« L’unité chrétienne » n’a jamais existé et, pour ce qui est de son hypothétique destruction, l’Histoire nous apprend que les persécutions entre chrétiens ont fait bien plus de victimes que celles imputées aux empereurs romains païens, sans compter les persécutions ordonnées par une Eglise catholique romaine qui a su, à l’image de ces empereurs reprendre à son compte la mainmise sur les esprits et ce, dès les fils de Constantin !
Le mérite de l’Eglise Gallicane est d’avoir voulu s’émanciper d’une Eglise qui, à l’image des empereurs romains (y compris byzantins) agissait donc en héritière du césarisme…
C’est ainsi que le « pontifex maximus » des anciens Césars se métamorphosa en le « Saint Pontife » doté des mêmes pouvoirs spirituel et temporel , à vocation universelle et s’appuyant à un pouvoir séculier extrêmement puissant.
Toute l’histoire des conciles témoigne de ce fait sans parler des « déviances chrétiennes » comme le manichéisme des bogomiles en Italie, des cathares, en France, puis du protestantisme !
En fait, cette longue histoire ne fait que relater l’âpre lutte de la liberté de l’esprit humain contre toute mainmise sur lui, contre le gouvernement des pensées et c’est bien parce que ceci reste un des fondements du Christianisme, que celui ci reste encore au 21ème siècle, à l’état de projet…
Tout au long de cette Histoire grandiose, histoire que nous devons intégrer, croyant ou athée, il y eut des individualités humaines pour revendiquer la liberté de penser et, une première tentative s’effectua, dans le contexte des troubles sociétaux dus à l’irruption du Christianisme c’est celle de Julien L’Apostat ! Parfois je me dis que Luc Besson devrait faire un film sur le personnage tant son combat ne fut pas tant celui d’un empereur romain païen contre le Christianisme, que comme une formidable et pathétique tentative de concilier (plus ou moins consciemment) les sagesses antiques, issues des mystères grecs et juifs, avec ce principe radicalement nouveau et novateur, comme religion et comme principe d’émancipation sociale : le Christianisme, qui venait, en fait, comme l’aboutissement de tout ce qui avait pu fonder la culture de cette époque de civilisation . Et cet évènement grandiose fut malheureusement vécu dès les premiers siècles chrétiens, avec un fanatisme tel, qu’il entraîna des destructions du patrimoine païen sans précédent, dans tous les domaines de la culture humaine; les archives du Vatican peuvent aussi en témoigner : elles font le désespoir des historiens comme de tout amoureux de l’Antiquité!
Mais il y a une chose à laquelle il faut réfléchir et dont on retrouve la trace dans de nombreux documents : très tôt, il y eut lutte entre différents aspects du Christianisme, car, cet évènement est tellement considérable pour l’évolution future de l’Humanité, qu’il est , qu’il fut, impossible, à l’époque, de le saisir dans toute ses dimensions. Mais, il y en a une, que l’on doit objectivement considérer : un christianisme « solaire » luttant contre un autre, se vidant peu à peu de sa substance spirituelle et allant se desséchant, jusqu’à la sclérose en acquérant tous les caractères d’une gigantesque scorie : un christianisme « lunaire » dirions nous.
C’est ce christianisme solaire, précisément qui voulait créer un pont entre ces deux mondes : le païen, l’ancien, avec le nouveau monde : celui qui a définitivement intégré, « ingérer » pourrait-on dire, la substance christique ! Ce fut essentiellement la « mission » du christianisme johannique, l’évangile selon Jean étant caractérisé comme étant celui de la Liberté.
C’est pourquoi, dans les cercles cultivés de la Rome antique, mais aussi dans le psychisme des hommes de cette époque, le Christ, était souvent assimilé à Apollon et à toute autre divinité à caractère « solaire ».
On a toujours su qu’un jour, un être sublime s’incarnerait pour sauver l’Humanité, qui commençait à emprunter une voie descendante : l’Histoire antique n’est pas avare de documents: d’Est en Ouest, de l’Irlande celte à la Judée des Macchabées et du Nord au Sud, des brumes germaniques aux palmiers d’Egypte, tout atteste d’une attente, d’une angoisse (angoisse que l’on retrouve à la fin de l’Empire romain) face à cet évènement, dans sa réalité cosmique surtout car, comme chacun sait, celui ci resta totalement ignoré des contemporains….Sauf, précisément de certains » privilégiés » qui perçurent, du fait de certaines dispositions psychiques particulières, d’une certaine sensibilité, dirions nous la présence du « Ressuscité » alors que Judas, s’arrêta à la vision du « Crucifié »…laquelle causa son suicide…
Il faut bien réfléchir à ce caractère solaire, cosmique, du Christ, et en rechercher la trace dans toute l’iconographie chrétienne, des catacombes à nos jours. On peut, par exemple, contempler une des œuvres majeures de l’iconographie chrétienne de la fin du Moyen Age, celle du retable d’Issenheim de Grünewald et une autre, de Philippe de Champaigne et saisir la différence profonde du caractère de ces deux œuvres, parmi des centaines d’autres, au delà de l’espace et du temps : l’une résonne comme une présence, entièrement tissée d’une lumineuse promesse de liberté et l’autre déjà emprunte d’acceptation, de soumission douloureuse devant la Mort de Jésus…Car, peu à peu, c’est bien le Christ, dans sa dimension spirituelle, cosmique qui s’efface devant le personnage humain, historique, mortel, d’un Jésus…Illustrant ainsi une lente évolution dans la conception même du Christ et augurant par la même toute l’évolution sociétale du Christianisme, de l’Eglise et de son extraordinaire prégnance dans les sociétés d’aujourd’hui !
Même Résistance Républicaine en fut le théâtre dans un passé récent, semble-t-il.
Mais pour revenir à l’Eglise Gallicane, il faut aussi en rechercher la source, dans ce même élan d’émancipation caractérisé plus haut, dans un passé plus lointain encore: celui où nous voyons un autre empereur romain, mais germanique celui là : Henri II, qui régna de 1002 à 1024 et qui s’efforça d’instaurer une » Ecclesia catholica non romana » et finit sa vie honoré comme un saint et qui figure d’ailleurs comme tel dans tout bréviaire catholique des saints .
Henri II voulu ainsi séparer complètement l’Eglise catholique du pouvoir séculier . l’entreprise échoua mais laissa des traces profondes, surtout en Allemagne et en Europe du Centre.
C’est toujours cette idée d’un Christianisme qui reconnait et revendique la nature solaire, cosmique, du Christ qui veut se frayer un chemin dans la conscience humaine, le seul espace de liberté chez l’homme, car depuis la plus haute antiquité, le Soleil (ici, majuscule, pour souligner la nature spirituelle, au delà de celle, physique) fut toujours considéré comme étant le siège de l’amour de la Liberté .Le Génie solaire, le « Sol Invictus » des Mystères d’Eleusis, entre autres, le Christ, devant , par son sacrifice, métamorphoser la substance « Terre » en une » Nouvelle Jérusalem » .Un » cosmos de sagesse » devant s’ accomplir en un « cosmos de l’Amour…
Qu’est ce à dire ??? Et bien, que toute tutelle sur la pensée humaine ne peut que courir à son échec, par delà les contraintes, les dictatures, quelles que soient la nature des « eglises » en cause : la scorie lunaire, ne peut pas assombrir, ni éclipser durablement le soleil, au mieux peut elle en refléchir la lumière…Par delà la métaphore, qui s’applique à la nature physique de ces deux astres, ne serait -il pas judicieux d’en mesurer la dimension spirituelle, en cette terrible actualité ?
Durandal de Rocamadour
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Vous oubliez de dire que la France toute entière a été gallicane du XV ème siècle environ jusqu’à 1870. Les évêques étaient nommés par le pouvoir français (comme on comprend cette idée ! c’étaient d’abord des citoyens obéissant au pouvoir avant d’obéir au Pape.) La France était très indépendante de Rome. Bossuet était gallican…D’ailleurs aujourd’hui encore certains disent que le Pape est d’abord l’évêque de Rome…ensuite seulement le chef des évêques.
Bonjour,
Cela doit bien plaire à Christine !
J’ai toujours pensé que notre chère Christine avait une religion en fait : « la religion hellénique » , au sens où l’entendait Julien (oublions son épithète qui se veut méchamment infamant) …
Et puis , pour les Parisiens , nous ne pouvons pas oublier l’amour qu’il portait à sa « chère Lutèce » …
Merci cher Antiislam !
OUI, Anti islam! j’ai oublié, bien involontairement , de mentionner ce détail, qui n’est pas sans importance, lorsqu’on y réfléchit ! Merci de nous le rappeler!