l’aspect de la souveraineté identitaire, et sur le changement de peuple qu’elle implique dans de plus en plus de quartiers.

Lui qui se dit souverainiste, quelle est sa position sur le financement des mosquées, sur le territoire français, par les potentats du Golfe, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie ?

Enfin, comment peut-on se dire souverainiste, et ne pas lutter contre l’islam, qui justement veut soumettre la France à sa dictature, et pour cela éradiquer notre modèle laïque et républicain ?

Finalement, le candidat du Pardem est davantage souverainiste par sa vision économique du monde que par amour charnel de son pays, qu’il ne montre jamais. Cet ancien ouvrier a une posture d’intellectuel, qui parle pour les intellectuels, et ne fera jamais vibrer le monde du travail. En ce sens, il parait plus proche de l’internationaliste immigrationniste Mélenchon, qui s’est fait éjecter à Hénin-Beaumont, que de la patriote Marine Le Pen, amoureuse sincère de la France.

Jacques Nikonoff a eu le courage d’appeler à voter pour Nicolas Dupont-Aignan face à un socialiste, en 2012 – ce qui lui vaut de se faire qualifier de rouge-brun par les gauchistes. A lui de voir jusqu’où il est prêt à aller, dans la construction d’un camp des patriotes, au service de la France, dans l’esprit de la Résistance.

Joël Locin

 484 total views,  1 views today

image_pdf

3 Commentaires

  1. Tout-à-fait, la position vis-à-vis de l ‘invasion est la pierre de touche d’un candidat ou d’un appareil politique; et comme l’auteur l’indique dans son brillant article, cet individu n’est pas sorti de son logiciel marxiste.
    Néanmoins, il ne faut pas trop se féliciter de l’éclatement des forces de gauche, car au deuxième tour , en 2017, c’est face à la gauche que Marine a le plus de chance de l’emporter, les nantis de la pseudo droite républicaine, en cas de duel avec Juppé, préférant se jeter dans les bras d’un notaire cacochyme que dans ceux d’une aventurière;

  2. Bonjour,
    Très intéressant et très vrai: merci !
    J’aime bien Nikonoff, mais refuser de voir le problème musulman, qui est maintenant gigantesque, le limite beaucoup en effet.

  3. il a fait l’ena pour moi c’est un sous-marin.christine je ne suis pas trés présente ces temps derniers très prise par le quotidien.bises.

Les commentaires sont fermés.