Merci la Russie pour la Syrie !

Voici un article d’un auteur américain qui remet les choses en places concernant les relations avec la Russie : “Merci la Russie pour la Syrie”.
Si, effectivement, l’armée turque est entrée en Syrie, Poutine va exiger une résolution musclée du Conseil de sécurité de l’ONU afin de frapper TRES dur sur les Turcs.
Affaire à suivre de près.

Merci la Russie pour la Syrie !

Par Stephen Kinzer   – le 13 février 2016

Une fois encore, Moscou fait preuve de choix stratégiques meilleurs que Washington. La Russie n’est peut-être pas le partenaire idéal pour les États-Unis, mais parfois ses intérêts s’alignent avec ceux de l’Amérique. En pareils cas, il faut oublier la “guerre froide” et travailler avec la Russie. La Syrie est le meilleur endroit pour commencer.

La politique américaine concernant la Syrie a été pour le moins malencontreuse depuis le début du conflit actuel, il y a cinq ans. En adoptant d’emblée la ligne la plus dure possible, « Assad doit partir », on a éliminé toute motivation de négociations pour les groupes de l’opposition. Le résultat : un cauchemar de sang pour la Syrie.

La Russie, qui a souffert d’attaques de fanatiques de l’Islam, est menacée, comme les États-Unis,  par le chaos et une Syrie devenue pratiquement ingouvernable. La politique de la Russie devrait être aussi celle des États-Unis : éviter la chute de Bashar al-Assad, organiser un nouveau gouvernement, en ce compris Assad et ses partisans, puis travailler à un cessez-le-feu.

La chute d’Assad entraînerait un vide catastrophique faisant de la Syrie un paradis du terrorisme comme l’Iraq et la Lybie ; certainement une mauvaise nouvelle pour les États-Unis, mais encore pire pour la Russie et l’Iran. Il faut reconnaître l’intérêt commun et travailler avec les pays qui recherchent la même chose.

Cela semble logique, mais la simple suggestion de rapprochement avec la Russie est odieuse pour Washington. C’est contraire au précepte dominant de la quasi-unanimité des libéraux et conservateurs, démocrates et républicains, en matière de politique étrangère : la Russie est notre ennemie de toujours, donc tout ce qui favorise les intérêts russes mine systématiquement les intérêts américains, et encore plus ceux de l’Iran. Au lieu de se cramponner à ce mantra dangereusement démodé du avec-nous-ou-contre-nous, il serait temps de réaliser que des pays avec lesquels nous différons dans certains domaines peuvent être des partenaires dans d’autres. La Russie en est un exemple de choix.

L’Amérique aurait été plus en sécurité en tant que nation, et aurait pu contribuer à une meilleure stabilité du monde, si elle avait suivi la direction prise par la politique étrangère russe dans le passé. Le gouvernement que Moscou avait soutenu en Afghanistan, dirigé par Mohammad Najibullah de 1987 à 1992, était plus honnête et progressif que les gouvernements qui lui ont succédé depuis que les forces américaines l’ont déposé. Plus tard, la Russie avait prié les États-Unis de ne pas envahir l’Iraq et de ne pas liquider Saddam Hussein. Les Russes avaient raison dans les deux cas et les États-Unis avaient tort. En Syrie, La Russie a raison une troisième fois. Le maintien de l’odieux Assad au pouvoir, au moins pour le moment, sert beaucoup mieux les intérêts de l’Amérique. Autrement, nous pourrions voir s’installer un “califat” ISIS, s’étendant de la Méditerranée au Tigre.

Aucune solution militaire n’est possible en Syrie. La lutte qui continue ne fait qu’augmenter le nombre des morts et l’horreur. La Russie désire une négociation. Les États-Unis hésitent, parce que nos soi-disant “amis” de la région veulent continuer la lutte. Ils pensent que de continuer la guerre œuvre pour leurs propres intérêts. C’est possible, mais ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis.

Les groupes d’opposition que Washington a plus ou moins de bon cœur aidés refusent de négocier tant qu’un cessez-le-feu n’intervient pas. En acceptant cette formule, les États-Unis garantissent la continuation de la guerre. En fait, des négociations devraient viser à créer un nouveau régime que la Russie ainsi que les États-Unis pourraient soutenir. À partir de là, la paix pourrait intervenir.

Combien de temps Assad reste au pouvoir n’est nullement crucial pour les États-Unis. Ce qui est crucial, c’est d’affaiblir ISIS et al Qaëda. Combattre ces forces est la politique de la Russie et de l’Iran. Les États-Unis devraient reconnaître ce concours d’intérêts et travailler avec tout pays ou faction qui partage ces objectifs en Syrie.

Le rejet-réflexe de toute coopération avec la Russie est une régression vers une ère disparue. Il empêche l’Amérique de prendre des étapes décisives devant soulager la crise en Syrie. Ses effets se ressentent également en Europe. Le gouvernement Obama a récemment annoncé une augmentation importante de dépenses pour le déploiement de troupes à près de la Russie. La Russie a répondu par des manœuvres militaires le long de la frontière ukrainienne. Cette spirale de tensions ignore la réalité que l’Europe ne peut en aucun garantir sa sécurité sans la coopération de la Russie.

Le refus de Washington de travailler conjointement avec la Russie nuit davantage aux États-Unis qu’à la Russie. La recherche de moyens de coopérer bénéficierait aux deux pays et contribuerait à la sécurité mondiale. La Syrie est l’endroit idéal pour commencer. La stratégie de la Russie, combattre ISIS et al Qaëda, défendre Assad et travailler sur un cessez-le-feu qui préserve le régime en place d’une façon ou d’une autre, est l’option la moins mauvaise. Tant que les États-Unis ne voudront pas l’accepter, le sang syrien continuera à couler.

http://www.bostonglobe.com/opinion/2016/02/12/syria-thank-you-russia/UNKMxrzQvvAt8j4sJH03mJ/story.html?p1=Article_Related_Box_Article

Stephen Kinzer est membre de la Société universitaire de l’Institut Watson pour les études internationales à l’université Brown. Suivez-le sur Twitter @stephenkinzer.

 

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5 Commentaires

  1. Hollande ne représente pas la france même ci il a été élus par 50% d’incompétents de français Hollande représente que lui même et son gouvernement de fantoche le peuple français na jamais été pour une intervention de vente d’arme et intervention militaire sur le sol syrien ces la décision d’un petit groupe de milliardaire politique de gauche et je pense aussi que les russes attende que les turcs bouges et la les russes ils vont les anéantir

  2. Et notre Fromage national qui vient de demander à la Russie de “concentrer ses interventions sur Daesh” ! La mouche du coche, vous connaissez ?
    Rappelons que si la Russie intervient en Syrie c’est à la suite d’accords passés avec le gouvernement légal du pays. Et la France de Hollande, elle y intervient au nom de quoi ? D’une résolution internationale ? Non. D’un accord légal ? Sûrement pas ! Elle y intervient comme n’importe quel état voyou, en faisant fi de la souveraineté du pays. Juste parce que Fromage a décidé que Assad ne lui convenait pas !
    Et Fromage continue de soutenir des forces armées qu’il qualifie de “démocratiques” : quand on connaît un peu les sociétés musulmanes, c’est à se tordre de rire ! Lesdits insurgés démocrates étant incapables de lâcher un coup de fusil sans le faire suivre du “Allahou akbar” qui marque leur conception de la démocratie.
    Une telle méconnaissance de la géopolitique et un tel aveuglement sur les rapports de force, c’est quasiment de la virtuosité : ça montre tout simplement que le ci-devant secrétaire du PS continue de régir notre pays et de voir le monde comme s’ils étaient un congrès de socialistes : petits arrangements truqués, petites magouilles pour plaire aux uns sans déplaire aux autres, un art consommé d’embrouiller des situations claires au départ.
    Les Russes sont ce qu’ils sont (et on sait ici à RR que je suis loin de les soutenir en tous lieux) mais leur analyse politique est à la fois froide et claire. En plus il se trouve qu’en Syrie elle est juste, et qu’Obama (cette catastrophe internationale) et Fromage veuillent s’y opposer ne changera rien au cours des choses, qui fait qu’Assad sera au pouvoir en Syrie à la fin du conflit comme Staline l’est resté en 1945.

  3. En tant qu´ancien militaire de carriere et s´interessant a la geopolitique et
    geostrategie,je puis confirmer,que les russes attendent avec impatience
    l´entree en Syrie de troupes turques,car elles vont etre apres un une reunion
    a l´O.N.U.,ils vont se livrer a un bombardement sans merci sur les envahisseurs

  4. limpide.je ne suis spécialiste en géo-politique mais c’est ce que je pense.merci jack pour cet article.

    • Merci pirlouit. Quand les USA et l’Europe feront preuve d’intelligence, une grande alliance pourra se faire avec la Russie qu’il faudrait, de toute urgence, arrêter de « chatouiller » par des manoeuvres de l’OTAN à proximité de ses frontières et des sanctions qui, entre parenthèses, coûtent très cher à la France. Mais voilà, une GRANDE Europe incluant la Russie est hors de question pour Washington… et l’Europe se fait berner depuis des décennies.

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