Les secrets de la Grèce antique (1). Sans pillage ni conquête, son héritage demeure

pourquoi la grèceA lire et relire, un superbe livre de Jacqueline de Romilly, hélléniste, première femme à enseigner au Collège de France et membre de l’Académie française, Pourquoi la Grèce.

Je vous donnerai, de temps en temps, en guise de pause dominicale, des extraits de ce livre majeur où elle condense toute une vie à examiner la littérature grecque pour en découvrir les secrets.

Et ces secrets nous disent mieux que tout autre ouvrage ce que nous sommes, tout simplement, et pourquoi l’islam nous est étranger, à jamais.

“Je cherchais la réponse à une grande question, toujours la même : d’où vient, d’où peut venir, comment peut-on expliquer que ces oeuvres grecques d’il y a vingt ou trente siècles nous donnent, avec tant de force, ce sentiment d’être encore actuelles et d’être faites pour tous les temps ?”

La Grèce n’a conquis aucun peuple. Elle n’a donné ses institutions à aucun. Elle n’a même pas su faire son unité. Elle a été vaincue par les Macédoniens, puis par les Romains. Elle avait créé des colonies sur tout le pourtour de la Méditerranée ; mais ces colonies n’étaient que de petits ilôts de population grecque, très éloignés les uns des autres et ne cherchant point à annexer ou à régenter les pays d’alentour. La culture des Grecs n’avait a priori aucune chance de se répandre hors de Grèce – trop heureux si elle s’y maintenait.

Or on constate qu’à Rome les gens cultivés parlaient grec, même entre eux. On constate que le théâtre romain fut souvent simple traduction des pièces grecques, parfois contaminées ou accommodées, mais tirées du grec. […] On retrouve dans Ovide les souvenirs des poètes alexandrins ; on en trouve encore plus chez Properce. Et l’on pourrait allonger la liste presque à l’infini. Si ces auteurs ont modifié les genres dont ils héritaient, s’ils ont coloré à leur façon la rhétorique ou la philosophie, s’ils ont eu de nouvelles valeurs et de nouveaux intérêts, c’est en partant de ces modèles grecs, en s’en nourrissant, en les reprenant -tout comme ils reprenaient les héros que la Grèce avait mis à l’honneur.

Par l’intermédiaire de Rome, nous en avons hérité aussi.

Du moins pourrait-on penser que c’est là une circonstantce, peut-être due aux hasards de l’histoire. Mais le phénomène continue. Mis à part quelques siècles à la fin du Moyen Age, voici que tous les peuples occidentaux connaissent la même aventure. Non seulement on joue les tragédies grecques – et on les joue partout : en Allemagne et au Japon, en Suède et aux Etats-Unis ; Electre ou Médée sont blanches, ou noires, ou jaunes ; elles sont vêtues de toutes les manières ; mais ce sont elles. Et les mêmes personnages revivent aussi dans des oeuvres modernes : Anouilh, Sartre, Giraudoux, mais aussi O’Neill ; et ils reviennent dans des films. A Paris, en tout cas, il n’est certainement pas un jour de l’année où l’on ne puisse voir une pièce grecque et pas une année où l’on ne découvre une nouvelle adaptation plus ou moins libre, plus ou moins heureuse. […]

Et pourquoi, dans ces mêmes pays d’Occident (l’Occident englobant les Etats-Unis) recourt-on au grec pour nommer toutes les inventions et découvertes modernes – de l’euthanasie aux métabolismes- sans parler des fusées ou grands projets qui s’appellent Ariane ou Hermès ? … Nous respirons l’air de la Grèce, sans le savoir, à chaque instant.

Ce fait si remarquable n’est pas tout. Si l’on regarde en effet cette longue suite d’oeuvres, et de chefs d’oeuvre, étalés sur une aussi longue durée, on doit bien constater qu’il est un siècle – à peine un siècle- qui tient à cet égard une place étonnamment privilégiée : si l’on met à part le premier de tous les auteurs (Homère) et l’un des derniers à avoir beaucoup compté (Plutarque) presque tous les autres appartiennent au Vème siècle athénien.

Que s’est-il donc passé, là et alors ?

 

La suite, lors d’une autre prochaine pause dominicale…

Christine Tasin

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12 Commentaires

  1. ce soir j’ai passé un moment avec une voisine ado qui rentre de gréce avec voyage scolaire de seconde éblouie elle a 15 ans.en revanche elle est choquée entre une grande richesse et d’une rue a l’autre la misére christine qui fait le lien les parents ados et enfants mes chiens un coucou..

  2. Quelle tristesse aussi de voir un pays qui fut pendant l’antiquité le plus gay friendly, le plus promoteur des statues de nus et des sexes toys devenu aussi conservateur. L’Etat et l’Église ortodoxe ne sont pas séparé, cette dernière possède une grande partie des richesses du pays par exemple 600 hôtel et des agences touristiques. Pour couronner le tout le blasphème est interdit en décembre dernier un homme a été condamné à 10 mois de prison pour avoir caricaturer un saint sur son profil Facebook.

  3. La Grèce est bien le berceau de ce qu’il y a de mieux dans l’Occident. Quelle tristesse de la voire actuellement écrasé par une cure d’austérité violente qui fait même fermer les h?pitaux sans taxer les armateurs. Quelle tristesse aussi que se développe en elle la mouvance néo-nazie d’Aube Doré, heureusement qu’il y a aussi un puissant mouvement anarchiste contre ce néo-fascisme et cette austérité : voir le film “ne vivons plus comme des esclaves”.

    • Je ne connais pas spécialement “aube dorée” mais je sais qu’ils ont été efficaces dans un certain nombre de quartiers dAthènes où ils ont ramené la sécurité

      • Aube Doré est un parti néo-nazies dont les membres sont impliqué dans des centaines d’agression racistes, deux tentatives de meurtres et deux meurtres réussis dont celui d’un chanteur anti-fasciste!!! Le programme propose de retirer la nationalité aux Grecs qui n’ont pas leurs deux parents grecs et d’interdire les mariages mixtes: leurs militants sont renvoyer s’ils épousent des étrangères. Leur chef est ouvertement négationniste et antisémite et pour couronner le tout ce partie formait des groupes para-militaires.

        • c’est vous qui le dites et je n’ai pas le temps de chercher si c’est vrai… quand on veut prouver on donne ses sources. par ailleurs comme je ne sais pas et que j’ai autre chose à faire et que je me fiche d’Aube dorée on va laisser le sujet

  4. Merci de cette très bonne idée …

    D’autant que j’entame , en ce moment même , le deuxième tome des “Vies parallèles” en collection “Bouquins” :=)

    D’un ancien latiniste passionné , très frustré de ne pas avoir fait de grec …

  5. Rome c est aussi approprier le Pantheon Grecque et la Gaule avant la conquete Romaine ,etait plus influencé par la Grece que par Rome .A l instar des Abeilles sociales ,les Grecs essaimaient ,creant des petites colonies,mais l idée d un empire leur etait etranger ,et n est apparus qu avec la conquete Macedonniene..La pensée Grecque qui a permis de temperer les ardeurs et d humaniser la Chretienneté par bien des aspects est l antithese de l ideologie morbide et mortifere de l Islam.

  6. Bonjour Christine, amitiés du matin…..

    Oui, nous avons beaucoup à mériter de la Grèce. Qui ne fut pas seulement une lumière dans l’antiquité, mais un peuple courageux, fier et indomptable. Des 300 spartiates de Léonidas (et des 700 thébains) qui bloquèrent 250000 Perses aux thermopyles, et ne furent anéantis que grâce à une trahison, à la flotte qui défit à Salamine une armada perse plusieurs fois supérieure en nombre….
    C’est aussi un modèle,un exemple, et pas seulement culturel celui-là. La preuve qu’un peuple fort, fier de ses origines et de ses traditions peut lutter victorieusement contre un ennemi infiniment supérieur en nombre, mais auquel manquent l’intelligence et le courage.
    Passant, va dire à Sparte.que nous gisons ici, obéissant à ses lois……….
    Ceci se passait près de 500 ans avant J.C, plus de 10 siècles avant la naissance (supposée) de Muhammad.
    L’armée de l’Islam est à nos portes, bien plus dangereuse et sournoise que celle de Xerxès.Qui sera notre Léonidas ??? quand nos “thermopyles” (Portes chaudes) sont grandes ouvertes, et que les traîtres sont déjà ouvertement dans nos rangs ???
    Restera t-il un “passant”….??

    Bonne journée Daniel.

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