On démontre aujourd'hui la République ; quand elle était vivante, on ne la prouvait pas, on la vivait

C’est à  une vision un peu intellectuelle du peuple que Vincent Coussediere nous convie dans son ouvrage Le Retour du Peuple, An I. Mais cet agrégé de philosophie reste néanmoins intuitif ;  il sent bien que sans vouloir partager  avec  Maurras l’extraordinaire formule du divorce entre le pays légal et le pays réel, c’est bien autour d’un thème assez proche que nous sommes conviés à réfléchir.

On ne comprend pas très bien pourquoi  Vincent Coussedière condamne le « populisme », dans un livre qui fait l’éloge du retour du peuple  et pourquoi il  renvoie  les  identitaires dans les ténèbres extérieures, alors  que leur grand combat consiste à redonner aux Français leur identité et leur rendre la « chose commune » qui est à eux à savoir la France, et à  contester cette  terre de France  aux nouveaux « réfugies », comme ils viennent  de le faire à Calais en prenant tous les risques. Un rien de pudeur, quelques mots que l’on n’ose pas encore prononcer, une vertu à défendre ?  Sans doute.  A moins que ce ne soit un interdit professionnel ? Des pressions ? On n’ose y croire.

Pour autant la réflexion est de grande qualité et devrait séduire les « républicains résistants » de ce blog.

Dans la « Partie I » Coussedière nous entraîne dans une très brillante relecture de Rousseau et nous permet de redécouvrir Gabriel Tarde,  un sociologue qui  propose une pensée originale de la nation,  puis nous fait découvrir Fouillée et relire Péguy. Ce dernier observait déjà : « On prouve, on démontre aujourd’hui la République. Quand elle était vivante, on ne la prouvait pas. On la vivait ». p 108. Coussediére préfère Péguy à Jaurés, bien  plus à la mode aujourd’hui, parce que nous vivons le moment où « la politique menace de dévorer la mystique dont elle provient, au demeurant ».

On va même aujourd’hui jusqu’à penser une démocratie sans démos, j’allais dire une sorte de démocratie « hors sol »,  avec un peuple importé autant que fantasmé, à la mode Terra  Nova.

Dans sa « Partie II » Coussedière cherche à ré-instituer un peuple au moyen de la République.  La grande politique de refondation républicaine qu’il propose implique deux révolutions à mettre en œuvre immédiatement et simultanément : « retrouver sa pleine souveraineté,  réassumer son pouvoir d’institution des mœurs,  condition de sa légitimité » p 119 .

En conclusion,  il observe que la république,  pour la France,  «ce sont les mœurs communes,  les mœurs d’un peuple libre ». Pour lui il n’y a pas opposition mais continuité entre la nation et la république et même interaction voire entraînement réciproque et positif.  Ce qui lie les individus entre eux,  c’est la « forme française » mais « en ces temps de détresse »,  cette forme est introuvable,  c’est une certaine qualité de liberté qui ne doit pas être considérée seulement  comme principe abstrait mais encore  comme  finalité.

En pur laïque,  il considère qu’il ne saurait y avoir de retour en arrière à des « mœurs déterminées par la religion »,  sans que l’on sache trop à quelle religion il fait allusion  ou s’il s’agit simplement d’une religion « en général ». Une des dernières phrases est un rien grandiloquente ;  « il n’y a de choix pour ce peuple qu’entre la liberté ou la mort ».

In fine,  l’auteur finit par avouer que le défi se trouve entre  l’enclume du multi culturalisme et le marteau de l’islamisme.  En réalité ce sont les hérauts actuels de la République qui se servent de ces deux moyens pour détruire nos mœurs, et donc nous détruire, nous, le peuple.  On peut donc  s’interroger sur la légitimité de la forme actuelle de l’état et du gouvernement,   pour faire face aux menaces mortelles  qui pèsent sur la France, et dont elle  est, très clairement,  le vecteur le plus puissant,  tant par son idéologie que  par sa législation.

Cet essai surfe  un peu sur la vague réactionnaire  que l’on sent monter, mais sans vouloir trop s’engager sur la pente, un peu  glissante, du grand combat identitaire et de reconquête patriotique qui est devant nous,  mais où l’on risque surtout de prendre des coups.

Au demeurant,  la réflexion qu’il mène  sur la République comme partage des mœurs communes  et lieu d’imitation collective est riche et originale. Les auteurs qu’il nous permet de  découvrir ou de redécouvrir nous ouvrent un peu l’esprit par rapport l’extrême médiocrité habituelle de ce type de réflexion.  

Ne serait-ce qu’à ce titre cet essai mérite d’être lu avec intérêt.

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2 Commentaires

  1. Nous sommes toujours dans une escroquerie intellectuel, qui n’est rien d’autre que la manipulation et des excuses habituel.
    On évite toujours de parler du peuple de souche comme la peste, et même rejeté par les escrocs démocrates aux pouvoirs totalitaires, profondément mal honnêtes.
    Un Belge d’origine immigré m’a confié sont malaise.
    Les immigrés même honnêtes, doivent savoir que la politique n’est pas équitable pour le peuple français comme en Belgique et ailleurs, et certains le disent d’ailleurs, et se sentent mal à l’aise de profiter des malheurs du peuple, pendant que des français sont jetés dans la rue et la misère.
    Que la carte d’identité, ils ne la doivent que grâce aux escrocs du pouvoirs qu’ils maltraitent et insultent le peuple, comme çà se passe partout en Europe.

  2. Merci pour la présentation de cet ouvrage . La lecture apaise l’esprit en le nourrissant .

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