Dès 7 heures ce vendredi matin, quelques heures après le dépôt des propositions du gouvernement Tsipras au Mécanisme Européen de Stabilité, notre chef twitter résumait la situation, sans tourner autour du pot « Il est fort, Tsipras, il propose jeudi ce que son peuple a refusé dimanche. Comme Sarkozy, il prend son peuple pour des cons ».
Le moins qu’on puisse dire est que les mesures économiques qui seront imposées au Grecs, qui les avaient refusées, vont être difficiles à faire avaler à un peuple qui a voté massivement, à 61 %, pour le contraire.
Au-delà de cette question, on ne peut que demeurer circonspect quant à la stratégie de Tsipras et des ses copains. Accordons-lui le fait d’avoir pris de court les dirigeants de l’Union européenne en soumettant au vote les dernières propositions que faisaient la troïka (FMI, BCE et Commission européenne). Contrairement à un de ses prédécesseurs, Papandréou, qui lui aussi avait annoncé un référendum, en novembre 2011, mais qui s’était couché sous la pression de Sarkozy et de Merkel (et le silence complice des socialistes), lui a eu le courage de demander son avis au peuple.
Mais c’est là que les choses se compliquent. Car il y avait deux solutions, pour Tsipras. Ou bien il souhaitait être battu, et sortir par la grande porte. Lui qui défendait le vote « non » aurait pu jouer une partition démocratique, apparaître plus radical que ses électeurs, et surtout laisser ses successeurs se salir les mains en appliquant les mesures d’austérité que lui, Tsipras, avaient combattues.
Deuxième hypothèse, il avait dans sa besace le plan B, qui consistait à sortir de l’euro. C’était la seule partition possible. Or, manifestement, Tsipras (comme un vulgaire Mélenchon) n’a jamais voulu envisager une telle solution, continuant de se dire européiste.
Résultat, le lundi matin, il était à poil, prisonnier d’un vote qu’il avait impulsé, face à ses dix-huit créanciers qui n’avaient plus envie de lui faire le moindre cadeau, au-delà des bafouillements d’un Hollande totalement transparent sur ce dossier. Certes, comme dans toute négociation, il savait que ses interlocuteurs lui laisseraient quelques portes de sortie, histoire de ne pas l’humilier inutilement. Mais la première décision de Tsipras, dès lundi matin, de sacrifier son ministre des Finances, Varoufakis, signifiait bien qu’il irait à Canossa.
Le constat est donc que, depuis dix ans, tous les référendums, en Europe, sont trahis par les dirigeants. En 2005, Français et Hollandais ont voté « non », et le traité de Lisbonne a tout de même été signé par les socialistes et la droite dans tous les pays européens. Même quand les Suisses votent pour la limitation de l’immigration, ou pour la reconduite immédiate aux frontières des délinquants étrangers, le Conseil fédéral, sous la pression de l’Union européenne, n’applique pas les décisions des électeurs. Quant aux Grecs, il n’aura fallu que quatre jours à Tsipras pour proposer aux institutions européennes le contraire du vote qu’il avait impulsé à ses compatriotes.
Le pire pour lui, et on peut penser que les libéraux européens ne vont pas bouder leur plaisir, est que cela sera un gouvernement issu de la gauche de la gauche, par ailleurs immigrationniste fou, qui va imposer des mesures d’austérité au peuple, et va subir de plein fouet les conséquences d’une politique forcément impopulaire et très douloureuse pour les classes populaires.
Imaginez en France Mélenchon au pouvoir, faire passer la TVA à 23 %, la retraite à 67 ans, diminuer les avantages fiscaux outre-mer et tailler dans les effectifs de la fonction publique, et vous avez à peu près ce qui attend Tsipras.
Faut-il rappeler, d’autre part, une autre bombe à retardement qui menace le nouveau pouvoir grec : l’immigration. Dans un pays de 11 millions d’habitants, pratiquement en cessation de paiement, on compte 2 millions d’étrangers, dont 1 millions de clandestins.
http://www.slate.fr/story/56943/grece-immigration
On attend avec impatience l’attitude du peuple grec, quand il verra, en période de chômage de masse, la démagogie gauchiste du gouvernement avec les nouveaux venus, et les restrictions budgétaires qu’il imposera à ses compatriotes.
La conséquence de cette partie de poker menteur qu’a impulsée Tsipras est que, dans l’euro, il n’y a point de salut pour les peuples.
Paul Le Poulpe
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Il y a un nouvel article de Jacques Sapir qu’il vient de publier il y a 30min à ajouter si tu veux bien.
Les conditions d’un “Grexit”
Par Jacques Sapir · 11 juillet 2015
http://russeurope.hypotheses.org/4089
Merci 🙂
Merci Galoupix, c’est un texte très important je l’ajoute à la brève d’hier soir et relaie en plus dans une autre explicitement
Tous les jours en Europe,nous dressons lucidement le constat selon lequel on nous impose des idées inverses à celles que nous vehiculons ..et nous sommes dans une acculturation telle ,en même temps que dans une perte culturelle constante…
qui induisent apathie et conditionnement au sein de notre population.
A suivre de très prêt.
C’est très important ce qu’il se passe avec la Grèce.
Déficit de confiance envers la Grèce au sein de l’Eurogroupe
http://www.rts.ch/info/monde/6935224-reunion-de-l-eurogroupe-sur-la-grece-sur-fond-de-manque-de-confiance.html
A l’heure ou je vous parle 22:56, il semblerait que l’on vas ver un Grexit.
Voir les derniers Tweet de Jacques Sapir à ce sujet.
https://twitter.com/russeurope
Grèce : selon Varoufakis, l’Allemagne veut un « Grexit » pour intimider les Français
http://www.france24.com/fr/20150711-grece-yanis-varoufakis-guardian-allemagne-grexit-intimider-france-schauble-macron
Lire ici
Merci Galoupix je publie tout de suite comme brève
Qui va s’étonner!, si Tsipras trahis son peuple, c’est fini pour lui et son parti.
Les gouvernements et les banques jouent un jeu sur les têtes de la population européenne en confisquant des milliers milliards au détriment des contribuables. Pour nous protéger, nous avons besoin de politiciens honnêtes qui cessent de gaspiller l’argent des contribuables. Les gouvernements de gauche ont tous et partout étaient félons et traitres envers les populations, en Grèce comme ailleurs.
Non, la france des collabos n’est pas à l’image des Grecs. ils vont résister!
Tsipras est digne de sièger aux cotés de Flamby et Angéla.
Chapeau!
« proposer le jeudi ce qu’on a refusé 3 jours plus tôt » alors là chapeau!!
Fallait oser, c’est tout.
Tsipras est un futur grand politique européen. Dans l’art de manipuler, intoxiquer, désinformer, mentir, louvoyer, il est au top.
Il est candidat à la médaille d’or du foutage de gueule et de la filouterie politique.
Un futur champion je vous dis !!
le peuple fera comme les Français : il s’écrasa et fermera sa gueule …
Je n’en suis pas aussi sûre que vous. Les français s’écrasent parce que le gouvernement les tient avec les aides sociales pour ceux qui y ont droit ; quant à ceux qui possèdent encore quelques biens, ils ont peur de perdre ce qu ‘ ils possèdent dans un mouvement de rébellion. Le jour où on leur enlèvera ce qu’ils ont (et cela est bien avancé : les clochards français sont jetés à la rue pour donner leur place aux migrants, les classes moyennes sont spoliées de la valeur de leurs propriétés,…) ils se revolteront. Les grecs n’ont pas un système social aussi protecteur que le nôtre. Il y a vraiment beaucoup de gens très pauvres chez eux. Cela explosera. Ils ne se laisseront pas manipuler comme les français.